CS/8311

CONSEIL DE SÉCURITÉ: L’AVENIR DE L’IRAQ DÉPEND DE LA FACULTÉ DES DIRIGEANTS ACTUELS À INCLURE TOUTES LES COMMUNAUTÉS DANS LES FUTURS PROCESSUS POLITIQUES

16/02/2005
Communiqué de presse
CS/8311


Conseil de sécurité

5123e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: L’AVENIR DE L’IRAQ DÉPEND DE LA FACULTÉ DES DIRIGEANTS ACTUELS À INCLURE TOUTES LES COMMUNAUTÉS DANS LES FUTURS PROCESSUS POLITIQUES


Le Conseil de sécurité s’est informé, ce matin, de la situation en Iraq auprès du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Kieran Prendergast, et du Représentant permanent de l’Iraq, Samir Shakir M. Sumaida’ie.  Le premier a indiqué qu’après les élections du 30 janvier dernier, les prochaines étapes vers un gouvernement démocratique sont l’élaboration de la nouvelle constitution qui doit être soumise à un référendum en octobre, et la tenue des élections générales.  Kieran Prendergast a insisté sur l’importance, dans ce processus, de la réconciliation nationale, en rappelant la faible participation de la population sunnite.  Les Iraquiens, a-t-il mis en garde, doivent savoir que l’absence d’un processus constitutionnel inclusif, participatif et transparent pourrait se révéler plus dangereuse que les compromis que les uns et les autres auront à faire.  Dans l’intérêt de l’unité nationale, a renchéri, dans son intervention, le Représentant permanent de l’Iraq, la prochaine constitution doit refléter la réalité de la diversité des cultures et des croyances.  Il a souligné la détermination des principaux partis élus à l’Assemblée nationale de transition à inclure toutes les communautés aux processus politiques à venir. 


LA SITUATION ENTRE L’IRAQ ET LE KOWEÏT


Exposés


Dans son intervention, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. KIERAN PRENDERGAST, a estimé que la tenue simultanée de trois élections en Iraq le 30 janvier 2005, concernant l’Assemblée nationale de transition, les 18 conseils de gouvernorat et l’Assemblée nationale du Kurdistan, a été un évènement de taille.  Il marque, selon lui, une avancée significative de l’Iraq vers un gouvernement démocratique.  Malgré les tentatives d’obstruction, les Iraquiens ont participé largement aux élections.  Annoncés le 13 févier, les résultats de ces élections ont confirmé que plus de huit millions d’électeurs ont participé aux votes.  Il faudra attendre, a prévenu le Secrétaire général adjoint, la certification finale des résultats pour connaître l’allocation définitive des sièges et l’ampleur de la représentation politique. 


S’il est clair que les sunnites ont enregistré un faible taux de participation, il est tout aussi clair que la majorité des Iraquiens ont manifesté un grand intérêt pour le processus de transition politique, a affirmé le Secrétaire général adjoint, tout en reconnaissant des variations selon les régions.  Cette question, a-t-il dit, mérite une attention soutenue pour assurer une meilleure participation à l’élaboration de la constitution et au référendum.  La situation en matière de sécurité, a-t-il poursuivi, demeure fragile comme en témoignent les attaques quotidiennes contre les Iraquiens et les étrangers.  Il a espéré que les efforts visant à élargir le processus politique auront un impact sur cette situation.  Selon lui, il est important que les Iraquiens reconnaissent que l’absence de dialogue et de réconciliation nationale pourrait se révéler plus dangereuse que les compromis qu’ils auront à faire dans le cadre d’un processus de paix.  Cet esprit doit prévaloir au cours de l’élaboration de la nouvelle constitution, a souhaité le Secrétaire général adjoint, en estimant que la perspective d’un référendum, dans huit mois, devrait inciter à la mise en place d’un processus constitutionnel inclusif, participatif et transparent.


En la matière, a-t-il encore dit, il est important que les nouveaux dirigeants iraquiens signalent clairement que chaque communauté aura la chance de participer à l’avenir du pays.  De même, tous les Iraquiens doivent voir qu’il est de leur intérêt d’élaborer un ordre du jour clair et raisonnable qui contribue de manière constructive à un débat sur la constitution.  Le Secrétaire général adjoint s’est félicité que certains dirigeants iraquiens aient souligné la possibilité d’inviter les représentants de groupes qui n’ont pas voulu ou pas pu prendre part aux élections, à participer au Gouvernement de transition et au processus de rédaction de la constitution.  Par ailleurs, les éléments politiques qui avaient appelé au boycott ou au report des élections insistent désormais pour que leurs points de vue soient pris en compte dans tout dialogue national et pour que leur droit à participer à la rédaction de la constitution soit reconnu. 


Après avoir souligné l’urgence qu’il y a à ce que le Gouvernement de transition réponde aux préoccupations des Iraquiens en matière de sécurité et d’amélioration des conditions de vie, le Secrétaire général adjoint a mis l’accent sur l’importance de l’appui de la communauté internationale, en particulier des Nations Unies qui doivent impérativement travailler en coordination avec les Iraquiens eux-mêmes tant dans le domaine de la reconstruction que dans le domaine politique.  Rappelant, en concluant, que le débat sur la constitution touchera la question des intérêts sécuritaires des pays voisins, le Secrétaire général adjoint a jugé essentiel que tous les efforts soient faits pour normaliser les relations de l’Iraq avec la région et la communauté internationale.  Il est particulièrement important que la souveraineté, l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de l’Iraq soient respectées.


M. SAMIR SHAKIR M. SUMAIDA’IE (Iraq) a déclaré que l’Iraq avait passé avec succès la première étape de sa marche vers la démocratie et que son pays était déterminé à franchir les phases suivantes telles que définies par la loi administrative de transition adoptée par le Conseil de sécurité.  Il a salué le courage de tous ceux qui ont permis le succès de ces élections, en rendant hommage particulièrement à la police et à l’armée iraquiennes qui ont assuré la sécurité et à la commission électorale iraquienne et au Gouvernement intérimaire pour leur efficacité et détermination. 


Il a insisté sur le rôle capital de la contribution des Nations Unies au succès de ces élections en soulignant le rôle de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui a organisé ces élections pour les Iraquiens vivant à l’étranger et la Mission internationale pour les élections iraquiennes qui s’est assurée que ces élections se déroulent dans le respect des normes internationales.  Bien que tout n’ait pas été parfait, a-t-il reconnu, nous devons constater aujourd’hui que le succès de ces élections est allé bien au-delà de nos attentes dans des circonstances particulièrement difficiles.  Il a assuré que l’Iraq saura profiter de cette expérience pour les élections à venir.  Nous regrettons que certaines parties aient décidé de ne pas participer à ces scrutins, mais nous sommes déterminés à inclure toutes les communautés aux processus électoraux à venir comme cela a été affirmé par les dirigeants des principaux partis élus par le peuple à l’Assemblée nationale intérimaire, qui sera chargée de nommer un gouvernement représentatif du peuple iraquien dans toute sa diversité. 


Par ailleurs, le Représentant permanent de l’Iraq a indiqué que son pays attendait l’élaboration, par l’Assemblée nationale intérimaire (ANI), de la constitution iraquienne, une constitution qui selon lui devra refléter la réalité de la diversité des cultures et des croyances du peuple iraquien, dans l’intérêt de renforcer l’unité nationale.  Les défis et les difficultés auxquels aura à faire face le Gouvernement iraquien sont énormes, s’est–il inquiété, en citant particulièrement la reconstruction de l’armée et de la police iraquiennes pour assurer la sécurité intérieure et extérieure de l’Iraq et de dissuader tous ceux qui voudraient menacer le pays.  Il a également fait part de son inquiétude du fait que l’Iraq était devenu une arène pour les terroristes et forces obscures dont les objectifs destructifs vont à l’encontre des aspirations les plus légitimes du peuple iraquien.  Dans ce contexte, il a particulièrement salué le rôle joué par la force multinationale, dans le cadre du mandat du Conseil de sécurité, pour aider la police et l’armée iraquiennes à remplir leur mission.  Le

Gouvernement iraquien devra maintenant relever le défi de la reconstruction de l’Iraq, a-t-il ajouté, en insistant sur la nécessité d’une assistance de la communauté internationale et en rappelant que les infrastructures du pays sont en ruine.  Notre capacité de nous relever dépendra de la relance de l’économie iraquienne, a-t-il ajouté.  Enfin, il a remercié les contributions internationales des Amis de l’Iraq en collaboration avec les ministères compétents. 


En conclusion, il a déclaré que l’Iraq vivait une nouvelle époque et voulait instaurer un régime fondé sur les principes de la démocratie et édifier des relations solides avec les pays voisins en se fondant sur le respect des uns et des autres.  Nous apprécions les efforts du Conseil pour aider l’Iraq à retrouver son équilibre et à assurer sa position naturelle en tant que membre responsable de la communauté internationale.  Nous espérons que nos efforts pourront être soutenus par un rapide retrait des sanctions imposées à l’Iraq du fait de la politique inconsciente de l’ancien régime. 


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