CS/8277

LE CONSEIL DE SECURITÉ ENTEND LES EXPOSÉS DES PRÉSIDENTS DES COMITÉS DES SANCTIONS CONCERNANT AL-QAIDA ET LES TALIBAN, LE LIBÉRIA ET LA CÔTE D’IVOIRE

22/12/2004
Communiqué de presse
CS/8277


Conseil de sécurité                                        

5106e séance – matin                                       


LE CONSEIL DE SECURITÉ ENTEND LES EXPOSÉS DES PRÉSIDENTS DES COMITÉS DES SANCTIONS CONCERNANT AL-QAIDA ET LES TALIBAN, LE LIBÉRIA ET LA CÔTE D’IVOIRE


Le Conseil de sécurité, a ce matin, entendu les exposés des Présidents de ses Comités de sanctions concernant Al-Qaida et les Taliban, le Libéria et la Côte d’Ivoire.  Il a également entendu une présentation des travaux du Groupe de travail sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique.


Deux ans après que le Chili ait pris la présidence du Comité du Conseil de sécurité, établi conformément à la résolution 1267 (1999) concernant Al-Qaida et les Taliban et les individus et entités qui y sont associés, la charge de travail demeure constante.  Ainsi, 88 individus et 23 entités frappés de sanctions ont été ajoutés à la liste consolidée du Comité, a précisé le Président du Comité, Heraldo Muñoz.  La qualité de la liste doit être améliorée dans la mesure où les individus et entités qui n’y figurent pas sont justement ceux qui pourraient commettre des attentats, a-t-il précisé. 


M. Heraldo Muñoz a également jugé indispensable la mise en place d’un dialogue entre les cultures et souhaite que tout amalgame entre terrorisme et une religion ou une culture précise soit évité, au risque de renforcer l’intolérance.  C’est une analyse qu’a partagée le représentant du Pakistan, Munir Akram, qui préside le Comité établi conformément à la résolution 1521 de 2003 concernant le Libéria.  Pour ce dernier, il faut s’attaquer en priorité à l’injustice économique qui frappe les musulmans dans le monde.  Il a aussi plaidé en faveur d’une analyse plus poussée des conséquences des sanctions au Libéria et de la capacité du Gouvernement libérien à répondre aux demandes du Conseil.


Le Président du Groupe de travail spécial sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique, M. Ismael Gaspar Martins, est revenu lui aussi sur le lien entre le développement et les conflits, faisant sien l’avis de la Banque mondiale qui a rappelé qu’en raison de leur nature, les conflits africains étaient devenus un problème de développement.  Il a estimé nécessaire qu’une réflexion soit menée sur l’avenir du Statut de ce Groupe pour qu’il soit à la hauteur des défis à venir en matière de résolution et prévention des conflits. 


Qualifiant l’année écoulée de « difficile », le Président du Comité du Conseil de sécurité établi conformément à la résolution 1572 (2004) sur la Côte d’Ivoire, l’Ambassadeur allemand Gunter Pleuger, a demandé qu’un débat soit ouvert sur les moyens de renforcer la légitimité du Conseil.  Il a aussi précisé que le Comité qu’il préside venait de lancer un processus pour créer une liste d’individus et d’entités soumis à l’interdiction de voyager et au gel de leurs avoirs financiers.


M. ISMAEL GASPAR MARTINS, Président du Groupe de travail spécial sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique, a rappelé que le Groupe a fait paraître un rapport sur ses activités le 23 décembre 2003, et qu’il a tenu des sessions de travail sur les missions du Conseil de sécurité menées en Afrique, sur la situation en RDC, avec une attention particulière sur le rôle croissant des Nations Unies.  Il s’est dit particulièrement heureux de la décision du Conseil de sécurité de renforcer la MONUC et souligne que l’organisation du premier sommet de la conférence internationale sur les Grands Lacs représentait un progrès dans la prise en compte des attentes du Groupe.  Le Groupe a également tenu une table ronde avec l’Académie internationale de la Paix sur les contraintes, les défis et les opportunités qui existent en matière de résolution des conflits, au cours de laquelle les participants ont eu de très intéressants échanges sur les situations au Soudan, en Somalie, Guinée-Bissau et le rôle du Conseil en général dans la résolution des conflits en Afrique, a-t-il rappelé.  Il a également insisté sur les liens entre le développement et les conflits, faisant sien l’avis de la Banque mondiale qui a rappelé qu’en raison de leur nature, les conflits africains étaient devenus un problème de développement.  Le Conseil de sécurité a réitéré l’importance de renforcer sa coopération avec le Conseil économique et social, considérant que la reconstruction économique représente une étape importante du développement à long terme de sociétés en situation post-conflit et du maintien de la paix, a dit M. Martins.  Trois ans après sa création, le Groupe est amené à réfléchir sur les moyens de mieux s’acquitter de son mandat.  Dans ce contexte, il devrait continuer de développer un partenariat avec les autres institutions en impliquant des non-membres du Conseil de sécurité, a-t-il précisé, en insistant sur l’importance d’une réflexion sur l’avenir du statut du Groupe pour qu’il soit à la hauteur des défis à venir en matière de résolution et prévention des conflits, y compris la coopération avec le Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine. 


M. HERALDO MUÑOZ, Président du Comité du Conseil de sécurité établi conformément à la résolution 1267 (1999) concernant Al-Qaida et les Taliban et les individus et entités qui leur sont associés, a rappelé que deux ans se sont écoulés depuis que son pays a pris la présidence de ce comité.  Mettant en avant les progrès et les difficultés rencontrés, il a précisé que 88 individus et 23 entités frappés de sanctions avaient été ajoutés à la liste consolidée du Comité.  Il reste beaucoup à faire et l’efficacité de cette liste doit être renforcée grâce à la coopération entre les États Membres, a-t-il estimé.  La qualité de la liste doit être améliorée.  Les sanctions contre ces individus et entités ne sont pas traditionnelles de par leur nature.  Les individus et entités qui n’y figurent pas sont justement ceux qui pourraient commettre des attentats.  Le représentant du Chili a précisé qu’il fallait attacher la plus grande importance à la dimension des droits de l’homme et des garanties judiciaires dans l’établissement de cet instrument.  Toutefois, cette préoccupation humanitaire ne doit pas miner l’efficacité de la liste.  À son avis, les visites dans certains États sont très utiles pour prendre connaissance du degré de mise en œuvre des sanctions et renforcer les modalités de coopération entre les États.  Beaucoup d’entre eux ont demandé une telle visite, d’autres pensent qu’ils sont à l’abri du fléau en l’absence d’attentats sur leur sol.  Ces pays se trompent car cette menace est mondiale et aucun pays n’en est exempt, a-t-il dit. 


Le représentant a aussi jugé indispensable la mise en place d’un dialogue entre les cultures et d’éviter d’associer le terrorisme à une religion ou une culture précise ce qui ne ferait que mener à l’intolérance.  La lutte contre le terrorisme doit être menée sur le champ de bataille idéologique, a-t-il affirmé.  La pauvreté, la discrimination, l’exclusion sociale renforcent le terrorisme.  La guerre en Iraq a renforcé le Jihad qui s’est déplacé sur le territoire iraquien.  De même, la persistance du conflit au Moyen-Orient est un bouillon de culture du terrorisme d’Al-Qaida.  M. Muñoz a toutefois estimé que les mesures de sanctions avaient porté leurs fruits à travers notamment le gel des actifs financiers.  Ainsi, plus de 135 millions de dollars ont été gelés, en dépit de cela néanmoins, Al-Qaida a trouvé d’autres mécanismes de financement sur lesquels le Comité doit se pencher, a-t-il dit.  Il faut en outre se préoccuper du fait qu’Al-Qaida, ne pouvant se procurer des armes légères, à la suite du succès de l’embargo sur les armes tente de contourner ces sanctions, dont l’efficacité dépend de leur degré d’application par les États. 


Le Président du Groupe sur le Libéria créé en vertu de la résolution 1521 de 2003, M. MUNIR AKRAM (Pakistan), a déclaré que les deux dernières années avaient été des périodes totalement différentes.  En effet, si 2003 a été marqué par la guerre civile et l’embargo, 2004 a vu le Libéria passer d’une situation de conflit à une situation de maintien de la paix.  Il a estimé nécessaire qu’une analyse de rentabilité plus poussée des conséquences des sanctions soit menée et a affirmé que la levée des sanctions devait être fondée sur des raisonnements politiques et non des critères purement techniques.  Dans des situations de transition, il faut trouver les moyens d’éliminer les stigmates liés aux sanctions, a-t-il dit.  


Notant que la nature du maintien de la paix avait évolué de l’observation de la cessation des combats à la gestion de crises extrêmement complexes allant de la démobilisation, à la reconstruction et au développement, M. Akram a affirmé que les Nations Unies doivent être aujourd’hui prêtes à gérer l’évolution de nations tout entières.  Abordant tout particulièrement la question des risques liés au terrorisme et aux armes de destruction massive, il a estimé qu’il fallait d’abord s’attaquer à l’injustice économique qui frappe les musulmans en Palestine, au Cachemire ou ailleurs, dans le cadre d’une stratégie intégrée, et en coopération avec tous les États Membres de l’ONU. 


Abordant la question de la composition du Conseil de sécurité, M. Akram a estimé que les pouvoirs excessifs dont disposent cinq de ses membres étaient de nature à empêcher cet organe d’agir de façon juste et équitable.  Il a expliqué que le meilleur moyen de pallier ce risque de partialité était de s’assurer que les réunions publiques deviennent la règle.  La responsabilité ne sera pas accrue en augmentant le nombre de membres permanents, a-t-il encore prévenu, le meilleur moyen de garantir la démocratie à son avis est de garantir des élections périodiques et le renouvellement du Conseil. 


M. GUNTER PLEUGER, Président du Comité du Conseil de sécurité établi conformément à la résolution 1572 (2004) sur la Côte d’Ivoire, a rappelé que la création de cet organe il y a deux semaines à peine avait pour objet de veiller à l’application des sanctions ciblées et de l’embargo sur les armes.  Le Comité a lancé en outre un processus pour créer une liste d’individus et d’entités soumis à l’interdiction de voyager et au gel de leurs avoirs financiers, a-t-il précisé.  


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