CS/8195

LE PRÉSIDENT DE L’UNION AFRICAINE DEMANDE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ UN APPUI TECHNIQUE, LOGISTIQUE ET FINANCIER À L’ÉLARGISSEMENT DE LA MISSION AFRICAINE AU DARFOUR

24/09/2004
Communiqué de presse
CS/8195


Conseil de sécurité

5043e séance – matin


le président de l’union africaine demande au Conseil de sÉcuritÉ un appui technique, logistique et financier À l’élargissement de la mission africaine au Darfour


À l’invitation du Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, M. Miguel Angel Moratinos Cuyanbé, en sa qualité de Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, le Président du Nigéria et Président de l’Union africaine (UA), M. Olusegun Obasanjo, a fait, ce matin, le point sur la situation en Afrique.  Se concentrant sur le conflit au Darfour, le Président Obasanjo a exhorté les membres du Conseil de sécurité et la communauté internationale à apporter un appui technique, logistique et financier à l’élargissement de la mission africaine dans cette région du Soudan.  


Il est essentiel que la communauté internationale appuie les efforts de l’Union africaine dans la région, afin qu’elle puisse maintenir sur place les 3 000 à 5 000 hommes nécessaires, a-t-il précisé.  La violence qui frappe le peuple du Darfour n’est pas seulement un problème africain mais elle concerne la communauté internationale dans son ensemble, a de son côté insisté le Secrétaire général de l’ONU.  Quel que soit le nom que l’on donne à cette violence, nous devons tous réagir, a prévenu Kofi Annan en concluant « Nous devons nous montrer à la hauteur du défi ».


Le Président de l’Union africaine a aussi énuméré les progrès réalisés lors des Pourparlers intersoudanais sur le Darfour, qui se sont tenus à Abuja du 23 août au 17 septembre.  Bien que les négociations entre le Gouvernement soudanais, le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) et le Mouvement/Armée pour la libération du Soudan (SLM/A) n’aient pas été faciles, a-t-il dit, les parties au conflit sont parvenues à la conclusion d’un Protocole humanitaire.  S’agissant de la suspension des négociations sur la question de la sécurité, le Président de l’Union africaine s’est voulu rassurant et a rappelé que l’un des mouvements rebelles a souhaité plus de temps pour étudier les propositions qui ont été mises sur la table.


Olusegun Obasanjo a ensuite entendu les multiples hommages rendus à l’action de l’Union africaine dans la région du Darfour.  Cette action a été saluée comme la détermination des Africains à s’attaquer à leurs propres problèmes, avec l’aide de la communauté internationale.  En conséquence, les délégations ont été nombreuses à rappeler les termes de la résolution 1564 adoptée le 18 septembre dans laquelle le Conseil exprimait son intention d’envisager des sanctions au cas où des progrès, en particulier en matière de sécurité, ne seraient pas enregistrés.  Ce matin, les délégations ont appelé les parties à une reprise rapide des négociations de bonne foi et dans un esprit de compromis. 


Les membres du Conseil ont posé de nombreuses questions au Président de l’Union africaine, en particulier, sur le type exact d’appui qui est attendu du Conseil de sécurité et sur la manière de renforcer davantage la coopération entre cet organe et les organisations régionales, en général, et l’Union africaine en particulier.


LA SITUATION EN AFRIQUE


Déclarations


M. MIGUEL ANGEL MORATINOS CUYANBÉ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a salué les efforts du Président Obasanjo et de l’Union africaine pour résoudre les graves problèmes de la région du Darfour.  Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, n’oublie pas le sort des 1,6 million de réfugiés et de personnes déplacées et le risque de voir se développer une crise régionale.  Ayant lui-même visité la région, le Ministre des affaires étrangères a dit s’être rendu compte de la complexité du conflit.  La situation humanitaire commence à s’améliorer mais les attaques contre la population civile se poursuivent, a prévenu le Ministre en disant attendre le respect du cessez-le-feu.  Il a particulièrement appelé le Gouvernement du Soudan à désarmer les milices et à mettre fin aux attaques contre les civils.  Il faut, a-t-il dit, insister pour que les groupes rebelles s’acquittent de leurs obligations en ce qui concerne le cessez-le-feu. 


C’est dans ce contexte que le Ministre a jugé remarquable la mission de l’Union africaine.  Elle montre, a-t-il souligné, la volonté de l’Afrique de gérer ses propres conflits.  Le Conseil, a affirmé le Ministre, a reconnu ce potentiel et appuie l’élargissement de la mission.  La communauté internationale, a-t-il aussi affirmé, est prête à apporter sa contribution technique et financière.  En l’occurrence, le Ministre a jugé que le processus d’Abuja est décisif pour qu’une solution durable puisse se mettre en place.  Les groupes rebelles et le Gouvernement du Soudan, a-t-il prévenu, doivent savoir que la communauté internationale attend des négociations de bonne foi et la conclusion rapide d’un accord.  Avant de conclure, le Ministre a appelé la communauté internationale à ne perdre de vue que le sud du Soudan est toujours secoué par un conflit qui dure depuis 20 ans.  Pour toutes ces raisons, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité continuera d’accorder au Soudan toute l’attention nécessaire. 


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que la tragédie humaine du Darfour est un des plus grands défis que la communauté internationale doit relever aujourd’hui.  Personne, a-t-il dit, ne peut détourner son regard et ignorer la responsabilité qui lui incombe de protéger des civils innocents confrontés à un danger mortel.  L’urgence aujourd’hui est de faire tout ce qu’il faut pour protéger le peuple du Darfour de ses souffrances, de la violence et des violations de ses droits de l’homme.  L’urgence humanitaire au Darfour se précise, a prévenu le Secrétaire général, en appelant la communauté internationale à répondre de manière urgente et généreuse à l’appel humanitaire. 


L’Union africaine, a-t-il ajouté, a assumé une grande responsabilité tant dans le domaine de la sécurité que celui de la politique.  Les Nations Unies, a-t-il dit, appuient les efforts de l’Union pour renforcer ses opérations dans toutes les parties du Darfour.  Il faut appuyer l’élargissement de la mission de l’Union africaine pour protéger les civils.  Une présence proactive peut rendre la région plus sûre, a dit le Secrétaire général, mais elle exige de la communauté internationale des ressources.  Kofi Annan a cité l’appui logistique, les équipements et le financement. 


Les Nations Unies appuient également le rôle de l’Union africaine dans le domaine politique, a-t-il encore dit.  Nous devons aider l’Union africaine à réaliser un véritable règlement politique.  Le Secrétaire général a appelé la communauté internationale à signifier clairement à chacune des parties qu’elle attend à ce qu’elles reprennent les négociations sur un règlement politique et fassent preuve d’un esprit de compromis.  La violence qui frappe le peuple du Darfour n’est pas seulement un problème africain, a estimé le Secrétaire général en arguant qu’elle concerne la communauté internationale dans son ensemble.  Quel que soit le nom que l’on donne à cette violence, elle appelle la responsabilité de tous, a prévenu Kofi Annan en concluant « Nous devons nous placer à la hauteur du défi ».


M. OLUSEGUN OBASANJO, Président de la République fédérale du Nigéria et Président en exercice de l’Union africaine (UA), a déclaré que les dirigeants africains ont décidé de s’attaquer aux problèmes au Soudan, en particulier dans la région du Darfour, et à toutes ses ramifications.  Il a rappelé qu’à la suite du Sommet de l’Union africaine tenu en juillet dernier à Addis Abeba, il avait été décidé de déployer une force de protection des observateurs au Darfour.  Il a rappelé qu’auparavant, en avril, la conclusion d’un Accord de cessez-le-feu humanitaire entre les parties lors des pourparlers de N’Djamena (Tchad) avait prescrit la mise en place d’un Comité de suivi de l’application du cessez-le-feu ayant pour mandat de faire rapport à une Commission mixte composée des parties, de représentants du Tchad ainsi que de la communauté internationale.  Ultérieurement, a-t-il poursuivi, le Conseil de paix et de sécurité a coordonné une autre série de négociations à Addis Abeba, qui ont permis de renforcer l’Accord de N’Djamena et d’améliorer la sécurité et de faciliter la livraison de l’assistance aux victimes au Darfour.  Tous les efforts de l’Union africaine se sont concentrés sur les questions de la paix, de la sécurité et du développement au Darfour et au Soudan dans son ensemble.  M. Obasanjo s’est en outre dit convaincu qu’il faut tenir pleinement compte dans ces efforts des liens entre paix, sécurité et développement.


Le Président a ensuite abordé les progrès réalisés au Darfour sous la présidence nigériane de l’Union africaine, et a fait le point des pourparlers intersoudanais qui ont réuni le Gouvernement du Soudan, le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) et le Mouvement/Armée pour la libération du Soudan (SLM/A) à Abuja, sous l’égide du Nigéria.  Ces négociations n’ont pas été faciles, a-t-il ajouté.  Après s’être entendues sur un ordre du jour en quatre points concernant les questions humanitaires, les modalités de sécurité, les affaires politiques ainsi que les affaires économiques et sociales, les parties sont parvenues à un protocole sur les questions humanitaires et qui garantit l’accès de l’assistance humanitaire à toutes les personnes déplacées et aux réfugiés.  Aux termes de cet accord, les Nations Unies ainsi que les organisations humanitaires non gouvernementales auraient le droit d’emprunter les routes sélectionnées par les Nations Unies, librement et sans escorte, afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans toutes les zones quelle que soit la partie qui les contrôle.


Ce Protocole réaffirmait également l’engagement de toutes les parties à prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’empêcher toute attaque, menace, intimidation ou autre violence à l’encontre des civils de la part de tout groupe ou milice armée, y compris les milices janjaouites.  Les parties se sont également mises d’accord pour conserver le caractère civil des personnes déplacées, réitérer le droit des personnes déplacées à un retour dans leur région d’origine, protéger les réfugiés afin de leur permettre un retour en sécurité et assurer que toute personne impliquée dans des violations des droits de l’homme fera l’objet d’une enquête transparente afin qu’elle puisse répondre de ses actes devant les autorités appropriées.


S’agissant de la question de la sécurité, des propositions sont actuellement sur la table des négociations, a-t-il ajouté.  Les mouvements rebelles ont exprimé leur souhait de les discuter avec leurs collègues n’ayant pas participé aux pourparlers et une suspension d’un mois a donc été demandée à cet effet.


Le président nigérian s’est déclaré conscient du rôle que peut jouer la communauté internationale pour renforcer les efforts de paix au Darfour, c’est la raison pour laquelle il a informé le Conseil de sécurité des efforts entrepris par l’Union africaine par une lettre datée du 22 septembre 2004.  Au nom de l’Union africaine, M. Obasanjo s’est déclaré déterminé à parvenir à une ère de paix au Darfour, mais il est essentiel que ces efforts soient appuyés et que la capacité de l’Union africaine soit renforcée, notamment par une aide logistique, en matière de formation et de déploiement de personnel, a-t-il dit. 


Il faut aller au-delà de l’assistance humanitaire, a-t-il ajouté.  Afin de faire face aux défis, la capacité de l’UA doit être renforcée, par un apport d’équipement, une formation et du personnel supplémentaire.  Mentionnant la nécessité de maintenir une force de 3 000 hommes dans la région, le Président a exhorté la communauté internationale et les donateurs à augmenter leur assistance à l’Union africaine.


Lançant la série de questions, M. JOHN DANFORTH (États-Unis) a rappelé que deux résolutions ont déjà été adoptées par le Conseil de sécurité, dont la dernière le 18 septembre, avec pour objectif de donner autant d’appui que possible aux efforts de l’Union africaine.  Il s’est demandé si la communauté internationale fait tout ce qu’elle doit faire pour aider l’Union africaine au Darfour.  Que peut-on faire pour faciliter le déploiement rapide des forces de l’Union africaine au Darfour, a-t-il demandé.


Le Conseil de sécurité en fait beaucoup, a répondu M. Obasanjo, citant ensuite un proverbe nigérian: « Si vous avez des parasites dans vos vêtements, ça ne meurt pas facilement et il faut les écraser et cela donne du sang ».  Autrement dit, a-t-il précisé, tant que vous aurez des parasites dans vos vêtements, vos ongles seront toujours teinté de sang, tant que nous aurons le Darfour, nous aurons du sang sur nos ongles, tant que nous ne serons pas capables de régler le problème au Darfour, nous n’en ferons jamais assez, a-t-il expliqué.


Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité devraient vraiment s’associer dans leur travail, a estimé le Président Obasanjo, car, a-t-il fait remarquer, certains sont perçus comme appuyant les rebelles, alors que d’autres sont perçus comme appuyant le Gouvernement du Soudan.  En outre, il faudra un appui logistique adéquat pour faire face à la situation au Darfour, a-t-il estimé.


Qu’est ce qui vous manque pour atteindre les objectifs de paix et de sécurité au Soudan, mais aussi sur l’ensemble du continent africain, a insisté M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni), en l’engageant à identifier très rapidement les renforts qui sont nécessaires au Darfour et ce dont l’Union africaine a besoin pour que les troupes soient sur le terrain.  Le représentant du Royaume-Uni a noté que l’Union africaine n’a pas de mission de police au Darfour.  C’est pourquoi, l’Union européenne se propose d’envoyer une mission d’établissement des faits qui travaillera avec l’Union africaine pour assurer la police au Darfour, a proposé M. Jones Parry.


À son tour, M. WANG GUANGYA (Chine) a voulu savoir où en sont les consultations entre l’Union africaine et le Soudan en ce qui concerne le déploiement de la mission élargie.  Un échéancier est-il fixé? a-t-il encore demandé, avant de vouloir plus de détails sur le type d’aide que l’Union africaine attend de la communauté internationale.  La même question a été posée par M. MASOOD KHALID (Pakistan) qui a, par ailleurs, voulu connaître le point de vue de l’Union africaine sur la levée éventuelle des sanctions imposées au Libéria.  Revenant à la région du Darfour, M. JOSHKA FISCHER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a souligné que l’objectif du Conseil de sécurité est de faire cesser la violence, en rappelant l’intention de l’Union européenne d’envisager des sanctions si aucun progrès n’est enregistré.  


À ce propos, le Ministre a voulu savoir comment des acteurs, comme l’Union européenne, peuvent compléter les efforts de l’Union africaine pour accélérer les négociations d’Abuja.  Quelles sont les mesures qui devraient être prises pour amener le Gouvernement soudanais à désarmer les milices?  La Ligue des États arabes pourrait-elle jouer un rôle? a encore demandé le Ministre allemand des affaires étrangères. 


Les chances d’une solution au conflit du Darfour resteront réelles aussi longtemps que la communauté internationale demeurera impliquée, a estimé M. ROBERTO ROMULO (Philippines) en rendant hommage aux efforts de l’Union africaine et, en particulier, à son intention de s’impliquer davantage dans le règlement du conflit en Somalie.  Seuls les moyens politiques apporteront la paix, a renchéri M. ANDREY DENISOV (Fédération de Russie) en appelant les parties au Darfour à faire preuve de bonne foi.  Quel appui politique peut apporter le Conseil de sécurité ? a-t-il demandé.  Quel impact pourrait avoir une mission du Conseil de sécurité dans la région du Darfour? a voulu savoir, à son tour, M. CHRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) qui a aussi suggéré une réunion conjointe entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  


L’assistance de la communauté internationale doit s’inscrire dans la durée, a déclaré M. JOËL ADECHI (Bénin) comme premier élément de réponse.  Il a appelé à la coordination des acteurs et à celle de l’action.  Il n’existe pas d’alternative à la coopération active du Gouvernement soudanais pour parvenir, avec l’appui et le concours de l’Union africaine et de la communauté internationale, à mettre fin à cette crise dont la dimension humanitaire nous interpellent tous, a prévenu M. ABDALLAH BAALI (Algérie).  Il s’est félicité de l’offre faite par le Ministre des affaires étrangères du Soudan à intervenir auprès du Conseil pour partager sa vision concernant le règlement du conflit du Darfour.  Le représentant a espéré que le Conseil lui permettra de s’exprimer dans les délais les plus brefs.  Renchérissant sur la question de la coopération avec les organisations régionales, M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a estimé que le Conseil de sécurité a tout intérêt à travailler étroitement avec ces organisations chaque fois que cela peut renforcer son action.  La question est de savoir si cette coopération doit reposer sur une institutionnalisation ou continuer de se faire au cas par cas, s’est-il demandé en se tournant vers le Président de l’Union africaine. 


Évoquant ensuite le conflit du Darfour, le représentant a jugé impératif qu’à l’heure actuelle, la communauté internationale reste ferme vis-à-vis du Gouvernement du Soudan et des rebelles.  L’Union africaine, a-t-il poursuivi, doit bénéficier de toute l’aide internationale car elle joue un rôle irremplaçable pour accompagner les exigences de la communauté internationale et favoriser la nécessaire coopération du Gouvernement soudanais.  La mission de l’Union africaine n’est pas une chose facile, a reconnu le représentant en indiquant que l’Union européenne est disposée à apporter son concours.  Mon pays fera tout pour que l’Union européenne soit en mesure d’apporter l’appui le plus efficace possible, a—t-il insisté en estimant, pour finir, que le Conseil ne peut agir qu’en étroite coopération avec l’Union européenne.  L’action de l’Union africaine au Darfour ouvre une nouvelle ère de coopération entre elle et le Conseil de sécurité, s’est dit convaincu M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola). 


Étant donné que la majorité des conflits dans le monde se trouvent en Afrique, il serait irréaliste de vouloir les régler sans le concours de l’Union africaine, surtout depuis qu’elle s’est dotée d’un Conseil de paix et de sécurité, a insisté le représentant.  La coopération au Burundi et au Darfour permet de faire une meilleure utilisation du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, s’est-il réjoui en appelant à la mise en place d’une meilleure courroie de transmission entre les deux organisations.  Il faut encourager l’appropriation des initiatives par les organisations régionales, a ajouté M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie), en saluant les efforts du Représentant spécial du Secrétaire général pour harmoniser l’action internationale et régionale.  Si elles connaissent le succès, les initiatives prises aujourd’hui pourraient servir d’exemple de coopération pour d’autres situations. 


La nécessité pour le Conseil de renforcer sa collaboration avec les organisations régionales, a été également soulignée par M. HENRIQUE R. VALLE (Brésil) qui a appelé le Conseil, compte tenu du nombre des conflits dans le monde, à mettre davantage l’accent sur les mesures préventives.  Cela exige, a-t-il expliqué, un travail plus étroit avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social.  « Nous devons nous attaquer plus résolument aux causes originelles des conflits », a-t-il conclu en paraphrasant le Président Lula da Silva. 


C’est le désespoir politique, économique et social qui est la cause de conflits en Afrique, a ainsi répondu le Président de l’Union africaine en faisant écho aux propos du représentant brésilien.  Il faut des trains de réforme susceptibles de faire avancer le continent.  Nous sommes dans une situation où l’ONU a créé un bureau permanent chargé de l’Afrique.  Ce bureau doit être équipé de façon à pouvoir prendre les devants en matière d’alerte rapide et de mesures volontaristes.  Rappelant que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a été approuvé ou entériné par toute la communauté internationale, le Président Obasanjo a prévenu que cela ne suffit pas, seule sera déterminante la concrétisation des engagements. 


Revenant à la situation du Darfour, il a jugé d’abord impératif que les négociations concernant le Sud reprennent, ce qui ne peut qu’avoir des effets positifs sur la situation au Darfour et dans l’ensemble du Soudan.  Il faut, certes, aider le Soudan au niveau politique mais aussi aux niveaux économique et social. 


Au Darfour, a poursuivi le Président Obasanjo, il faut faire en sorte que l’on puisse véritablement agir sans pour autant donner l’impression d’appuyer les rebelles ou le Gouvernement.  Il faut pouvoir dire à toutes les parties, de façon équitable et égale, ce qu’ils font de juste ou d’injuste et leur faire comprendre que la communauté internationale est prête à prendre les mesures qui s’imposent.  L’Union africaine, a-t-il précisé, a l’intention de déployer entre 3 000 et 5 000 troupes, y compris des militaires et une force de police.  Ce n’est pas le nombre qui compte mais bien l’origine de ces forces et la disponibilité des moyens logistiques.  Pour l’Union africaine, c’est une première expérience qui fait appel à toutes ses ressources et c’est la raison pour laquelle elle sollicite l’appui de la communauté internationale, a souligné le Président de l’Union africaine. 


Nous avons besoin d’une structure générale couvrant les liens qui existent entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine, mais nous avons aussi besoin d’une certaine souplesse, a prévenu le Président.  S’agissant de la suggestion de réunir le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, il a jugé important d’établir un ordre du jour précis et concret.  Répondant à la question sur l’échéancier du déploiement des forces africaines, le Président a envisagé une période de six mois à l’issue de laquelle ces forces commenceraient à se retirer.  Concluant sur l’éventualité de lever les sanctions imposées au Libéria, il a estimé que les raisons pour lesquelles ces sanctions ont été imposées semblent avoir disparu.  


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