CS/2724

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENGAGE LES AUTORITÉS KOSOVARES À S’ENGAGER CONCRÈTEMENT POUR UN KOSOVO MULTIETHNIQUE ET DÉMOCRATIQUE

05/08/2004
Communiqué de presse
CS/2724


Conseil de sécurité

5017e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENGAGE LES AUTORITÉS KOSOVARES À S’ENGAGER CONCRÈTEMENT POUR UN KOSOVO MULTIETHNIQUE ET DÉMOCRATIQUE


Le Conseil de sécurité a dressé ce matin un premier bilan mitigé des efforts politiques effectués au Kosovo pour regagner les acquis perdus depuis les violents affrontements de la mi-mars.  Tout en reconnaissant un engagement global des autorités kosovares à l’application des « normes avant le statut », ils ont toutefois souligné l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour réparer les dommages physiques et psychologiques résultant des affrontements qui ont porté un sérieux revers à la stabilisation et à la normalisation au Kosovo. 


Le Sous-Secrétaire général pour les opérations de maintien de la paix, M. Hedi Annabi, a estimé qu’en dépit d’une lente mise en oeuvre du Plan d’application des normes pour le Kosovo lancé le 31 mars dernier, en particulier six mesures prioritaires concernant la liberté de circulation, les retours durables et les droits des communautés minoritaires, les Institutions provisoires avaient pris des mesures concrètes pour faire progresser la reconstruction des biens endommagés ou détruits lors de la flambée de violence et la réforme des autorités autonomes locales.  Les progrès d’ensemble, a-t-il estimé, demeurent fragiles même si la situation globale en matière de sécurité est désormais calme et stable.  À l’instar de nombreuses délégations, il a souligné l’importance de remédier à la situation précaire des groupes minoritaires qui ne seront pas en mesure de considérer qu’ils sont chez eux au Kosovo tant que leur liberté de mouvement sera limitée et leur accès aux services de base restreint.  Dans ce contexte fragile, il est apparu essentiel de dépasser les déclarations d’intention pour prendre des mesures concrètes propres au rétablissement de la confiance et du dialogue interethnique.  La signature conjointe, le 14 juillet, par les autorités albanaises et serbes du Kosovo, d’une déclaration par laquelle ils se sont engagés à la reconstruction et au retour des personnes déplacées a été accueillie comme un signe encourageant par les délégations.  La mise en œuvre des normes avant le statut constitue la clef de l’amélioration des conditions au Kosovo et de création d’un climat propice à l’examen, mi-2005, du statut final de la province. 


Le représentant des Pays-Bas, qui intervenait au nom de l’Union européenne, a salué les autorités albanaises pour les efforts accomplis au cours de ces derniers mois et a invité la communauté serbe du Kosovo à y être réceptive et à participer activement dans les Institutions provisoires.  À cet égard, de nombreuses délégations se sont félicitées du lancement du processus de réforme de l’administration et de décentralisation qu’elles ont considéré comme le meilleur moyen d’engager les différentes communautés à contribuer à l’application des normes et au processus de transition vers un Kosovo multiethnique et démocratique. 


À l’instar du représentant des États-Unis, le représentant du Royaume-Uni a néanmoins insisté sur la nécessité d’accélérer le transfert des responsabilités de la Mission d’administration intérimaire au Kosovo (MINUK) aux autorités kosovares, en conjonction avec le processus de décentralisation, estimant que cette dernière constituait la base d’une meilleure gouvernance au Kosovo.  La MINUK devrait rationaliser ses opérations en établissant des priorités, en l’occurrence la protection et la promotion des droits des minorités.  Comme les autres délégations, le représentant britannique a encouragé les Serbes du Kosovo à participer aux prochaines élections à l’Assemblée du Kosovo, le 23 octobre prochain.  Plusieurs délégations ont insisté sur le besoin de relancer le dialogue entre Pristina et Belgrade tout en mettant en garde le Président Kostunica contre la tentation d’influencer les Serbes du Kosovo pour qu’ils ne participent pas aux élections.  Les autorités kosovares ont ainsi été vivement encouragées à se concentrer sur les domaines prioritaires identifiés à la suite des événements de mars dernier, de même que sur les questions qui auront un impact direct sur la vie de la population. 


Le Ministre de l’administration publique et de l’administration autonome de la Serbie, M. Zoran Loncar, a, pour sa part, regretté que les conséquences de l’agression d’extrémistes albanais du Kosovo et de terroristes contre des Serbes soient encore loin d’être gérées.  Il a déploré que le droit fondamental à la vie ne soit pas garanti pour les Serbes ainsi que la lenteur avec laquelle les autorités provisoires d’administration autonomes ont condamné les violences du mois de mars.  La MINUK, a-t-il estimé, n’a pas rempli son mandat, qui lui demande de veiller à l’édification d’institutions permettant le retour à la normalité.  Soutenant cette argumentation, le représentant de la Russie a qualifié la flambée de violence au Kosovo de tentative d’épuration ethnique volontaire de la part de la population albanaise.  De l’avis de sa délégation, ce n’est qu’une fois que les normes seront réalisées que le Conseil pourra commencer à étudier le statut du Kosovo.  Faisant observer que la multiethnicité ne fonctionnait ni au niveau central ni au niveau local, le représentant russe s’est associé aux délégations pour exhorter les Institutions provisoires à démontrer concrètement leur engagement à construire une société kosovare multiethnique, inclusive et démocratique.


RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) (S/2004/613)


Ce rapport, soumis en application de la résolution 1244 (1999) du 10 juin 1999, porte sur les activités de la MINUK et sur les faits nouveaux survenus au Kosovo (Serbie-et-Monténégro) du 1er avril au 15 juillet 2004.


C’est le premier bilan que présente le Secrétaire général au Conseil de sécurité sur les efforts politiques effectués au Kosovo pour regagner les acquis perdus depuis les violents affrontements de la mi-mars.  Les priorités, note-t-il, ont été centrées sur les questions clefs concernant la mise en œuvre des normes avant le statut, qui demeurent la pierre angulaire de l'amélioration des conditions au Kosovo, la reconstruction des biens endommagés ou détruits au cours des affrontements de mars et la réforme des autorités autonomes locales.


Les Institutions provisoires ont fait quelques progrès dans ces domaines clefs ainsi que dans les initiatives de promotion de la réconciliation interethnique.  Toutefois, souligne-t-il, il reste beaucoup à faire pour réparer les dommages physiques et psychologiques résultant des affrontements, ajoutant que les dirigeants politiques du Kosovo, les représentants des autorités provisoires, les représentants de la société civile, et le peuple du Kosovo devaient collectivement démontrer leur engagement authentique et concrets à la création d'une société dans laquelle toutes les communautés peuvent coexister pacifiquement, et au sein de laquelle les droits de tous les membres sont pleinement sauvegardés et garantis.  À cet égard, le Secrétaire général salue la Déclaration conjointe signée par des dirigeants albanais et serbes du Kosovo, le 14 juillet dernier, dans laquelle ils se sont collectivement engagés à la reconstruction et au retour des personnes déplacées.  Il affirme que cette Déclaration doit être rapidement suivie de mesures concrètes et rappelle que 2 400 personnes restent encore déplacées en dépit des promesses de mise à disposition de fonds pour la réparation des maisons, des infrastructures et des édifices culturels.  Le Secrétaire général exhorte particulièrement à la reconstruction des écoles avant le 1er septembre, et des maisons avant l'hiver.


Par ailleurs, fait observer le Secrétaire général, le maintien de l'absence de liberté de mouvement, de conditions de sécurité précaires, et le défaut d'accès aux services publics des groupes minoritaires du Kosovo ont conduit à un taux minimum de retours des personnes ayant fui à la suite des affrontements du mois de mars.

En matière de sécurité, Kofi Annan note qu'il y a eu des progrès encourageants dans l'arrestation et la poursuite des organisateurs des émeutes.


Le Secrétaire général indique qu’au lendemain des événements de mars il avait demandé la mise en place d'un examen approfondi des politiques et pratiques de tous les acteurs au Kosovo et précise que l'Ambassadeur Eide de la Norvège à qui il avait demandé de conduire cette étude, lui a soumis ses recommandations.  Il se félicite du processus de réforme engagé dans l'administration locale, à l'initiative conjointe de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et des Institutions provisoires du Kosovo.  En revanche, affirme le Secrétaire général, la décision prise par l'Assemblée du Kosovo de procéder au vote d'amendements au Cadre constitutionnel, une démarche qui ne fait pas partie de ses compétences, et qui empiètent sur celles du Représentant spécial du Secrétaire général, est inacceptable.  Cette dernière tentative de l'Assemblée d'agir au-delà de ses compétences et son défaut de capacité à respecter l'autorité et les responsabilités réservées à son Représentant spécial reflètent une absence préoccupante de volonté de se concentrer sur les priorités immédiates du Kosovo et sur l'objectif crucial qui est de s'assurer que le Kosovo progresse, déplore Kofi Annan.


En conclusion, le Secrétaire général note la réelle volonté manifestée par certains dirigeants kosovars de faire avancer le processus d’application des normes et rend hommage au plan de travail établi par les dirigeants des Institutions provisoires d'administration autonomes du Kosovo, qui comprend des mesures et des délais précis.  Il appelle les Institutions provisoires du Kosovo à mettre en œuvre les mesures prioritaires présentées dans le plan révisé d'application des Normes avant le statut, qui demeure crucial pour l'avenir du Kosovo.


Déclarations


M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général pour les opérations de maintien de la paix, a déclaré que les efforts visant à regagner les acquis perdus depuis les violents affrontements de la mi-mars se sont concentrés sur les questions clefs concernant la mise en œuvre des normes avant le statut, la reconstruction des biens endommagés ou détruits et la réforme des autorités autonomes locales.  Il a souligné que les progrès d’ensemble demeuraient fragiles.  Si la situation globale en matière de sécurité est calme et stable, à l’exception de l’assassinat le 5 juin d’un Serbe pour des motifs raciaux, les communautés minoritaires continuent de vivre dans des conditions de sécurité précaires et ne bénéficient pas de la liberté de mouvement, de l’accès aux services de base, et de la sécurité effective qui leur permettrait de considérer qu’ils sont chez eux au Kosovo.  M. Annabi a rappelé que 2 400 personnes demeuraient déplacées, faisant observer que les procédures de retour ont été sérieusement interrompues par la vague de violence.  Malgré cette interruption, a-t-il néanmoins souligné, la MINUK travaille avec les autorités kosovares pour identifier les zones prioritaires de retour.  Il a expliqué que les Institutions provisoires étaient responsables de la reconstruction des biens endommagés ou détruits et a indiqué que 331 des 935 propriétés détruites étaient actuellement en reconstruction.  Il est clair, a-t-il affirmé, qu’il y a encore beaucoup à faire pour assurer que toutes les maisons soient reconstruites avant l’hiver et les écoles d’ici au 1er septembre. 


S’agissant des initiatives de promotion de la réconciliation interethnique, M. Annabi s’est félicité de la Déclaration conjointe signée par les dirigeants albanais et serbes du Kosovo, le 14 juillet dernier, dans laquelle ils se sont collectivement engagés à la reconstruction et au retour des personnes déplacées.  Il a toutefois insisté sur la nécessité d’associer à cette Déclaration un engagement politique ferme pour que le processus de réconciliation soit effectif et permette que le Kosovo aille de l’avant.  Cette déclaration d’intention doit être suivie de mesures concrètes, a-t-il insisté.  Pour ce qui est du lancement du Plan révisé d’application des normes avant le statut le 31 mars, il a souligné la nécessité de progresser en matière de protection des minorités, de promotion de leurs droits et de retours.  Il a invité les autorités majoritaires à se concentrer sur les domaines prioritaires identifiés à la suite des événements de mars.  Concernant la réforme de l’administration locale, il a indiqué que le 23 juillet, un document-cadre sur la décentralisation avait été approuvé en principe par le Gouvernement du Kosovo.  Les représentants de la communauté des Serbes du Kosovo ont participé à l’élaboration de ce document en tant qu’observateurs, a-t-il précisé.  M. Annabi a exhorté toutes les parties prenantes à poursuivre ce processus pour aboutir à des résultats concrets.  Il a par ailleurs déploré que l’Assemblée du Kosovo se concentre sur des questions symboliques au détriment des questions qui auraient un impact concret sur la vie de la population.  La décision prise par l’Assemblée du Kosovo de procéder à des  amendements au Cadre constitutionnel, sortant ainsi de son domaine de compétence et empiétant sur celles du Représentant spécial, reflète, a-t-il dit, une absence préoccupante de volonté de se concentrer sur les priorités immédiates du Kosovo.  


M. Annabi a informé les membres du Conseil de la préparation au niveau technique des élections du 26 octobre, tout en soulignant les difficultés rencontrées en matière de coopération avec les autorités de Belgrade et le fait que la participation des Serbes du Kosovo n’était toujours pas garantie.  Il s’est néanmoins dit encouragé par les déclarations d’intention exprimées par des représentants de cette communauté de prendre part aux élections et a insisté sur le fait que leur participation au processus de consultation jouerait dans l’intérêt des Serbes du Kosovo.  Il incombe aux dirigeants du Kosovo de faire avancer le processus de réconciliation, de transition démocratique et de création d’une société inclusive, démocratique et tolérante, a souligné M. Annabi, qui les a assurés de la collaboration des autorités de Belgrade et de l’appui de la communauté internationale.


M. ZORAN LONCAR, Ministre de l’administration publique et de l’administration autonome de la Serbie, a regretté qu’en dépit des efforts accomplis par la communauté internationale et notamment la MINUK de reconstruire les maisons, écoles et autres structures détruites, on soit encore loin de faire face aux conséquences de l’agression d’extrémistes albanais du Kosovo et de terroristes contre des Serbes.  À ce jour, comme le constate la présence serbe au Kosovo, la reconstruction de 35 monastères de l’Église serbe n’a pas encore démarré.  La Serbie ne considère pas que des mesures valables n’ont pas été prises contre ces extrémistes et ces terroristes.  Le droit fondamental à la vie n’est pas assuré pour les Serbes.  Le Ministre a appelé à l’action de la police dans ce domaine, et a exprimé sa préoccupation quant à la lenteur avec laquelle les autorités provisoires d’administration autonomes ont condamné les violences de mars, au lendemain de la pression internationale.  Les activités illégales du Parlement kosovar sont également intolérables, comme le souligne le rapport du Secrétaire général.  La Serbie considère que la MINUK n’a pas rempli son mandat, qui lui demande de veiller à l’édification d’institutions permettant le retour normal et paisible de tous.  « Cela n’est pas dû à l’absence de bonne volonté », a-t-il noté, faisant observer qu’il est pratiquement impossible à la MINUK de protéger les Serbes au Kosovo.  Il est donc indispensable d’assurer des institutions solides, seule garantie de la protection des Serbes au Kosovo et à Metohija.  Les normes avant le statut au Kosovo sont encore loin d’être réalisées, notamment en matière de droits de l’homme.  C’est pourquoi, la Serbie a proposé un Plan d’autonomie, seule façon de préserver les conditions préalables à l’établissement d’une société multiethnique, a-t-il déclaré.  La poursuite de la violation des droits des Serbes ne sera pas seulement un échec pour la MINUK, mais une défaite de la défense du droit par la communauté internationale.  Le Plan a été bien reçu comme une bonne base de départ pour la négociation, a-t-il indiqué, soulignant que le projet de réforme des autorités autonomes ne répondent pas aux préoccupations des Serbes, et ne leur permettent pas de revenir participer aux prochaines élections au Parlement.


M. JEAN-FRANCIS REGIS ZINSOU (Bénin) a déclaré que le rapport du Secrétaire général laissait l’impression que la situation rentrait dans l’ordre.  Les efforts de l’administration autonome pour réparer les conséquences des violences témoignent de la volonté de travailler ensemble à la réalisation d’un Kosovo multiethnique.  L’adoption du Plan d’application des normes avant le statut et sa révision, ont été louées par le Bénin.  Il reste à compléter le dispositif par des règles de fonctionnement du Gouvernement et des ministères, dont le rapport note l’absence de coordination.  Il importe aussi de rendre responsables les administrations, pour les intérêts des communautés minoritaires.  Le Bénin a marqué son soutien au dispositif d’alerte rapide mis en place, pour anticiper les crises et les prévenir.  Le faible taux de retour des personnes déplacées reste un motif de préoccupation, a-t-il noté, en particulier au regard des prochaines élections.  Le représentant du Bénin a appelé au renforcement de la protection des populations serbes, et de l’aspect multiethnique du pays.  Enfin, a-t-il noté, il sera important d’assurer au Kosovo les conditions de son autonomie économique.


M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) a estimé que l’élément clef pour l’amélioration de la situation au Kosovo était le dialogue et l’application des normes avant le statut.  Il a accueilli positivement les signes encore timorés d’une reprise du dialogue et s’est félicité de la signature le 14 juillet d’une Déclaration conjointe des autorités albanaises et serbes du Kosovo en espérant que celle-ci serait suivie de mesures concrètes.  Il a regretté les conséquences négatives de la flambée de violence du mois de mars et les progrès insuffisants dans la mise en œuvre des normes, surtout dans les domaines prioritaires identifiés à la suite des événements.  Il a dit comprendre les frustrations de la population du Kosovo et a souligné que la violence n’était jamais une option viable et ne faisait qu’enrayer les perspectives d’un futur plus stable.  Il a également souligné la nécessité de réformer et de renforcer les institutions, de promouvoir les droits des minorités, d’encourager le retour des personnes déplacées, et d’œuvrer pour un développement économique.  En conclusion, il a dit espérer que le dialogue l’emporterait sur les tentatives de faire dérailler le processus de transition au Kosovo. 


M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a noté que le climat était à l’heure du réalisme, et qu’il fallait tenir compte de la réalité, à savoir la présence d’extrémistes pour lesquels les progrès réalisés représentent une entrave à leurs objectifs funestes.  La décision prise par la MINUK de prendre des mesures pour la protection de toutes les minorités est au centre des efforts au Kosovo.  Il reste beaucoup à faire, et il faut agir rapidement, a-t-il souligné, pour la reconstruction et le retour des personnes déplacées.  Compte tenu du traitement réservé aux Serbes, il n’est pas étonnant qu’ils refusent de participer au processus électoral, a fait remarquer le représentant.  Une réforme durable de l’administration locale est un élément central.  C’est une priorité pour la MINUK et pour les institutions autonomes.  Nous espérons que des institutions décentralisées pourront être véritablement mises en place, en tant que fondation d’une société démocratique.  La philosophie et la nature des normes avant le statut requièrent une grande dose de volonté politique et de patience.  Les événements de mars ont montré que les institutions ne peuvent envisager un retrait de sa présence au Kosovo à court terme.


M. CRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) a noté que les événements de mars dernier ont montré qu’il fallait poursuivre les efforts de protection des minorités, des libertés fondamentales, et du retour durable pour tous les habitants du Kosovo.  L’adoption, le 23 juillet dernier, de la Déclaration conjointe de réforme des institutions du Kosovo, constitue un pas important.  La collaboration entre la MINUK et les Institutions provisoires est indispensable, a-t-il souligné, appelant ces dernières à mettre en œuvre les normes avant le statut.  Il est indispensable de poursuivre l’application du droit, la collecte des armes illicites, ainsi que les responsables des émeutes.  Les destructions doivent faire l’objet de réparations adéquates.  La déclaration du 14 juillet, qui prévoit la reconstruction des maisons avant l’hiver, doit être notée, car il faut assurer le retour des 2 400 personnes déplacées.


M. WOLFGANG TRAUTWEIN (Allemagne) a déploré les progrès mitigés intervenus dans l’application des normes pour le Kosovo depuis les événements de la mi-mars qui ont porté un coup sérieux au processus de réconciliation.  Il a estimé qu’un des facteurs clefs pour restaurer la confiance et promouvoir la réconciliation était la reconstruction des biens endommagés et détruits avant l’hiver.  Il s’est félicité de la signature d’une déclaration conjointe par les autorités albanaises et serbes du Kosovo.  Il a également affirmé que la traduction en justice des auteurs des violences constituait un aspect important du retour de la confiance et permettrait de faciliter l’intensification cruciale du dialogue interethnique.  À ce titre, le représentant allemand a appelé la majorité albanaise à établir des liens avec la population serbe du Kosovo et a encouragé les Serbes du Kosovo à faire entendre leur voix dans les Institutions provisoires.  Il s’est félicité des progrès réalisés dans l’élaboration d’un cadre favorable à la transition démocratique du Kosovo et a estimé qu’il existait un engagement global en vue d’aller de l’avant.  Il a invité le Secrétaire général à fournir une évaluation de l’avancement de l’application des normes et s’est félicité de l’adoption du document-cadre sur la réforme de l’administration locale.  À cet égard, il a demandé à toutes les communautés du Kosovo de participer dans la mise en œuvre de ce plan qui représente un pas significatif vers la réalisation d’une société inclusive et démocratique.


M. HENRIQUE VALLE (Brésil) s’est félicité des mesures prises pour éviter l’impunité des auteurs des émeutes de mars dernier.  Il ne faut pas perdre l’élan acquis, a-t-il dit.  Malheureusement, les Serbes du Kosovo n’ont toujours pas les mêmes droits, au travail, à la circulation, que la population albanaise du Kosovo.  Il faut éviter la création de frontières et de divisions artificielles.  Le Brésil n’est pas opposé à la décentralisation, mais il reste attaché à l’unité du territoire, afin d’éviter des solutions qui ont montré leur échec dans les Balkans.  Les mesures unilatérales du Parlement kosovar pour amender le cadre constitutionnel qui empiètent sur les compétences de la MINUK, doivent être condamnées, a-t-il souligné.  L’absence de progrès en matière politique souligne l’aspect humain de cette tragédie.  La situation économique restera sombre, avec son cortège de conséquences en matière de santé et de niveau de vie.


M. MASOOD KHALID (Pakistan) a souligné que le Kosovo avait encore besoin d’un soutien important de la communauté internationale.  « Nous nous félicitons de la coopération des autorités locales avec la MINUK », a-t-il souligné.  Le représentant a fait observer que le fait que le processus de normes avant le statut soit vicié à la base constitue un problème fondamental.  Plus longtemps on attendra la clarification du statut politique, et plus ce problème restera dans les limbes politiques.  Les frustrations continueront de suppurer, et la situation économique stagnera.  C’est pourquoi, il est essentiel de changer de cap pour rétablir l’espoir dans la région.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a invité toutes les parties concernées à œuvrer ensemble pour faciliter la transition démocratique au Kosovo et a fait observer l’ampleur de ce qui reste à faire pour appliquer les normes avant le statut.  Il a estimé que la tâche la plus pressante pour les dirigeants du Kosovo était de transformer les déclarations d’intention en mesures concrètes.  Il a invité l’Assemblée du Kosovo à respecter son mandat et à ne pas empiéter sur les compétences du Représentant spécial de la MINUK.  Pour faciliter le retour de la confiance et faciliter le dialogue interethnique, a-t-il dit, il est nécessaire de poursuivre les enquêtes sur les événements de la mi-mars et d’en traduire en justice les auteurs.  En conclusion, il a engagé la MINUK et ses partenaires à œuvrer en vue de créer un climat propice au bon déroulement des élections prévues en octobre prochain.


M. INIGO DE PALACIO (Espagne) a indiqué que les dirigeants du Kosovo devaient démontrer leur volonté de créer une société démocratique et respectueuse des droits de tous les individus, indépendamment de leur origine ethnique.  Il a regretté que les conditions de sécurité des groupes minoritaires demeurent précaires et leur accès aux services de base limité.   Il a en outre souligné la nécessité de traduire en justice les auteurs des crimes commis en mars dernier.  Il s’est également dit

préoccupé par la non-application par les autorités kosovares du principe d’impartialité.  Le représentant espagnol s’est félicité des propositions visant à réformer l’administration locale et a appelé les Institutions provisoires à prendre toutes les mesures en leur pouvoir pour favoriser l’application des normes avant le statut.  La communauté serbe kosovare ne peut pas rester en marge du processus démocratique, a-t-il rappelé, en insistant sur la nécessité s’assurer sa participation aux élections du 26 octobre prochain. 


M. BAYANI S. MERCADO (Philippines) a déclaré qu’en mars dernier, le Kosovo avait flambé, et connu des destructions sans pareil depuis que la MINUK avait été mise en place, causant la mort de nombreuses personnes et d’innombrables destructions.  Il a regretté que peu de progrès aient été accomplis depuis cette date en matière de rapprochement interethnique.  La MINUK devrait faire preuve de plus de flexibilité, en donnant plus d’importance aux préoccupations aux minorités serbes.  Les dirigeants doivent aussi faire suivre leurs déclarations d’intention de mesures concrètes, a-t-il souligné. 


M. STUART HOLLIDAY (États-Unis) a indiqué que le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général, Soren Jessens-Petersen avait tout le soutien des États-Unis.  L’examen du processus de mise en œuvre des normes arrive bientôt à échéance, a-t-il fait observer.  La MINUK devrait évoluer vers un rôle de suivi, et se consacrer à moins d’administration.  Il faudrait qu’elle puisse au moins partager une partie de ses responsabilités avec les institutions locales.  Plaidant pour éviter un boycott des communautés, quelles qu’elles soient, des élections le représentant des États-Unis a souligné qu’il est essentiel que toutes les minorités participent au processus électoral.  Par ailleurs, les négociations entre Belgrade et Pristina devraient reprendre immédiatement.


M. MOURAD BENMEHDI (Algérie) s’est félicité des progrès accomplis dans l’application des normes et la restauration du dialogue.  Il a estimé que les initiatives prises par les autorités albanaises et serbes du Kosovo pour favoriser le retour des personnes déplacées et la reconstruction des biens détruits ou endommagés à la mi-mars ainsi que la finalisation du document-cadre sur la réforme de l’administration locale étaient de nature à consolider la société kosovare.  Il a engagé les dirigeants du Kosovo à assumer leur responsabilité et à appuyer de manière constructive la mise en œuvre des normes avant le statut.  Le représentant de l’Algérie a souligné l’importance pour les dirigeants au Kosovo d’adopter un discours rassembleur et d’éviter la division des Kosovars en fonction de leur appartenance ethnique.  La communauté internationale, a-t-il affirmé, doit réunir toutes les conditions pour une mise en œuvre accélérée et réussie des huit normes, en vue de procéder à l’examen de la question fondamentale qui est le statut final du Kosovo.  Le dialogue direct entre Belgrade et Pristina, la participation active de tous aux Institutions provisoires et le règlement du problème des structures parallèles au Kosovo sont nécessaires, a-t-il ajouté en indiquant par ailleurs que le relèvement économique et l’amélioration des conditions sociales devaient relever des priorités dans la mesure où elles contribuent aux efforts visant la réalisation des normes fixées pour le Kosovo.


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a déclaré que sa délégation s’attendait à une démarche plus ciblée à l’égard du Kosovo.  Il a identifié cinq priorités politiques pour ce qui est d’avancer dans l’application des normes.  Il a insisté sur la nécessité pour la MINUK de transférer les responsabilités aux Institutions provisoires, et ce, en conjonction avec le processus de décentralisation.  À cet égard, M. Jones Parry a affirmé que la décentralisation était à la base d’une meilleure gouvernance au Kosovo.  Il a donc invité la MINUK à rationaliser ses opérations en se concentrant sur les domaines prioritaires et a estimé qu’il serait plus utile de recourir aux ressources disponibles.  Il a en outre estimé que l’application des normes demeurait la meilleure base pour la construction d’un Kosovo démocratique et multiethnique.  Il a insisté sur l’importance d’établir des priorités, notamment la protection et la promotion des droits des minorités.  Dans ce contexte, il a invité les autorités du Kosovo à dépasser les déclarations d’intention, à mettre en œuvre des mesures et à établir un dialogue avec Belgrade. 

À cet égard, il a souligné que les propositions de la Serbie-et-Monténégro constituaient un apport utile au dialogue, mais a toutefois réaffirmé qu’elle n’avait pas de pouvoir de décision au Kosovo.  La déclaration du Président Kostunica engageant les Serbes du Kosovo à ne pas participer aux élections est « extrêmement décevante », a-t-il déclaré.  La non-participation des Serbes du Kosovo aux Institutions provisoires et aux élections n’est pas acceptable et va à l’encontre de la vision d’un Kosovo démocratique et multiethnique.


La priorité est d’édifier la tolérance et la confiance et de rassurer les Serbes du Kosovo, a rappelé le représentant britannique, en insistant sur l’importance de renforcer les droits des minorités et s’est dit encouragé à cet égard par la lettre ouverte du 14 juillet.  Belgrade et les Serbes du Kosovo doivent jouer un rôle fondamental dans le processus d’application des normes, et notamment de décentralisation de l’administration au niveau local.  Le leitmotiv pour la suite des activités de la MINUK est « une MINUK réduite mais plus efficace », a-t-il conclu. 


M. MICHEL DUCLOS (France) a déclaré que la situation est extrêmement fragile au Kosovo et que le temps nous est compté pour agir, notamment en vue du rendez-vous du milieu de l’année 2005.  Nous sommes en tout cas convaincus que l’immobilisme serait la pire des attitudes.  L’Ambassadeur Eide de la Norvège a remis au Secrétaire général un rapport où il avance des idées à ce sujet.  Nous souhaitons vivement en avoir communication pour prendre en compte cette contribution dans la réflexion en cours.  Le représentant a fait remarquer que la Déclaration conjointe adoptée par les dirigeants politiques des différentes communautés du Kosovo n’aura de valeur que si elle se traduit en actions concrètes et en progrès dans la mise en œuvre des normes, en particulier en ce qui concerne la sécurité et les droits des minorités.


La France salue le résultat très positif du Groupe de travail conjoint entre la MINUK et les Institutions provisoires du Kosovo sur la décentralisation.  Le plan-cadre issu de ces travaux est une bonne base pour avancer dans la direction tracée par le Conseil de sécurité dans sa Déclaration présidentielle du 30 avril 2004.  Nous souhaitons que les Serbes du Kosovo et tout autre partie concernée par cette question prennent une part active à la finalisation de ce plan de décentralisation, notamment en ce qui concerne les projets pilotes et le tracé des circonscriptions au niveau desquelles s’effectuera la décentralisation.  Mon pays est convaincu qu’il est de l’intérêt supérieur et à long terme des Serbes au Kosovo de participer aux prochaines élections générales du 23 octobre 2004, a dit M. Duclos.  C’est pourquoi, nous les encourageons à s’enregistrer immédiatement sur les listes électorales –qui seront closes irrévocablement le 12 août prochain.  Il est important que d’autres les y encouragent aussi, et qu’en tout cas les Serbes du Kosovo ne soient pas dissuadés d’agir ainsi, a-t-il conclu.


M. ANDREY DENISOV (Fédération de Russie) a fait remarquer que la flambée de violence ethnique avait constitué une tentative d’épuration ethnique volontaire de la part de la population albanaise.  Nous restons fermement attachés à la politique des normes avant le statut.  Ce n’est qu’une fois que les normes seront réalisées que le Conseil pourra commencer à étudier le statut du Kosovo.  Malheureusement, le Plan de mise en œuvre et le processus de retour des personnes déplacées ne sont pas respectés.  À ce jour, 2 400 personnes demeurent déplacées, et les centres médicaux qui s’occupent des minorités n’ont pas été reconstruits.  La multiethnicité ne fonctionne pas, ni au niveau central ni au niveau local.  La conclusion s’impose: les droits des minorités serbes restent totalement isolés.  « Nous restons préoccupés par le fait que l’Assemblée du Kosovo refuse de s’atteler aux préoccupations immédiates », a-t-il souligné.  Il en est de même du refus des autorités de condamner les auteurs de violences, ainsi que le comportement des médias à l’époque des émeutes.  Les Institutions provisoires doivent démontrer qu’elles peuvent pleinement répondre aux exigences de mise en œuvre des normes, notamment en matière de rapprochement ethnique.  La réforme des institutions locales doit être suivie d’effet, a-t-il souligné.  Le plan-cadre pour la réforme des institutions locales doit être appliqué, et il sera utile de prendre en compte les propositions faites par la Serbie-et-Monténégro.  Par ailleurs, M. Denisov a noté que l’empiètement par le Parlement kosovar des compétences de la MINUK restait inacceptable.


M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), intervenant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, s’est félicité des signes encourageants lancés par les autorités albanaises et a reconnu les progrès atteints en matière de reconstruction.  Il a néanmoins souligné la nécessité de remédier à toutes les conséquences des violences du mois de mars.  Il a insisté sur la nécessité de garantir aux personnes déplacées une possibilité de retour et sur l’importance de traduire en justice les auteurs des violences.  Il a demandé aux Serbes du Kosovo d’être réceptifs aux ouvertures faites par les autorités albanaises et d’y répondre favorablement.  À cet égard, il a souligné l’importance de la participation des Serbes du Kosovo aux Institutions provisoires et au processus électoral.  Il a également mis l’accent sur le caractère essentiel de la reprise du dialogue entre Belgrade et Pristina.


En outre, le représentant a insisté sur l’importance de disposer d’une évaluation de toutes les politiques et mesures prises par l’ensemble des acteurs à la suite des violences du mois de mars dernier, en faisant référence à l’évaluation effectuée par l’Ambassadeur Eide de la Norvège et transmise au Secrétaire général.  Il a expliqué que la mise en œuvre des normes était un processus durable qui continuerait au-delà de l’examen du statut à la mi-2005.  Dans ce cadre, la réforme de l’administration et la décentralisation sont des pas importants vers l’amélioration des conditions de vie de la population du Kosovo, y compris pour les communautés minoritaires.  Le représentant néerlandais a donc appelé toutes les communautés à engager ce processus dans les meilleurs délais.  Il a par ailleurs exhorté toutes les parties concernées à adopter une approche apolitique et rationnelle pour aller de l’avant en matière de privatisations. 


M. SHINICHI KITAOKA (Japon) a noté que la réunion du Conseil offrait une bonne occasion de réévaluer la situation.  Compte tenu des violences de mars, le Japon se félicite du document conjoint pour le transfert de responsabilités au niveau local, qui permettront de protéger les droits des minorités.  Le respect de la tolérance est déterminant, et le Japon se félicite de la reprise des négociations.  La reconstruction des maisons détruites doit être accomplie dès que possible.  Une modification fondamentale doit être faite dans les mentalités.  Malheureusement, le niveau du chômage, à savoir 65%, empêche la population d’avoir confiance dans le futur.  La MINUK et la communauté internationale doivent donc redoubler d’efforts pour remédier à cette situation.  Le Japon a contribué à hauteur de près de 186 millions dollars à ce processus, et reste attaché à la réussite du processus. 


M. AGIM NESHO (Albanie) a indiqué qu’il fallait réévaluer la situation sur le terrain.  Les normes avant le statut doivent être rapidement mises en place; la MINUK doit remplir un rôle de suivi et transférer certaines de ses responsabilités.  La présence d’institutions internationales doit être maintenue, et il doit être clair que le Kosovo sera une société démocratique et multiethnique, a-t-il déclaré.  Le Kosovo a besoin que ses minorités participent aux institutions démocratiques, et éviter tout boycott du processus électoral.  L’Albanie réaffirme son soutien aux « normes avant le statut », et au futur du Kosovo au sein de l’Europe.  Par ailleurs, l’Albanie soutient le dialogue entre la Serbie et le Kosovo, de même qu’elle entend renforcer ses relations avec la Serbie-et-Monténégro, qui contribuera à l’intégration de la région.  L’autonomie accrue des régions est importante, mais ne doit pas porter atteinte au Gouvernement central du Kosovo, a-t-il néanmoins ajouté.


Répondant aux observations formulées par les délégations, M. Annabi a souligné que la MINUK était dans une situation financière extrêmement difficile en raison des retards dans le versement des contributions par les États Membres.  La gravité de la situation risque d’amener la MINUK à limiter ses activités dès le mois prochain, a-t-il prévenu. 


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