CS/2715

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE DÉVELOPPEMENT DES SYNERGIES RÉGIONALES INDISPENSABLE AU MAINTIEN DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L'OUEST

16/07/2004
Communiqué de presse
CS/2715


Conseil de sécurité

5005e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE DÉVELOPPEMENT DES SYNERGIES RÉGIONALES INDISPENSABLE AU MAINTIEN DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L'OUEST


Il est indispensable d’adopter une approche régionale, collective et intégrée afin d'aider les pays d’Afrique de l'Ouest à construire la paix et le développement durables, a estimé ce matin le Conseil de sécurité, qui se réunissait pour examiner le rapport de sa mission en Afrique de l’Ouest*, qui s'est déroulée du 20 au 29 juin dernier.  Trois opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont actuellement déployées sur place, respectivement en Côte d'Ivoire, en Sierra Leone et au Libéria.


La difficulté à faire appliquer les Accords de Linas-Marcoussis et à rétablir la paix et la sécurité en Côte d’Ivoire a tout particulièrement retenu l’attention des membres du Conseil, qui ont demandé en outre à ce que les auteurs de violations de droits de l’homme y soient systématiquement sanctionnés.  Le représentant du Libéria a ensuite rappelé que dans la mesure où le Gouvernement de son pays ne disposait actuellement que d’un contrôle partiel sur son territoire, il n’était malheureusement pas en mesure de garantir la sécurité de sa population.  Enfin, le représentant du Libéria a affirmé que si les élections présidentielles et locales avaient constitué une étape importante vers une réintégration politique du pays, la réintégration économique n’avait pu être réalisée en raison de la gravité du chômage.  Pour sa part, le représentant du Ghana a souligné la nécessité de créer des emplois à l’intention des jeunes sortant des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.  Appelant à renforcer le lien entre sécurité et développement durable, il a ajouté que la Sierra Leone ne pourrait jamais se sentir complètement en sécurité tant que l’ensemble des pays de la région ne connaîtront pas eux-mêmes la sécurité.


Au-delà des difficultés particulières qu’affrontent ces pays, la mission du Conseil de sécurité a mis en lumière l'interdépendance de nombreux facteurs qui affectent la région.  Il en est ainsi de la porosité des frontières, responsable, selon certains intervenants, la prolifération des armes légères et de petit calibre dans l’ensemble de la région.  Dans ce contexte, ont-ils indiqué, les Nations Unies doivent poursuivre les efforts engagés au titre de la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le deuxième Sommet de l’Union du fleuve Mano à Conakry a par ailleurs exprimé la volonté des États Membres de s’acquitter de leurs obligations respectives au titre des mécanismes mis en place par cet organisme.  C’est également dans le cadre de la médiation entreprise par la CEDEAO qu’une réunion entre les parties ivoiriennes a pu avoir lieu à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 6 juillet dernier, et à l'issue de laquelle a été décidée la mise en place d'un sommet à Accra, le 24 juillet prochain, pour tenter de régler le conflit en Côte d’Ivoire.  Le représentant de la Sierra Leone a toutefois indiqué que 15 ans de conflits avaient selon lui détourné la CEDEAO de sa vocation originelle de développement national et régional.


La qualité des missions envoyées sur place par le Conseil de sécurité a en outre été débattue par ses membres, qui ont rappelé qu'elle dépendait en grande partie de l’état des préparatifs et du temps qui leur était imparti.  À ce sujet, le représentant de la Guinée a regretté que la durée de ces missions ne permette pas d’approfondir les questions connexes.  La coopération entre les différentes missions des Nations Unies elles-mêmes a été recommandée, notamment par le biais d'une mise en commun des moyens logistiques ou des activités de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.  Une telle initiative ne pourra toutefois aboutir que lorsqu’on aura été endigué le flux des armes légères grâce à l’imposition d’un moratoire dans la région, a indiqué le représentant du Japon.  L’Union européenne a suggéré pour sa part la constitution d’un mécanisme de coordination des donateurs et l’élaboration d’un cadre de travail conceptuel pour la gestion des conflits d’Afrique.


*S/2004/525


MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Déclarations


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a rappelé que le sens de la mission du Conseil de sécurité en Afrique de l’Ouest était de tenir compte de la dimension régionale des conflits qui s’y déroulent et de leur interaction.  Il s’est félicité du travail accompli par les différentes missions des Nations Unies qui contribuent au bon fonctionnement des gouvernements en place.  Les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent poursuivre leur travail de soutien d’aider le gouvernement à aborder les questions qui posent problème, comme la consolidation de la paix post-conflit.  Il faut des approches cohérentes de la part des institutions internationales et des différents donateurs pour répondre aux objectifs des pays et leur offrir l’avenir qu’ils méritent, a conclu M. Parry.


M. PHILIPPE D. DJANGONÉ-BI (Côte d’Ivoire) a fait savoir que depuis le passage de la mission du Conseil de sécurité, le statut des forces a été signé comme le Président de la République s’y était engagé et la procédure réglementaire nationale d’établissement et de fonctionnement des stations de radio et de télévision semble suivie par l’ONUCI.  Le parlement a en outre repris l’examen des projets de loi présentés par le gouvernement dans l’esprit des Accords de Linas-Marcoussis et d’Accra II mais en toute souveraineté et selon ses propres règles de procédure.  Le représentant a en outre déclaré que son pays accueillait avec soulagement la constitution et la mise en place prochaine de la Commission internationale d’enquête sur les violations des droits de l’homme commises depuis 2002.  La Côte d’Ivoire, a précisé le représentant, voudrait suggérer cependant que cette Commission soit autorisée à poursuivre ses enquêtes au-delà du 24 janvier 2004, limite calendaire actuelle de son mandat fixée au moment de la signature de l’Accord de Linas-Marcoussis.  Il serait difficile de comprendre, selon le représentant, que la mission d’enquête de l’ONU se détourne de certaines violations commises dans le cadre du même conflit et sur le même territoire, au motif qu’elle se situe hors de son mandat. 


S’agissant du désaccord de la mission face à la volonté du Président Gbagbo de déposer la loi relative à l’éligibilité après la réunification du territoire national et une fois que l’autorité de l’État aura été rétablie dans l’ensemble du pays, le représentant a rappelé que la disposition de ne pas organiser d’élections tant qu’il est porté atteinte à l’intégrité territoriale du pays est une clause constitutionnelle acceptée par le peuple de Côte d’Ivoire.  En outre, en dehors du respect de la légalité constitutionnelle, comment, d’un point de vue pratique, peut-on organiser un référendum et donc battre campagne avec des groupes ex-rebelles toujours en armes et interdisant de fait le libre accès à la moitié du pays, s’est demandé le représentant en conclusion.


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a rappelé la nécessité de poursuivre les efforts engagés en Sierra Leone et notamment à maintenir une force résiduelle des Nations Unies dans le pays.  Face à l’ampleur du chômage, il a souligné aussi la nécessité de créer des emplois à l’intention des jeunes sortant des programmes de DDR.  Il a en outre appuyé la recommandation de la mission du Conseil de sécurité quant à soutenir la création d’un tribunal spécial en Sierra Leone.  En ce qui concerne la situation en Guinée-Bissau, le représentant a souligné la nécessité d’intégrer une approche régionale afin d’endiguer la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Par ailleurs, à l’approche des élections présidentielles de décembre, la communauté internationale devrait continuer à soutenir la Guinée-Bissau et les donateurs à fournir l’aide nécessaire pour renforcer les institutions de ce pays, a ajouté le représentant, qui a enfin appelé le FMI à reprendre un programme d’aide.  Évoquant les progrès réalisés au Libéria depuis l’entrée en fonction du gouvernement de transition, M. Effah-Apenteng a toutefois souligné l’importance que revêtait l’octroi d’une aide de la communauté internationale.  Alors que seulement une partie des 520 millions de dollars promis au Libéria ont été décaissés, la CEDEAO a aussi demandé à ce que soient concrétisées les annonces de contributions.  En Côte d’Ivoire, les recommandations de respect des Accords de Linas-Marcoussis par la mission du Conseil de sécurité coïncident avec la position de la CEDEAO.  C’est dans le cadre des efforts de médiation de la CEDEAO qu’une réunion a pu avoir lieu à Addis-Abeba le 6 juillet 2004 pour faire front sur les efforts précédents, a souligné le représentant.  La CEDEAO a par ailleurs approuvé l’établissement d’une unité de réaction rapide de 6 500 soldats, qui pourra être réactivée à tout moment.  C’est dans ce contexte d’optimisme prudent que le représentant a affirmé qu’il fallait enfin régler les problèmes transfrontières.


M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) s’est félicité du contenu du communiqué final du deuxième Sommet de l’Union du fleuve Mano à Conakry qui exprime la volonté résolue des États Membres de s’acquitter de leurs obligations respectives au titre des mécanismes mis en place par l’Union.  Force est de reconnaître, a poursuivi le représentant, que l’Afrique de l’Ouest sort progressivement d’une longue et douloureuse période de conflits meurtriers grâce à l’action conjuguée de la CEDEAO, du système des Nations Unies, des partenaires africains et internationaux, et surtout de l’engagement politique des différents acteurs nationaux.  En Sierra Leone, s’est félicité M. Sow, la paix est devenue une réalité.  Cependant, la préservation de ces acquis est tributaire de la capacité réelle des forces de sécurité à assurer avec douceur la relève de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL), mais aussi de la création d’activités économiques nouvelles porteuses de croissance.  Le Libéria poursuit quant à lui le chemin de la réconciliation et d’une paix durable, et la communauté des donateurs devrait permettre aux dirigeants de ce pays d’atteindre les objectifs convenus.  En revanche, en Guinée-Bissau, a regretté M. Sow, de nombreux défis persistent sur le chemin de la stabilité.  De même, selon lui, la situation de la Côte d’Ivoire demeure un facteur de préoccupation.  La Guinée plaide pour la préservation de l’unité, de l’intégrité et de la pleine souveraineté de ce pays. 


En outre, le représentant a souligné que la paix en Afrique de l’Ouest reposait avant tout sur la bonne gouvernance et l’éradication des problèmes transfrontaliers.  La qualité des missions de Conseil, a-t-il ajouté, est fonction de l’état des préparatifs, du temps qui leur est imparti et surtout, de la pédagogie utilisée lors des entretiens avec les différents interlocuteurs.  À cet égard, la Guinée estime que le temps imparti aux missions est dans certains cas si bref qu’il ne permet pas souvent d’approfondir toutes les questions connexes.  Il faut éviter que les missions délivrent un message incomplet, a conclu le représentant. 


M. LAMI KAWAH (Libéria) a rappelé que les mesures prises par le Conseil de sécurité ont permis de mettre en place une dynamique de réforme et de nouvelles perspectives d’avenir.  Le gouvernement de transition s’est efforcé pour sa part d’avancer dans le sens d’une plus large collaboration avec la communauté internationale.  Le représentant a toutefois prévenu que les efforts porteraient leurs fruits seulement si les Libériens pouvaient prendre en charge leur avenir.  Cela n’est pas encore possible, a-t-il indiqué, car le Gouvernement n’a qu’un contrôle partiel du territoire et la situation sécuritaire demeure précaire.  Par ailleurs, le représentant a appelé à la levée des sanctions sur le cuivre et les diamants pour dégager les ressources nécessaires à la reconstruction de son pays.  Le représentant a enfin appelé la communauté des donateurs à respecter les annonces de contribution faites aux Nations Unies le 5 février 2004.


M. S. A. ADEKANYA (Nigéria) s’est félicité du rétablissement de la confiance entre les parties aux conflits dans les différents pays touchés par la guerre en Afrique de l’Ouest.  Étant donné la dimension régionale des conflits, il a souligné le rôle de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la collaboration entre les différentes missions des Nations Unies de même qu’avec les institutions régionales.  Les larges discussions entre les membres de la mission et les dirigeants des pays d’Afrique de l’Ouest ont permis de mieux comprendre la situation sur le terrain et les défis qui se posent.  En Côte d’Ivoire, le processus de réconciliation est en bonne voie, s’est félicité le représentant.  Les dirigeants sont disposés à prendre les mesures nécessaires pour rétablir la confiance et empêcher la reprise du conflit.  Le représentant s’est dit confiant dans la volonté des partis ivoiriens d’observer les jalons posés par la mission.  Il a en outre salué le travail de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCT).  Concernant le Libéria, le Nigéria se félicite des progrès réalisés en matière de paix et de sécurité depuis l’installation du gouvernement de transition nationale.  Étant donné les défis énormes qui restent à relever, le Nigéria se joint au Conseil de sécurité pour lancer un appel aux gouvernements de tenir les promesses annoncées lors de la conférence internationale des donateurs.  S’agissant de la Guinée-Bissau, le représentant a déclaré que les progrès du Gouvernement venaient s’ajouter aux efforts de la CEDEAO en vue de faire progresser le processus de réconciliation.  Pour ce qui est de la Sierra Leone, le représentant a fait observer que le renforcement des capacités était en bonne voie mais que la situation sécuritaire demeurait fragile.  Il faut donc procéder à une réduction prudente des effectifs de la MINUSIL, a estimé le représentant, qui s’est également prononcé en faveur d’un moratoire sur le commerce des armes légères. 


M. JOE ROBERT PEMAGBI (Sierra Leone) a prié toutes les parties prenantes à coopérer dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de la mission du Conseil de sécurité.  Il a ensuite rappelé que cela fait 15 ans que les conflits ont détourné la CEDEAO de ses objectifs initiaux de développement national et régional.  Par ailleurs, il a demandé s’il était réaliste d’attendre de ces pays qu’ils respectent leurs engagements alors qu’ils peinent à sortir de leur situation difficile.  Le représentant a ensuite plaidé pour une approche intégrée qui traiterait de l’ensemble des raisons à l’origine des conflits.  À son avis, les élections présidentielles et locales ont constitué une étape importante de la réintégration politique en Sierra Leone, mais la réintégration économique n’a pu avoir lieu en raison de l’état déplorable de l’économie locale.   Appelant à renforcer le lien entre sécurité et développement durable, le représentant a rappelé que la Sierra Leone ne pourra jamais se sentir complètement en sécurité tant que l’ensemble des pays de la région ne connaîtront pas eux-mêmes la sécurité.  Il a enfin réitéré la nécessité d’accorder une aide économique à son pays, indispensable à son avis, à l’édification de la paix au Libéria.


M. DUMISANI KUMALO, Président du Groupe consultatif spécial de l’ECOSOC (Conseil économique et social) sur la Guinée-Bissau, a rappelé que ce pays avait tenu des élections législatives jugées comme libres et transparentes.  Ceci représente une percée, a estimé M. Kumalo.  La nouvelle Assemblée populaire s’emploie à achever l’examen de la constitution afin de jeter les bases pour la tenue de l’élection présidentielle en 2005, a-t-il indiqué, et le Gouvernement s’emploie à restaurer la confiance, à améliorer la gouvernance et à approfondir la démocratie.  Un Comité du trésor, qui comprend le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), suit étroitement la collecte des recettes, et des gains visibles en la matière ont été enregistrés, a-t-il ajouté.  Ainsi, le Gouvernement, après 45 jours, a pu payer trois mois d’arriérés de salaire aux fonctionnaires. Cependant, l’Aide publique au développement (APD) demeure nécessaire.  Un modeste investissement permettra au pays de consolider le progrès du Gouvernement, a estimé M. Kumalo, saluant en outre le rôle du Fond monétaire international (FMI) qui a fourni aide technique dans de nombreux domaines, y compris en matière d’administration des ressources, de douanes et de statistiques fiscales.  La Banque mondiale, par la définition d’une stratégie à moyen terme qui doit commencer en septembre 2004, a également donné des signes de confiance dans la restauration de la stabilité macroéconomique.  En conclusion, le représentant a lancé un appel en faveur de la générosité de la communauté des donateurs pour encourager et approfondir le redressement de la Guinée-Bissau. 


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas) a rappelé que les objectifs de la mission du Conseil de sécurité était double: étudier la situation de certains pays et définir un ensemble thématique à l’échelle régionale, notamment en mettant l’accent sur les problèmes transfrontaliers et en s’efforçant d’intégrer les stratégies de court terme et de long terme.  Le représentant a rappelé que les différents organes du système des Nations Unies devraient soutenir les pays émergeant d’un conflit, recommandant la création de comités spéciaux mixtes chargés de gérer les situations postconflits, à l’instar du Groupe consultatif spécial pour la Guinée-Bissau.  Le représentant a avancé comme domaines de coopération les programmes de DDR et la réforme du secteur sécuritaire.  À son avis, une perspective d’intégration régionale en Afrique de l’Ouest pourrait jouer un rôle fondamental dans la gestion des problèmes transfrontaliers.  L’Union européenne a rappelé aussi la nécessité de mettre en place un mécanisme de coordination des donateurs et d’élaborer un cadre de travail conceptuel pour la gestion des conflits d’Afrique de l’Ouest. Concernant les synergies en matières d’opération de maintien de la paix, le représentant a rappelé que trois grandes opérations sont déployées dans la région avec 30 000 hommes au total et que si les situations diffèrent, de nombreux problèmes et défis sont liés les uns aux autres.  Il a enfin affirmé qu’il fallait prolonger le mandat de ces missions et essayer de réfléchir à la mise en commun des moyens logistiques.


M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) s’est félicité de la poursuite des processus de transition vers la paix et la stabilité en Sierra Leone et au Libéria ainsi que de la tenue, avec succès, des élections législatives en Guinée-Bissau.  Concernant le Libéria, le représentant a rappelé que son pays avait apporté une aide de neuf millions de dollars entre les mois de mars et juillet au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) dans ce pays.  Étant donné le caractère interdépendant des conflits en Afrique de l’Ouest, il faut adopter une approche régionale en vue du rétablissement de la stabilité de ces pays, a poursuivi le représentant.  C’est pour cela qu’il s’est dit préoccupé par l’impasse politique actuelle en Côte d’Ivoire et a demandé une application sans condition des dispositions des Accords de Linas-Marcoussis. 


Le représentant s’est aussi félicité des efforts visant à approfondir la coopération mutuelle dans le domaine des contrôles aux frontières.  Les ressources limitées des Nations Unies doivent en outre être utilisées de façon plus efficace.  À cet égard, il s’est félicité de la réduction progressive des effectifs de la MINUSIL et plus généralement, a estimé nécessaire de réévaluer les missions de maintien de la paix.  Il faut aussi aider l’Afrique à gérer elle-même ses propres conflits, a lancé le représentant.  L’Union européenne doit quant à elle renforcer les capacités de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en coopérant de façon toujours plus accrue en vue de la consolidation de la paix et du développement durable.  Le DDR est la tâche la plus fondamentale d’un processus de paix, a estimé le représentant, qui a

fait savoir que son pays contribuerait aux activités de DDR en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire et au Libéria.  Toutefois, a prévenu le représentant, la mise en œuvre des activités de DDR ne pourra aboutir que lorsqu’on aura endigué le flux des armes légères grâce à l’imposition d’un moratoire.  Enfin, il a estimé nécessaire d’évaluer l’efficacité, du point de vue coût, des missions de maintien de la paix.


M. JOËL W. ADECHI (Bénin) a constaté que le processus de reconstruction de la paix en Afrique de l’Ouest était fortement dépendant de la mise en œuvre d’un environnement économique stable dans la région.  Selon lui, la mission a offert au Conseil de sécurité la possibilité de dégager une hiérarchie des priorités identifiées par le rapport en vue de faire face à la mobilisation des moyens financiers, humains et logistiques qui font trop souvent défaut.  Cela prouve la nécessité de la mise en oeuvre d’un suivi de la part du Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il conviendrait que le Groupe de travail sur la prévention des conflits se saisisse des conclusions de ce rapport pour promouvoir les initiatives de synergie dans la sous-région.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé qu’une approche dynamique de la reconstruction des pays d’Afrique de l’Ouest sortant d'un conflit ne pouvait être que globale et collective.  Elle doit impliquer les pays de la région et aller dans le sens d'une coopération accrue entre les missions de maintien de la paix, a-t-il dit.  Dans les pays visités par la mission du Conseil, les membres ont pu constater que les gouvernements accordaient la priorité à la reconstruction et à la réconciliation, s'est félicité le représentant.  La priorité est également donnée à la tenue d'élections libres et à la bonne gouvernance.  Afin d'encourager ce processus, la mobilisation de la communauté des donateurs et des institutions de Bretton Woods s'avère plus que jamais indispensable, a-t-il ajouté, avant de préciser que les promesses de dons devaient être honorées.  En outre, selon le représentant, la paralysie du gouvernement de réconciliation nationale en Côte d'Ivoire risque de mettre en danger le processus de réconciliation.  Enfin, il a salué le rôle actif et précieux joué par la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et appelé à une coopération accrue avec les Nations Unies et les institutions régionales.


M. HENRIQUE R. VALLE (Brésil) a rappelé que les progrès faits en Côte d’Ivoire sont dus pour une large part à la participation active des chefs d’État au processus de reprise du dialogue par les parties ivoiriennes.  À cet égard, il a fait part de son intérêt pour les résultats du prochain Sommet d’Accra.  Il a ensuite salué la coopération entre la CEDEAO et le Bureau d’Afrique de l’Ouest, ce dernier nécessitant toutefois davantage de ressources.  En ce qui concerne la Guinée-Bissau, la communauté internationale doit soutenir les progrès déjà enregistrés, a déclaré le représentant que s’est par ailleurs préoccupé que la prolifération des armes et le nombre élevé de combattants au Libéria aboutissent à la prolifération des armes dans toute la région.  Le représentant a à cet égard déclaré que les problèmes transfrontaliers supposaient l’harmonisation des programmes de DDR, qui n’ont pas évolué selon lui d’une manière satisfaisante, alors qu’il s’agit d’un élément essentiel pour les pays sortant des conflits.


M. ALEXANDER V. KONUZIN (Fédération de Russie) a rappelé la nécessité d’une stratégie intégrée compte tenu des problèmes de nature transfrontalière en Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, il est nécessaire d’harmoniser les approches fondamentales dégagées par les Accords de Linas-Marcoussis et nous attendons à cet égard les résultats des discussions qu’engageront les parties ivoiriennes lors du prochain Sommet d’Accra, a déclaré le représentant.  La Fédération de Russie considère par ailleurs que le Gouvernement ivoirien doit prendre des mesures pour sanctionner toutes les personnes responsables de violations de droits de l’homme.  Au Libéria, a-t-il dit, il faut garder à l’esprit que le Gouvernement n’a d’autorité que sur la capitale Morovia.  C’est pourquoi la communauté internationale devrait l’aider à étendre sa gestion à l’ensemble du territoire.  S’agissant de la Sierra Leone, le déroulement du retrait des Casques bleus dépendra de la façon dont la sécurité y est rétablie.  Enfin, en Guinée-Bissau, il est urgent d’apporter à ce pays une aide internationale, a affirmé le délégué, estimant par ailleurs que la porosité des frontières en Afrique de l’Ouest nécessite de redéfinir une stratégie sécuritaire à l’échelle régionale.


M. BAYANI S. MERCADO (Philippines) a déclaré que la sécurité et le développement allaient de pair et que les Nations Unies devaient tout mettre en œuvre pour établir le lien entre ces deux objectifs fondamentaux.  Pour ce faire, la coopération entre les missions des Nations Unies en Afrique de l'Ouest est indispensable.  Le Conseil de sécurité doit pour sa part centrer son attention sur la planification des stratégies de sortie.  Le représentant a en outre estimé que le retrait de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) pouvait avoir des incidences négatives à court terme et qu’il fallait par conséquent stimuler les investissements publics et privés dans ce pays.  Les investisseurs, de leur côté, doivent participer à la reconstruction de l’infrastructure.  La Communauté économique des États d’Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est l'organisation régionale la mieux à même d'aider les pays à assurer la stabilité et le développement, a estimé le représentant.  Cependant, a-t-il conclu, elle doit redonner toute sa place aux aspects économiques qui sont sa raison d'être.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a posé la question de savoir comment aider les pays de la région à sortir une fois pour toutes du cercle vicieux des conflits.  La pratique a montré que l’envoi de missions du Conseil de sécurité était utile dans la mesure où il permettait d’évaluer la situation sur le terrain.  Toutefois, les problèmes spécifiques aux pays dépassent les frontières nationales, a fait remarquer le représentant.  C’est pourquoi, il a plaidé en faveur de l’adoption d’une démarche régionale, et, dans ce contexte, il a salué le rôle positif joué par l’Union européenne (UE) et la CEDEAO.


M. SICHAN SIV (États-Unis) a rappelé l’ampleur des efforts déployés par les pays fournisseurs de contingents dans la région de l’Afrique de l’Ouest.  Ces efforts devraient se poursuivre, a-t-il indiqué, notamment en matière de DDR.  La communauté internationale doit par ailleurs relever les défis étroitement liés, que constituent la prolifération des armes légères de petit calibre et les problèmes transfrontaliers.


M. SOHAIL MAHMOOD (Pakistan) s’est félicité de l'envoi de missions du Conseil de sécurité sur le terrain car cela permet d'établir un contact direct avec les interlocuteurs et de mieux comprendre ce qui se passe dans la région.  Le représentant a en outre insisté sur l'importance d’une approche régionale du règlement des conflits en raison de l'interdépendance des enjeux.  Il a en outre lancé un appel pour le respect des Accords de Linas-Marcoussis en Côte d'Ivoire et s’est dit préoccupé par les difficultés importantes qui subsistent au Libéria.  La Mission des Nations Unies en Sierra Leone a quant à elle permis de jeter les fondements de la paix.  Des gains importants y ont été recueillis, mais la paix y reste fragile, a-t-il indiqué.  Le délégué s’est également félicité de l'importance accordée par le Gouvernement de Guinée-Bissau aux réformes institutionnelles et a salué le rôle de la communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) dans la reconstruction du pays.


M. IGNACIO LLANOS (Chili) a rappelé que seule une démarche régionale peut permettre d’assurer une sortie harmonieuse des conflits en Afrique de l’Ouest.  Les enjeux les plus importants se trouvent selon lui en Côte d’Ivoire où il est indispensable de préserver l’intégrité territoriale.  À cet égard, il a déclaré attendre avec beaucoup d’intérêt la prochaine réunion d’Accra.  Le représentant a en outre souligné qu’un groupe consultatif spécial avait permis d’aider la Guinée-Bissau à régler ses problèmes.  En Sierra Leone, les Nations Unies seront présentes au lendemain du retrait de l’opération de maintien de la paix afin d’y maintenir la sécurité et de faire assurer le respect des droits de l’homme.  Enfin, M. Llanos a indiqué que les problèmes transfrontaliers rendaient nécessaire une approche régionale.  À ce titre, il a salué la nouvelle association du fleuve Mano qui devrait jouer à son avis un rôle essentiel dans le maintien de la paix dans la région.


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