CS/2703

LE CONSEIL PRÉOCCUPÉ PAR LA FRAGILITÉ DU PROCESSUS DE DÉMOCRATISATION EN GUINÉE-BISSAU MALGRÉ LES PROGRÈS VERS LE RÉTABLISSEMENT DE L’ORDRE CONSTITUTIONNEL

18/06/2004
Communiqué de presse
CS/2703


Conseil de sécurité

4992e séance – après-midi


LE CONSEIL PRÉOCCUPÉ PAR LA FRAGILITÉ DU PROCESSUS DE DÉMOCRATISATION EN GUINÉE-BISSAU MALGRÉ LES PROGRÈS VERS LE RÉTABLISSEMENT DE L’ORDRE CONSTITUTIONNEL


A l’issue de consultations, le Président du Conseil de sécurité, Lauro L. Baja (Philippines), a fait au nom des membres la déclaration suivante:


Le Conseil de sécurité, rappelant ses déclarations précédentes relatives à la Guinée-Bissau, en particulier la déclaration de son président en date du 19 juin 2003 (S/PRST/2003/8), prend note du rapport du Secrétaire général en date du 4 juin 2004 (S/2004/456) sur l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et sur les activités du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays.


Il se félicite des progrès que les autorités nationales ont accomplis dans la voie du rétablissement de l’ordre constitutionnel, conformément aux dispositions et au calendrier de la charte de transition, et en particulier de l’installation d’une nouvelle assemblée nationale populaire et d’un nouveau gouvernement. Ainsi se trouve achevée la première phase du processus de transition devant se terminer par la tenue d’élections présidentielles en mars 2005, et sont créées les conditions propices pour que la communauté internationale accorde une confiance et un soutien accrus au pays.


Le Conseil de sécurité prend note avec satisfaction de la manière dont les principaux acteurs et les forces politiques du pays sont parvenus à régler d’un commun accord les problèmes politiques cruciaux auxquels ils ont dû faire face pendant les élections et après celles-ci. Il les encourage à persévérer dans cette voie.


Il encourage également toutes les parties et le gouvernement mis en place le 12 mai 2004 à se conformer fidèlement aux dispositions de la charte de transition afin d’assurer et consolider la réconciliation nationale et rétablir pleinement l’ordre constitutionnel. Il encourage en outre les autorités à continuer d’affermir l’état de droit et le respect des droits de l’homme et à régler les questions relatives aux droits de l’homme qui sont encore pendantes.


Le Conseil de sécurité félicite les pouvoirs publics et le peuple bissau-guinéen d’avoir réaffirmé leur appui et leur attachement à la démocratie.


Le Conseil de sécurité se déclare cependant préoccupé par la fragilité du processus de démocratisation en Guinée-Bissau, fragilité qui tient essentiellement aux graves problèmes structurels du pays, notamment à la faiblesse de l’appareil de l’État et à la persistance de la crise économique et sociale.


Le Conseil de sécurité se déclare également préoccupé par la situation de l’armée, qui laisse à désirer, et en particulier par le non-versement des arriérés de traitement, qui continue d’être considéré comme un facteur potentiellement déstabilisateur. Il se félicite de l’engagement pris par le Gouvernement de faire tout ce qui est en son pouvoir pour résoudre la question des arriérés de traitement et réorganiser les forces armées nationales; il invite la communauté internationale à appuyer pleinement ces efforts.


Le Conseil de sécurité se félicite de l’amélioration du dialogue entre le Gouvernement de la Guinée-Bissau et les institutions de Bretton Woods et engage instamment le Gouvernement à continuer à honorer ses engagements relatifs à la responsabilité budgétaire et à la bonne gouvernance. Il souligne que le respect de ces engagements doit s’accompagner d’une reprise de l’aide internationale, qui devrait atteindre un niveau satisfaisant.


            Le Conseil de sécurité prend note avec satisfaction de l’aide apportée à la Guinée-Bissau par ses partenaires bilatéraux et multilatéraux, en particulier le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale, qu’il encourage à intensifier leurs activités constructives dans le pays.


Le Conseil de sécurité souligne l’importance qu’il attache à l’organisation, au dernier trimestre 2004, d’une table ronde, dont il considère qu’elle devrait jouer un rôle de premier plan pour répondre à certains des besoins les plus urgents de la Guinée-Bissau. En attendant, il demande à nouveau à la communauté internationale de verser des contributions au Fonds d’urgence pour la gestion économique de la Guinée-Bissau, qui est administré par le PNUD.


Le Conseil de sécurité salue les travaux du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau et de toute l’équipe de pays des Nations Unies, et apprécie l’appui et la contribution de poids qu’ils ont fournis à la normalisation de la situation politique et à la stabilité en Guinée-Bissau.


Le Conseil de sécurité réaffirme l’importance que revêt la dimension régionale pour le règlement des difficultés auxquelles la Guinée-Bissau doit faire face. Il se félicite, à cet égard, du rôle que jouent dans le processus de consolidation de la paix en Guinée-Bissau l’Union africaine, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP).


Le Conseil de sécurité salue également les efforts que déploient le Groupe de travail spécial du Conseil de sécurité sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique, le Groupe consultatif spécial pour la Guinée-Bissau du Conseil économique et social et le Groupe des Amis de la Guinée-Bissau pour aider le pays à sortir de la crise temporaire d’après conflit et à atteindre ses objectifs de développement à long terme.


Le Conseil de sécurité attend avec intérêt les conclusions et recommandations de la mission qu’il a envoyée en Afrique de l’Ouest, notamment en Guinée-Bissau.



Rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et sur les activités du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans le pays (S/2004/456)


Le rapport porte essentiellement sur l’évolution de la situation dans le pays depuis le mois d’avril.  Il met particulièrement en relief les nouveaux progrès réalisés par les autorités nationales dans la mise en œuvre du processus de transition qui doit prendre fin avec la tenue d’élections présidentielles en mars 2005.


Depuis la formation du nouveau gouvernement le 11 mai 2004, les nouvelles autorités, conscientes du fait que la population souhaitait un changement tangible, ont fixé des priorités pour mener à bien la phase de transition et la phase à moyen terme.  Leurs efforts ont été guidés par deux considérations.  La première concerne la nécessité de consolider la réconciliation nationale, d’assurer le plein rétablissement de l’ordre constitutionnel, et de renforcer la primauté du droit et le respect des droits de l’homme.  La deuxième a trait au souci de continuer à instaurer des relations stables et constructives avec les pays voisins et d’autres partenaires internationaux.


Le Secrétaire général estime que dans le système semi-présidentiel de la Guinée-Bissau, la capacité du Président et du Premier Ministre de travailler en étroite collaboration afin d’atteindre des objectifs communs sera un facteur déterminant pour assurer la direction efficace du pays et la stabilité institutionnelle.  Selon lui, dans l’ensemble, le processus de démocratisation demeure fragile.  Le pays continue d’avoir besoin du soutien de la communauté internationale pour mener à bien le processus de transition vers un ordre constitutionnel.  Il manque aussi de ressources pour rendre les institutions et structures étatiques mieux à même de venir à bout des problèmes structurels profondément enracinés.


La situation générale dans le pays est demeurée calme.  Toutefois, le déséquilibre ethnique au sein de l’armée, le fait que les forces de sécurité n’ont pas été payées ainsi que le mauvais état des casernes et de l’infrastructure continuent d’être considérés comme des facteurs de déstabilisation. Pour leur part, les autorités estiment que la réorganisation des forces armées demeure l’une des priorités absolues du gouvernement.  À la demande du chef d’état-major des forces armées, le Bureau d’appui des Nations Unies, agissant en étroite collaboration avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des partenaires bilatéraux, a amorcé le processus de planification des réformes proposées pour les forces armées.  La phase de réintégration du programme de démobilisation, réinsertion et réintégration progresse de manière satisfaisante.


Le Secrétaire général invite les partenaires de la Guinée-Bissau à continuer de lui apporter leur soutien.  Il espère que la tenue avec succès d’une table ronde prévue pour le dernier trimestre de 2004 permettra de répondre à certains des besoins les plus urgents du pays.  Il encourage les institutions de Bretton Woods à renforcer leur participation constructive dans le pays.


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