CS/2671

LE PREMIER MINISTRE DE GEORGIE DEMANDE AU CONSEIL DE RELANCER SES EFFORTS POUR UNE RESOLUTION PACIFIQUE DE LA QUESTION ABKHAZE

29/04/2004
Communiqué de presse
CS/2671


Conseil de sécurité

4958ème séance – matin


LE PREMIER MINISTRE DE GEORGIE DEMANDE AU CONSEIL DE RELANCER SES EFFORTS

POUR UNE RESOLUTION PACIFIQUE DE LA QUESTION ABKHAZE


Faisant valoir les changements positifs apportés par l’arrivée d’une nouvelle équipe au pouvoir à Tbilissi, le Premier Ministre de Géorgie, Zurab Zhvania, a, ce matin demandé au Conseil de sécurité et à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour parvenir à une résolution pacifique au conflit en Abkhazie, Géorgie.  Un Accord de cessez-le-feu, dont le suivi a été confié à la Mission de l’Organisation des Nations Unies en Géorgie (MONUG), est en place depuis 1993 entre le Gouvernement de Géorgie et les autorités abkhazes.  Le Ministre a assuré les 15 membres du Conseil de la détermination de son Gouvernement à maintenir l’intégrité territoriale de la Géorgie par des voies pacifiques.  Il a cependant regretté l’attitude peu constructive de la partie abkhaze qui s’est traduite notamment par son absence lors de la réunion à Genève en février dernier des représentants de haut niveau du Groupe des Amis sous la présidence du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.


Le Premier Ministre a déclaré qu’il y a quelques mois à peine, des événements sans précédent s’étaient déroulés en Géorgie: un nouveau Président et un nouveau Parlement ont été choisis par la voie des urnes.  Le nouveau Gouvernement s’est engagé à mener des réformes des plus sérieuses; le pays tout entier évolue vers un mode de vie moderne et démocratique.  « Par-dessus tout, je voudrais réitérer que la Géorgie s’est engagée à soutenir un règlement pacifique du conflit en Abkhazie, Géorgie », a déclaré le Premier Ministre.  Aucun membre du Gouvernement ne défend la violence.  Nous abordons le règlement du conflit uniquement par une voie pacifique et négociée, a-t-il ajouté.


Le Premier Ministre a également indiqué que des progrès importants avaient été réalisés dans la lutte contre la corruption et la criminalité organisée, ce qui paraissait impossible il y a peu.  Ces efforts ont notamment porté sur la région de la Géorgie occidentale, et ont permis d’arrêter des membres des groupes responsables notamment de l’enlèvement du personnel de la MONUG.  Nous regrettons que l’enquête portant sur l’hélicoptère de la MONUG ne puisse être approfondie.  Nous avons des raisons de penser que les leaders abkhazes  ont des choses à cacher, a-t-il dit. 


M. Zhvania a encouragé les efforts de la MONUG pour renforcer ses capacités d’autoprotection, et appuyé la décision de mettre en place une cellule de police civile dans la région de Gali.  De l’avis du Ministre, le Conseil de sécurité doit cependant appeler les Abkhazes à ne pas entraver son déploiement.


Nous recherchons une meilleure compréhension du peuple abkhaze, et nous souhaitons rétablir les ponts avec lui, a déclaré le Premier Ministre, ajoutant qu’il suivait avec intérêt le processus de Genève, récemment renforcé par l’amélioration des relations bilatérales avec la Fédération de Russie.  Il a par ailleurs déploré le refus de la partie abkhaze de participer à la Troisième réunion qui s’est tenue à Genève.  Nous pensons qu’il est grand temps que le Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble prêtent une attention particulière à la position non constructive de la partie abkhaze, et qu’il en tire les conclusions appropriées, a affirmé le Premier Ministre.  Il a précisé que la question du retour des réfugiés et des personnes déplacées, victimes du nettoyage ethnique perpétré par le régime séparatiste, n’avait pu être abordée en raison du refus de la partie abkhaze de participer aux négociations.


Le Premier Ministre s’est félicité de l’amélioration des relations avec la Fédération de Russie.  Jusque récemment, « cette relation n’a pas été pavée de roses », a-t-il déclaré, notamment en raison de l’impasse sur la question de l’Abkhazie.  Aujourd’hui, la situation est différente.  La main tendue par le Président Saakashvili au Président Poutine a été acceptée lors d’une visite à Moscou, peu après les élections en Géorgie.  Les résultats ont été instantanés, puisqu’un accord a été réalisé pour mener des patrouilles communes avec les gardes frontières russes.


La question la plus importante à présent porte sur le statut politique de l’Abkhazie, Géorgie.  Trois années se sont écoulées depuis que le Groupe des Amis a accepté et soutenu le document de Boden, sur la répartition des compétences constitutionnelles entre Tbilissi et Sohkumi.  La Fédération de Russie, en tant que facilitateur spécial, a tenté de transmettre le document à la partie abkhaze, mais sans succès.  Nous espérons des mesures actives de la part de la Fédération de Russie en vue de parvenir à un règlement global, juste et équitable du conflit, a indiqué le Premier Ministre, ajoutant qu’il appelait la communauté internationale et le Conseil de sécurité en particulier, à réagir aux nouvelles réalités sur le terrain et à relancer leurs efforts en vue de parvenir à une résolution pacifique du conflit.


LA SITUATION EN GÉORGIE


Rapport du Secrétaire général sur la situation en Abkhazie (Géorgie) (S/2004/315)


Ce rapport décrit l’évolution de la situation depuis le 14 janvier 2004.  Il passe tout d’abord en revue l’évolution du processus politique et des activités opérationnelles.  A cet égard, il souligne que la partie géorgienne a confirmé sa volonté d’œuvrer en faveur du règlement pacifique du conflit, suite à la victoire écrasante à l’élection présidentielle de M. Mikheil Saakashvili le 4 janvier.  Malheureusement, la partie abkhaze a refusé de participer à la réunion organisée les 17 et 19 février 2004 en présence des représentants de haut niveau du Groupe des amis, sous la présidence du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  Le rapport analyse également l’évolution de la coopération avec la force collective de maintien de la paix de la Communauté d’Etats indépendants.  Il rend compte par ailleurs des activités de maintien de l’ordre de la MONUG et de la situation en matière de droits de l’homme en Abkhazie.


Il est indiqué qu’au cours de la période considérée, Mme Heidi Tagliavini, Représentante spéciale du Secrétaire général, et la MONUG ont continué de promouvoir la stabilité dans un environnement politique complexe et d’aider les parties à renouer le dialogue en vue de faire progresser le processus de paix, avec l’appui du Groupe des Amis.  Néanmoins, les progrès demeurent terriblement lents.  Il est décevant que la partie abkhaze n’ait pas bougé en ce qui concerne la question qui est au nœud du problème politique et que les négociations sur un règlement politique global n’aient pas encore commencé.  Le Secrétaire général note toutefois dans le rapport qu’il existe des raisons d’être modérément optimiste, dans une perspective à long terme: le changement d’équipe au pouvoir à Tbilissi, capitale de la Géorgie, a donné un nouvel élan aux efforts entrepris par le Gouvernement géorgien pour résoudre les conflits internes, et rechercher un règlement global, exclusivement par des moyens pacifiques.


Le Secrétaire général appelle la partie abkhaze à réexaminer sérieusement sa position et à tirer partie de l’évolution du climat politique à Tbilissi pour entamer des négociations sérieuses sur les questions de fond sur lesquelles porte le conflit.  Il encourage vivement les parties à appliquer les recommandations de la Mission conjointe d’évaluation de 2000 et de la Mission d’évaluation de la sécurité de 2002, qui ne l’ont pas encore été.


Enfin, le rapport met en lumière la question de la sécurité du personnel de la MONUG, qui demeure une préoccupation majeure.  Il invite les deux parties à prendre des mesures concrètes pour identifier les auteurs d’actes criminels commis contre le personnel.


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