CS/2643

LE CONSEIL DE SECURITE CONDAMNE LES VIOLENCES AU KOSOVO ET INVITE LES AUTORITES DE LA PROVINCE A RESTAURER LE CALME

18/03/2004
Communiqué de presse
CS/2643


Conseil de sécurité

4928e séance – après-midi


LE CONSEIL DE SECURITE CONDAMNE LES VIOLENCES AU KOSOVO ET INVITE LES AUTORITES DE LA PROVINCE A RESTAURER LE CALME


Le Conseil de sécurité a fermement condamné ce soir -dans une déclaration présidentielle- la flambée de violence interethnique à grande échelle qui s’est déclenchée hier au Kosovo et qui a fait de nombreux morts et des centaines de blessés.  Réuni sous la présidence de Jean-Marc de la Sablière (France) -en présence du Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, du Ministre des affaires étrangères de Serbie-et-Monténégro, Goran Svilanovic, et du Vice-Chancelier allemand et Ministre des affaires étrangères, Joschka Fischer-, le Conseil a également condamné fermement les attaques perpétrées contre les troupes de la Force de paix au Kosovo (KFOR) et contre le personnel et les sites de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Les responsables de ces violences doivent être traduits en justice et comprendre qu’une attaque contre la présence internationale est une attaque contre la communauté internationale tout entière et que l’extrémisme n’a pas sa place dans l’avenir du Kosovo, affirme également le Conseil.


Cette violence à motivation ethnique doit être fermement condamnée, avait déclaré Kofi Annan en début de séance, avant de juger choquant que des lieux de culte, des cimetières et des habitations aient été attaqués de manière très ciblée tant au Kosovo que dans d’autres régions de Serbie-et-Monténégro.  Suite aux attaques perpétrées contre le personnel de la MINUK et les troupes de la KFOR, en particulier dans la région de Mitrovica, le Secrétaire général a annoncé un redéploiement du personnel international en un lieu plus sûr.  Tout comme le Conseil de sécurité, dans sa déclaration, Kofi Annan a jugé que la violence devait cesser immédiatement et que les responsables des communautés ainsi que les représentants des institutions transitoires devaient travailler étroitement avec la communauté internationale, le peuple du Kosovo et tous les autres afin de restaurer le calme.  Pour sa part, Joschka Fischer a exhorté les dirigeants politiques locaux à soutenir les autorités judiciaires lorsqu’il s’agira d’appréhender et de juger les responsables de ces violences. 


Le Ministre allemand des affaires étrangères a par ailleurs appelé les dirigeants de Belgrade à faire face à leurs responsabilités et à prévenir toute escalade de la violence, laquelle ne pourrait que servir les intérêts des extrémistes.  Les évènements qui se sont produits hier remettent en question la Mission des Nations Unies même, ainsi que les efforts de résolution pacifique des problèmes auxquels se heurte cette province, a affirmé pour sa par son homologue de Serbie-et-Monténégro.  La population serbe est victime de nettoyage ethnique que la KFOR et la MINUK n’ont pas réussi à endiguer cinq ans après l’arrivée de la communauté internationale au Kosovo, a protesté Goran Svilanovic, et cette crise aura des conséquences très graves.  Il a invité la communauté internationale à reprendre le contrôle de la situation sur le terrain et jugé que le Conseil de sécurité devait définir des lignes directrices en matière politique, compte tenu de la violence organisée qui constitue la menace la plus importante à la paix et à la sécurité.  Le représentant du Royaume-Uni a annoncé quant à lui que les premières unités militaires dépêchées par son Gouvernement au Kosovo, à la demande de l’OTAN, étaient arrivées aujourd’hui dans la soirée. 


Outre les personnalités déjà mentionnées, tous les membres du Conseil et les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours de ce débat : Albanie, Irlande (au nom de l’Union européenne, des pays associés et des pays candidats), Japon, ex-République yougoslave de Macédoine et Jordanie. 


RESOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SECURITE


Le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a relevé que 31 personnes avaient trouvé la mort suite à la résurgence de la violence au Kosovo au cours des deux derniers jours.  Une violence à motivation ethnique qui doit être fermement condamnée, a dit M. Annan, déplorant que des communautés s’attaquent à d’autres communautés.  Le Secrétaire général a jugé choquant que des sites religieux, des cimetières et des habitations aient été attaqués de manière très ciblée tant au Kosovo que dans d’autres régions de la Serbie-et-Monténégro.  Il a également déploré les attaques perpétrées contre le personnel de la MINUK et les troupes de la KFOR, en particulier dans la région de Mitrovica, justifiant ainsi un redéploiement du personnel international en un lieu plus sûr.  Soulignant que ces événements traduisent la fragilité des institutions et des relations au Kosovo en dépit des progrès depuis 1999, M. Annan a jugé que la priorité devait être aujourd’hui le renforcement de la sécurité.  Il a dans ce cadre salué la décision de l’OTAN de renforcer ses troupes.  La violence doit cesser immédiatement, a poursuivi le Secrétaire général, et les responsables des communautés ainsi que les représentants des institutions transitoires doivent travailler étroitement avec la communauté internationale, le peuple du Kosovo et tous les autres afin de restaurer le calme.  M. Annan a enfin rappelé aux dirigeants de la communauté albanaise du Kosovo qu’ils avaient la responsabilité de protéger les autres minorités au Kosovo dans la mesure où ils constituent la communauté ethnique la plus importante. 


M. GORAN SVILANOVIC, (Ministre des affaires étrangères de la Serbie-et-Monténégro) a estimé que les évènements qui se sont produits hier remettent en question la mission des Nations Unies même et les efforts de résolution pacifique des problèmes auxquels se heurte cette province.  La population serbe est victime de nettoyage ethnique que la KFOR et la MINUK n’ont pas permis d’endiguer cinq ans après l’arrivée de la communauté internationale.  Ces attaques constituent un message à l’intention des Serbes leur disant qu’ils doivent partir.  Il s’agit d’une manière de dire à la KFOR et à la MINUK qu’ils n’ont aucun pouvoir.  Il s’agit également d’une fronde face à l’autorité du Conseil de sécurité.  Cette crise aura des conséquences très graves, a estimé le Ministre qui a demandé à la communauté internationale d’adopter une attitude responsable et de définir de nouvelles modalités d’intervention.  Il a également demandé un renforcement de la présence internationale pour protéger la population serbe qui est  prête à fuir.  La présence internationale doit reprendre le contrôle des évènements sur le terrain et il faut sécuriser la frontière entre la Serbie et l’ex-République yougoslave de Macédoine.  Nous sommes clairement en présence d’un extrémisme politique.  Le Conseil doit définir ses lignes directrices en matière politique compte tenu de la violence organisée qui constitue la menace la plus grave à la paix et à la sécurité.  Les déclarations de bonnes intentions ne suffisent pas mais des initiatives doivent être prises pour mettre un terme à cette vague de violence.


M. JOSCHKA FISCHER, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, s’est dit choqué par les récents événements au Kosovo.  Il a salué les efforts du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Holkeri, du personnel de la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK), de la KFOR ainsi que de la police pour garder le contrôle de la situation.  Il a déclaré que la communauté internationale ainsi que les dirigeants du Kosovo, qu’ils soient serbes ou albanais, allaient devoir faire face à de lourdes responsabilités dans les jours à venir, le plus urgent étant de rétablir l’ordre.  Il s’est dit particulièrement inquiet d’apprendre que des troupes de la KFOR avaient été prises à partie.  Notant que la violence politique se nourrissait avant tout de désinformation, il a souligné l’importance d’un comportement responsable des médias.  La violence interethnique est absolument inacceptable, a-t-il insisté, en exhortant les dirigeants politiques à soutenir les autorités judiciaires lorsqu’il s’agira d’appréhender et de juger les responsables de ces violences.  Il faudra expliquer que ces personnes ne sont pas seulement des ennemis de l’ordre public mais aussi des ennemis des aspirations légitimes du peuple du Kosovo à la démocratie.  Il n’y aura pas d’impunité pour les auteurs de ces violences, a-t-il encore insisté, en exhortant les dirigeants politiques albanais et serbes du Kosovo à apparaître ensemble devant le peuple kosovar pour défendre de concert les valeurs de la démocratie contre l’anarchie. 


Par ailleurs, il a appelé le pouvoir politique de Belgrade à faire face à ses responsabilités afin de prévenir toute escalade de la violence laquelle ne pourrait que servir les intérêts des extrémistes.  Nous exhortons Belgrade à tout mettre en œuvre pour éviter des attaques de sites religieux à l’instar de celles qui ont eu lieu hier à Belgrade et Nis.  Nous exhortons également Belgrade à poursuivre le dialogue direct avec Pristina entamé ce mois dans le cadre des groupes de travail sur l’énergie et les personnes disparues.  Les événements survenus hier nous montrent que la seule alternative au chaos et à la misère est la mise en place d’une société basée sur la tolérance et les valeurs démocratiques.  Il a souhaité que ces actes n’entravent en rien le processus en cours au Kosovo.  Dès le calme revenu, a-t-il souhaité, il faut que les efforts pour la mise en place de normes démocratiques au Kosovo se poursuivent et que le plan de mise en œuvre soit finalisé.  Ce n’est qu’en se concentrant sur la mise en œuvre de ces normes, a-t-il conclut, que nous pourrons laisser derrière nous ces tragiques événements et avancer en direction des aspirations européennes du Kosovo.


M. HERALDO MUNOZ (Chili) a condamné fermement les récents actes de violence, les pires qui aient été commis depuis 1999 entre Albano-Kosovars et Serbo-Kosovars, qui ont fait des morts, des centaines de blessés –dont des agents de la MINUK- et des dégâts matériels sérieux.  Leurs responsables doivent être poursuivis en justice, a-t-il dit, avant d’exhorter le Conseil de sécurité à ne pas se pencher trop longuement sur les causes de cette violence et de demander plutôt aux parties de faire taire les armes et de reprendre le dialogue.  Sans dialogue constructif entre Belgrade et Pristina, entre la MINUK et les institutions provisoires, il sera difficile de faire progresser le processus de normalisation dans la province du Kosovo, a-t-il dit, avant de réaffirmer la pertinence du principe des normes avant le statut. 


M. ZHANG YISHAN (Chine) s’est dit choqué par les affrontements sanglants au Kosovo et a condamné ces violences dans les termes les plus vifs.  Il a exhorté les diverses communautés ethniques à faire preuve de la plus grande retenue.  Cinq ans après l’adoption de la résolution ayant établi une présence internationale dans la province, il reste encore beaucoup à faire pour que la coexistence pacifique des communautés serbe et albanaise soit une réalité.


M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) s’est félicité de la décision de l’OTAN d’envoyer des renforts au Kosovo, démontrant ainsi la volonté et la capacité de cette Organisation de mener à bien sa mission au Kosovo.  Il a déclaré que toute attaque contre la MINUK ou la KFOR était inacceptable et a souhaité que les auteurs de ces violences soient traduits en justice dès que possible.  La Roumanie, a-t-il ajouté, est atterrée par cette démonstration de haine ethnique.  Ces événements démontrent la nécessité pour la communauté internationale de rester impliquée au Kosovo en accordant une priorité au renforcement de l’état de droit et la protection de toutes les minorités ethniques.  Nous ne pouvons accepter que cinq années d’efforts soient réduites à néant par ces événements et la communauté internationale doit être déterminée à poursuivre ses efforts en vue d’un Kosovo démocratique, stable et multiethnique conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Il a appelé les dirigeants politiques kosovars à user de toute leur influence pour protéger les minorités et leur patrimoine culturel et historique.  Témoignant de l’implication de son pays au Kosovo, il a indiqué que la Roumanie avait hier envoyé un détachement de gendarmes à Mitrovica, aux côtés des collègues de la KFOR et de la MINUK. 


M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis), condamnant les événements intervenus au Kosovo ces deux derniers jours et qui menacent la stabilité du processus dans la province, a apporté son appui à la KFOR et à l’OTAN.  Jugeant inacceptable que plus de 30 civils aient été tués, que des centaines de civils aient été blessés, que des sites religieux aient été attaqués et que la communauté internationale ait été touchée, M. Cunningham a déclaré que les responsables de ces actes devaient être traduits en justice.  Il a appelé les dirigeants des institutions provisoires de la province du Kosovo à restaurer la primauté du droit et a coopérer pleinement avec la KFOR et la MINUK, avant de réaffirmer que la violence n’aiderait pas les dirigeants des institutions provisoires à passer aux étapes suivantes du processus de normalisation. 


M. ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola) a déclaré que les évènements qui ont eu lieu au Kosovo ont pris la communauté internationale par surprise et menacent de compromettre les efforts humains et financiers importants consentis par la communauté internationale depuis cinq ans.  En dépit des difficultés que la mission des Nations Unies et la KFOR rencontraient, nous étions réconfortés par les assurances de réels progrès dans un avenir prévisible.  Les derniers évènements doivent être condamnés dans les termes les plus fermes.  La communauté internationale doit maintenir son engagement et la politique des “normes avant le statut”doit être pleinement mise en oeuvre.  


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a demandé la cessation immédiate de la violence interethnique au Kosovo, violence qui est une régression du processus.  Pourtant, le Kosovo n’a pas d’autre choix que d’aller de l’avant, a-t-il dit, exhortant les dirigeants des institutions provisoires à ramener l’ordre en encourageant les communautés à la solidarité et en renforçant les valeurs démocratiques par le dialogue.  Le dialogue entre Belgrade et Pristina doit être renforcé, a déclaré ensuite M. Jones Parry, avant d’annoncer que le Royaume-Uni avait envoyé à la demande de l’OTAN une unité qui sera déployée dès ce soir.  La communauté internationale a investi énormément au Kosovo, a-t-il dit ensuite, et ceux qui tentent de faire dérailler le processus de paix échoueront.  Il a de nouveau invité les dirigeants de la province à tout faire pour restaurer le calme et démontrer leur réel engagement en faveur de la paix et d’un Kosovo multiethnique. 


M. Joël W. ADECHI (Bénin) a déclaré que les événements actuels prouvaient que le processus de réconciliation des communautés ethniques vivant au Kosovo avait encore du chemin à faire. Le moins que l’on puisse dire, a-t-il précisé, est que la confiance entre les deux communautés n’est pas encore établie, et que bien au contraire la méfiance est si profonde que le moindre incident est susceptible de provoquer une éruption de violence, avec des conséquences incalculables pour l’avenir du processus de construction de l’Etat de droit au Kosovo. Le Bénin condamne énergiquement les actes de violence et les pratiques d’épuration ethniques, de même que les atteintes à l’intégrité des missions internationales opérant au Kosovo.  M. Adechi a qualifié d’inacceptables les dommages subis par la MINUK et la KFOR, tout comme les pertes en vies humaines enregistrées par les deux communautés.  Selon lui, le Conseil de sécurité doit envisager les dispositions à prendre si l’escalade de la violence devait se poursuivre, et il y a lieu de mettre davantage l’accent sur les mesures de nature à renforcer la confiance entre les deux communautés et les institutions démocratiques.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a dit partager l’indignation de la communauté internationale face à la violence qui s’est produite hier dans la ville de Mitrovica et dans d’autres villes du Kosovo.   Nous demandons que les auteurs de ces actes de haine soient traduits en justice et que l’on mette sur pied, comme cela a été annoncé, le déploiement de trois unités supplémentaires de maintien de la paix qui renforceront la capacité de la KFOR et la MINUK à prévenir d’autres actes de violence, a-t-il lancé.  A son avis, il s’agit sans aucun doute de l’évènement le plus grave depuis la fin du conflit en 1999.  Le représentant a fait part du soutien de son pays à la résolution 1244 du Conseil de sécurité qui a établi la présence internationale dans la province.  Il a par ailleurs condamné les actes de violence ethnique et demandé à toutes les minorités ethniques de participer à l’édification d’une société multiethnique.


M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne), condamnant les affrontements qui ont éclaté au Kosovo depuis deux jours, a lancé un appel à toutes les communautés de la province afin que soit mis un terme à la violence.  Il a réaffirmé la pertinence de la résolution 1244 qui, selon lui, définit clairement le cadre de la transition.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a demandé la cessation de la violence au Kosovo et condamné fermement ces actes.  Des enquêtes devront être menées pour déterminer l’origine de tels événements, a-t-il dit, avant de rappeler aux dirigeants du Kosovo qu’ils devaient restaurer le calme et faire respecter les droits des minorités.  L’établissement d’une société pacifique, démocratique et multiethnique doit demeurer une priorité, a-t-il dit, exhortant la communauté internationale à soutenir la prise de mesures en ce sens.  Il faut exhorter toutes les parties à modérer leur extrémisme, intensifier les efforts de sécurité, paver le terrain pour l’établissement d’un cadre démocratique pour la négociation sur le statut final de la province. 


M. LAURO L. BAJA (Philippines) a condamné les actes de violence ayant fait 22 morts et de nombreux blessés, notamment parmi les membres de la communauté internationale.  Cette flambée de violence ethnique remet en cause l’avenir même du Kosovo, a-t-il dit, estimant regrettable que ces violences interviennent quelques jours après l’annonce faite par la Représentant spécial quant à la tenue d’élections en octobre.  Un coup a été porté aux efforts de paix au Kosovo, a-t-il souligné.  Le plus important maintenant, à son avis, est le rétablissement de l’ordre public et l’arrestation des auteurs de ces crimes.


M. Abdallah BAALI (Algérie) a condamné, au nom de son pays, les affrontements interethniques entre Albanais du Kosovo et Serbes du Kosovo.  Ces actes de violence risquent, si on n’y prend garde, d’attiser les rivalités interethniques, d’aggraver le sentiment de coupure et de brisure entre les communautés kosovares et de relancer la logique de l’affrontement qui avait conduit le pays au bord de la catastrophe, tout comme ils risquent de compromettre tout ce qui a été patiemment et laborieusement réalisé au Kosovo.  Appelant les parties à mettre fin à ces affrontements, M. Baali a précisé que le maintien de l’ordre et le retour à la normalité au Kosovo relevaient aussi de la responsabilité de la MINUK et de la KFOR.  Le représentant a déploré cette flambée de violence, notamment au lendemain des remarquables progrès réalisés et de l’amélioration notable des conditions politiques et opérationnelles au Kosovo.  Ces douloureux incidents sont venus révéler la persistance des clivages ethniques et renforcer, dans le même temps, notre profonde conviction qu’il n’y a pas d’alternative à une société multiethnique et tolérante au Kosovo, a-t-il déclaré.


M. GENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie) a fait part de son inquiétude face à la flambée de violence communautaire.  L’ampleur de la violence de la part de la communauté albanaise du Kosovo permet de dire qu’il s’agit d’une action concertée en vue d’expulser les non-Albanais de souche de la province.  Nous craignons que les contingents de la KFOR ne soient pas en mesure d’éviter le pire, a-t-il déclaré, estimant que des mesures de retour à l’ordre n’étaient pas prises, il y aurait une remise en question du processus de stabilisation.  L’ampleur et la rapidité avec lesquelles s’est propagée cette violence témoignent du chemin qui reste à parcourir pour que la confiance règne entre toutes les provinces, a-t-il poursuivi.  Il a estimé que la MINUK et la KFOR devaient prendre d’urgence des mesures visant à garantir la primauté du droit et la sécurité de tous les habitants de la province.


M. JEAN-MARC DE LA SABLIERE (France) a condamné avec la plus grande fermeté les affrontements meurtriers qui ont eu lieu hier au Kosovo entre les communautés serbe et albanaise.  Ces violences ont aussi visé la présence internationale au Kosovo qui œuvre au service de la paix, de la stabilisation et de la reconstruction, a-t-il ajouté, avant de noter qu’une douzaine de soldats de la KFOR avaient été blessés et que la MINUK avait également été prise à partie.  Cette flambée de violence représente le plus grand défi à la communauté internationale depuis 1999, a déclaré M. de La Sablière, avant de juger que quelles qu’en soient les causes, le recours à de tels actes de violence était intolérable et devait cesser immédiatement.  Leurs responsables doivent être arrêtés et traduits en justice, a-t-il ajouté, avant de demander instamment à tous les responsables politiques du Kosovo, albanais et serbes, de faire preuve de responsabilité et d’appeler la population à la cessation immédiate des violences et au retour au calme. 


M. AGIM NESHO (Albanie) a condamné les actes de violence qui, à son avis, vont à l’encontre de la volonté du peuple du Kosovo d’édifier une société multiethnique où règne la primauté du droit.  Nous appelons tous les citoyens du Kosovo à garder le calme et à maintenir leur confiance aux autorités locales légitimes que sont la MINUK et la KFOR, a-t-il lancé.  Le représentant albanais a affirmé que les membres de la communauté internationale avaient accompli une tâche admirable dans la province et que l’application des normes avant le statut avait montré la voie à suivre.  Ces tristes évènements ne signifient pas la fin du processus ou l’échec de la communauté internationale, a-t-il indiqué, en réaffirmant le soutien de son gouvernement à la résolution 1244 ayant établi une présence internationale dans la province. 


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. RICHARD RYAN (Irlande) a condamné les violences qui ont coûté des vies humaines et fait de nombreux blessés.  La priorité immédiate est de restaurer le calme au Kosovo, a-t-il insisté en ajoutant qu’il n’y avait pas de place pour ceux qui brûlent des églises et des mosquées, des écoles et des hôpitaux et qui détruisent des biens culturels ou religieux  qui font partie de notre patrimoine commun.  L’Union européenne exhorte tous les dirigeants locaux à agir de façon responsable et à’user de toute leur influence pour mettre un terme à la violence et restaurer le calme.  Il a fait part de tout son soutien aux efforts du Représentant spécial du Secrétaire général pour la mise en œuvre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité et de la politique « les normes avant le statut » qui constituent les fondements  de l’engagement de la communauté international au Kosovo.  Le défi qui se présente à nous consiste à mettre en œuvre les normes et les récents actes de violence risquent de nuire aux progrès difficilement réalisés jusqu’à présent en ce domaine.  Il est indispensable que les responsables  soient traduits en justice.  Ceux qui par leurs actions hypothèquent la construction d’un Kosovo multiethnique stable et démocratique portent une lourde responsabilité, a-t-il conclu..  


M. koichi haraguchi (Japon) a condamné la nouvelle vague de violence au Kosovo et a demandé que ces agissements cessent.  Il a exhorté les parties concernées à mettre en oeuvre la politique des “normes avant le statut” comme le prévoit la résolution 1244.  La communauté internationale de son côté doit poursuivre ses efforts de développement économique et de consolidation de la paix  qui constituent une condition préalable à la paix durable, dans la province, a-t-il dit.  Nous souhaitons que la tenue de la conférence ministérielle qui se tiendra en avril à Tokyo sur le thème de la consolidation de la paix et le développement économique des Balkans permette un échange de vues utile, a poursuivi M. Haraguchi.


M. dimce nikolov (ex-République yougoslave de Macédoine) a regretté la flambée de violence qui risque d’anéantir les efforts que déploie la communauté internationale pour mettre en oeuvre les normes avant le statut de la province.  Nous exhortons les Kosovars à faire preuve de sagesse et de calme, a-t-il lancé.  La déstabilisation du Kosovo risque de déséquilibrer l’ensemble de la région.


Reprenant la parole, le Ministre des affaires étrangères de la Serbie-et-Monténégro a précisé que la violence contre les Serbes était permanente.  Ceux-ci qui représentent 5% de la population vivent dans des enclaves et villages qui sont pris constamment pour cible.  Les attaques commises contre la KFOR et la MINUK le sont exclusivement par les Albanais, a-t-il fait valoir.  Nous sommes déterminés cependant à poursuivre le dialogue avec Pristina et sommes prêts à mettre en oeuvre nos engagements internationaux, a conclu le Ministre.


M. Bisher AL-KHASAWNEH (Jordanie) s’est déclaré vivement préoccupé par l’éclatement récent de la violence dans tout le Kosovo - la plus grave depuis 1999.  Nous condamnons toutes ces actes, et en particulier la prise pour cible de lieux de culte, a-t-il déclaré.  La reprise des affrontements nous force à reconsidérer l’opportunité des plans visant à réduire la présence de la MINUK, a-t-il dit.  En tant que contributeur de personnel à cette force, la Jordanie exprime sa préoccupation face aux agressions dont ses membres de la Mission ont été la cible, a-t-il indiqué affirmant que le maintien de la protection et la sauvegarde de la MINUK et du reste du personnel humanitaire était d’une importance capitale.  M. Al-Khasawneh a appelé également toutes les parties à mettre fin immédiatement aux affrontements.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité condamne fermement les actes de violence interethnique qui se multiplient depuis hier au Kosovo (Serbie-et-Monténégro) et ont fait de nombreux morts et des centaines de blessés. Il condamne aussi fermement les attaques perpétrées contre les troupes de la Force de paix au Kosovo (KFOR) et le personnel et les sites de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). Cette violence est inacceptable et doit cesser immédiatement. Les responsables doivent être traduits en justice. Ils doivent comprendre que s’en prendre à la présence internationale c’est attaquer la communauté internationale tout entière et que l’extrémisme n’a pas sa place dans l’avenir du Kosovo.


Le Conseil de sécurité demande à toutes les communautés du Kosovo, compte tenu de leurs responsabilités respectives, de mettre un terme à tous actes de violence, d’éviter toute nouvelle escalade et de ramener le calme. Il exhorte les parties à s’abstenir de toute déclaration ou accusation irresponsable et provocatrice. Il réaffirme que la population du Kosovo doit régler ses griefs en recourant à des moyens pacifiques et démocratiques et en empruntant les voies légitimes et reconnues, notamment l’ONU et les institutions provisoires d’administration autonome. Il souligne que les autorités du Kosovo ont ouvert des enquêtes judiciaires, en particulier sur les incidents au cours desquels un adolescent serbe du Kosovo a été blessé par balles à Pristina et trois enfants albanais du Kosovo ont trouvé la mort à Mitrovica; il demande que tous les autres incidents fassent l’objet d’enquêtes approfondies.


Le Conseil de sécurité déplore qu’il y ait eu des morts et des blessés parmi la population du Kosovo, ainsi que des victimes parmi les membres de la Police du Kosovo, de la police civile internationale de la MINUK et des forces de la KFOR. Il présente ses condoléances aux familles de toutes les victimes.


Le Conseil de sécurité réaffirme que les autorités du Kosovo doivent d’urgence prendre les mesures nécessaires pour faire respecter la légalité, garantir la sécurité de toutes les communautés ethniques et traduire en justice tous les auteurs d’actes criminels. La création d’une société multiethnique, tolérante et démocratique dans un Kosovo stable demeure l’objectif fondamental de la communauté internationale, dans le cadre de l’application de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité suivra de près la manière dont les parties s’acquittent des obligations que leur imposent les « Normes pour le Kosovo ».


Le Conseil de sécurité exprime son plein appui aux efforts que déploient le Représentant spécial du Secrétaire général, la MINUK et la KFOR, et se félicite que la présence sécuritaire internationale continue de prendre les mesures supplémentaires jugées nécessaires pour stabiliser la situation dans l’ensemble du Kosovo. Il demande aux institutions provisoires d’administration autonome, aux autorités de Belgrade et à tous les intéressés de leur apporter leur entière coopération. Il prend note de la déclaration commune, en date du 17 mars 2004, du Représentant spécial, des institutions provisoires d’administration autonome, des dirigeants politiques et d’autres parties.


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