CS/2629

LE CONSEIL DE SECURITE REFLECHIT A LA PERIODE SUIVANT L’EXPIRATION DU MANDAT DE LA MISSION DE L’ONU AU TIMOR-LESTE, LE 20 MAI 2004

20/02/2004
Communiqué de presse
CS/2629


Conseil de sécurité

4913e séance – matin


LE CONSEIL DE SECURITE REFLECHIT A LA PERIODE SUIVANT L’EXPIRATION DU MANDAT

DE LA MISSION DE L’ONU AU TIMOR-LESTE, LE 20 MAI 2004


Aucune nation n’a jamais avancé aussi rapidement sur la voie de l’autosuffisance que le Timor-Leste, a affirmé ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno.  En présence du Ministre est-timorais des affaires étrangères, Jose Ramos-Horta, le Secrétaire général adjoint évoquait la situation d’un pays qui, ayant proclamé son indépendance le 20 mai 2002, poursuit ses efforts de reconstruction avec l’aide de la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), créée le 17 mai 2002 par la résolution 1410. 


Sur la base des recommandations du Secrétaire général de l’ONU auxquelles ils ont globalement adhéré, les membres du Conseil et leurs invités ont consacré la réunion de ce matin à une réflexion sur la période post-MANUTO dont le mandat, qui expirera le 20 mai 2004, porte sur la mise en œuvre d’un plan d’exécution à trois volets: « Stabilité, démocratie et justice », « Sécurité publique et maintien de l’ordre » et « Sécurité extérieure et contrôle des frontières ».


Les recommandations du Secrétaire général, a expliqué M. Guéhenno, visent la consolidation des acquis et s’articulent en deux étapes, à savoir la définition des tâches à remplir en des termes concrets et l’identification des meilleurs moyens par lesquels la MANUTO peut apporter sa contribution.  Kofi Annan propose la prorogation, pour une période d’un an, d’une MANUTO dotée d’un mandat modifié dont la différence avec le précédent tiendrait surtout au passage d’une approche opérationnelle à une démarche de services consultatifs.  Il s’agit donc, cette fois, de l’appui à l’administration publique et de l’assistance aux enquêtes dans le cas de crimes graves, à la sécurité intérieure et au maintien de l’ordre ainsi qu’à la sécurité extérieure et au contrôle des frontières.  Compte tenu de ce qui précède, le Secrétaire général de l’ONU recommande la réduction des effectifs de la Mission qui ne comporterait plus que 58 conseillers civils, 157 conseillers de police civile, 42 officiers de liaison et une force de sécurité de 310 militaires.


L’adoption de ces recommandations « représenterait un effort modeste par rapport à ce qui a déjà été accompli mais pourrait faire la différence dans la consolidation des acquis obtenus jusqu’ici », a souligné le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  Si un consensus s’est dégagé sur la nécessité de maintenir une présence de l’ONU après l’échéance de mai 2004, à l’instar de certaines délégations, le Royaume-Uni et l’Australie ont émis des doutes sur la pertinence d’une force de sécurité.  Arguant que les menaces qui continuent de peser sur le nouvel Etat sont davantage d’ordre interne qu’externe, le représentant australien a jugé plus efficace de se concentrer sur les forces de police.  Selon le modèle proposé par son pays, la police nationale relèverait de la seule responsabilité du Gouvernement alors que l’unité de police de l’ONU ne se déploierait qu’en cas d’urgence et dans des situations que la police nationale ne serait pas en mesure de contrôler.  Une force de police bien équipée, a affirmé le représentant, serait capable d’accomplir les tâches prévues pour la période post-MANUTO.

Appuyé par la majorité des délégations, le Ministre des affaires étrangères du Timor-Leste a avancé un argument contradictoire.  Il a rappelé la teneur de la lettre que son Premier Ministre a adressée au Secrétaire général, au début de ce mois avant de réaffirmer la dynamique sur le terrain qui exige du Conseil le maintien d’une force militaire comme « meilleur moyen de dissuasion contre toute violence éventuelle ».  La violence, a expliqué M. Ramos-Horta, pourrait résulter du manque de progrès sur la question de la démarcation de la frontière avec l’Indonésie et de la fragilité des institutions chargées de l’ordre et de la loi ainsi que de l’administration publique.  Il vaut mieux pêcher par excès de prudence, a-t-il ajouté, en estimant que tout calcul mal avisé de retirer prématurément la force de sécurité risquerait de compromettre le succès extraordinaire qu’a remporté l’ONU au Timor-Leste.


Ces propos ont conduit certaines délégations à rappeler au Gouvernement est-timorais ses responsabilités d’Etat souverain.  Aussi, le représentant de la France a-t-il jugé utile de définir, dès à présent, une stratégie de sortie claire pour la MANUTO.  L’ONU, a-t-il dit, doit démontrer sa capacité à mettre un terme aux opérations précisées dans son mandat lorsque les conditions sont réunies et à permettre les efforts de consolidation de la paix par l’aide au développement et l’engagement des donateurs bilatéraux.  Le représentant français a ainsi suggéré que l’échéance de la MANUTO n’aille pas au-delà d’une année, « si les circonstances le permettent ».


Outre les 15 membres du Conseil, le Ministre est-timorais des affaires étrangères, le Secrétaire général adjoint et le Sous-Secrétaire aux opérations de maintien de la paix, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Singapour, Irlande (au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés), Nouvelle-Zélande, Australie, Japon, Indonésie, Portugal, Thaïlande, Malaisie, République arabe syrienne, République de Corée et Fidji.  Le Secrétaire exécutif de la Communauté des pays lusophones a également participé au débat. 


LA SITUATION AU TIMOR-LESTE


Rapport spécial du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (S/2004/117)


Ce rapport couvre les activités de la Mission d’appui des Nations Unies au Timor oriental (MANUTO), fait le point des progrès réalisés dans la mise en œuvre des différents volets du plan d’exécution du mandat de la Mission et présente des propositions concernant la façon dont la communauté internationale pourrait aider à promouvoir la sécurité et la stabilité du Timor-Leste après le 20 mai 2004.  Le Secrétaire général y aborde l’évolution de la situation politique au Timor-Leste où les institutions politiques ont continué à se renforcer et à évoluer, avant de souligner que sur le plan de la sécurité, la situation est restée généralement calme au cours de la période examinée.  Abordant l’excellente communication qui a caractérisé les relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie, Kofi Annan juge urgent qu’en se fondant sur cette bonne volonté, les deux pays progressent davantage dans la recherche d’une solution aux problèmes posés par la présence continue de 28 000 Est-Timorais réfugiés au Timor occidental ainsi qu’à la conclusion d’un accord sur une ligne frontière provisoire.


Pour ce qui est de l’appui du système des Nations Unies au Timor-Leste, le rapport contient des propositions concernant l’assistance après le 20 mai 2004 et la phase de consolidation de la MANUTO.  Il recommande que le Conseil de sécurité envisage de proroger d’une nouvelle « phase de consolidation » de 12 mois la mission actuelle afin qu’elle fonctionne avec un mandat modifié comportant les éléments ci-après: la fourniture d’une assistance au système de justice et aux structures administratives centrales qui sont indispensables à la viabilité et à la stabilité politique du Timor-Leste; la contribution au développement continu de la police nationale du Timor-Leste; et la contribution au maintien de la sécurité et de la stabilité au Timor-Leste. 


Cette assistance devra par ailleurs continuer à couvrir plusieurs domaines, notamment l’appui à l’administration publique, l’assistance aux enquêtes dans le cas de crimes graves, la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre, et la sécurité extérieure et le contrôle des frontières.  S’agissant du rôle du système des Nations Unies, Kofi Annan note qu’en dépit de progrès importants dans la mise en œuvre du Plan national de développement, des obstacles considérables au développement demeurent, en particulier la baisse de l’aide au développement et la réduction imprévue des recettes internes qui devrait être conjuguée à un déficit total de 136 millions de dollars.  Aussi, en raison en particulier des retards dans l’obtention de recettes provenant de la mise en valeur des gisements pétroliers, qui peuvent aggraver des problèmes comme le chômage et l’incapacité de fournir des services à la population locale, une coopération continue et renforcée entre la MANUTO et le système des organismes, fonds et programmes des Nations Unies, ainsi que d’autres acteurs bilatéraux et la société civile, sera essentielle au cours de la prochaine année.


Concernant les aspects financiers de la MANUTO, le rapport souligne que l’Assemblée générale a ouvert, au titre de l’exercice allant du 1er juillet 2003 au 30 juin 2004, un crédit d’un montant total de 208,8 millions de dollars.  Au 31 janvier 2004, le montant non acquitté des contributions mises en recouvrement au titre du Compte spécial de l’ATNUTO/MANUTO était de 140,8 millions de dollars, précise Kofi Annan.


Dans ses observations et recommandations, le Secrétaire général note que malgré les progrès extraordinaires qui ont été accomplis par le Gouvernement et le peuple timorais au cours des 18 derniers mois, des problèmes considérables subsistent alors que le mandat actuel de la MANUTO vient à expiration et ajoute qu’une assistance supplémentaire sera essentielle pour consolider les gains qui ont été obtenus et permettre au Timor-Leste de parvenir à un niveau d’autosuffisance.  Aussi, Kofi Annan recommande-t-il la prorogation de la MANUTO pendant une année supplémentaire, avec des effectifs réduits et un mandat modifié.  Il recommande à ce titre le maintien d’une composante de 58 conseillers civils qui fourniraient des conseils et un appui à l’administration publique et au système judiciaire; la fourniture d’un appui continu aux poursuites et procès concernant les crimes graves commis au Timor-Leste en 1999; le maintien d’un groupe de 157 conseillers de police civile qui appuieraient le renforcement continu de la police timoraise; le déploiement de 42 officiers de liaison, qui suivraient l’évolution de la situation en matière de sécurité et appuieraient les activités de démarcation; et le déploiement d’une force de sécurité de 310 militaires chargés d’assurer la protection des officiers de liaison.


Déclarations


M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait part de deux faits nouveaux, en s’attardant d’abord sur la promulgation, il y a quelques jours, par le Président du Timor-Leste d’une loi sur les élections villageoises.  Plusieurs mesures devraient être prises par la suite pour définir le rôle et les responsabilités des chefs et des conseils de village.  Ce seront là, a-t-il souligné, les premières élections du Timor-Leste indépendant qui serviront de base à l’élaboration de lois électorales plus larges relatives aux élections nationales.  Le Secrétaire général adjoint a ensuite évoqué l’incident impliquant un groupe de villageois du Timor occidental qui, après avoir pénétré au Timor-Leste, ont causé des troubles qui font l’objet d’une enquête.


Le pays, le plus pauvre d’Asie, est toujours confronté à des défis considérables qui exige l’assistance internationale, a-t-il dit, convaincu que le maintien d’une opération de maintien de la paix pour une période supplémentaire d’un an est indispensable pour consolider les acquis.  Les recommandations du Secrétaire général, a-t-il ensuite expliqué, se fondent sur la vision des dirigeants timorais quant à l’avenir de leur pays.  Ces recommandations s’articulent en deux étapes: la définition des tâches à remplir en des termes concrets et l’identification des meilleurs moyens par lesquels la MANUTO peut apporter sa contribution.  Les recommandations mettent en relief une démarche de services consultatifs plutôt qu’une approche opérationnelle, a-t-il précisé. 


M. Guéhenno a ensuite précisé, une par une, les recommandations du Secrétaire général.  Nous présentons ce rapport à l’avance, a-t-il indiqué, pour laisser le temps au Conseil de sécurité de mûrir la décision qu’il doit prendre le 20 mai 2004.  La décision du Conseil, a-t-il insisté, doit tenir compte des derniers développements dans les domaines de la sécurité, de la progression des capacités timoraises et de l’aide bilatérale.  Il est clair qu’aucune nation n’a jamais avancé aussi rapidement que le Timor-Leste sur la voie de l’autosuffisance.  Ce sont précisément ces progrès qui ont permis la réduction de l’aide internationale et le transfert des responsabilités aux Timorais.  Il y a pourtant des limites à ce que l’on peut accomplir en peu temps, a prévenu le Secrétaire général adjoint en espérant que le Conseil accordera toute l’attention requise aux recommandations du Secrétaire général dont la mise en œuvre « représenterait un effort modeste par rapport à ce qui a déjà été accompli mais qui pourrait faire la différence dans la consolidation des acquis obtenus jusqu’ici ».


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a salué le rôle des Nations Unies dans l’édification de l’Etat de Timor-Leste avant de plaider, au nom de la Communauté des pays lusophones, pour la poursuite de cette assistance au-delà du 20 mai 2004 afin de consolider les acquis.  Il s’est inquiété des risques de déstabilisation à la frontière du Timor-Leste et a exhorté le Conseil de sécurité à se saisir de cette question, estimant qu’une présence visible de la composante militaire de la MANUTO aurait un effet dissuasif sur tous les groupes tentés de déstabiliser le pays.  La police internationale civile peut apporter une contribution importante à la formation de la police locale, a poursuivi M. Sardenberg, tandis que l’expertise internationale dans les domaines des infrastructures publiques, de la justice et des services sociaux demeure précieuse.  C’est pourquoi, le Brésil est disposé à tenir compte des recommandations du Secrétaire général dans le cadre de consultations préalables à l’adoption d’un projet de résolution. 


M. MICHEL DUCLOS (France) s’est félicité de l’évolution de la situation au Timor-Leste.  A côté de ces progrès, le représentant a reconnu les motifs d’inquiétude notamment dans les domaines de la sécurité interne et externe et du rapatriement des réfugiés est-timorais au Timor occidental.  La France, a-t-il dit, soutient la prorogation du mandat de la MANUTO pour une durée d’un an afin de permettre à l’ONU de consolider les acquis.  Ce mandat, a-t-il précisé, doit être reconfiguré et mettre l’accent sur l’assistance aux autorités timoraises.  Les grandes lignes des recommandations du Secrétaire général paraissent pertinentes, a tranché le représentant, en reconnaissant tout de même qu’il n’est pas facile d’évaluer le volume et la composition adéquate de la future MANUTO.  Nous ferons confiance, a-t-il promis, aux propositions que formulera le Secrétaire général lorsqu’il indiquera le format le plus adapté aux besoins du terrain.  Il faudra être attentif aux préoccupations des différentes parties concernées et de l’évolution de la situation sur le terrain.  Il est tout aussi important, a ajouté le représentant, de définir une stratégie de sortie claire.  Le renouvellement de la MANUTO doit permettre aux Nations Unies de poursuivre leur désengagement.  L’ONU doit démontrer sa capacité à mettre un terme à ces opérations lorsque les conditions sont réunies et à permettre les efforts de consolidation de la paix par l’aide au développement et l’engagement des donateurs bilatéraux.  Le représentant a donc suggéré que l’échéance de la MANUTO n’aille pas au-delà d’une année si les circonstances le permettent.  Il a plaidé, en conséquence, pour un calendrier précis de réduction des effectifs et la poursuite par les autorités timoraises efforts de consolidation de l’Etat et d’indépendance du pays.


M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a estimé que le Timor-Leste devrait demeurer un succès pour les Nations Unies et qu’à cette fin, la poursuite de l’assistance de l’Organisation mondiale serait importante dans les domaines de la justice et de la sécurité.  La communauté internationale doit rester engagée au-delà du 20 mai 2004, a-t-il poursuivi, estimant que la proposition de l’Australie de créer une force de police rapide mériterait un examen approfondi de la part de la communauté internationale.  Il a ensuite approuvé la proposition du Secrétaire général de déployer une force de sécurité rapide de 310 hommes et a jugé que les acquis ne devraient en aucun cas être remis en cause par un désintérêt du Conseil de sécurité.  M. Pleuger a fait observer qu’après le 20 mai 2004, la présence internationale serait certes réduite mais que le Conseil devrait trouver un consensus sur la meilleure formule à privilégier dans le domaine de la sécurité.


M. HERALDO MUNOZ (Chili) a appuyé les propositions du Secrétaire général qui sont fondamentales pour assurer la viabilité de l’Etat est-timorais.  Le représentant a ensuite étayé le point de vue de son pays sur les quatre domaines d’activités définis par le Secrétaire général avant de se féliciter de la qualité de la coopération entre le Timor-Leste et l’Indonésie.  Il a aussi salué l’action de la MANUTO et de la Commission vérité et réconciliation en matière des droits de l’homme.  Pour mener à bien les tâches engagées par la MANUTO et poursuivre l’aide à la consolidation des acquis, il a souhaité que le mandat de la Mission soit prorogé pour une nouvelle période d’un an avec une configuration modifiée.


M. LAURO L. BAJA (Philippines) a souligné l’exemplarité du modèle d’engagement des Nations Unies au Timor-Leste avant d’insister sur les préoccupations persistantes dans les domaines de la paix et de la sécurité.  Un retrait trop rapide des unités d’assistance à la sécurité risquerait de fragiliser davantage la situation, a-t-il dit, avant de plaider pour un soutien accru à la population et au Gouvernement du Timor-Leste.  Le chômage y est élevé, l’infrastructure peu développée, a-t-il constaté, avant de recommander la poursuite des programmes de soutien au renforcement des capacités dans les domaines judiciaire, social et de sécurité.  Il a salué ensuite la création d’une commission mixte entre les Gouvernements du Timor-Leste et de l’Indonésie pour résoudre les problèmes des réfugiés et de la délimitation des frontières. 


Mme ANA MARIA MENENDEZ (Espagne) a, à son tour, appuyé les recommandations du Secrétaire général « sous tous leurs aspects ».  L’effort supplémentaire demandé par le Secrétaire général, s’est-elle expliquée, est indispensable pour éviter tout retour en arrière au Timor-Leste.  Il sera nécessaire de compter sur la coopération des institutions du pays qui ont encore des tâches importantes à accomplir, notamment dans les domaines des droits de l’homme, de la police, de la défense et des lois électorales.  La représentante s’est aussi félicitée de la qualité des relations entre l’Indonésie et le Timor-Leste qui devrait permettre de régler au plus tôt les questions de la démarcation des frontières et des réfugiés est-timorais au Timor occidental.  Ceux qui, par excès d’optimisme, considèrent qu’aucun risque ne justifie une force minimale de maintien de la paix, semblent oublier les éléments déstabilisateurs qui seront toujours dans le pays après mai 2004, a prévenu la représentante en faisant référence aux milices qui se sont infiltrées à travers la frontière avec l’Indonésie.  Nous avons investi bien trop au Timor-Leste pour compromettre des acquis qui témoignent de l’une des expériences les plus fructueuses de l’ONU, a-t-elle conclu.


M. ALEXANDER KONUZIN (Fédération de Russie) a estimé que la stabilisation de la situation au Timor-Leste devait se poursuivre sur la voie de l’autosuffisance, avant de recommander une assistance aux secteurs de la sécurité et de la police.  De même, le représentant a salué l’évolution positive des relations entre les Gouvernements du Timor-Leste et de l’Indonésie, ainsi qu’avec l’Australie pour la délimitation des zones abritant des ressources pétrolifères.  La communauté internationale qui a déployé beaucoup d’efforts et de ressources pour la consolidation de Timor-Leste doit réaffirmer son appui en renouvelant le mandat de la MANUTO pour une année. 


M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) s’est dit confiant dans l’avenir du Timor-Leste, compte tenu des avancées qui résultent de la présence de la MANUTO et de la détermination des autorités du pays.  Il faut accompagner les efforts nationaux au-delà de la période d’expiration de la Mission, a estimé le représentant en adhérant ainsi aux propositions du Secrétaire général.  Il s’est particulièrement attardé sur la nécessité d’une bonne relation entre l’Indonésie et le Timor-Leste pour régler la question de la démarcation de la frontière et celle des réfugiés est-timorais.  Les acquis doivent être consolidés et devenir irréversibles, a-t-il conclu en jugeant qu’un effort supplémentaire modeste fera la différence.  Une présence de la MANUTO donnera au peuple et au Gouvernement du Timor-Leste plus de confiance pour poursuivre les efforts et les réformes nécessaires.  Les bonnes perspectives d’autosuffisance est-timoraise permettront aux Nations Unies de remporter un autre succès, a encore dit le représentant.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a salué les réalisations remarquables accomplies en l’espace de deux années par le Timor-Leste, tant au plan intérieur, par la consolidation des nouvelles institutions, qu’au plan international, avec l’établissement de relations étroites avec l’Indonésie pour encourager le retour des réfugiés.  Soulignant ensuite les défis qui subsistent dans les domaines de la justice et de la sécurité, M. Baali a estimé qu’il était du devoir de la communauté internationale de continuer à soutenir le Gouvernement de Timor-Leste par le biais de l’assistance des Nations Unies.  Le représentant a invité la communauté internationale à ne pas se désengager trop vite de Timor-Leste au risque d’avoir à le regretter ultérieurement.


M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) a lui aussi salué les progrès accomplis au Timor-Leste qui démontrent la détermination du peuple de ce pays.  Il a appuyé le consensus qui est en train de se forger pour la prorogation du mandat de la MANUTO pour une nouvelle période d’un an en vue d’une phase de consolidation.  Le représentant en a profité pour insister sur les responsabilités des Est-Timorais eux-mêmes, notamment dans les domaines des droits de l’homme et de la justice, de la lutte contre la corruption et de la création d’une culture des investissements.  Il s’est également dit préoccupé par les mauvaises relations entre la police et la défense.  Poursuivant sur l’aide bilatérale apportée par son pays notamment dans le domaine de la police, le représentant a demandé au Secrétariat de coordonner dès maintenant les plans d’aide à la police plutôt que de faire le point en décembre seulement.  Il a aussi évoqué l’urgence qu’il y a à régler la question de la réinstallation des anciens réfugiés avant de lancer un dernier appel et de dire qu’il ne faut pas mettre en péril l’investissement réussi que la communauté internationale a assuré au Timor-Leste.  Il reste des problèmes de sécurité qui exige que la future Mission comprenne une composante dans ce domaine et mette l’accent sur la police.  A cet égard, le représentant a appuyé le modèle proposé par l’Australie.


M. JOEL W. ADECHI (Bénin) a rappelé que le peuple timorais avait réalisé des progrès incontestables grâce à l’engagement indéfectible des Nations Unies et à la détermination des autorités timoraises à mettre tout en œuvre pour bâtir une nation réconciliée avec elle-même et vivant en bonne intelligence avec ses voisins.  M. Adechi a insisté ensuite sur l’obligation qui incombe à la communauté internationale de continuer à appuyer le domaine de la sécurité.  Une diversification de l’appui aux forces armées timoraises est indiqué, a-t-il dit ensuite, se félicitant de l’évolution positive des relations entre le Timor-Leste et l’Indonésie.  Rappelant que Timor-Leste est désormais membre du groupe des pays les moins avancés, le représentant du Bénin a souhaité que ce statut ouvre des opportunités à ce petit pays dans les domaines socioéconomique, commercial et en matière d’assistance au développement car, a-t-il rappelé, la paix, la sécurité et le développement sont étroitement liés. 


M. ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola) s’est déclaré encouragé par les progrès constants qu’enregistre le Timor-Leste depuis son accession à l’indépendance.  Les Nations Unies sont appelées, une fois encore, à jouer un rôle décisif pour assurer un avenir prospère au Timor-Leste, a-t-il poursuivi en mettant l’accent sur la fragilité du processus.  Le pays a toujours besoin d’assistance extérieure, notamment en ce qui concerne les forces de défense, de police et de contrôle des frontières.  Le représentant a donc appuyé les recommandations du Secrétaire général en arguant que leur mise en oeuvre permettra de consolider les acquis afin de permettre à la MANUTO de s’acquitter de son mandat et d’édifier une société stable et démocratique.  Il a, à cet égard, accueilli avec satisfaction la bonne disposition de l’Indonésie à lutter contre les actes de déstabilisation.  Le représentant a, en effet, insisté sur l’importance qu’il y a à assurer de bonnes relations entre ces deux pays. 


M. STUART HOLLIDAY (Etats-Unis) a réaffirmé que les Etats-Unis ont toujours appuyé les efforts du Timor-Leste visant à édifier un avenir plus prometteur.  Toutefois, il reste encore beaucoup à faire.  Les Etats-Unis souscrivent aux recommandations du Secrétaire général concernant la prorogation du mandat de la MANUTO pour une année.  Ils se félicitent des progrès accomplis par le Gouvernement et le peuple timorais dans la mise en place d’une administration civile.  Ils se félicitent également, a indiqué M. Holliday, de la proposition visant à intégrer un groupe réduit d’experts civils dans les ministères du Timor-Leste.  Toute assistance au-delà de 2005, a-il précisé, doit être fourni par le biais de la coopération multilatérale ou bilatérale.  Le représentant américain a jugé que la proposition australienne concernant les forces de police était importante et a ajouté que son pays accordait une importance particulière au domaine de la justice afin que les responsables de crimes commis au Timor-Leste répondent de leurs actes. 


M. MASOOD KHALID (Pakistan) a lui aussi plaidé pour le maintien d’une présence des Nations Unies au-delà de 2004.  Rappelant les principes qui, selon son pays, doivent fonder l’action au Timor-Leste, le représentant a d’abord estimé que l’opération de maintien de la paix ne peut se retirer avant l’achèvement de toutes les tâches.  Il a aussi souligné l’importance pour la sécurité de cette jeune nation d’une présence même minime de l’ONU et de développer de bonnes relations avec l’Indonésie.  Toujours en matière de sécurité, le représentant a jugé que les unités militaires sont les mieux à même de faire le travail.  Tout en insistant sur les principes d’impartialité et de neutralité du personnel de l’ONU, le représentant a soutenu la prorogation pour un an du mandat de la MANUTO.


M. WANG GUANGYA (Chine) a salué les progrès significatifs faits par le Timor-Leste depuis son indépendance en mai 2002, grâce entre autres à la contribution de la MANUTO.  La communauté internationale doit continuer d’apporter son appui à la consolidation des acquis au Timor-Leste en matière de paix, de sécurité et d’infrastructures, a poursuivi le représentant, prônant par ailleurs l’approfondissement de l’ancrage international du Timor-Leste par les autorités de ce pays. 


M. JOSE RAMOS-HORTA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Timor-Leste, a reconnu les efforts considérables que son pays et ses autorités doivent encore déployer pour consolider les acquis.  Depuis un an et demi, a-t-il affirmé, le pays a beaucoup avancé dans le domaine de l’administration publique et du système judiciaire.  Tenant note des commentaires qui ont été faits sur les recommandations du Secrétaire général, le Ministre a dit constater une divergence de vues sur le déploiement d’une force de sécurité.  Il a rappelé les tensions propres au pays et les problèmes non réglés pour convaincre les membres du Conseil de la nécessité d’une telle force.  Rappelant la bonne volonté de l’Indonésie pour régler la question des réfugiés, il a néanmoins souligné qu’aucun progrès n’a encore été enregistré sur le calendrier relatif à la démarcation des frontières qui, a-t-il estimé, contribuerait pourtant à résoudre certains problèmes d’activités transfrontières.  Les institutions chargées de l’ordre et de la loi, et l’administration publique restent fragiles, a-t-il rappelé. 


Au vu de la dynamique sur le terrain, le déploiement d’une force de sécurité serait le meilleur moyen de dissuasion contre toute violence éventuelle.  Il ne s’agit pas de sous-estimer la pertinente d’une force de police internationale, a rassuré le Ministre en soulignant néanmoins qu’elle n’aurait pas la même force de dissuasion qu’une force de sécurité.  Il vaut mieux pêcher par excès de prudence, a-t-il conclu en estimant que le déploiement d’une force de sécurité accorderait en outre le temps au pays de développer ses propres forces de police.  Le Ministre a conclu en rendant hommage à Serge Vieira de Mello, ancien chef de la MANUTO, en ajoutant que la tâche qu’il poursuivait n’est pas achevée.  Tout calcul mal avisé de retirer prématurément de la force de sécurité risque de saper le succès extraordinaire qu’a remporté l’ONU au Timor-Leste, a conclu le Ministre.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a insisté sur l’importance d’un consensus concernant la poursuite de l’assistance internationale au Timor-Leste afin de consolider les acquis.  Il a mis en garde contre le risque de fragiliser le processus au Timor-Leste par un retrait précipité de la MANUTO, avant de souhaiter une évaluation réaliste de la situation préalable à toute réduction d’effectifs afin d’éviter de prendre des mesures abstraites.  M. Mahbubani a soutenu par conséquent la prorogation du mandat de la MANUTO comme le recommande le Secrétaire général dans son rapport en axant son mandat sur la sécurité et la police.  Enfin, le représentant de Singapour a jugé que la recommandation relative au contingent militaire devrait être replacée dans son contexte et préconisé le maintien d’une petite présence militaire pour éviter les effets déstabilisants d’un retrait prématuré. 


M. RICHARD RYAN (Irlande), s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a estimé que les Nations Unies peuvent être fières de ce que le peuple du Timor-Leste a accompli grâce à leur aide.  Le représentant a reconnu le défi que constitue toute décision sur une approche de désengagement d’une opération de maintien ou de consolidation de la paix.  Il faut, a-t-il dit, établir un équilibre entre la réponse à apporter aux besoins légitimes du pays et la nécessité de renforcer ses capacités durables d’autogouvernance et d’autosuffisance.  A cet égard, il est nécessaire que la communauté internationale se concentre sur les tâches restantes, mène une analyse approfondie de toute menace à la paix et à la sécurité, et étudie les capacités du secteur judicaire et de l’exécution des lois, la situation humanitaire, l’efficacité des institutions nationales de sécurité, et le degré de développement économique et social.  Le représentant a partagé l’idée selon laquelle une assistance est nécessaire pour consolider les acquis.  Il a estimé que la proposition du Secrétaire général de proroger la MANUTO mérite toute l’attention du Conseil.  Si la responsabilité du succès de la transition incombe au peuple est-timorais, il revient néanmoins à la communauté internationale de les consolider par des programmes bilatéraux et les activités de l’ONU et des institutions de Bretton Woods.  Le représentant a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne en faveur du peuple est-timorais.


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a salué à son tour les progrès réalisés au Timor-Leste grâce à l’engagement des autorités timoraises, de la MANUTO et des bailleurs de fonds internationaux.  Beaucoup reste à faire toutefois pour s’assurer de la stabilité du pays, en particulier pour ce qui est de la sécurité, a-t-il dit en appuyant la prorogation du mandat de la MANUTO sous le nouveau schéma, recommandée par le Secrétaire général.  La Nouvelle-Zélande partage l’avis du Secrétaire général sur le maintien d’une présence militaire et son impact sur la sécurité aux frontières, a dit le représentant, faisant observer que le Timor-Leste n’avait à ce jour aucun moyen efficace de se protéger contre des menaces éventuelles aux frontières.  Il s’est prononcé ensuite pour un engagement ferme de la communauté internationale en appui aux travaux de la Commission vérité et réconciliation nationale, et a souhaité que les responsables de crimes comparaissent devant la justice au plus vite. 


M. JOHN DAUTH (Australie) a reconnu qu’une assistance internationale demeure essentielle au Timor-Leste en précisant que c’est la forme qu’elle devrait revêtir qu’il s’agit bien d’appréhender.  Il a commenté les recommandations du Secrétaire général avant de déclarer que son pays adhérerait à l’idée de déployer une force de sécurité si le Conseil en décide ainsi.  Le représentant a tout de même marqué sa préférence pour une police bien équipée.  Arguant que les menaces qui continuent de peser sur la jeune nation sont plutôt internes qu’externes, il a jugé plus pertinent de renforcer les forces de police.  Dans le modèle proposé par l’Australie, a-t-il dit, la police nationale relèverait de la seule responsabilité du Gouvernement et de son service de police alors que l’unité de police de l’ONU ne se déploierait qu’en cas d’urgence et dans des situations que la police nationale ne serait pas en mesure de régler, et à la demande du Premier Ministre.  En résumé, le représentant a estimé qu’une force de police bien équipée pourrait accomplir les tâches prévues par le Secrétaire général pour la période post-MANUTO.


M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a noté que depuis le début des activités de la MANUTO, il y a deux ans, des progrès notables avaient été réalisés au niveau de l’appui à l’administration, du soutien à la paix et à la sécurité, et au niveau judiciaire.  La communauté internationale doit s’assurer du fait que de tels acquis se poursuivent et se développent, a-t-il dit, avant de soutenir les propositions du Secrétaire général sur la prorogation du mandat de la MANUTO.  Il est primordial pour un pays comme le Timor-Leste de continuer à bénéficier de l’appui d’experts civils, pour la construction de la nation, mais également d’experts militaires et de police civile afin d’appuyer de renforcement des capacités timoraises dans le domaine de la sécurité.  Le Japon s’est engagé à fournir 60 millions de dollars pour l’exercice 2002-2005 dans des domaines tels que les infrastructures, l’agriculture et les services publics. 


M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a souhaité que toute suite donnée à la MANUTO tienne compte du resserrement réel des liens entre son pays et le Timor-Leste.  Ces relations se manifestent au niveau politique le plus élevé, a-t-il dit en rappelant la décision des chefs d’Etat des deux pays de créer des groupes de travail sur la frontière, les questions juridiques, le commerce, les finances, les affaires culturelles ou encore les communications.  Il a aussi rappelé qu’en juin 2003, les deux Gouvernements ont signé un accord sur le passage à la frontière et le marché traditionnel.  La même année, a-t-il ajouté, trois sessions de négociations ont eu lieu sur la question de la frontière.  Les deux forces armées concernées ont d’ailleurs conclu un accord sur l’établissement d’un marché traditionnel pour prévenir tout trafic, sur la situation des réfugiés et sur la fourniture d’une carte de passage à la frontière.  S’agissant, en particulier, de la question des réfugiés, le représentant a rappelé la collaboration étroite de son pays avec le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), avant de réitérer la déclaration que son pays a faite en décembre 2002, selon laquelle il n’y a plus aucun réfugié en Indonésie.  Les 28 000 personnes perçues comme telle, a-t-il affirmé, ont choisi de rester et sont maintenant citoyens indonésiens.  Toutefois, le Gouvernement est prêt à aider tout ceux qui voudraient retourner au Timor-Leste.  Concernant les enfants séparés des familles, le représentant a indiqué que le Gouvernement indonésien entend prendre soin de ces enfants et procéder à leur intégration locale.  Il a donc regretté que le rapport du Secrétaire général contienne des éléments inutiles qui ne reflètent pas la réalité.


M. GONCALO SANTA CLARA GOMES (Portugal) a souscrit aux recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général et insisté sur les ressources limitées du Gouvernement timorais qui, sans la poursuite de l’assistance internationale, serait très vulnérable.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à proroger le mandat de la MANUTO jusqu’au mois de mai 2005, en rappelant que les Nations Unies ont joué un rôle essentiel dans l’édification du Timor-Leste, un pays en cendres en 1999.  La stratégie de sortie est encourageante, a-t-il dit ensuite, indiquant que les statistiques démontrent que le Gouvernement timorais a pris toute sa part dans la transition vers l’autosuffisance. 


Mme LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a noté un consensus sur la nécessité de consolider les acquis au Timor-Leste et d’y renforcer la sécurité avant le retrait de la Mission de l’ONU, malgré des divergences de vues sur la manière de répondre aux besoins du pays en matière de sécurité.  Elle a appuyé le maintien d’une force multinationale et a déclaré l’intention de son pays d’y maintenir ses troupes.  La représentante a poursuivi en soulignant qu’il ne peut y avoir de paix sans développement économique et justice sociale.  La paix durable n’est donc pas encore réalisée au Timor-Leste, a-t-elle fait remarquer.  Si nous voulons réaliser les huit objectifs de la Déclaration du Millénaire, il faut aider le Timor-Leste, a-t-elle dit en encourageant ce dernier à accroître sa synergie avec l’ANASE.  Elle a conclu en appelant le Conseil de sécurité à proroger le mandat de la MANUTO.


M. RADZI RAHMAN (Malaisie) a jugé encourageante l’évolution de la situation au Timor-Leste au cours de ces deux dernières années.  En revanche, il a mis en garde contre une réaction d’autosatisfaction hâtive alors que la situation reste fragile.  Le cadre législatif et réglementaire est encore à un stade embryonnaire, tandis que le secteur des finances publiques manque de compétences, a-t-il dit, avant de se pencher sur les faibles capacités en matière de défense et de sécurité.  Il a par conséquent estimé que les Nations Unies devraient rester présentes au-delà du 20 mai 2004 et a donc appuyé les propositions du Secrétaire général à cette fin. 


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a salué le succès enregistré par les Nations Unies au Timor-Leste avant d’adhérer aux informations et aux recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général.  Il a, dans ce contexte, espéré que l’Indonésie et le Timor-Leste parviendront à un accord dans leur intérêt à tous.  Le représentant a plaidé pour le maintien de la présence des Nations Unies en jugeant important que cette présence puisse faire face aux menaces qui pèsent encore sur le pays.  En concluant, le représentant a espéré que le Conseil répondra favorablement à la lettre envoyée par le Premier Ministre du Timor-Leste au Secrétaire général, au début de ce mois.


M. KIM SAM-HOON (République de Corée) s’est félicité des progrès accomplis par la MANUTO dans les domaines de la démocratisation et du développement économique et social au Timor-Leste, en premier lieu grâce à la détermination du Gouvernement et du peuple timorais.  Aujourd’hui, le Timor-Leste est à une étape charnière et est confronté à de nombreux défis pour devenir une nation autosuffisante, a poursuivi M. Kim, indiquant que son Gouvernement soutient la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de la MANUTO pour une année supplémentaire. 


M. JONE DRAUNIMASI (Fidji) a insisté sur le fait que le Timor-Leste n’a pas encore atteint le niveau voulu d’autosuffisance.  Il a donc appelé au maintien d’une présence de l’ONU dans le pays en jugeant justifiées les recommandations du Secrétaire général.  Il s’est dit fier de la réussite des Nations Unies dans cette région en les encourageant à consolider leurs efforts.


M. JOAO AUGUSTO DE MEDICIS, Secrétaire exécutif de la Communauté des pays lusophones, a rappelé que son Organisation, créée en 1996, a milité sans relâche pour l’indépendance du Timor-Leste, efforts qui ont abouti le 20 mai 2002.  Estimant que deux ans après, et en dépit de l’appui de la MANUTO, les acquis ne sont pas encore très solides, M. de Médicis a appuyé les recommandations de Kofi Annan concernant la réduction des effectifs de la MANUTO.  Des efforts doivent encore être déployés en matière d’administration publique, de justice et de police et de sécurité publique.  La présence d’une unité militaire sur le terrain aurait un effet dissuasif sur les groupes tentés de déstabiliser le Timor-Leste, a poursuivi ensuite le Secrétaire exécutif de la Communauté des pays lusophones, invitant la communauté internationale à ne pas abandonner trop tôt ses efforts dans ce pays.


Commentant les observations des délégations, le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. HEDI ANNABI, a adhéré aux propos du Royaume-Uni selon lesquels l’assistance bilatérale proposée à la police du Timor-Leste doit être coordonnée avec l’assistance multilatérale.  Il a donc demandé des informations sur le calendrier concernant le déploiement de cette assistance en prévenant toutefois du fait que les ajustements seront faits non seulement à partir de l’assistance mais plutôt sur celle qui sera effectivement disponible sur le terrain, au mois d’avril, avant que le Conseil ne prenne une décision sur le mandat de la MANUTO.


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