CS/2542

LES PARTENAIRES DE LA COALITION PRESENTENT DEVANT LE CONSEIL LA SITUATION EN IRAQ ET APPELLENT AU SOUTIEN DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

21/08/03
Communiqué de presse
CS/2542


Conseil de sécurité                                         CS/2542

4812e séance – matin                                        21 août 2003


LES PARTENAIRES DE LA COALITION PRESENTENT DEVANT LE CONSEIL LA SITUATION EN IRAQ ET APPELLENT AU SOUTIEN DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE


Des délégations demandent un rôle accru de l’ONU en Iraq

pour permettre au pays de retrouver rapidement sa souveraineté


Réuni sous la présidence de M. Fayssal Mekdad (République arabe syrienne), le Conseil de sécurité a entendu ce matin la présentation périodique des partenaires de la Coalition faite par les représentants des Etats-Unis et du Royaume-Uni sur la situation en Iraq, conformément aux termes de la résolution 1483 (2003). 


Au cours de cette réunion qui se tenait deux jours après l’attentat perpétré contre le siège de l’ONU à Bagdad et qui répondait à une demande du Conseil encourageant les Etats-Unis et le Royaume-Uni, aux termes de sa résolution 1483, à l’informer à intervalles réguliers des efforts qu’ils déploient en Iraq, le Représentant permanent des Etats-Unis, John Negroponte, a déclaré que cette résolution avait créé un cadre au sein duquel les Iraquiens, soutenus par la communauté internationale, pouvaient participer au relèvement de leur pays.  Une des mesures concrètes prises dans ce cadre, a estimé le représentant, a été la formation le 13 juillet dernier du Conseil de gouvernement iraquien qui doit désormais rédiger une nouvelle constitution pour le pays et tenir des élections.  Toutefois, a dit le représentant regrettant que l’attaque contre les locaux de l’ONU se soit produite à un moment critique où l’impact positif des efforts internationaux commençait à se faire sentir, les Iraquiens et les membres de la Coalition ont besoin de la communauté internationale pour rétablir la sécurité en Iraq.  Le Conseil doit rester uni et revitaliser la lutte contre le terrorisme tout en renforçant et consolidant son soutien à la stabilité de l’Iraq, a déclaré M. Negroponte. 


Le Royaume-Uni, a indiqué son représentant, Sir Emyr Jones Parry, pense pour sa part qu’il est juste de renforcer la contribution internationale à la reconstruction de l’Iraq.  Les membres de la communauté internationale doivent réévaluer la manière dont ils assistent l’Iraq et son peuple.  Nous devons, a-t-il souligné, répondre à la question de savoir ce que le Conseil doit faire pour soutenir les pays qui veulent venir au secours de l’Iraq.  Intervenant à son tour, le représentant de la France, Michel Duclos, a déclaré que l’objectif de son pays, pour l’Iraq et les Iraquiens, reste plus que jamais d’assurer une transition politique rapide conduisant à la fin de l’occupation du pays et permettant aux Iraquiens de recouvrer leur souveraineté dans le cadre d’un régime respectueux des droits et libertés fondamentales de chacun.  L’insécurité étant le problème fondamental en Iraq, la responsabilité d’y restaurer la sécurité incombe en premier lieu aux puissances occupantes, conformément au droit international dont les principes ont été rappelés par des résolutions adoptées par le Conseil, a dit le représentant. 


La réponse au défi du terrorisme et de la violence ne peut pas être seulement sécuritaire: c’est pourquoi, il faut redonner aux Iraquiens leur responsabilité et leur souveraineté dans le cadre d’un calendrier accéléré et d’une séquence clairement définie, a ensuite déclaré M. Duclos, tout en exprimant le soutien de la France aux propositions faites sur cette question par le Secrétaire général et Sergio Vieira de Mello dans le rapport présenté au Conseil le 22 juillet dernier.  Après avoir relevé que le Conseil n’avait toujours aucune information sur les armes de destruction massive que le régime de Saddam Hussein aurait détenues, le représentant a estimé que le Conseil devrait réexaminer le mandat de la Commission de contrôle, de vérification et de surveillance des Nations Unies (CCVINU) et lui faire jouer un rôle central dans la vérification et la certification du désarmement effectif de l’Iraq.


De nombreuses délégations, dont celles de l’Allemagne, du Pakistan, du Chili et du Mexique, ont soutenu un retour rapide de l’Iraq à sa souveraineté internationale dans le cadre d’un processus politique inclusif et respectueux des droits de l’homme, et basé sur un calendrier clairement défini.  S’exprimant sur ce point, le Représentant permanent de la Fédération de Russie, Sergey Lavrov, a dit que son pays était ouvert à des négociations qui assureraient un rôle accru de la communauté internationale en Iraq à travers un mandat renforcé établi par le Conseil de sécurité.


LA SITUATION ENTRE L’IRAQ ET LE KOWEIT


Déclarations


M. JOHN NEGROPONTE (Etats-Unis) a rappelé que son pays s’était engagé à informer le Conseil de sécurité chaque mois sur les progrès réalisés en Iraq conformément à la résolution 1483.  Mais aujourd’hui, nos sourires se sont effacés devant l’attaque de mardi dernier au cours de laquelle Sergio Vieira de Mello et d’autres membres du personnel international ont perdu la vie.  Cela fait à peine trois mois que la résolution 1483 a été adoptée et Sergio Vieira de Mello avait déjà commencé à tracer la voie vers la reconstruction de l’Iraq.  Les employés de l’ONU étaient des hommes et des femmes de tous milieux qui venaient à la rescousse du peuple iraquien.  J’exprime, au nom des Etats-Unis et du peuple américain, toutes nos condoléances aux familles des victimes.


Nous ne connaissons pas l’identité des auteurs de cette attaque, mais nous connaissons leurs objectifs: rétablir le parti Baath et terrifier ceux qui aspirent à un Iraq libre et démocratique et créer un nouveau champ de bataille.  Le peuple iraquien, la Coalition, l’ONU et les autres membres de la communauté internationale ont beaucoup travaillé ces derniers mois pour édifier un nouvel Iraq.  Cependant, comme l’a montré l’attentat de mardi, trente ans de tyrannie ont laissé des traces et meurtri l’appareil politique iraquien.  L’Iraq est peu capable de relever les défis du XXIème siècle.  Elle doit rétablir ses services de base, les améliorer et les étendre; la voix du peuple iraquien doit pouvoir s’exprimer librement et la primauté du droit incarné dans une nouvelle Constitution doit supplanter la terreur.  L’armée et la police doivent devenir des institutions nationales capables d’assurer la sécurité et l’ordre public.  La résolution 1483 a créé un tel cadre qui s’est traduit concrètement le 13 juillet par la formation du Conseil de gouvernement qui doit désormais rédiger une nouvelle constitution et tenir des élections.


Pour la première fois, les revenus du pétrole sont dépensés pour le peuple iraquien.  Les autres éléments de progrès portent sur la collaboration entre les institutions de l’ONU.  La Coalition achète du blé et de l’orge auprès des paysans.  Nous tentons de mettre en place une banque commerciale et de rétablir le système bancaire.  Nous avons mis en place un programme aidant les Iraquiens à renforcer leurs capacités et à lutter contre les saboteurs.  Une réunion des donateurs aura lieu en octobre prochain et nous sommes en train de prendre des mesures pour traiter des questions de sécurité afin de protéger les bâtiments publics et autres biens.  Nous avons pris des mesures pour garantir un environnement sûr.  Plusieurs dizaines de milliers de policiers iraquiens sont retournés à leurs fonctions, soit 38 000 officiers de police, dont 6 000 à Bagdad.  Notre but est de déployer 65 000 policiers iraquiens sur l’ensemble du territoire.  Certains pays, comme le Canada, le Danemark, Singapour et la République de Corée y ont déjà contribué en fournissant des équipements et en dépêchant des formateurs.  Cependant, nous aurons besoin du concours d’autres pays pour mettre en place une force de police viable, ce qui constitue une tache fondamentale.  La démilitarisation des structures internes de police de Saddam Hussein est aussi indispensable.  Nous avons aussi commencé à former la nouvelle armée iraquienne. 


Les Iraquiens et les membres de la Coalition ont besoin de la communauté internationale pour rétablir la sécurité en Iraq.  Plus de trente pays l’ont déjà fait et nous poursuivons nos efforts pour obtenir des contributions d’autres pays.  L’attaque de mardi s’est produite à un moment critique où l’impact des efforts commençait à se faire sentir.  Face aux tentatives de saboter l’avenir de l’Iraq, une seule réponse est possible: les membres du Conseil doivent rester unis et revitaliser la lutte contre le terrorisme, consolider et renforcer notre soutien à la stabilité et la sécurité en Iraq pour permettre un environnement dans le cadre duquel le peuple iraquien sera maître de son propre avenir.  Nous pouvons honorer la mémoire de ceux qui ont péri mardi en restant engagés à construire un Iraq meilleur.


M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a déclaré que sa délégation partage la tristesse causée par la mort de Sergio Vieira de Mello et de nombre de ses collaborateurs.  Des progrès ont été accomplis en Iraq par la Coalition et par l’ONU et nous ne pouvons permettre à une petite minorité violente de prendre ce pays en otage.  Des difficultés existent toujours quand un pays passe d’une situation de conflit à un état de paix et de reconstruction.  L’ONU dispose d’une riche expérience en matière de relèvement après conflit et d’organisation d’élections.  Mais il faut auparavant enraciner les principes démocratiques dans l’esprit de la population, et le défi en Iraq reste à cet égard important.  La communauté internationale a sous estimé les dégâts causés au psychisme de la population par 30 ans de dictature.


Le système de distribution alimentaire a été restauré, mais nous devons aller au-delà du programme «pétrole contre nourriture».  Sur le plan de la santé, des campagnes de vaccination contre la variole, et la rougeole sont actuellement conduites et l’épidémie de choléra a été endiguée.  Concernant l’éducation, la distribution de manuels scolaires a été accomplie et nous comptons réviser le contenu de l’enseignement prodigué.  La distribution en eau commence à bien se dérouler malgré les derniers sabotages.  Sur le plan politique, le Conseil de gouvernement a lancé un processus de consultation sur la future constitution, et les agglomérations iraquiennes sont maintenant dotées d’une structure locale de gouvernement.  Nous sommes attachés à la promotion des droits de l’homme et en ce moment nous mettons en œuvre un cadre de formation et d’éducation en la matière.  Nous travaillons à la mise sur pied d’une vraie société civile en Iraq qui sera sensible au respect de la démocratie et des droits humains. 


Concernant l’ordre et la loi, des mesures sont en cours de mise en œuvre pour créer un système juridique national capable de travailler sur ces questions.  Pendant trop longtemps Saddam Hussein a traumatisé son peuple et aujourd’hui nous nous efforçons de redresser cette situation.  Il est du devoir de la communauté internationale de soutenir le redressement de l’Iraq en vue de faire revenir ce pays dans la famille des nations.  Le Royaume-Uni pense qu’il est juste de renforcer la contribution internationale à la reconstruction de l’Iraq.  Les membres de la communauté internationale doivent réévaluer la manière dont ils assistent l’Iraq et son peuple.  Nous devons répondre à la question de savoir ce que le Conseil doit faire pour soutenir les pays qui veulent venir au secours de l’Iraq.  Nous espérons que le Conseil pourra débattre fructueusement de ces questions au cours des jours qui viennent.


M. MICHEL DUCLOS (France) a insisté sur le fait que malgré l’attaque de mardi dernier, l’objectif de la France pour les Iraquiens et pour l’Iraq n’a pas changé, à savoir assurer une transition politique rapide conduisant à la fin de l’occupation du pays et permettant aux Iraquiens de recouvrer leur souveraineté dans le cadre d’un régime respectueux des droits et libertés fondamentales de chacun.  La condition préalable à la reconstruction économique de l’Iraq est le retour de la sécurité et de l’ordre public, une tâche qui revient aux puissances occupantes en attendant la pleine restauration de la souveraineté iraquienne. Ce qui s’est passé montre malheureusement que l’insécurité reste le problème prioritaire en Iraq et que la façon d’y répondre doit être profondément revue.  L’Iraq est malheureusement devenu un théâtre d’opérations pour les terroristes.  Il existe plusieurs niveaux de réponse.


Nous allons devoir dans un premier temps réfléchir collectivement au problème de sécurité des missions des Nations Unies dans le monde.  Les Nations Unies en Iraq comme ailleurs dans le monde ne peuvent pas accomplir le mandat que leur a confié le Conseil de sécurité sans que les conditions soient réunies, en particulier sur le plan de la sécurité.  Le représentant a posé plusieurs questions aux délégations américaines et britanniques sur le dispositif existant.  Quelles sont les mesures concrètes de protection sur place et quelles mesures de renforcement sont prévues au plan quantitatif et qualitatif?  Comment assurer la protection du personnel humanitaire en assurant leur indépendance?  La réponse au défi de la violence ne peut pas être simplement militaire mais également politique.  Pour sortir du piège tenu par les terroristes, qui est celui du chaos, il faut redonner aux Iraquiens leur souveraineté dans le cadre d’un calendrier accéléré et d’une séquence clairement définie.  Sergio Vieira de Mello était venu au Conseil le dire lui-même: «Il est urgent que soit défini précisément la séquence des évènements qui déboucheront sur la fin de l’occupation militaire».  La France est convaincue que la transition politique aura d’autant plus de chance de réussir qu’elle sera pilotée par les Iraquiens eux-mêmes avec l’assistance de la communauté internationale.


La stabilisation de l’Iraq dépend de la capacité à traiter rapidement des crimes et violations des droits de l’homme par le régime de Saddam Hussein et de mettre en place un mécanisme de réconciliation nationale et de promotion du respect des droits de l’homme, a fait remarquer M. Duclos.  Evoquant la question de la prolifération des armes de destruction massive qui est liée à celle de la sécurité, il a rappelé que nous ne disposons toujours pas d’éléments sur ce type d’armes que le régime de Saddam Hussein aurait détenu.  Si celles-ci existaient, on ne peut que s’inquiéter compte tenu du contexte terroriste et du fait que ces armes sont introuvables.  Sur ce sujet, il nous semble indispensable de revoir le mandat de l’UNMOVIC dans un délai raisonnable.  La France reste convaincue que l’UNMOVIC doit jouer un rôle central dans la vérification et la certification du désarmement effectif de l’Iraq.


La mobilisation concertée de la communauté internationale constitue également une deuxième condition fondamentale d’une reconstruction économique et politique réussie.  Ceci n’est possible que si les autorités de la coalition reconnaissent qu’elles ne peuvent réussir seules et qu’elles jouent le jeu de la parfaite transparence.  Partager le fardeau et les responsabilités signifie également partager les informations et l’autorité.  La communauté internationale et les Nations Unies en particulier ne peuvent jouer un rôle central efficace que si le processus de reconstruction entamé par les autorités et la coalition est transparent sur tous les plans, en particulier économique, politique et financier.  Il doit également y avoir une claire répartition des rôles et des responsabilités ainsi que l’établissement d’un échéancier pour la reconstruction économique. 

Nous sommes en faveur de la Conférence des donateurs prévue en octobre prochain pour autant que la communauté internationale soit pleinement informée de l’utilisation faite par la Coalition et l’autorité provisoire de l’utilisation faite des ressources financières et pétrolières iraquiennes.  Or à ce jour, il manque toujours l’instrument clef prévu par la résolution 1483 pour assurer le contrôle international permanent sur l’utilisation des ressources iraquienne, à savoir le conseil international consultatif et de contrôle des fonds de développement pour l’Iraq.  Cet instrument doit être établi sans tarder avec toute l’autorité que lui confèrent les paragraphes 13 et 14 de la résolution 1483.


Une question terrible se pose à nous aujourd’hui: en serions-nous là si, dès le départ, un vrai partenariat international et une approche globale des problèmes de sécurité, politiques, économiques et sociaux sous l’égide des Nations Unies avait été mis en place?  Aujourd’hui, tout doit être fait pour éviter une instabilité prolongée et le développement du terrorisme en Iraq, ce qui suppose de réviser profondément la stratégie suivie jusqu’à présent.


M. WOLFGANG TRAUTWEIN (Allemagne) a exprimé les condoléances de sa délégation aux Nations Unies et aux familles de Sergio Vieira de Mello et de tous les membres du personnel de l’ONU qui ont perdu la vie en Iraq.  Le rétablissement de la sécurité dans l’ensemble de l’Iraq, responsabilité des forces de la coalition, doit devenir effectif.  L’Allemagne va continuer de fournir une aide humanitaire à l’Iraq et considérer une aide de reconstruction civile.  L’Iraq doit retrouver sa pleine souveraineté et cet objectif devrait être rapidement respecté.  Le Conseil de gouvernement actuel n’est qu’une étape.  Le peuple iraquien doit devenir maître de son propre destin, et nous soutenons l’établissement d’un calendrier visant la fin de l’occupation militaire étrangère de l’Iraq.  Le rôle de l’ONU devrait être renforcé, car ce serait la seule manière de légitimer la présence de la communauté internationale en Iraq.


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a offert les condoléances de son Gouvernement et du peuple bulgare aux familles des disparus.  Sergio Vieira de Mello était un fonctionnaire international hors du commun.  Alors que les équipes de sauvetage continuent de fouiller sous les décombres, le meilleur moyen d’honorer sa mémoire et celle de ses collaborateurs est de poursuivre le travail qu’il avait entamé en Iraq et d’ériger une nation libre et démocratique.  Nous devons lutter contre le fléau du terrorisme plus rigoureusement et de manière unie.  Le représentant s’est par ailleurs dit impressionné par l’ampleur du travail accompli en Iraq par les Etats-Unis et le Royaume-Uni en matière de reconstruction.  La Bulgarie est elle aussi fortement impliquée en Iraq, a t-il rappelé, et nous sommes prêts à contribuer à la Mission des Nations Unies.  Il est vital que la communauté internationale retrouve son unité à travers les Nations Unies et aide le peuple iraquien à reprendre en mains son destin.  L’ONU a l’expertise et l’expérience requise pour accomplir un travail remarquable en Iraq, comme le prouve ce qui avait été réalisé à ce jour par Sergio Vieira de Mello.  La création du Conseil de gouvernement provisoire est un pas important sur la voie vers un gouvernement iraquien qui sera reconnu au niveau international.  Nous souhaitons que par ce processus, l’Iraq retrouve sa pleine souveraineté.  Nous continuerons à contribuer au travail des Nations Unies en Iraq.  Il nous faut toutefois réfléchir aux moyens d’accroître la sécurité du personnel de l’Organisation mais l’attaque terroriste ne doit pas nous dissuader de poursuivre sur la voie que Sergio Viera de Mello avait tracée.  La résolution 1500 établit la Mission des Nations Unies est une bonne base de travail et le mandat de la mission doit être pleinement mis en œuvre.  Seul un Conseil uni permettra à l’Iraq de recouvrer pleinement sa souveraineté.


M. ZHAN YISHAN (Chine), après avoir rendu hommage au travail inlassable de Sergio Vieira de Mello, a déclaré que les récents attentats contre le Ssiège de l’ONU à Bagdad et l’ aAmbassade de Jordanie montrent que la question de la sécurité demeure le principal problème en Iraq.  Comme l’a indiqué le Secrétaire général dans son rapport du 17 juillet, a-t-il ajouté, c’est bien la Coalition, et non les Nations Unies, qui est responsable du bien-être du peuple iraquien et de la restauration de conditions de sécurité et de stabilité.  Il a émis l’espoir que les parties concernées, par leurs efforts vigoureux, seront en mesure de rétablir la stabilité en Iraq et de garantir la sécurité du personnel des Nations Unies. dans les plus brefs délais.  Il a, par ailleurs, salué les mesures adoptées par le Conseil de gouvernement iraquien pour rétablir sa souveraineté, comme la nomination de hauts responsables administratifs ou la préparation d’une nouvelle constitution.  Le représentant s’est dit convaincu que la reconstruction de l’Iraq ne pourra réussir qu’avec la participation et la coopération de la communauté internationale dans son ensemble, et a invité les Nations Unies à jouer un rôle actif dans ce domaine.  L’attaque perpétrée contre le siège des Nations Unies à Bagdad n’entamera en rien les ambitions des Nations Unies, a-t-il souligné, en formant le vœu que la résolution 1500 adoptée récemment par le Conseil de sécurité marquera le point de départ d’un rôle déterminant des Nations Unies en Iraq.

M. HERALDO MUNOZ (Chili) a déclaré que le Conseil doit marquer sa volonté de traduire en justice les auteurs de l’attentat perpétré contre l’ONU à Bagdad.  Le terrorisme est aujourd’hui la plus grande menace à laquelle est confrontée la communauté internationale qui doit y répondre en faisant front commun.  Nous ne pouvons pas nous laisser détourner de notre objectif, qui est le retour de l’Iraq à la stabilité et à la souveraineté.  Le Chili pense que la sécurité du personnel de l’ONU doit être renforcée.  Le Conseil doit, en concertation avec le Secrétariat et les forces de la Coalition, prendre des mesures efficaces à cet effet.  La mise en œuvre du mandat assigné à l’ONU en Iraq doit être soutenue.  Nous pourrions tirer les leçons apprises au Kosovo et en Afghanistan et les appliquer à l’Iraq.  A cet égard, notre pays soutient l’idée d’élaborer un calendrier politique pour le retour de l’Iraq à la souveraineté, comme l’a proposé le Secrétaire général.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a regretté que cette réunion coïncide avec l’une des tragédies les plus graves ayant touché les Nations Unies.  A Bagdad, les Nations Unies, dont la présence était placée dans le cadre d’un mandat confié par le Conseil de sécurité, ont été une victime innocente.  Nous transmettons toute notre sympathie aux familles endeuillées et aux Nations Unies.  Le Pakistan se félicite de la déclaration du Secrétaire général selon laquelle les Nations Unies resteront en Iraq et s’acquitteront du mandat qui leur avait été confié.  Nous sommes impressionnés par l’héroïsme du personnel international à la suite de l’attaque.  Nous devons honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie car ils sont la preuve vivante de l’esprit de sacrifice que constituent les principes sur lesquels sont bâties les Nations Unies.  Il est évident qu’il faut améliorer la sécurité des Nations Unies, ce qui est prévu dans la résolution 1483 et dont la mise en œuvre revient aux autorités occupantes du pays.  Nous devons donc étudier les mesures que nous devons et pouvons prendre pour faire bénéficier les Nations Unies de meilleures conditions de sécurité avec l’approbation et le concours de la population iraquienne. 


De toute évidence, le terrorisme a frappé l’Iraq et il faut le combattre.  C’est pourquoi, il est essentiel de gagner le cœur et l’esprit de la population iraquienne; la communauté internationale devra pour sa part prendre une série de mesures.  Nous souhaitons que les autorités de la coalition poursuivent son aide humanitaire en collaboration avec les Nations Unies.  Pour répondre aux ambitions du peuple iraquien, il faudra étendre le rôle des Nations Unies en Iraq pour, entre autres, renforcer la légitimité des efforts entrepris par la communauté internationale visant à rétablir la paix et la sécurité dans le pays.  En outre, il faudra mettre en place un processus politique inclusif qui repose sur les forces locales.  Tous les efforts internationaux en Iraq doivent être menés dans le cadre des principes internationaux, à savoir le respect de la souveraineté de l’Iraq et le droit de la population iraquienne à décider de son avenir, de contrôler ses propres ressources et de respecter ses traditions religieuses.


M. SERGEIY LAVROV (Fédération de Russie) a indiqué que le Président et le Ministre des affaires étrangères de la Russie avaient transmis leurs condoléances au Secrétaire général après l’attentat de Bagdad.  La Russie condamne fermement tous les actes de terrorisme.  Elle estime qu’il faudrait assurer à la communauté internationale un rôle plus large et plus important en Iraq.  Ce rôle devrait être confié à l’ONU, et les exposés faits par les Etats-Unis et le Royaume-Uni ce matin nous confortent dans cette conviction.  Le retour à la sécurité est primordial, car sans sécurité rien ne pourra être accompli en Iraq.  Notre pays soutient la mise sur pied d’un calendrier précis et contraignant pour le retour de l’Iraq à sa souveraineté.  Nous avons cru comprendre que le Royaume-Uni était ouvert à des discussions sur l’avenir politique de l’Iraq et sur le renforcement de ses structures juridiques et sécuritaires.  La Russie est prête à prendre part à ces discussions et à parler des points évoqués par la France.  Nous souhaiterions qu’elles se tiennent le plus tôt possible et nous souhaiterions entendre à cet égard des recommandations du Secrétaire général.


M. IYA TIDJANI (Cameroun) a rendu un hommage marqué à Sergio Vieira de Mello avant de condamner cet acte «criminel barbare» contre «les martyrs de la paix».  Il est indispensable de réfléchir aux moyens d’apporter une contribution à l’épineuse question de la sécurité et il est temps d’accélérer cette réflexion.  Il apparaissait nécessaire déjà il y a un mois d’ajouter une composante militaire à la présence internationale en Iraq.  Qu’il s’agisse du peuple afghan ou du peuple congolais ou iraquien, seule la volonté du peuple fait foi.  Le représentant a également insisté sur la nécessité de mener des élections rapidement et de permettre aux Iraquiens de se réapproprier la gestion politique, économique et sociale de leur pays.  Il s’agit d’un défi que nous devons relever ensemble pour honorer la mémoire de Sergio Vieira de Mello et des victimes de l’attentat.


M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) a condamné l’attentat perpétré contre l’ONU à Bagdad et a transmis aux Nations Unies et au Conseil les condoléances de son Gouvernement.  Les exposés présentés ce matin ont mis en relief l’ampleur du défi à relever en Iraq.  Le Conseil doit faire barrage à la stratégie manichéenne des terroristes.  Nous ne pensons pas que cet attentat se soit produit par hasard, juste après l’adoption par le Conseil de sa résolution 1500 (2003).  La situation en Iraq commençait à s’améliorer sur les plans humanitaire, institutionnel et politique.  La Guinée salue les efforts déployés par la Coalition en Iraq.  L’établissement du Conseil de gouvernement de l’Iraq, que la Guinée soutient, est le signe de l’évolution positive qui était en cours en Iraq.  Nous devons conférer un mandat élargi et renforcé à l’ONU pour qu’elle puisse maintenir le cap en Iraq.  L’amélioration de la sécurité est nécessaire pour permettre à l’ONU de mieux travailler en Iraq.  Nous devons aider le peuple iraquien meurtri à participer à la reconstruction de son pays.


M. INOCENCIO ARIAS (Espagne) a dit que l’ONU a subi une attaque odieuse.  L’Espagne présente ses condoléances aux familles touchées.  La tâche à accomplir en Iraq reste immense.  Sur le plan de la sécurité, il faut empêcher les terroristes de semer le chaos comme ils le souhaitent.  Nous devons trouver des mécanismes pour protéger les personnels de l’ONU et les travailleurs humanitaires tout en respectant leur indépendance.  Sur le plan politique, nous devons assurer le retour harmonieux de l’Iraq à la souveraineté.  L’Espagne lance un appel aux Etats Membres pour que la conférence des donateurs prévue à Madrid soit un succès.  L’Espagne est présente en Iraq, où elle conduit un contingent de troupes comprenant des personnels de pays hispaniques.  L’attentat de mardi ne doit pas mettre fin à notre volonté de faire jouer un rôle vital à l’ONU.


M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique) a indiqué que l’attaque commise contre le siège des Nations Unies à Bagdad était également une attaque contre le Mexique.  Nous ne pouvons pas nous laisser intimider par le terrorisme.  Un tel attentat est un crime de guerre, un crime contre l’humanité qui doit être sanctionné en tant que tel.  Il faut faire en sorte que les responsables soient traduits en justice et renforcer les instruments de protection du personnel humanitaire.  Nous déplorons la disparition de Sergio Vieira de Mello qui, en deux mois, grâce à son talent et à sa disponibilité, a laissé une trace indélébile.  Sa présence et son dynamisme ont constitué une source d’inspiration en Iraq pour le personnel international.  Il a joué son rôle avec courage.  Il a dialogué avec tous les acteurs de la société iraquienne et a sillonné l’ensemble du pays.  Il avait dit peu avant sa disparition que les forces de la coalition doivent accorder plus de confiance au peuple iraquien en établissant un calendrier de retrait des troupes de la coalition.  Les victimes les plus directes de cet acte sont les Iraquiens.  Seules les Nations Unies ont un mandat légitime et disposent d’un mandat moral.  L’ONU doit poursuivre son action en Iraq, mais également l’étendre et fournir un soutien plus actif au peuple iraquien.  Dans les circonstances actuelles, les autorités des forces d’occupation sont responsables de la sécurité sur le territoire iraquien alors que l’ONU mène une action humanitaire.  Peut-être faut-il aussi reformuler les conditions de la présence des Nations Unies sur le terrain.  Le principe directeur de l’action internationale en Iraq doit être notre organisation et notre présence.


M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a déclaré que sa délégation aimerait avoir des réponses à certaines questions relatives notamment aux conditions de sécurité qui prévalent en Iraq.  Quelles sont d’autre part les mesures qui devraient être prises pour gagner le cœur des Iraquiens, et a-t-on des preuves que le terrorisme international a trouvé refuge dans leur pays?  Il est impérieux qu’avant de quitter l’Iraq, la Coalition s’assure que le pays est capable d’autonomie et qu’il est sûr dans ses frontières.  Il est indispensable, à notre avis que l’ONU, la Coalition et le Conseil de gouvernement collaborent plus étroitement en Iraq en vue d’améliorer les conditions de vie et de sécurité dans le pays.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a indiqué que son pays était en deuil à la suite de l’attaque contre les Nations Unies à Bagdad, une attaque que son Gouvernement a dénoncée.  Nous avons également insisté sur la nécessité de maintenir et de renforcer la présence des Nations Unies à Bagdad.  Les souffrances de la population iraquienne préoccupe la communauté internationale et nous avons pris des initiatives importantes visant à alléger leurs souffrances.  Les activités, menées par les Etats arabes en plus de leurs contributions aux programmes d’assistance des Nations Unies, bénéficient à la population iraquienne.  La réunion du Caire a permis d’examiner la situation dans cette région du monde sous tous ses aspects.  Il a été convenu d’établir un comité afin de suivre l’évolution de la situation en Iraq.  Il a également été dit que l’occupation de l’Iraq doit cesser selon un calendrier précis.


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