CS/2516

LE REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL AU KOSOVO DRESSE LE BILAN DE SON ACTION APRES UNE ANNEE ET DEMIE A LA TETE DE LA MINUK

03/07/03
Communiqué de presse
CS/2516


Conseil de sécurité

4782e séance – matin


LE REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL AU KOSOVO DRESSE LE BILAN DE SON ACTION APRES UNE ANNEE ET DEMIE A LA TETE DE LA MINUK


L’attachement au principe des « normes avant le statut », prôné par Michael Steiner, Représentant spécial du Secrétaire général au Kosovo, a été réaffirmé ce matin par les membres du Conseil de sécurité qui se sont également prononcés pour la poursuite du transfert graduel des compétences aux institutions provisoires.  Les membres du Conseil ont rendu hommage au travail accompli pendant un an et demi par M. Steiner qui, quittant la tête de la Mission d’administration intérimaire de l’ONU au Kosovo (MINUIK), a rappelé qu’à son arrivée à Pristina il n’y avait pas de Gouvernement au Kosovo malgré la tenue d’élections générales, que des troubles se produisaient régulièrement au nord de Mitrovica, et que le dialogue entre Belgrade et Pristina n’était pas établi.  Reconnaissant que le dialogue s’est progressivement installé entre Pristina et Belgrade au cours de l’année écoulée, certaines délégations ont estimé, à l’instar de l’Espagne, que ces échanges devaient s’intensifier et aborder toutes les questions en suspens dans la mise en œuvre de la résolution 1244, notamment grâce à l’ouverture de l’antenne de la MINUK à Belgrade, le 1er juillet 2003.


Les représentants de la minorité serbe participent aux travaux de l’Assemblée du Kosovo et 15% de la police civile est composée de minorités, a poursuivi le Représentant spécial en dressant le bilan de son action, avant de souligner les efforts déployés par la MINUK dans la mise en place d’une police efficace –qui compte actuellement 5 407 hommes- et d’un système judiciaire impartial pour lutter contre la criminalité et la corruption.  M. Steiner a indiqué ensuite que la principale préoccupation des Kosovars réside aujourd’hui dans le chômage qui frappe 57% de la population, une situation que les efforts déployés en matière de relance économique par la MINUK ne sont pas encore parvenus à inverser.  Pour autant, a-t-il poursuivi, et alors que l’euro sert de plus en plus de monnaie de référence, plus d’un milliard de marks allemands ont été déposés dans les banques ces derniers mois par les Kosovars, ce qui démontre leur confiance retrouvée dans les institutions financières.  M. Steiner a estimé que le défi à relever désormais réside dans la mobilisation d’investissements étrangers pour soutenir la croissance économique.


Bâtir une société multiethnique et véritablement démocratique exigera des efforts supplémentaires de la part des autorités du Kosovo, a estimé pour sa part le représentant de l’Angola, réagissant ainsi aux propos du Représentant spécial qui indiquait plutôt que 7 000 déplacés avaient regagné leurs foyers, dont plus de 1 100 depuis le mois de mars 2003.  A son tour, le représentant de la Fédération de Russie a jugé que beaucoup restait à faire pour assurer une réelle représentativité des minorités dans les institutions provisoires et lutter contre la criminalité qui touche la minorité serbe


notamment.  L’appui au retour des populations non albanaises a pu être obtenu grâce aux pressions exercées par la communauté internationale sur les autorités locales, a-t-il rappelé, déplorant que les autorités albanaises aient freiné ces retours en privilégiant la poursuite de la violence.  Le représentant de la Fédération de Russie s’est inquiété du rôle des médias albanophones du Kosovo qui ont tenté de déclencher une campagne antirusse pour contraindre Moscou à retirer son contingent du Kosovo. 


Les représentants des pays suivants se sont également exprimés au cours du débat : Bulgarie, Guinée, Allemagne, Chili, France, Mexique, Royaume-Uni, Etats-Unis, Chine, Pakistan, République arabe syrienne, Cameroun, Serbie et Monténégro, Japon, Italie (au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés), et Albanie. 


RESOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SECURITE


Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2003/675)


Ce rapport porte sur les activités menées par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et sur les faits nouveaux survenus au Kosovo (Serbie-et-Monténégro) depuis le 1er avril 2003.  Il couvre les questions de mise en place d’institutions démocratiques fonctionnelles, de consolidation de l’état de droit, de libre circulation des minorités, d’encouragement au retour durable et au respect des droits des minorités.  Le Secrétaire général aborde par ailleurs la poursuite du redressement du Kosovo, les droits de propriété, le dialogue avec Belgrade, les activités d’appui fournies par la Mission des Nations Unies, ainsi que la question du Corps de protection du Kosovo (CPK). 


Dans ses observations, le Secrétaire général souligne que, quatre ans après le début des activités de la MINUK, le Kosovo a sensiblement progressé vers une autonomie substantielle et une véritable auto--administration, bien que de grandes difficultés demeurent.  Pour les résoudre, le principe qui continue à diriger la phase actuelle des activités de la MINUK est celui qui consiste à atteindre les critères définis par mon Représentant spécial dans l’esprit du précepte « les normes avant le statut », ajoute-t-il.  Le transfert aux institutions provisoires des responsabilités décrites au chapitre 5 du Cadre constitutionnel est le moyen de progresser vers la réalisation de ces critères, tout en s’assurant que les institutions provisoires participent au processus de transition et assument pleinement la responsabilité des attributions administratives qui leur sont dévolues, estime Kofi Annan.


La coopération entre la MINUK et les institutions provisoires dans le cadre du Conseil de transition a dans l’ensemble été concrète et constructive, poursuit-il, regrettant toutefois que les représentants serbes kosovars, dans les institutions provisoires, n’aient jusqu’à présent pas voulu assister aux réunions de ce Conseil.  Le processus de transfert de compétences n’affecte pas les pouvoirs et les responsabilités réservées à mon Représentant spécial conformément au chapitre 8 du Cadre constitutionnel, ou placées sous l’autorité générale de la MINUK et de la KFOR en vertu de la résolution 1244 (1999), précise Kofi Annan.  L’Assemblée du Kosovo continue à l’occasion de manifester une tendance à sortir de son rôle institutionnel, celui d’un organe qui légifère, et à adopter des positions sur des questions symboliques, manifestement en dehors de ses compétences en vertu du Cadre constitutionnel, déplore-t-il ensuite. 


On constate des signes encourageants d’une plus grande volonté des dirigeants kosovars de se déclarer publiquement favorables au retour des populations minoritaires, constate Kofi Annan, tout en estimant qu’il reste beaucoup à faire pour s’assurer que cet engagement se traduit bien en mesures concrètes facilitant les retours, dans l’ensemble des institutions provisoires du Kosovo.  Cet appui devrait prendre la forme d’un financement effectif, prélevé dans le budget consolidé du Kosovo, pour des activités relatives aux retours, et les institutions provisoires doivent s’assurer que la législation et son application administrative tiennent pleinement compte des besoins de ceux qui souhaitent rentrer dans le territoire, et bien entendu de tous les habitants du Kosovo quelle que soit leur origine ethnique, ajoute-t-il.  Les retours et les réinsertions ne peuvent réussir, et ne seront viables à terme, que s’il y a une authentique volonté de la part de l’ethnie majoritaire et des ethnies minoritaires de travailler ensemble, observe le Secrétaire général.


Le rétablissement de la légalité demeure un problème essentiel pour la MINUK, qui met de plus en plus l’accent sur la lutte contre la criminalité organisée et les activités terroristes, poursuit le rapport.  Les dirigeants et la population du Kosovo doivent agir de façon décisive et concrète pour veiller à ce que des actes tels que le triple meurtre d’Obilic et l’explosion qui a endommagé le pont du chemin de fer de Zvecan ne se reproduisent pas.  Pour le Secrétaire général, la normalisation au Kosovo dépend aussi de la mise en place d’une base solide pour la croissance économique et le développement que la MINUK s’efforce de créer.


Par l’application de son mandat, la MINUK oriente le processus politique conformément aux dispositions de la résolution 1244 (1999), mais elle se heurte à des pressions politiques contradictoires et de plus en plus vives, regrette le Secrétaire général, jugeant que les appels unilatéraux émanant des Albanais du Kosovo, des Serbes du Kosovo, de Belgrade, en vue de l’adoption de démarches qui sont en fait mutuellement exclusives pour l’avenir du territoire, ne contribuent pas à la réconciliation et à la concertation interethniques.  D’un côté, les dirigeants albanais du Kosovo continuent à demander avec insistance une accélération de la marche vers l’indépendance, de l’autre, Belgrade continue à rechercher un « cogouvernement » avec la MINUK et, en aidant les structures parallèles, soutient le boycottage des politiques et des programmes de la MINUK, explique Kofi Annan.  Ces positions prises publiquement peuvent avoir un effet contraire sur la poursuite des progrès et compromettent les possibilités de dialogue et de réconciliation.  C’est pourquoi, le Secrétaire général se félicite des indications récentes montrant que des dirigeants, à Pristina et à Belgrade, sont prêts à commencer à dialoguer sur des questions pratiques.  La MINUK continuera à privilégier l’application de son mandat conformément au principe « les normes avant le statut » et à s’assurer que l’évolution, au Kosovo, reste bien conforme aux dispositions de la résolution 1244 (1999) et au Cadre constitutionnel, ainsi qu’à toutes les lois applicables.



Déclarations


M. MICHAEL STEINER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, présentant le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Kosovo, a fait le bilan de l’année et demie passée à la tête de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies dans la province.  A mon arrivée, a-t-il dit, il n’y avait pas de Gouvernement.  Malgré le succès des élections générales, des troubles se produisaient régulièrement au nord de Metrovica.  Belgrade et Pristina ne communiquaient pas.  Depuis, nous sommes parvenus à rétablir progressivement le dialogue entre les deux administrations, nous avons poursuivi la mise en place des institutions provisoires, et facilité le retour des réfugiés et des déplacés.  Le Gouvernement du Kosovo fonctionne et les représentants de la minorité serbe du Kosovo participent aux travaux de l’Assemblée, a souligné M. Steiner, tout en reconnaissant que l’Assemblée du Kosovo continue d’adopter des lois contraires au cadre constitutionnel.  Il a par ailleurs souligné les efforts déployés dans la mise en place d’une police efficace de 5 407 hommes et d’un système judiciaire chargé de lutter contre le crime organisé et la corruption. 


La principale préoccupation des Kosovars est le chômage qui frappe 57% de la population, a-t-il poursuivi, soulignant toutefois que des efforts considérables ont été déployés pour redresser l’économie.  L’euro sert de monnaie stabilisatrice, a précisé M. Steiner, indiquant ensuite qu’un milliard de marks allemands ont été déposés dans les banques ces derniers mois par les Kosovars, ce qui démontre la confiance retrouvée dans les institutions financières.  Reste maintenant à mobiliser les investissements étrangers pour soutenir la croissance économique, a-t-il dit.  S’agissant de la multiethnicité, le Représentant spécial a affirmé que 7000 déplacés avaient regagné leurs foyers, dont plus de 1100 depuis le mois de mars 2003.  Les minorités du Kosovo représentent 15% des forces de police de la province, a-t-il dit, avant de donner lecture d’un appel conjoint publié hier à Pristina, en serbe, en albanais et en anglais, pour exhorter les personnes réfugiées en Serbie-et-Monténégro et en ex-République yougoslave de Macédoine de regagner le Kosovo.


Evoquant ensuite l’intégration du Kosovo dans l’Union européenne, M. Steiner a rappelé que lors du Sommet de Thessalonique en Grèce, il s’était efforcé de conduire une mission multiethnique.  Malgré les discours enflammés ici et là, la poursuite du dialogue aura lieu, a-t-il assuré, faisant valoir que la difficulté du Kosovo réside dans le fait que son statut politique n’est pas encore réglé.  Pour autant, la MINUK est parvenue à aider le Kosovo à se faire reconnaître officiellement au Sommet de Thessalonique comme appartenant à l’espace européen, s’est félicité M. Steiner, faisant valoir que son successeur aurait à gérer une situation encore délicate mais pourrait compter sur une équipe dynamique et des bases solides. 


M. RAYKO S. RAYTCHEV (Bulgarie) a estimé que le rapport du Secrétaire général reflète véritablement le résultat des efforts de la communauté internationale.  La Bulgarie, a-t-il dit, appuie le processus de transfert des responsabilités aux institutions provisoires et au Gouvernement de la province.  Elle est confiante que les travaux du Conseil de transition permettront de mettre en œuvre la politique des normes avant le statut.  La mise en place d’un plan transparent et réalisable par toutes les parties est un élément-clé du succès du processus, a encore dit le représentant, avant d’ajouter que la mise en place d’institutions locales et régionales est également indispensable.  Sans une administration multiethnique et des institutions fonctionnelles, a poursuivi M. Raytchev, le processus de transfert risque d’être ralenti.  La Bulgarie, a-t-il confié, est préoccupée par les tensions qui empêchent la réconciliation et le retour des réfugiés.  Il a appelé la communauté internationale à indiquer catégoriquement à tous les habitants que de tels comportements étaient totalement inacceptables.  Le représentant a par ailleurs appuyé les efforts de la communauté internationale pour lutter contre le crime organisé et le trafic des êtres humains.  Il s’est aussi félicité que Belgrade se soit engagé en faveur d’un dialogue direct et concret qui devrait contribuer à trouver des solutions politiques acceptables.  Durant la période à venir, les efforts de la communauté internationale et des responsables locaux doivent viser des progrès tangibles dans la normalisation de la région sur la base des politiques des normes avant le statut, a conclu le représentant.


M. BOUBACAR DIALLO (Guinée) a salué les progrès réalisés dans le fonctionnement des institutions démocratiques, notamment dans le cadre du transfert par la MINUK des pouvoirs aux institutions provisoires, ainsi que la création du Conseil de transition et les travaux de l’Assemblée du Kosovo.  Il a encouragé le Conseil de l’Europe à poursuivre l’élaboration d’un plan de réforme de l’autonomie locale et a lancé un appel aux autorités kosovars pour que le plan de représentation proportionnelle des communautés soit mis en application.  Il a ensuite estimé que le renforcement des capacités en matière de sécurité et de justice devait se poursuivre et a salué à cet égard le renforcement des relations de travail entre le service de police de la MINUK et ses homologues serbes, ainsi que la coopération avec l’ex-République yougoslave de Macédoine et l’Albanie en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.  Face aux graves soupçons qui pèsent sur certains membres du Corps de protection du Kosovo, qui seraient impliqués dans des activités terroristes illégales et criminelles, M. Diallo a déclaré que sa délégation attendait avec intérêt les résultats des enquêtes en cours et a soutenu l’intégration des minorités dans ce Corps.


M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a estimé que le Kosovo a fait des progrès remarquables, en précisant que tout l’éventail des institutions requises pour une autonomie substantielle était en place.  Cependant, a-t-il convenu, un certain nombre de questions attendent toujours des solutions.  Ces problèmes viennent du manque de maturité politique, a-t-il estimé, affirmant que la clase politique locale continue d’ignorer les souhaits et l’intérêt des populations de la province.  Il est essentiel que les institutions répondent aux normes énoncées par le Représentant spécial.  Cette semaine, certains signes politiques favorables se sont manifestés comme l’appel des dirigeants non-serbes du Kosovo au retour des personnes déplacées.  Cet appel doit devenir le jalon pour le retour et l’intégration, a déclaré M. Pleuger. 


M. GENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie) a réaffirmé sa conviction que quatre années après l’adoption de la résolution 1244, un travail important a été accompli par la MINUK.  Cependant, toute une série de tâches importantes restaient à réaliser, notamment pour assurer une représentativité des minorités dans les institutions provisoires et lutter contre la criminalité.  L’appui au retour des populations non albanaises a pu être obtenu grâce aux pressions exercées par la communauté internationale sur les autorités locales, a souligné le représentant, déplorant que les autorités albanaises aient freiné ces retours en privilégiant la poursuite de la violence.  Il a déploré le rôle préjudiciable de certains journaux albanais du Kosovo qui tentent de provoquer une campagne contre la présence du contingent russe et a demandé qu’une commission spéciale soit créée pour traiter de la question de la portée des médias, sans pour autant recourir à la censure.  M. Gatilov a en outre réaffirmé l’attachement de la Fédération de Russie au principe des « normes avant le statut » et a invité la MINUK à empêcher les extrémistes de manipuler les institutions provisoires à leurs propres fins.


M. HERALDO MUNOZ (Chili) s’est félicité des progrès accomplis au Kosovo sur le plan institutionnel en particulier.  Le représentant s’est néanmoins inquiété des actes de violence qui s’y déroulent en jugeant qu’ils compromettaient l’application des principes définis dans la résolution 1244.  M. Munoz a souligné la nécessité de créer un environnement propice au retour des réfugiés en rejetant, dans le même cadre, l’idée de la politisation des recrutements des fonctionnaires.  Il s’est également prononcé pour l’application de mesures concrètes pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes.  En concluant, le représentant a jugé important d’encourager un dialogue direct entre Belgrade et Pristina.


Mme EMMANUELLE D’ACHON (France) a estimé que l’impulsion donnée à la MINUK par le Représentant spécial, Michael Steiner, notamment l’introduction de la notion de «normes avant le statut», a permis à la situation d’évoluer de manière décisive au Kosovo.  La garantie des droits des minorités et l’instauration d’un dialogue constant entre Pristina et Belgrade doivent faire l’objet d’une attention particulière, a dit Mme d’Achon, dans la mesure où il s’agit d’éléments fondamentaux pour favoriser le retour des réfugiés et des déplacés. 


M. CARLOS PUJALTE (Mexique) a appuyé le processus de transfert des responsabilités qui doit être mené de manière progressive et conforme à la capacité des institutions provisoires.  Ces institutions doivent fonctionner sur la base de la multiethnicité et de la tolérance pour faire du Kosovo une société fondée sur l’état de droit, ce qui implique une condamnation sans équivoques de tout acte de violence fondé sur la haine ethnique.  De même, a poursuivi le représentant, les responsables locaux doivent contrer toute initiative législative contraire à l’esprit de réconciliation.  De leur côté, les représentants des minorités doivent participer de manière constante et active aux institutions provisoires.  Le retour des déplacés et des réfugiés est une autre question importante, a dit le représentant, en se félicitant de l’augmentation du nombre des retours.  Ces chiffres étaient toutefois faibles par rapport au nombre des personnes qui se trouvent encore en dehors du Kosovo, a-t-il admis avant d’exprimer sa satisfaction devant l’appel lancé hier à Pristina.  S’agissant de la question sécuritaire, le représentant a estimé que les lacunes en la matière et en ce qui concerne la liberté de mouvement continuent à entraver le retour des déplacés.  Il affirme par ailleurs que la relance économique ne pouvait que favoriser le retour des réfugiés et des personnes déplacées. 


M. JULIAN KING (Royaume-Uni) a réaffirmé la pertinence de la résolution 1244 dans le processus de normalisation au Kosovo et a estimé que le principe des normes avant le statut développé par M. Steiner avait marqué une étape importante dans la mise en place d’institutions démocratiques et représentatives au Kosovo.  Il s’est félicité de l’appel conjoint lancé aux déplacés du Kosovo pour qu’ils regagnent leur province et a exhorté les divers acteurs à assurer la sécurité des minorités au Kosovo. 


M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) s’est, à son tour, félicité des progrès accomplis au Kosovo.  Il reste beaucoup à faire, a-t-il pourtant admis, en citant les questions de la sécurité, de la privatisation, des investissements, de la relance économique et du retour des personnes déplacées.  Les institutions provisoires, a-t-il déclaré, doivent s’attacher à adopter des lois pour le bien-être de tous les Kosovars au risque d’exacerber des relations difficiles entre communautés.  Le représentant s’est donc félicité de l’appel du 2 juillet aux minorités.  Il a aussi appuyé un dialogue direct entre Belgrade et Pristina sur les questions d’intérêt mutuel et exprimé sa satisfaction que la Mission ait avancé dans sa réflexion dans le travail sur les normes avant le statut. 


M. ZHANG YISHAN (Chine) a salué le travail accompli par Michael Steiner à la tête de la Mission d’administration intérimaire au Kosovo (MINUK) avant de déplorer que les minorités soient toujours victimes de violences ou d’obstructions en matière de déplacement.  Pour que le Kosovo devienne une société démocratique et tolérante, il importe de favoriser le retour des réfugiés et des déplacés, assurer leur sécurité, poursuivre le dialogue entre Pristina et Belgrade et le maintenir avec l’ex-République yougoslave de Macédoine.  Le représentant de la Chine a assuré que son pays continuerait de faire en sorte que les parties se conforment aux dispositions de la résolution 1244. 


M. MASOOD KHALID (Pakistan) s’est félicité du transfert des responsabilités non réservées aux institutions provisoires et a aussi salué la manière transparente et inclusive qui caractérise le processus de prise de décisions de ces institutions.  Il a rendu hommage à l’engagement des dirigeants du Kosovo en faveur du retour des réfugiés, en se félicitant de l’appel lancé hier dans ce sens.  Le représentant a appuyé, par ailleurs, les efforts pour encourager le dialogue entre Belgrade et Pristina.  Il a néanmoins convenu que l’état de droit restait un défi au Kosovo et a déploré, en la matière, la méfiance et la division ainsi que le manque de coopération entre les communautés.  Regrettant aussi l’existence d’institutions parallèles, il a prévenu que l’impunité ne saurait être tolérée.  Le représentant a conclu en plaidant pour le droit au retour des réfugiés et en appelant la communauté internationale à répondre aux besoins économiques de la province.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a estimé que le processus de mise en œuvre de la résolution 1244 a connu une impulsion importante sous la direction de Michael Steiner, notamment pour ce qui est de la libération des prisonniers et de l’incitation au retour des déplacés et des réfugiés.  Il a salué la poursuite des transferts de pouvoirs vers les institutions provisoires par le biais du Conseil de transition.  Il a par ailleurs recommandé la continuation du dialogue entre Belgrade et Pristina pour finaliser les questions en suspens et a salué l’ouverture du Bureau de Belgrade, appuyant ensuite la notion des normes avant le statut. 


M. IYA TIDJANI (Cameroun) a estimé que le rapport du Secrétaire général propose un bilan exhaustif des efforts de l’ONU et de la communauté internationale pour normaliser la situation au Kosovo grâce à la création d’institutions fonctionnelles assurant à tous une participation réelle à la gestion des affaires et la réforme nécessaire à la relance économique.  Il s’est dit satisfait des progrès importants réalisés jusqu’ici en citant le rétablissement d’une paix relative, la tenue d’élections, le fonctionnement de la police, l’installation de l’économie de marché, et les appels au retour des réfugiés.  Il s’est aussi félicité d’un début de contact entre Belgrade et Pristina.  Le Kosovo progresse vers une autonomie substantielle, a-t-il dit en arguant que ces succès restaient toutefois fragiles.  La persistance de ces problèmes, a-t-il estimé, découle de querelles intestines qui débouchent sur l’insécurité, l’injustice, la violence et la haine, facteurs contraires à la restauration de la confiance entre les populations.  Stigmatisant l’action des extrémistes de tout bord, le représentant a estimé que l’ONU et la communauté internationale doivent renforcer leur présence auprès des populations kosovares pour les aider à vaincre les difficultés.  Le représentant a réitéré l’attachement de son pays au principe «les normes avant le statut» en lançant un appel aux dirigeants kosovars pour qu’ils s’inspirent du caractère multiethnique de la police.  Il s’est félicité de l’appel au retour des personnes déplacées lancé hier et a souligné l’importance d’un dialogue franc et constructif entre Belgrade et Pristina.


M. JULIO HELDER DE MOURA LUCAS (Angola) a salué à son tour la contribution apportée par Michael Steiner au processus d’édification d’une société multiethnique et démocratique au Kosovo, notamment par la poursuite des transferts de compétences aux institutions provisoires.  Les autorités locales du Kosovo ont renforcé leurs compétences, a-t-il dit, déplorant que les membres de la minorité serbe soient encore victimes d’actes de violence.  Il faut revitaliser le processus de paix sous tous ses aspects et le dialogue entre Pristina et Belgrade doit s’intensifier, a-t-il dit, estimant par ailleurs que le principe des normes avant le statut doit continuer à être respecté. 


M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne) a rappelé les conclusions du Sommet de Théssalonique selon lesquelles l’Europe serait incomplète sans les Balkans.  Pour cela, il faut un respect strict des droits de l’homme et le Kosovo est encore loin de répondre à ces exigences, malgré les progrès accomplis.  Stigmatisant les attaques contre les minorités et la lenteur dans le retour des réfugiés, il a appelé les institutions provisoires de la province à s’occuper des affaires qui concernent véritablement le bien-être du peuple du Kosovo.  Il s’est, en la matière, dit inquiet par l’attitude des dirigeants

albanophones du Kosovo qui encouragent des décisions contraires à la résolution 1244 et a condamné toute tentative visant à créer des institutions monoethniques.  Le représentant s’est par ailleurs félicité des intentions de dialogue entre Belgrade et Pristina.


M. DEJAN SAHOVIC (Serbie et Monténégro) a jugé utile, à ce stade, de définir des critères transparents pour l’évaluation des capacités des institutions provisoires à assumer leurs tâches et à s’attaquer à de nouvelles responsabilités.  Un lien clair doit être établi entre la performance et les progrès dans le transfert des responsabilités.  De plus, le représentant a jugé important que la Mission prenne des mesures concrètes pour prévenir toute tentative faite par l’Assemblée du Kosovo d’outrepasser son mandat.  Les condamnations verbales ne suffisent manifestement pas, a-t-il confié.  Il a, en outre, appelé la Mission à garantir méticuleusement le respect des droits des minorités.  Dans le cas contraire, a prévenu le représentant, il est à prévoir que les populations seraient tentées de créer leurs propres institutions. 


Poursuivant, il a argué qu’une présence plus visible de la KFOR et de la Mission contribuerait à prévenir les attaques contre les minorités et leurs biens.  Il a posé comme condition préalable, en la matière, une action sérieuse de la police et le transfert des coupables à la justice.  Il a aussi demandé une enquête globale, rapide et transparente sur la composition du CPK et de ses activités.  Compte tenu de la situation, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à la prudence, en particulier en ce qui concerne la réduction des effectifs de la police de la Mission.  Il a, en outre, qualifié d’insuffisants le nombre des juges et procureurs internationaux. 


La Mission, a-t-il encore dit, doit présenter d’une manière plus vigoureuse la question du retour des réfugiés devant les institutions provisoires.  Il a aussi espéré que des indicateurs clairs seraient élaborés pour mesurer les progrès réalisés dans l’application des normes avant le statut.  Le représentant a enfin dit son intention de discuter des questions de la décentralisation et de la privatisation avec le Conseil de l’Europe, le Conseil de sécurité et la Mission.  Avec la nomination d’un nouveau Représentant spécial, Belgrade attend l’amélioration d’une coopération constructive avec la Mission.  Réservant ses derniers mots à la question du dialogue avec Pristina, le représentant a souligné qu’un tel dialogue doit se concentrer sur les questions de la sécurité, du retour des réfugiés, de l’énergie et du transport. 


M. MARCELLO SPATAFORA (Italie), au nom de l’Union européenne (UE), des pays candidats et des pays associés,  a souligné que l’attachement de l’UE à la question des Balkans de l’ouest a été confirmé lors du Sommet de Théssalonique, le 21 juin dernier.  A cette occasion, le Conseil européen avait réitéré sa détermination à faire de cette région une partie intégrale de la famille européenne.  Un processus de stabilisation et d’association sera au centre de cet effort dont les progrès dépendront de la volonté de chaque pays concerné de lancer les réformes nécessaires.


L’Union européenne, a précisé le représentant, s’assurera que les perspectives européennes du Kosovo ne soient pas compromises par la question du statut final.  Mais avant cela, un Kosovo démocratique, multiethnique et multiculturel, respectant pleinement la règle de droit et les droits des minorités doit être mis en place, a-t-il souligné.  Le représentant s’est également félicité de l’intention de Belgrade et de Pristina d’engager un dialogue direct sur les questions pratiques d’intérêt commun.  Soulignant, une nouvelle fois, l’attachement de l’UE à la mise en place d’institutions démocratiques, stables et opérationnelles, il a appuyé, en conséquence, le transfert des compétences aux institutions provisoires qui, a-t-il prévenu, doit s’opérer en fonction de la capacité des dirigeants à les gérer.


M. KOICHI HARABUCHI (Japon) a souligné les nombreux défis qui restent à relever au Kosovo.  Il a jugé prioritaire de s’y attaquer avant de discuter du statut futur de la province.  Il a donc appuyé le principe « des normes avant le statut » et émis l’espoir que les institutions provisoires n’épargneraient aucun effort pour trouver des solutions aux problèmes actuels.  Pour le représentant, la priorité doit être d’encourager le transfert des responsabilités aux institutions provisoires et le dialogue entre Belgrade et Pristina.  Il a aussi estimé que la poursuite d’actes de violence et du crime organisé ne peut que compromettre les efforts de normalisation déployés sur place.  Le représentant a donc appelé la communauté internationale à apporter tout son appui à la réconciliation ethnique en octroyant des fonds à la lutte contre le crime organisé et à l’amélioration de la sécurité.  Pour sa part, a-t-il indiqué, le Japon a décidé de contribuer à la mise en œuvre du programme relatif au contrôle des armes légères et au projet visant la réconciliation à Obilic.


M. AGIM NESHO (Albanie) a, à son tour, relevé les problèmes qui persistent au Kosovo en reconnaissant néanmoins les progrès réalisés grâce aux efforts de la Mission et du Représentant spécial.  Le représentant s’est particulièrement félicité de l’issue du Sommet de Théssalonique.  Il a aussi salué le début d’un dialogue entre Pristina et Belgrade en qualifiant cet effort d’élément important et nécessaire à l’application du principe « des normes avant le statut ».  Il a aussi jugé que la médiation et l’assistance de la communauté internationale étaient nécessaires pour assurer le succès du processus crucial qu’est le dialogue.  Appuyant l’amélioration du dialogue interethnique au Kosovo et le retour rapide des réfugiés, le représentant a appelé les minorités à se libérer de l’influence et de l’ingérence extérieures et à se considérer comme partie intégrante d’une société multiethnique au Kosovo.  L’application des normes et la définition d’un statut final qui tienne compte du souhait d’autodétermination du peuple kosovar sont des processus interdépendants et liés, a souligné le représentant, réaffirmant l’importance à son avis d’une implication de la communauté internationale capable d’accélérer la réalisation de la stabilité, de la paix et de la sécurité dans les Balkans de l’ouest et l’intégration de la région à l’Europe.


Reprenant la parole, MICHAEL STEINER a qualifié le massacre d’Obilic de crime atroce, où trois membres d’une même famille ont été tués.  Qu’a-t-on fait?  M. Steiner a assuré qu’il s’était rendu sur les lieux immédiatement après le crime, que chaque responsable politique du Kosovo avait condamné cet acte, que la présence de la MINUK et de la KFOR avait été renforcée et que 16 patrouilles de police traquaient actuellement les responsables.  Cependant, il ne faut pas politiser cet acte criminel, et le Conseil de l’Europe, même s’il estime que la situation s’est aggravée au Kosovo depuis 1999, reconnaît par ailleurs les avancées considérables dans l’intégration des minorités, a précisé M. Steiner à l’attention du Représentant de Serbie-et-Monténégro.  Il a souhaité que la situation au Kosovo ne soit pas aggravée par des déclarations pessimistes.  S’agissant de la lutte contre le crime organisé, M. Steiner a dit que des efforts étaient encore déployés par la MINUK, la KFOR et les autorités pour lutter contre le blanchiment d’argent.  Pour ce qui est des privatisations, il est difficile de mettre en œuvre ce processus sans tenir compte du statut du Kosovo, sans savoir à qui appartient la terre, a affirmé le représentant, précisant que des juristes de la Banque mondiale, de l’Union européenne et des Nations Unies avaient recommandé la mise en place de baux de 99 ans.  Revenant sur la déclaration du représentant de la Fédération de Russie concernant un article de presse hostile à la Russie, M. Steiner a assuré que le journaliste responsable de cet article avait été licencié et que le journal avait présenté des excuses.  En concluant, il a affirmé que l’appui de la communauté internationale et du Conseil de sécurité était indispensable à la réalisation de progrès dans le processus de rétablissement d’une situation normale au Kosovo.


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