CS/2509

DEVANT LE CONSEIL, LE SECRETAIRE GENERAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES APPELLE LES ISRAELIENS ET LES PALESTINIENS A RESTER SUR LA VOIE TRACEE PAR LA FEUILLE DE ROUTE

13/06/03
Communiqué de presse
CS/2509


Conseil de sécurité

4773e séance – matin


DEVANT LE CONSEIL, LE SECRETAIRE GENERAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES APPELLE   LES ISRAELIENS ET LES PALESTINIENS A RESTER SUR LA VOIE TRACEE PAR LA FEUILLE DE ROUTE


Dans le cadre de son exposé d’information mensuel sur la situation au Moyen-Orient devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Kieran Prendergast, a ce matin appelé les parties au Moyen-Orient à rester engagées sur la voie de la paix malgré la fragilité de la situation en Israël et dans le Territoire occupé palestinien.  La tenue du Sommet d’Aqaba la semaine dernière a été suivie par une recrudescence de la violence, ce qui montre à quel point il sera difficile pour les parties de rester sur la voie définie par la Feuille de route, a estimé M. Prendergast.  Il a ainsi précisé que depuis le 19 mai dernier, cette violence a causé la mort de 67 Palestiniens et de 26 Israéliens, ce qui porte le nombre total des victimes depuis le mois de décembre 2000 à 2 714 Palestiniens et 778 Israéliens.  «Soyons clair, les parties doivent rester sur la voie de la paix.  Il n’existe pas d’autre alternative», a-t-il affirmé.


L’initiative prise par le Président Bush d’organiser le Sommet d’Aqaba a donné un élan important au processus de paix tandis que les déclarations faites par le Premier Ministre Abbas et le Premier Ministre Sharon lors de ce Sommet ont ouvert la voie à la mise en œuvre de la Feuille de route comme l’envisage la résolution 1397.  Mais comme nous pouvions nous y attendre, ces Ministres ont rencontré des oppositions au sein de leur camp respectif.  Les extrémistes feront tout leur possible pour faire dérailler cette nouvelle initiative.


Dans ces circonstances, la communauté internationale a la responsabilité de faire tout son possible pour aider les parties à rester sur la voie tracée au Sommet d’Aqaba et à mettre en œuvre la Feuille de route du Quatuor.  Il n’existe cependant pas de substitut à la bonne volonté des parties qui devront faire des concessions douloureuses. 


S’agissant de la partie palestinienne, nous devrions déployer tous les efforts pour aider le Premier Ministre, M. Abbas et le Ministre d’Etat à la sécurité interne, M. Dahlan.  En vertu de la première phase de la Feuille de route, les Palestiniens sont tenus de développer des efforts visibles sur le terrain pour mettre un terme aux activités terroristes menées contre Israël et en arrêter les auteurs.  Le Secrétaire général a dit à plusieurs reprises que ces attaques étaient moralement répréhensibles et a appelé l’Autorité palestinienne à respecter ses obligations en vertu du droit international et à protéger les civils israéliens.


En adoptant la Feuille de route, l’Autorité palestinienne s’est engagée à remettre en état des forces de sécurité pour garantir la sécurité des Palestiniens et prévenir les attaques à l’encontre des Israéliens.  De plus, l’Autorité palestinienne doit placer toutes les forces de sécurité sous l’autorité du Ministère de l’intérieur, une tâche qui n’a pas encore commencé.


Le Gouvernement israélien doit, quant à lui, prendre des mesures pour mettre un terme aux assassinats extra-judiciaires et au recours à un usage disproportionné de la force dans les zones civiles.  Il doit également cesser d’imposer des mesures de châtiment collectif comme l’a demandé le Secrétaire général à plusieurs reprises.  Ce dernier a également demandé à Israël de respecter le droit international humanitaire.  L’attaque perpétrée contre un dirigeant du Hamas, M. Abdul’Aziz Rantisi, va à l’encontre de l’esprit de la Feuille de route et risque de renforcer l’extrémisme.  Israël a le droit à l’autodéfense mais nous pensons que le meilleur moyen de garantir sa sécurité sur le long terme est de poursuivre les efforts en vue d’un règlement pacifique du conflit en commençant par la mise en œuvre de la Feuille de route.


Au cours de la période considérée, les terres palestiniennes ont subi d’importantes destructions.  Près de 447 acres de plantations de citronniers et d’oliviers ont été rasés tandis que 74 maisons palestiniennes ont été détruites.  La situation humanitaire dans le territoire palestinien occupé ne s’est pas améliorée, elle s’est même aggravée, en raison des bouclages imposés par le Gouvernement israélien.  En moyenne, 204 000 Palestiniens dans 21 localités ont été placés sous un régime de couvre-feu.


Seulement 200 à 250 camions de biens commerciaux ou humanitaires entrent quotidiennement dans la bande de Gaza contre 700 pour la période avril/mai.  Depuis le 11 juin, le bouclage du passage de Karni est à nouveau fermé, mais les autorités israéliennes ont assuré que les biens humanitaires pourraient être acheminés par un autre point de passage, mais l’expérience montre que ces bonnes intentions ne permettront pas de répondre aux besoins humanitaires.


Pour que l’Autorité palestinienne soit en mesure de remettre en place des institutions efficaces et gagner le soutien du peuple palestinien pour le processus de paix, il faut que les mesures de bouclage soient relâchées, et que les Israéliens mènent une politique en matière de sécurité limitant autant que possible les souffrances du peuple palestinien.


Lors de son dernier exposé auprès du Conseil de sécurité*, le Coordonnateur spécial du processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général, M. Terje Roed-Larsen, avait déjà dénoncé ce régime draconien de blocage qui nuit gravement aux activités des Nations Unies.  Malgré une brève période d’amélioration entre le 2 et le 10 juin, la bande de Gaza a été bouclée les 10 et 11 juin.  Le 27 mai, j’ai rencontré le Représentant permanent adjoint d’Israël aux Nations Unies pour lui faire part des inquiétudes des Nations Unies à propos de ces mesures, a indique M. Prendergast, rappelant que le 29 mai, deux réunions ont eu lieu entre le Gouvernement d’Israël et la communauté internationale pour discuter de la situation et, en particulier de ses conséquences sur les activités humanitaires des organisations internationales. 


Nous poursuivrons nos efforts, a-t-il ajouté, pour régler cette question au niveau local et nous tiendrons le Conseil de sécurité informé de l’évolution des problèmes liés à la fermeture de ces points de passage. 


Par ailleurs, M. Prendergast s’est dit très inquiet par la construction de murs en Cisjordanie visant à séparer la communauté israélienne de la communauté palestinienne, qui à certains endroits font plus de six kilomètres de long.  Ces murs séparent des dizaines de milliers de Palestiniens de leurs terres arables, puits, marchés, hôpitaux et écoles.  D’ici fin juillet, 12 000 Palestiniens risquent d’être coincés entre ce mur et la ligne verte.  En outre, 138 000 Palestiniens de 16 agglomérations pourraient être enclavés, de trois côtés, par ce mur qui constitue, de l’avis de M. Prendergast, une menace à la continuité territoriale du futur Etat palestinien.  A court terme, cette séparation aura un impact dévastateur sur la vie de dizaines de milliers de Palestiniens et à long terme, ces murs seront plus que préjudiciables aux négociations sur le statut final.  C’est pourquoi, nous souhaitons que les travaux cessent immédiatement et que les effets négatifs de cette construction soient atténués. 


En ce qui concerne la situation sur la ligne bleue, les parties ont continué d’agir avec modération et sont restées fidèles à leurs intentions déclarées d’agir de manière pacifique sur la frontière libano-israélienne.  C’est donc dans un contexte de calme général qu’a été fêté, le mois dernier, le troisième anniversaire du retrait israélien du Liban. 


Les derniers mois ont été marqués par des événements les plus prometteurs, s’est réjoui M. Prendergast.  L’engagement personnel du Président Georges Bush et le succès du Sommet d’Aqaba ont suscité de grands espoirs.  Néanmoins, a-t-il regretté, nous avons vu de part et d’autres des actes de violences qui ont porté atteinte au processus en cours.  En adhérant à la Feuille de route, les parties ont fait un premier pas en direction d’un règlement définitif, mais pour leur permettre de rester sur la bonne voie, la communauté internationale doit leur apporter son soutien.  C’est dans ce contexte que les représentants du Quatuor se réuniront le 22 juin prochain pour discuter des étapes de la Feuille de route et des moyens de renforcer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens.  


* Conseil de sécurité/2496 du 19 mai 2003.


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