ENV/DEV/J/695

LE SOMMET DE JOHANNESBURG RECOMMANDE UNE SERIE DE MESURES POUR REDUIRE LA PAUVRETE ET PROTEGER L’ENVIRONNEMENT

04/09/02
Communiqué de presse
ENV/DEV/J/695


Communiqué final


LE SOMMET DE JOHANNESBURG RECOMMANDE UNE SERIE DE MESURES POUR REDUIRE LA PAUVRETE ET PROTEGER L’ENVIRONNEMENT


Ces mesures portent sur plusieurs domaines d’activités,

en particulier l’eau, la santé, l’énergie, l’agriculture et la diversité biologique


Johannesburg, le 4 septembre -- Le Sommet mondial pour le développement durable a clos ses travaux ce soir en adoptant une Déclaration politique et un Plan de mise en œuvre de dispositions qui portent sur un ensemble d’activités et de mesures à prendre afin d’aboutir à un développement qui tienne compte du respect de l’environnement.  Ce faisant, le Sommet qui a vu la participation de plus d’une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement et de plusieurs dizaines de milliers de représentants gouvernementaux et d’organisations non gouvernementales a abouti, après plusieurs jours de délibérations, du 26 août au 4 septembre, à des décisions qui portent, entre autres, sur l’eau, l’énergie, la santé, l’agriculture et la diversité biologique.


Dans le domaine de l’eau, le Plan de mise en oeuvre encourage des partenariats entre les secteurs public et privé fondés sur des cadres réglementaires établis par les gouvernements.  Pour ce qui est de l’énergie, la nécessité de diversifier l’approvisionnement énergétique est soulignée ainsi que celle de faire une place plus large aux sources d’énergie renouvelable dans l’offre énergétique mondiale.  En matière de santé, les engagements pris dans la lutte contre le VIH/sida sont réaffirmés et l’accent est mis sur le droit des Etats d’interpréter l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle touchant au commerce (ADPIC) de manière à promouvoir l’accès de tous aux médicaments.


Concernant l’agriculture, des négociations globales sur l’Accord sur l’agriculture de l’OMC sont envisagées et celles-ci visent notamment l’accès aux marchés et la réduction des subventions à l’exportation. S’agissant de la biodiversité, le Plan de mise en oeuvre préconise la mise en place d’un régime international pour assurer un partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des ressources génétiques.  Le texte comprend   des dispositions sur le Protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre  dans lesquelles les Etats qui l’ont ratifié engagent vivement ceux qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier sans délai.  Font également l’objet de dispositions, la création d’un fonds de solidarité mondiale pour l’élimination de la pauvreté et le lancement de programmes décennaux pour appuyer les initiatives régionales et nationales visant à accélérer le passage à des modes de production et de consommation viables.


Le Plan de mise en oeuvre, composé de neuf chapitres, a été diversement accueilli par les participants au Sommet.  Nous n’avons pas été à la hauteur des défis, a par exemple déclaré le Président du Venezuela, au nom du Groupe des 77 et la Chine, résumant ainsi un sentiment partagé par les représentants des ONG.  Dans le même ordre d’idées, le représentant du Danemark, au nom de l’Union européenne, a proposé une initiative en matière d’énergie pour «aller plus loin» que les objectifs du Plan.  Les deux textes adoptés, cet après-midi, résultent de processus distincts faits de négociations intergouvernementales, d’un dialogue multipartite, de tables rondes de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que d’annonces de partenariats de type 2 ou initiatives non négociées pouvant impliquer des gouvernements, des organisations internationales et des représentants des grands groupes. 


En plus des 218 initiatives de partenariats soumises au Secrétariat du Sommet, environ une soixantaine d’autres ont été annoncées, à Johannesburg, à partir du 29 août.  L’Union européenne a, par exemple, annoncé deux initiatives importantes dans les domaines de l’énergie et de l’eau  pour lesquelles elle consacre respectivement 700 millions d’euros et 1,4 milliard d’euros.  Les Etats-Unis ont annoncé cinq grandes initiatives, entre autres, en faveur des pauvres financés à hauteur de 970 millions de dollars  et pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et la malaria financé à hauteur de 1,2 milliard de dollars pour 2003. 


Compte tenu de la complexité des questions du développement durable, les organisateurs du Sommet ont souhaité une réunion dans laquelle tous les protagonistes identifiés, au Sommet de la Terre de Rio en 1992, participeraient sur un pied d’égalité.  Aussi, ce Sommet a-t-il été marqué par une présence importante des représentants des grands groupes au nombre desquels il faut signaler le monde de l’industrie et du commerce.  Ces 8 227 représentants ont ainsi eu l’occasion de faire connaître leurs préoccupations et priorités à la communauté internationale, aux Etats, aux institutions des Nations Unies et à la société civile en général.


C’est le domaine de l’énergie qui a suscité le plus de propositions dont celles d’augmenter  à 15%, d’ici à 2010, la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique mondiale.  Un débat a également eu lieu sur la question de l’accès à l’eau au cours duquel certains, considérant cet accès comme un droit de l’homme, ont préconisé la gratuité de ses services.  Des intervenants ont également invité à une ratification universelle du Protocole de Kyoto.



PLAN DE MISE EN ŒUVRE (A/CONF.199/L.3/Add.1 à 13)


Lutte contre la pauvreté


Rappelant la Déclaration du Millénaire de réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de personnes dont le revenu est inférieur à un dollar par jour, les chefs d’Etat et de gouvernement préconisent, entre autres, la création d’un fonds de solidarité mondiale pour l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement humain et social.  Ils soulignent le caractère volontaire des contributions et la nécessité d’éviter les doubles emplois avec les fonds existants des Nations Unies. Les chefs d’Etat et de gouvernement préconisent d’encourager la coopération internationale pour aider les pays en développement à lutter contre le travail des enfants et  à en éliminer les causes, notamment par des politiques économiques et sociales visant l’élimination de la pauvreté. 


Modification des modes de consommation et de production non viables


Les chefs d’Etat et de gouvernement appellent les pays développés à montrer la voie sur la base du principe de responsabilités communes mais différenciées.  Ils encouragent l’élaboration d’un ensemble de programmes décennaux pour appuyer les initiatives régionales et nationales visant à accélérer le passage à des modes viables.  Tous les pays doivent agir, insistent-ils, en tenant compte des besoins et des moyens des pays en développement, grâce à la mobilisation de toutes les sources d’assistance financière et technique et au renforcement des capacités.  Ils demandent l’adoption et l’application de politiques et mesures visant à promouvoir des modes viables en appliquant le principe de pollueur-payeur. 


Ils préconisent la mise au point et l’adoption, à titre volontaire, des moyens d’information du consommateur efficaces, transparents, vérifiables et non discriminatoires en vue de diffuser des informations sur la consommation et la production viables, y compris en ce qui concerne la santé et la sûreté.  Ces moyens, préviennent-ils, ne devront pas être utilisés en tant qu’obstacles occultes au commerce.  Ils préconisent en outre l’accroissement des investissements dans les domaines de la production non polluante et de l’écorendement grâce notamment à des mesures d’incitation telles que l’octroi de prêts financés par l’Etat, de capitaux à risque et d’une assistance technique et de programmes de formation à l’intention des PME.


      Les chefs d’Etat et de gouvernement encouragent le secteur industriel à améliorer sa performance sociale et écologique grâce à des initiatives volontaires, notamment des systèmes de gestion de l’environnement, des codes de conduite, des mesures de certification et la publication d’informations sur des questions écologiques et sociales.  Aussi, appellent-ils à une diversification de l’approvisionnement énergétique par la mise au point de technologies perfectionnées reposant sur l’usage des combustibles fossiles et des sources d’énergie renouvelable qui devraient être transférées aux pays en développement à des conditions préférentielles.  Ils demandent l’utilisation de meilleurs signaux du marché et l’élimination des distorsions du marché, y compris par la restructuration de la fiscalité et l’élimination progressive d’éventuelles subventions préjudiciables.  Ils demandent en outre aux Etats de renforcer et d’encourager les instances de dialogue entre les producteurs et les consommateurs d’énergie aux échelons régional, national et international.


Protection et gestion des ressources naturelles


Des appels sont lancés en faveur du lancement d’un programme d’action avec une assistance financière et technique en vue de réaliser l’objectif énoncé dans la Déclaration du Millénaire, à savoir réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de personnes qui n’ont pas accès à l’eau.  Ils appellent les pays à faciliter l’instauration de partenariats entre le secteur public et le secteur privé et d’autres formes de partenariats qui donnent la priorité aux besoins des pauvres, au moyen de cadres réglementaires nationaux stables et transparents établis par les gouvernements. 


Les chefs d’Etat et de gouvernement demandent le maintien et le rétablissement des stocks halieutiques à un niveau permettant d’obtenir un rendement maximal constant, le but étant d’atteindre d’urgence cet objectif pour les stocks épuisés d’ici à 2015.  Ils demandent l’élimination des subventions qui contribuent à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée et à la surexploitation, tout en menant à terme les efforts entrepris au niveau de l’OMC pour clarifier et améliorer ses disciplines concernant la question.  Ils rappellent la Déclaration du Millénaire contenant l’engagement de ne ménager aucun effort pour que le Protocole de Kyoto entre en vigueur, de préférence avant le dixième anniversaire de la Conférence de Rio en 1992, et à commencer à appliquer les réductions prescrites des gaz à effet de serre, laissent les Etats qui l’ont ratifié, engager vivement ceux qui ne l’ont pas encore fait à le ratifier sans délai.   Concernant l’agriculture, les Chefs d’Etat et de gouvernement appellentà une inversion de la tendance à réduire les dépenses publiques consacrées à l’agriculture écologiquement viable et une amélioration de l’accès aux marchés existants ainsi qu’à la création de nouveaux marchés pour les produits agricoles à valeur ajoutée. 


Pour parvenir à une réduction importante du rythme actuel de l’appauvrissement de la biodiversité d’ici à 2010, des ressources financières et techniques nouvelles et supplémentaires devront être allouées aux pays en développement.  Ils préconisent la négociation et la mise en place d’un régime international propre à promouvoir et assurer un partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des ressources génétiques.


Développement durable et mondialisation


Les chefs d’Etat et de gouvernement demandent que soient prises des mesurespour promouvoir un système commercial et financier multilatéral ouvert, équitable, fondé sur le droit, prévisible et non discriminatoire qui bénéficie à tous les pays s’efforçant d’assurer un développement durable.  Le système doit appuyer la mise en œuvre du programme de travail contenu dans la Déclaration ministérielle de Doha ainsi que l’application du Consensus de Monterrey.  Ils appellent au renforcement de programmes d’assistance technique et de renforcement des capacités dans le domaine commercial, en particulier pour tirer parti des possibilités d’accès au marché et pour examiner les rapports existant entre commerce, environnement et développement. 


Santé et de développement durable


Il est demandé le lancement d’initiatives internationales de renforcement des capacités en vue de cerner les liens entre santé et environnement et d’exploiter les connaissances acquises pour trouver des solutions politiques nationales et régionales plus efficaces face aux risques que fait peser l’environnement sur la santé.  Les chefs d’Etat et de gouvernement préconisent le respect des engagements pris dans la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de l’Assemblée générale de l’ONU et de ceux consistant à allouer des ressources suffisantes au Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. 


Moyens d’exécution


Les chefs d’Etat et de gouvernement demandent aux pays développés d’honorer les engagements pris à la Conférence de Monterrey en matière d’accroissement de l’APD.  Ils encouragent les pays bénéficiaires et les pays donateurs à mettre davantage l’APD au service du développement durable et demandent aux institutions multilatérales et bilatérales spécialisées dans le financement et le développement d’harmoniser les procédures opérationnelles pour réduire les coûts de transactions et assouplir les modalités de décaissement et d’acheminement de l’APD.  Le renforcement des activités menées pour réformer la structure financière internationale en place et la mise en place d’un environnement financier international plus stable sont également demandés.  Ils préconisent l’examen des moyens de trouver des sources novatrices de financement, à fois publiques et privées.  Des appels à la réduction de la dette sont également contenus dans le texte qui reconnaît que les débiteurs et les créanciers doivent partager la responsabilité de prévenir les situations d’endettement insoutenable et d’y remédier.  Le texte appelle à la mise en œuvre rapide, efficace et pleine de l’Initiative améliorée en faveur des pays pauvres très endettés et à ce que débiteurs et créanciers internationaux se rencontrent dans les instances internationales pertinentes pour restructurer les cas d’endettement insoutenable.


Le renforcement des capacités des paystributaires de produits de base de diversifier leurs exportations grâce à une assistance technique et financière et à la stabilisation des cours de ces produits est demandé.  Sont également demandés le respect des engagements pris à l’OMC en ce qui concerne l’accès aux marchés des produits présentant un intérêt particulier pour les pays en développement et l’examen de toutes les dispositions relatives au traitement spécial et différencié.  La réduction voire la suppression des droits de douane sur les produits non agricoles figurent, entre autres, parmi les mesures. 


Les chefs d’Etat et de gouvernement jugent utile, de s’engager sans préjuger du résultat de mener des négociations globales sur l’Accord sur l’agriculture visant à des améliorations substantielles de l’accès aux marchés à des réductions de toutes les formes de subvention à l’exportation et des réductions substantielles du soutien national ayant des effets de distorsion des échanges.  Tout en réaffirmant leur attachement à l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle touchant au commerce

(ADPIC), les chefs d’Etat et de gouvernement réaffirment aussi que l’Accord peut et doit être interprété et mis en œuvre de manière à appuyer les droits des membres de l’OMC de protéger la santé publique, en particulier de promouvoir l’accès de tous aux médicaments.


Cadre institutionnel du développement durable


Le renforcement de la collaboration entre les organismes des Nations Unies, les institutions financières internationales, le Fonds pour l’environnement mondial et l’OMC est préconisé ainsi que des négociations relatives à une convention générale des Nations Unies contre la corruption, en particulier la question du rapatriement dans leurs pays d’origine des fonds détournés.  Les Etats devraient également encourager les partenariats associant tous les protagonistes à la mise en œuvre d’Action 21 afin de favoriser l’application des décisions prises au Sommet mondial.  Ils demandent aux Etats de progresser dansla formulation et l’élaboration de stratégies nationales de développement durable et de commencer à les mettre en œuvre avant 2005.


DECLARATION POLITIQUE (A/CONF.199/L.6/Rev.2/Corr.1)


Les chefs d’Etat et de gouvernement reconnaissent leur responsabilité commune de faire progresser et de renforcer aux niveaux local, national, régional et mondial, la protection de l’environnement, le développement social et le développement économique qui sont les trois piliers indissociables du développement durable.  Ils reconnaissent que l’élimination de la pauvreté, la modification des modes non durables de production et de consommation ainsi que la protection et la gestion des ressources naturelles sont des objectifs primordiaux du développement durable et ses conditions préalables. 


Ils se disent heureux que le Sommet de Johannesburg se soit concentré sur l’indivisibilité de la dignité humaine et se déclarent déterminés, par le biais d’objectifs, de calendriers et de partenariats, à accroître rapidement l’accès aux besoins fondamentaux que sont l’eau, l’assainissement, l’énergie, la santé, la sécurité alimentaire et la protection de la biodiversité.  Les chefs d’Etat et de gouvernement reconnaissent que le développement durable suppose une perspective à long terme et une participation large pour la formulation des politiques, et la prise et l’exécution des décisions à tous les niveaux. 


En tant que partenaires sociaux, ils continueront à travailler à des partenariats stables avec tous les grands groupes.  Ils s’engagent à renforcer et à améliorer la gouvernance à tous les niveaux dans le sens de la réalisation effective d’Action 21, des objectifs de développement de la Déclaration du Millénaire et du Plan de mise en œuvre de Johannesburg.  Pour réaliser ces objectifs, les chefs d’Etat et de gouvernement soulignent la nécessité pour les institutions internationales et multilatérales d’être plus efficaces, plus démocratiques et plus responsables.


Déclarations de clôture


Mme CATHERINE KAMPING, s’exprimant au nom des Jeunes a fait remarquer aux gouvernements, tandis qu’un tiers de la planète gagne moins d’un dollar par jour, ils ont passé dix jours dans ce paradis de richesse pour aboutir à des résultats décevants.  Nous, jeunes, exigeons que les dettes des pays pauvres soient immédiatement annulées, que les marchés mondiaux soient rééquilibrés au profit du Sud.  Nous exigeons aussi que cessent les subventions en faveur de l’agriculture et des exportations des pays riches.  Il faut également prendre des mesures pour mettre fin aux conflits et à ce titre nous, jeunes du monde, regrettons que la déclaration finale ne fasse pas mention de la démilitarisation.  Pourtant, il est temps de réaffecter ces ressources gaspillées dans l’armement au développement.  Les changements climatiques ne peuvent plus être ignorés et il est temps que les plus grands pollueurs assument leurs responsabilités.  Les signatures et les mots ne nourrissent pas les hommes, elles n’arrêtent pas la déforestation et le désert.  Nous nous engageons toutefois à travailler ensemble, avec les gouvernements, pour assurer un avenir digne car nous, jeunes, nous serons là dans 50 ans, et nous serons là en 2012 pour évaluer les résultats.


Mme VICKKI TAULO CORPUZ, Présidente du Caucus des populations autochtones, a réaffirmé l’exigence clef du développement durable qui est de reconnaître les droits des populations autochtones à l’autodétermination et à la préservation de leurs ressources naturelles et de leurs connaissances culturelles. 


Mme CHEE YOKE LING, Réseau du Tiers-Monde, a évoqué la crise du multilatéralisme et s’est déclarée scandalisée par la renégociation de certains principes de Rio, alors que nous aurions pu aller bien au-delà de ce résultat.  Mais l’ombre de l’OMC a pesé lourdement sur notre travail, l’OMC qui a aujourd’hui beaucoup plus d’influence sur nos vies que les engagements de Rio.  Nous devons exiger, dans nos capitales, que l’on nous explique ce qui se négocie à l’OMC afin de rendre les enjeux et les négociations plus transparents.  En ce qui concerne la réforme des institutions financières internationales qui figure dans le Plan d’action, Mme Ling a souligné qu’un processus démocratique et transparent doit prévaloir à l’OMC et dans toutes les institutions de l’ONU


M. MARIO COSSIO, s’exprimant au nom des collectivités locales, a appelé à la nécessité d’adopter une approche intégrée car les gouvernements n’arrivent plus à assumer seuls les défis du développement par le biais d’institutions centralisées.  C’est pourquoi, le processus de décentralisation offre des solutions diverses et la possibilité de nouer des partenariats locaux.  L’heure n’est plus aux belles paroles mais aux actes concrets et les collectivités locales sont en mesure d’offrir leurs compétences et ressources en faveur de la réalisation des objectifs fixés par le Sommet de Johannesburg. 


M. GUY RYDER, Secrétaire général de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), a regretté qu’en dépit de la reconnaissance des responsabilités communes mais différenciées, la perspective des gains à court terme l’emporte encore.  Pour les millions parmi les plus pauvres et les plus vulnérables, seul un changement fondamental peut être porteur d’espoirs.  La CISL insiste sur le fait que la responsabilité première du développement durable repose sur les Etats et les organisations intergouvernementales.  Les partenariats avec le secteur privé ne doivent pas se substituer à l’action gouvernementale et ne peuvent pas être des excuses à l’inertie ou à l’inaction.  La CISL s’est engagée dans des partenariats de type II, établissant des accords-cadres qui seront le véritable test de la volonté des entreprises à travailler avec toutes les parties prenantes, dont les travailleurs.


M. MARK MODDY STUARD, Président de Business Action for Sustainable development, a estimé que pour modifier les modes de production et de consommation, le monde des affaires a besoin de l’appui des grands groupes détenteurs des techniques nécessaires au développement durable.  Les jeunes ont un rôle vital à jouer dans l’évolution des structures et modes de consommation car ils représentent les générations de demain.  Il est également indispensable de conclure des accords mondiaux qui permettront de juger les actes des multinationales et de garantir la bonne gouvernance des programmes de développement pour suivre l’évolution des progrès et faire confiance à ce que nous voulons accomplir ensemble. 


M. HIROYUKI YOSHIKAWA, s’exprimant au nom de la communauté scientifique et technique, a indiqué que la science et la technologie au service du développement durable est une initiative lancée en marge du Sommet de Johannesburg qui associe les autres grands groupes avec pour objectif de sensibiliser aux enjeux des transferts de technologies et du renforcement des capacités dans le domaine scientifique pour les pays du Sud.  Un lien formel doit être établi entre la Commission du développement durable et la Commission consultative du monde scientifique afin de combler, entre autres, le fossé scientifique et technologique entre Nord et Sud. 


M. JACK WILKINSON, Président de la Fédération internationale des producteurs agricoles, a regretté que l’agriculture ne reçoive, ni dans la Déclaration politique ni dans le Plan de mise en oeuvre, la place qui lui revient.  Il faut renforcer les capacités nationales et locales et la coopération internationale afin d’améliorer les programmes de développement agricole des gouvernements.  Afin de satisfaire les besoins croissants dus à la croissance démographique, la production alimentaire devra être doublée dans les années à venir; mais nous ne pouvons pas continuer à faire pression sur des systèmes biologiques déjà très fragiles. 


Mme JOCELYN DOW, Directrice de Red Threat, a rappelé qu’il y a dix ans, à Rio, le dernier paragraphe négocié était lié au droit des femmes et que les discussions sur le paragraphe 47 du Plan de mise en oeuvre de Johannesburg qui se sont achevées hier concernaient une nouvelle fois les femmes.  Les femmes regrettent que ce Sommet n’ait pas permis la création de mécanismes ou l’allocation de nouvelles ressources pour traduire les mots en mesures concrètes.  Le rôle des femmes, au même titre que celui des hommes, est essentiel pour atteindre les objectifs du développement durable. 


Mme NKOSAZANA DLAMINI ZUMA, Ministre des affaires étrangères de l’Afrique du Sud, présentant les conclusions des séances sur les partenariats, a rappelé que l’objectif de ces réunions était d’identifier les progrès réalisés dans la mise en œuvre d’Action 21 et les défis restant à surmonter dans les domaines prioritaires de l’eau, de l’énergie, de la santé, de l’agriculture et de la diversité biologique.  Elle a remercié l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sommet de Johannesburg, M. Jan Pronk, qui a animé ces échanges de vues entre représentants des gouvernements, experts des agences et institutions spécialisées des Nations unies, représentants d’organisations intergouvernementales et représentants des neuf grands groupes.  Les partenariats avec les femmes, les jeunes, les scientifiques, le milieu des affaires, les syndicats, les ONG, les agriculteurs, pour ne citer qu’eux, suppose des financements de la part des autres parties prenantes comme les institutions financières internationales, a souligné Mme Zuma.  Elle a proposé aux participants d’inviter le Secrétaire général à engager un dialogue constructif et permanent avec les parties prenantes sur le suivi de Johannesburg. 


L’Observateur de la Suisse a exprimé la satisfaction de son pays pour le consensus qui a permis de réaffirmer notre volonté de réaliser le développement durable.  Cela montre aussi notre volonté de mettre en synergie le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement à un moment où le monde est distrait par des préoccupations sécuritaires.  Le principe de précaution, à la satisfaction de la Suisse, n’a pas été remis en question.


Pour sa part, l’Observateur du Saint-Siège a réaffirmé que tout débat portant sur le développement doit être porté sur la dignité de l’être humain, regrettant toutefois que le principe selon lequel l’être humain doit être au centre du développement durable ne figure pas dans chaque chapitre du Plan de mise en oeuvre. 


M. HUGO CHAVEZ, Président du Venezuela, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine et saluant le consensus intervenu à Johannesburg, a jugé que ceux qui luttent contre la pauvreté et pour la dignité auraient certainement voulu aller plus loin.  Je dis cela dans un esprit d’autocritique puisque je suis chef d’Etat, a poursuivi M. Chavez, et il nous incombe à nous chefs d’Etats, de nous mobiliser pour faire entendre la voix des plus vulnérables qui vont d’abîme en abîme pendant que nous, chefs d’Etat et de gouvernement, passons d’une conférence à une autre.  Le Sommet de Johannesburg  n’a pas fixé d’échéancier, ni d’objectifs précis, chiffrés et assortis de calendriers dans le domaine de la lutte pour la vie.  S’exprimant en sa qualité de Président du Venezuela, il a regretté que le droit au logement, à la santé, à l’eau potable, à la vie ne soient pas mentionnés dans le Plan de mise en oeuvre.  Nous n’avons pas été à la hauteur du défi, mais il nous incombe de passer à la vitesse supérieure dès aujourd’hui.  Les Nations Unies doivent, quant à elles, procéder à un changement radical dans l’organisation de ces grandes conférences, car il n’y a pas de débat, il n’y a pas de dialogue dans ces conférences, et le consensus obtenu dans le cadre d’une table ronde n’a aucun impact sur les conclusions du Sommet.  Alors qu’hier, a fait remarquer M. Chavez, les délégations d’Amérique latine, d’Asie, d’Afrique et même d’Europe s’étaient entendues sur certains éléments clefs qui, malheureusement, n’ont pas été retenus dans les documents finaux. 


Le représentant du Mexique a déclaré que son pays adoptera le Plan de mise en oeuvre bien qu’il en attendait bien davantage.  Il a exprimé son attachement à la protection de la biodiversité et à une exploitation partagée de la diversité biologique.  Il a regretté que le texte ne mentionne ni les changements climatiques, ni les objectifs chiffrés relatifs aux énergies renouvelables, ni même les femmes.


Le représentant de la Tunisie s’est dit satisfait de la création d’un Fonds mondial de solidarité, brèche importante et instrument très utile dans la lutte contre la pauvreté.  Il a invité tous les pays du monde à y participer afin de mobiliser les ressources nécessaires.


Le représentant du Danemark, s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, a annoncé le lancement d’une initiative intitulée «la voie à suivre en matière d’énergies renouvelables», visant à aller au-delà des objectifs du Plan de mise en oeuvre et à favoriser l’utilisation des énergies renouvelables, notamment en fixant des objectifs quantifiés et assortis de dates butoirs.  Il a déclaré que l’examen des relations entre les droits de l’homme et le développement durable (point 151 du Plan de mise en oeuvre) devrait tenir compte des travaux en cours du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et d’autres institutions internationales.  Il a regretté que les femmes n’aient pas reçu plus d’attention dans le Plan de mise en oeuvre.


Le représentant de l’Argentine a rappelé que le Plan de mise en oeuvre s’inspire du respect de la vie de l’homme et de la dignité humaine et que rien ne peut être interprété pour justifier un acte qui vise à porter atteinte au caractère sacro-saint de la vie humaine depuis sa conception. 


Le représentant de Sainte-Lucie a regretté que les petits Etats insulaires en développement soient oubliés des puissants.  La question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment le plan de mise en oeuvre va être appliqué.  Cette conférence sera-t-elle un autre Rio où des promesses ont été formulées sans avoir été suivies d’actes?


Le représentant du Brésil a estimé que le Plan de mise en œuvre est un très bon compromis eu égard aux longues négociations.  Des progrès ont été réalisés, notamment dans les domaines de l’assainissement, de la pêche, de la bonne gouvernance et nous nous félicitons de la décision de négocier un instrument sur le partage des bénéfices de la biodiversité.  Le Brésil s’est associé au consensus sur l’énergie après s’être rendu compte qu’il est le plus petit dénominateur commun, car les pays d’Amérique latine et des Caraïbes se sont déjà entendus sur un objectif de 10% d’énergies renouvelables d’ici à 2010.  La Commission du développement durable devra définir des objectifs dans le domaine des énergies renouvelables, a-t-il dit. 


Pour le représentant de l’Australie, ce Sommet est un succès et il a tenu à souligner le rôle central des femmes dans le processus de développement durable qui a finalement été intégré dans le Plan de mise en oeuvre.


Le représentant de la Turquie a estimé que le Plan d’action est un jalon important même si la position de la Turquie ne change pas quant à la Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer. 


Le représentant de Samoa, au nom des 43 membres de l’Alliance des petits Etats insulaires en développement (PEID), s’est déclaré satisfait du chapitre 7 du Plan de mise en oeuvre qui traite de leur situation spécifique.  Ce Plan aurait pu, et aurait dû, être plus ferme.  Nous espérons qu’en 2004, des résultats concrets de mise en oeuvre auront été atteints.  Samoa appuie l’initiative de l’Union européenne sur les énergies renouvelables.


Le représentant de l’Equateur est intervenu sur le point 38 du Plan de mise en oeuvre concernant l’élimination des cultures de stupéfiants.  Il a fait observer que cette élimination doit se faire dans le respect de l’environnement et de façon à réduire les conséquences sociales négatives.  L’application de ce paragraphe doit se faire en accord avec les principes de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement.


Le représentant du Pérou a partagé les préoccupations du Président vénézuélien et a adhéré aux réserves formulées par le Mexique.  Il a estimé que la communauté internationale doit prendre des mesures concrètes pour juguler les conséquences du réchauffement de la planète et qu’il incombe à tous les Etats de ratifier le Protocole de Kyoto.


Le représentant de la Norvège s’est félicité de l’initiative visant à promouvoir les énergies renouvelables et a adhéré à la déclaration de l’Union européenne en la matière.


La représentante de la France, au nom du Groupe des pays francophones, a rappelé l’importance du respect de l’égalité des six langues des Nations Unies dans les travaux que l’Organisation accomplit.


Le représentant de l’Ouganda a appuyé l’idée de l’énergie hydroélectrique comme source d’énergie renouvelable défendue par les organisations non gouvernementales en vue de juguler tout développement de ce type d’énergie dont l’Afrique a besoin pour lutter contre la pauvreté.


Le représentant du Chili s’est rallié à la déclaration de l’Union européenne concernant les énergies renouvelables et a précisé que le paragraphe du Plan de mise en œuvre concernant la pêche ne concerne que la haute mer.


Le représentant de Malte, s’exprimant au nom de la Hongrie, a déclaré que son pays aurait été disposé à prendre des engagements bien plus contraignants, notamment en matière d’énergies renouvelables.  Il s’est déclaré satisfait du projet de déclaration politique, regrettant seulement qu’il ne décrive pas les mesures envisagées.


Le représentant de Tuvalu s’est dit déçu que le plan de mise en oeuvre ne comporte aucun objectif chiffré.  Tuvalu n’est pas partie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et toute référence à l’OMC dans le Plan de mise en oeuvre n’engage en rien le Gouvernement de Tuvalu.


Le représentant de l’Inde a déclaré que, pour sa délégation, le paragraphe 19e) du Plan d’action comprend l’énergie nucléaire.


Le représentant d’El Salvador a insisté sur le fait que les mesures contenues dans le Plan d’action doivent placer l’être humain au cœur du processus.  S’agissant de la santé, le représentant a estimé que son pays considère que le droit à la vie s’applique dès la conception.


Le représentant des Etats-Unis a salué le consensus intervenu sur le document final.  Le vrai travail commence maintenant et les Etats doivent traduire les mots en actes, a-t-il ajouté.  Il a émis des réserves sur le paragraphe 7, soulignant la responsabilité partagée des Etats dans la dégradation de l’environnement.  Il a émis des réserves également sur le paragraphe 42(o) qui renonce à des mesures contraignantes et a invité les Etats à mieux appliquer la Convention sur la diversité biologique.  S’agissant de la santé génésique, les Etats-Unis estiment qu’elle ne peut en aucun cas être interprétée comme un encouragement à l’avortement.  Les Etats-Unis n’acceptent pas non plus une aide internationale basée sur un pourcentage du PNB mais préfèrent que leur aide soit basée sur le principe de bonne gouvernance. 


La représentante du Venezuela a présenté, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, deux projets de résolution, le premier relatif au Plan de mise en œuvre, le second aux termes duquel le Sommet remercie le Gouvernement et le peuple d’Afrique du Sud.  Le représentant du Danemark, au nom de l’Union européenne, l’Observateur de Palestine, au nom du Groupe des pays arabes, les représentants du Canada, du Japon, et des Etats-Unis se sont également félicités du consensus intervenu à Johannesburg et ont remercié l’Afrique du Sud.  Le Président Mbeki a présenté ses excuses pour les failles qui ont pu être constatées lors du Sommet mondial, mais a mis en avant la tâche immense qui incombait à son pays pour organiser ce Sommet.  Il a salué l’esprit de coopération dont ont fait preuve les délégations qui ont su surmonter leurs divergences.  Le Président Mbeki a précisé, lors de l’adoption de la Déclaration politique finale, que ce document est le résultat d’un consensus intervenu parallèlement à la négociation du Plan de mise en oeuvre.  Il prend en compte les amendements proposés lors de la dernière session de négociations officieuses. 


Le Secrétaire général du Sommet mondial et Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, M. NITIN DESAI, a remercié à son tour le Président sud-africain, son Gouvernement et tous ceux qui ont facilité le processus préparatoire et le déroulement du Sommet mondial.  Il a salué l’effort énorme de l’Afrique du Sud pour cette rencontre, et en particulier celui des 5 000 volontaires.  Il a également rendu hommage aux grands groupes qui ont rendu ce Sommet mondial unique grâce aux échanges de vues et salué le succès de tous les événements parallèles.  Nous pouvons, grâce aux résultats de ce Sommet mondial, atteindre les objectifs définis pour 2015 et même voir plus loin.  La population qui vivra encore en 2050 est déjà là et c’est vers elle qu’il faut se tourner, a-t-il dit, saluant le geste associé à la parole qui s’est manifesté par la conclusion de près de plus de 200 initiatives de partenariats.  Le processus de Johannesburg a été facilité également par les résultats obtenus à Doha en novembre 2001 et à Monterrey en mars dernier, a poursuivi M. Desai,

souhaitant qu’en 2017 (Johannesburg + 15) le prochain Secrétaire général du Sommet mondial pour le développement durable puisse faire état de progrès dans les différents domaines jugés prioritaires, parce que Johannesburg était le Sommet de l’action. 


Dans sa déclaration de clôture, M. THABO MBEKI, Président de l’Afrique du Sud, a déclaré que des messages simples et directs tels que celui émis par les enfants en ouverture du segment de haut-niveau, lundi dernier, doivent être écoutés.  Ils nous ont demandé d’exprimer une vision de la solidarité collective et d’être persistants dans notre démarche.  «Ne nous décevez pas et nous ne vous décevrons pas», ont-ils prévenu. Alors que nous nous quittons, nous devons répondre à cet engagement tout en nous sentant fiers de ce que nous avons accompli.  Les peuples du monde doivent s’unir pour relever leurs défis et les gouvernements ne doivent pas hésiter à établir des liens avec la société civile.  Le Sommet mondial a mis l’accent sur la nécessité de maintenir ce qui s’est développé ici.  Nous avons maintenant la capacité d’agir ensemble et avec les partenaires sociaux qui ont la possibilité de nous accompagner.  Toutes les décisions prises ont trait à une question essentielle qui est celle du développement du multilatéralisme.  Nous devons savoir comment nous pouvons établir un système de gouvernance mondiale qui réponde mieux aux défis que nous devons relever.  Si nous ne répondons pas à cette question, nous allons nous priver des instruments nécessaires pour réaliser les objectifs du développement durable.  Si nous agissons sur les décisions prises, nous réussirons à sauver la planète et à assurer une vie plus prospère à tous les peuples qui l’habitent.


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