SG/SM/7856

SENS DE L'INITIATIVE, PARTENARIATS ET SOLIDARITE, RECETTE PRECONISEE PAR M. KOFI ANNAN POUR VAINCRE LE VIH/SIDA

25/06/2001
Communiqué de presse
SG/SM/7856


                                                            AIDS/23


SENS DE L'INITIATIVE, PARTENARIATS ET SOLIDARITE, RECETTE PRECONISEE PAR

M. KOFI ANNAN POUR VAINCRE LE VIH/SIDA


Le Secrétaire général de l'ONU plaide auprès des gouvernements et des donateurs privés pour un financement adéquat du Fonds mondial pour la santé et la lutte contre le Sida


On trouvera ci-après l'allocution du Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au VIH/sida, le 25 juin 2001


Nous sommes réunis ici pour parler d’une crise sans précédent, mais à laquelle il existe une solution : une réaction sans précédent de la part de nous tous. Nous sommes ici pour décider ensemble comment agir.


Dans les 20 ans qui se sont écoulés depuis que nous avons entendu parler du sida pour la première fois, l’épidémie s’est répandue dans tous les coins du monde.

Elle a tué presque 22 millions de personnes.


Elle a laissé orphelins 13 millions d’enfants.


Aujourd'hui, plus de 3 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH/Sida.  Durant la seule année dernière, plus de 5 millions de personnes ont été contaminées.  Chaque jour, quelque 15 000 autres personnes deviennent séropositives.


Dans certains pays d’Afrique, le VIH/Sida a fait reculer le développement d’une bonne dizaine d’années. Et maintenant il se répand avec une rapidité effrayante en Europe orientale, en Asie et dans les Caraïbes.


Jusqu’à présent, la réaction de la communauté mondiale n’a pas été à la hauteur du défi.


Mais cette année, nous avons pu observer un changement décisif.


Le sida ne peut plus accomplir discrètement son œuvre macabre. Le monde a commencé à se réveiller.


Nous avons assisté à cet éveil dans les médias et dans l’opinion publique, et il s’est produit sous l’impulsion de médecins et de travailleurs sociaux, de militants et d’économistes, et avant tout de personnes dont la vie est touchée par la maladie.


Nous avons constaté cet éveil parmi les gouvernements.


Nous l’avons constaté dans le secteur privé.


Jamais, depuis que ce cauchemar a commencé, il n’y avait eu un tel mouvement de ralliement autour d’une cause commune.


Jamais nous n’avions ressenti un tel besoin de faire jouer ensemble l’esprit d’initiative et la détermination, les partenariats et l’esprit de solidarité.


De l’esprit d’initiative et de la détermination, il en faut dans tous les pays et dans chaque collectivité – et aussi à l’échelon international, où tous les organismes des Nations Unies sont maintenant engagés dans l’action.


Il faut que chacun de nous se rende compte que le sida est son problème. Chacun de nous doit en faire sa priorité.


Il faut des partenariats entre gouvernements, entreprises privées, fondations, organisations internationales – et, bien sûr, membres de la société civile.


Les organisations non gouvernementales sont à l’avant-garde de la lutte contre le sida depuis le tout début. Nous devons tous tirer les enseignements de leur expérience et suivre leur exemple. Elles participent activement à cette session, et ce n’est que justice.


Enfin, il faut faire preuve d’esprit de solidarité – solidarité entre les bien portants et les malades, entre les riches et les pauvres, et surtout solidarité entre les pays riches et les pays pauvres.


Il faut que les dépenses consacrées à la lutte contre le sida dans les pays en développement atteignent un niveau à peu près cinq fois supérieur à leur niveau actuel.


Ces pays eux-mêmes sont prêts à faire leur part – comme les dirigeants africains l’ont promis au sommet d’Abuja. Mais ils ne peuvent pas atteindre cet objectif tout seuls.


La population des pays développés montre aujourd’hui qu’elle le comprend. Je demande instamment aux dirigeants de ces pays d’agir en conséquence.


Il nous faut mobiliser les fonds nécessaires pour mener cette entreprise exceptionnelle – et il nous faut veiller à ce que l’argent soit dépensé efficacement. C’est pourquoi j’ai demandé que soit créé un Fonds mondial pour la santé et la lutte contre le sida, ouvert à la fois aux gouvernements et aux donateurs privés, pour nous aider à financer la stratégie globale, cohérente et coordonnée que nous devons mener.


Notre objectif est de faire en sorte que ce Fonds soit opérationnel avant la fin de l’année.  Je continuerai à travailler avec tous les acteurs concernés pour assurer la réalisation de cet objectif.


Je tiens à rendre un vif hommage à ceux qui ont déjà promis d’y verser des contributions. J’espère que d’autres suivront leur exemple, pendant cette session extraordinaire ou après.


Lorsque nous pressons les autres de changer de comportement afin de se protéger contre la contagion, nous devons être prêts à modifier notre propre comportement sur la scène publique.


Nous ne pouvons pas nous attaquer au sida en portant des jugements de valeur morale, ni en refusant de regarder en face certains faits désagréables – ni encore moins en stigmatisant ceux qui sont porteurs du virus et en décrétant qu’ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes.


Nous ne pouvons le faire qu’en parlant ouvertement et sans détours, aussi bien de la manière dont on devient porteur du virus que de ce qu’on peut faire pour éviter de le devenir.


Et rappelons-nous que chaque personne contaminée, quelle qu'en soit la cause, est un être humain comme nous, qu’il possède des droits fondamentaux et des besoins d’être humain.


Et que personne ne s’imagine que nous puissions nous protéger en bâtissant des barrières entre eux et nous ! Dans le monde sans pitié du sida, il n’y a pas de « eux » et de « nous ».


Pour réaliser tout cela, il nous faut changer – sinon pour notre propre bien, pour celui de nos enfants.


Il nous faut faire de cette session de l’Assemblée générale une session réellement extraordinaire.


Et il nous faut envoyer au monde un message d’espoir.


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