AG/1159

LA COMMISSION THEMATIQUE D’ISTANBUL+5 ACHEVE SES ECHANGES D’INFORMATIONS A PARTIR D’EXPERIENCES MENEES DANS LE CADRE D’HABITAT

08/06/2001
Communiqué de presse
AG/1159


Assemblée générale

25e session extraordinaire

Commission thématique

5e séance – matin


LA COMMISSION THEMATIQUE D’ISTANBUL+5 ACHEVE SES ECHANGES D’INFORMATIONS

A PARTIR D’EXPERIENCES MENEES DANS LE CADRE D’HABITAT


“Le Programme Habitat est véritablement en train d’être mis en oeuvre sur le terrain” a constaté le Président de la Commission thématique d’Istanbul+5 qui achevait ses travaux ce matin avec la présentation des trois derniers cas figurant à son programme de travail.  Cette Commission thématique était une des manifestations organisées dans le cadre de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à l’évaluation de l’application des décisions d’Habitat II, la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains qui s’est tenue à Istanbul en 1996.  Elle se voulait l’occasion d’un échange d’expériences et d’informations sur les enseignements à tirer des cinq années écoulées et constituait, comme l’avait souligné son Président lors de sa séance d’ouverture, une première dans les sessions extraordinaires de l’Assemblée.


La réunion de ce matin qui avait pour thème l’éradication de la pauvreté a été l’occasion d’un échange d’informations sur des actions menées en Thaïlande, au Pérou et au Maroc.


L’expérience lancée en 1992 en Thaïlande avec la création du Fonds pour le développement des communautés urbaines défavorisées avait moins pour but de faciliter l’accès au crédit de ces communautés que de les amener à s’organiser et à gérer leur développement, a fait observer la Directrice de l’Institut chargé de la question venue présenter le programme.  Géré par le Bureau de développement communautaire urbain devenu en octobre 2000 l’Institut de développement des organisations communautaires, le Fonds fournit des prêts à faible taux d’intérêt à des projets de développement communautaire comme le logement ou les activités génératrices de revenus.  Le programme a remporté un tel succès qu’à la fin de 2000, le Fonds doté initialement par le gouvernement de 1,25 million de baht, a vu son actif augmenter de 36%, représentant actuellement plus de 2 millions de baht soit quelque 45 millions de dollars des Etats-Unis.  Il a accordé plus d’un milliard de baht de prêts et a favorisé la création de 950 groupes d’épargne communautaire et de plus de cent réseaux communautaires.  Il a été à la base d’expériences semblables au Cambodge, en République démocratique populaire lao, au Viet Nam, en Inde, en Afrique du Sud et au Zimbabwe.


C’est par la consultation de l’ensemble de sa population que la municipalité de Villa El Salvador au Pérou a décidé, au cours de ces trois dernières années, de tourner la page de la violence, du terrorisme et de la mauvaise gestion municipale.  Elle a notamment organisé un référendum impliquant plus de 48 000 habitants dans le cadre d’un processus de consultation systématique de divers


secteurs de la population, notamment les jeunes et les femmes. Un plan de développement intégré portant sur la période 2000-2010 en est né, permettant aujourd’hui qu’un tiers du budget de la municipalité soit adopté après consultation des habitants.  L’objectif, ainsi que l’a indiqué le maire de Villa El Salvador, est désormais que ce processus de consultation budgétaire soit institutionnalisé afin qu’il se poursuive quelle que soit la tendance politique de la municipalité.  Un autre objectif est que le gouvernement central du pays apporte son soutien financier aux projets, ce qui pour l’instant ne s’est pas concrétisé.


Quant au Programme pilote de lutte contre la pauvreté en milieu urbain lancé par le Gouvernement marocain en 1998, il consiste en une phase test impliquant trois grandes villes, Casablanca, Marrakech et Tanger, visant à renforcer les capacités locales et à créer des partenariats opérationnels avec pour objectif ultime le développement social et l’élimination de la pauvreté urbaine.  En phase pilote de trois ans, il s’agissait avant tout d’identifier des instruments et des méthodes réutilisables, a expliqué ce matin le Coordonnateur du Programme.  L’accent a été mis sur la participation et la formation.  Dans le cadre du programme, Marrakech accueillera le quatrième Forum international sur la pauvreté urbaine en octobre 2001.


Dans leurs remarques de conclusion, les membres de la Commission ont tiré les enseignements de cette série de cinq réunions et des initiatives qui leur avaient été présentées. Si des inquiétudes à l’égard de la “marginalisation relative de la dimension culturelle et diversifiée du développement humain et urbain”, de l’absence de toute préoccupation architecturale dans les programmes de logements, de “l’ambiguïté de certains concepts utilisés trop souvent idéologiquement marqués”, ont été exprimées, il a été aussi noté les similitudes entre les projets présentés malgré leur diversité géographique ce qui permet d’en tirer des enseignements utiles pour tous les pays.  Faire des populations elles-mêmes des agents de changement a semblé être une des grandes idées ayant émergé de ces réunions.


Le Président a estimé quant à lui que la Commission, en remplissant un rôle d’évaluation, avait fait la démonstration de sa pertinence.  Les sujets essentiels auxquels sont confrontés tous les pays de la planète, sans exception, ont pu être abordés, a-t-il observé.


La Commission thématique d’Istanbul+5 était présidée par M. Slaheddine Belaid, Ministre de l’équipement et de l’habitat de la Tunisie et avait pour Vice-Présidents : M. José Maria Matamoros, Président du Conseil national du logement du Venezuela, Mme Erna Witoelar, Ministre des établissements humains et des infrastructures régionales de la République d’Indonésie et M. Luis Garcia Cerezo, représentant permanent de l’Espagne auprès du Centre des Nations Unies pour les établissements humains.  Son rapporteur est Mme Elena Szolgayova, Ministre de la construction et du développement régional de la Slovaquie.


FONDS AUTORENOUVELABLE POUR LE DEVELOPPEMENT DES COMMUNAUTES URBAINES PAUVRES EN THAÏLANDE


Pour Mme SOMSOOK BOONYABANCHA, Directeur de l’Institut de développement des organisations communautaires, les problèmes liés à la pauvreté semblent toujours s’accroître plus vite que les capacités du système à réagir; la question est de savoir comment les pauvres peuvent cesser d’être uniquement considérés comme l’objet du développement pour en être les acteurs, mais également comment créer un mode de développement structurel, a-t-elle déclaré. Le but du projet est de permettre aux communautés de créer elle-même leur développement.  Le Fonds autorenouvelable pour le developpement des communautes urbaines pauvres mis en place en 1992 s’inscrit dans cette perspective.  Il faut comprendre que les pauvres ont une grande force et un potentiel.  Ce sont souvent des migrants qui ont l’habitude de se battre pour assurer leur survie.  C’est cette énergie-là qu’il faut utiliser. 


Avant même d’accorder des prêts bon marché, l’idée du Fonds est d’abord de donner aux communautés pauvres l’occasion de s’organiser et pour cela nous avons créé des groupes d’épargne qui permettent de mettre en commun les ressources et de développer chez leurs membres une pratique de la gestion communautaire et de la gestion des ressources.  Ces groupes sont ensuite connectés dans des réseaux qui sont des lieux d’échanges et de ressources élargis.  Ils renforcent la capacité de leurs participants, leur donne les informations nécessaires et leur permet de représenter une véritable force dans des questions comme la sécurité sociale.  Un Comité regroupant des représentants du gouvernement, des communautés et d’experts décident de l’attribution des prêts.  Ceux-ci sont de différentes natures : prêts au logement, à l’amélioration de l’habitat, crédit à court terme, prêts destinés à financer les projets communautaires, etc.…


Le Fonds s’oriente maintenant vers un partenariat avec les communautés rurales et vient à cet effet de fusionner avec un Fonds de développement rural.  Mme Boonyabancha a insisté en conclusion sur le fait que l’épargne communautaire, les activités liées au crédit sont des moyens importants d’autodéveloppement.  Ce type de fonds doit être conçu en fonction des conditions de vie et des besoins des pauvres et non selon les règles du marché.  Il faut aussi les envisager du point de vue de leurs effets en termes de changement structurel.  Le fonctionnement des fonds doit être décentralisé et ne doit pas se faire du haut vers le bas, a-t-elle fait valoir.


Dialogue


M. ZEBARDAS, Professeur à l’université de Téhéran en Iran, animateur de ce débat, a lancé la discussion en saluant la démarche novatrice que constitue ce type de financement.  Il a souhaité avoir des précisions sur la façon dont se constituaient les communautés et comment on avait obtenu des cautions qui en général ne se trouvent pas facilement pour les pauvres.


Répondant aux observations et questions énoncées par les représentants de l’Egypte, de l’Indonésie, de la Finlande, du Kenya et de la Tanzanie, de la Norvège, de la Belgique et de la Guinée, Mme BOONYABANCHA a expliqué que les membres des groupes d’épargne commençaient précisément par une activité d’épargne qui au début, pouvait être minimale.  Il est également possible de demander l’aide d’un groupe ou d’un réseau voisin pour aider un groupe à son démarrage.  En ce qui concerne les cautions, la communauté se porte garant pour un de ses membres.  Le contrôle de l’utilisation du prêt est exercé par la communauté et c’est le meilleur système.  Les voisins de l’emprunteur savent mieux que personne à quoi a été utilisé le prêt.  Aucune formation n’a été organisée mais nous avons fait en sorte que les gens bénéficient de ce qui se fait ailleurs, notamment par l’organisation de réunions.  Les investissements initiaux étaient fournis par le gouvernement, les revenus générés par les taux d’intérêt suffisent à réalimenter le Fonds et les sommes excédentaires sont affectées aux dépenses.  La taille du Fonds n’est pas très importante, même un fonds peu important suffit à initier un processus de grande échelle, a fait observer Mme Boonyabancha.


L’enseignement que l’on peut tirer de cette expérience est qu’il est possible de surmonter les obstacles mis par les institutions financières officielles, a fait observer M. Zebardas concluant ainsi les échanges de vues sur cette expérience.


Pour plus d’informations sur le Fonds, contacter Mme Somsook Boonyabancha, Tel : (662) 7180911, courrier électronique : codi@codi.or.th.


PEROU : ACTION PARTICIPATIVE EN FAVEUR DE LA REDUCTION DE LA PAUVRETE A VILLA EL SALVADOR


En guise d’introduction, M. GUSTAVO RIO FRIO du Programme urbain DESCO, a indiqué que Villa El Salvador compte 320 000 habitants et fait partie de l’agglomération de Lima, la capitale du pays qui rassemble elle 8 millions d’habitant, soit la moitié de la population totale du pays.  Villa El Salvador, en tant que municipalité, a été fondée en 1978.  Cet établissement humain, qui était à l’origine un bidonville, est né du fort exode rural que connaît le pays.  Pour faire face à la croissance constante de la ville, un nouveau plan directeur a été mis sur pied à partir de 1996. 


Compte tenu de la taille acquise par Villa El Salvador, en 1999, la nouvelle équipe municipale en place a opté pour une approche participative et un plan de développement intégré couvrant la période 2000-2010.  Plus de 200 réunions populaires ont eu lieu et un document, adopté ensuite par un référendum auquel

48 000 habitants ont participé, en est né.  Une ONG, appelée « Transparence », a apporté son appui à cette vaste consultation.  Pour mettre en oeuvre et gérer ce plan, une collaboration entre population et municipalité a été instaurée.  C’est ainsi que 30% du budget de la Villa, soit 560 000 dollars, est par exemple adopté après consultation avec les habitants.  L’objectif est désormais que ce processus de consultation budgétaire soit institutionnalisé, avant qu’il se poursuive quelle que soit la tendance politique de la municipalité.  La participation de la population deviendra ainsi partie intégrante de la gestion de la ville.  Tout ceci a demandé une forte volonté politique de la part des autorités publiques.  Les ONG ont aussi contribué grandement au projet. 


Présentant la partie plus politique du programme, M. MARTIN PUMAR, maire de Villa El Salvador, a expliqué que la programmation budgétaire et le budget participatifs sont l’instrument de gestion du plan de développement qui vise à faire en sorte que les dépenses de l’Etat dans ce lieu soient connues de tous.  La municipalité a compris assez tôt la nécessité d’associer les habitants si l’on voulait améliorer les conditions de vie dans cette ville.  C’est pourquoi, elle a rapidement officiellement reconnu cette initiative populaire.  Le grand problème rencontré a été bien sûr le financement du plan de la ville.  La participation du Gouvernement central du pays était nécessaire, mais la municipalité a davantage reçu d’aide internationale que nationale.  Les autorités centrales, bien qu’invitées à le faire, n’ont pas véritablement participé à cette initiative.  Pourtant, il faut bien comprendre sur ce point que le développement local favorise le développement régional qui à son tour contribue au développement national. 


Reprenant la parole, M. RIO FRIA a précisé qu’il ne fallait pas confondre la gestion participative du budget de la ville de la gestion budgétaire de la municipalité.  Seul, le budget de la ville est géré pour l’instant de manière participative.  Toutefois, le phénomène semble faire tâche d’huile et plusieurs municipalités au Pérou et dans d’autres pays andins ont aussi adopté une approche participative.  L’étape suivante sera d’étendre la participation à des budgets plus larges.  Le processus est peu coûteux et permet de mieux utiliser les ressources et de mobiliser les efforts des premiers concernés, à savoir les habitants.


Dialogue


Ouvrant le dialogue en sa qualité d’animatrice, Mme JACQUELINE DA COSTA, Directrice générale du bien foncier et de l’environnement de la Jamaïque, s’est dite tout particulièrement intéressée par la démarche ayant conduit à la sélection du cadre dans lequel le processus participatif doit se dérouler.  Elle s’est aussi félicitée de la prise de conscience de la nécessité d’assurer la participation des femmes et des jeunes, traditionnellement oubliés de la gestion des affaires publiques.  Elle a souligné l’importance d’obtenir une participation du gouvernement central qui a des moyens plus importants que les municipalités.  Le programme exposé témoigne bien du fait que la volonté politique est l’élément fondamental. 


Répondant aux commentaires formulés par les délégations, M. RIO FRIO a souligné le caractère novateur de la participation à la gestion budgétaire.   L’expérience montre désormais que cette initiative est très bénéfique.  De son côté, le maire de Villa El Salvador, M. PUMAR, a expliqué, au représentant de l’Allemagne qui l’interrogeait sur le mécanisme de démocratie directe choisi, que consciente qu’elle ne pourrait pas toucher l’ensemble des 320 000 habitants, la municipalité a toutefois recherché la forme la plus large possible.  S’agissant du fonctionnement au quotidien, plutôt que de créer de nouvelles associations, la municipalité s’efforce de renforcer les associations existantes concernées par les projets mis en oeuvre.  Au représentant d’Israël qui se demandait comment avaient été surmontées les différences politiques, il a indiqué que les représentants politiques de Villa El Salvador ont aussi bien compris que le Plan de développement dépassait les intérêts partisans et allait bénéficier à tous les habitants, c’est pourquoi même les représentants de l’opposition s’y sont associés.  Pour la plupart et faute de moyens, les personnes qui participent à ce plan ne sont pas des employés de la ville mais des bénévoles.  Les réunions de consultation des habitants ont pu rassembler jusqu’à 15 000 personnes.  Pour l’avenir, l’objectif est que les citoyens discutent de l’ensemble du budget de la ville.  A plus long terme, l’idéal serait que le budget du plan de développement national fasse lui aussi l’objet d’un processus participatif.


Dans ses observations de conclusion, Mme DACOSTA a mis en avant le rôle du directorat politique qui a su favoriser et encourager ce processus participatif.  Elle a aussi souligné que la population en fait définit assez bien ce qu’ellle veut.


Pour plus d’informations contacter : M. Martin Pumar à Martinnpumar@yahoo.es ou Mme Marianna Llona à mariana@esco.org.pe.


PROGRAMME DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE URBAINE AU MAROC


M. MONCEYF FADILI, Coordonnateur national du Programme, a présenté le Programme pilote de lutte contre la pauvreté en milieu urbain et péri-urbain.  Depuis 1996, a-t-il indiqué, le Maroc s’est engagé comme tous les Etats Membres de l’ONU, dans l’application des décisions d’Habitat II.  Cela a été facilité au Maroc par la politique d’un gouvernement qui avait décidé de rompre avec un passif de quarante ans.  Cette nouvelle phase a été marquée par la promotion de la région, le projet de réforme de la Charte communale, la mise en place de la Charte de la déconcentration, le lancement d’un débat national sur l’aménagement du territoire, ce qui est une première au Maroc, le programme de mise à niveau des établissements humains.  M. Fadili a particulièrement insisté sur la consolidation du tissu associatif qu’il a qualifié de force de frappe émergente depuis une quinzaine d’années et pour l’Etat désormais, partenaire incontournable et a salué l’appui apporté par le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat).


En termes d’objectifs, le programme visait à développer des partenariats avec les acteurs locaux, créer dans les municipalités des espaces de concertation, améliorer les conditions de vie des populations défavorisées, renforcement des compétences locales.


Le Programme a bénéficié du concours du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui, selon M. Fadili, a apporté des procédures de gestion administrative et comptable qui lui ont permis d’échapper aux lourdeurs bureaucratiques du pays, du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (CNUEH) notamment dans le domaine de la formation, des services extérieurs de l’Etat et du tissu associatif.  Les populations cibles, très méfiantes au début du programme, sont les personnes marginalisées avec une attention particulières aux femmes essentiellement chefs de foyers, les enfants des rues, les personnes âgées et les handicapés.  Le financement s’est échelonné sur 40 mois.  Le budget total est de 2 millions de dollars en coûts partagés entre le gouvernement et le PNUD et le soutien tout particulier de l’entreprise Telefonica.  Cet investissement initial de 2 millions de dollars a généré 7 millions de dollars d’investissements dans 75 projets réalisés sur les sites de Tanger, Casablanca-Ben M’sick et Marrakech bien connu comme centre touristique moins pour ses 85 poches de pauvreté.


M. Fadili a particulièrement insisté sur l’importance de la formation proposée.  Il s’est avéré, a-t-il dit, que les associations avaient des idées très précises sur les projets mais qu’elles étaient peu « instrumentées » au niveau de la mise en oeuvre et du suivi.  Il a fait valoir les effets à long terme de cette démarche indiquant notamment que des cadres associatifs commencent à se profiler comme des élus potentiels.  Il a aussi mis en avant le rôle des femmes chefs de ménage qui encadrent dans certains cas une famille de huit enfants et font preuve d’une abnégation remarquable, dans leur façon de gérer les fonds, la façon dont elles sont prêtes à rejoindre des coopératives, etc.  Il a enfin mis en avant un


des grands bénéfices de l’expérience.  Cet exercice de développement local, a-t-il dit, a permis de tisser des liens de confiance et de crédibilité à telle enseigne qu’il est difficile aujourd’hui au Programme de se retirer ce qui était sa vocation initiale.


Dialogue


Renforcement des régions, recours aux municipalités et aux groupes locaux, processus participatif et consultatif, mobilisation des fonds ont été quelques-uns des thèmes dégagés par Mme JACQUELINE DA COSTA de la Jamaïque, animatrice du débat, de la présentation de l’expérience marocaine.


Les représentants de Mauritanie et du Burkina Faso ainsi que le Président de la Commission ont notamment demandé des précisions sur les aspects concrets du projet et ses réalisations notamment dans le domaine de l’habitat ainsi que sur la répartition des responsabilités entre pouvoirs locaux et gouvernementaux.


M. FADILI a expliqué  que le Programme a pour règle intangible d’associer pour chaque projet, les services de l’Etat c’est-à-dire les Ministères de l’éducation nationale, de la santé, de la jeunesse et des sports, les services municipaux et Habitat.  Il a fait valoir qu’une expérience de trois ans ne prétendait pas éliminer la pauvreté mais qu’il s’agissait d’une expérience qui permettait d’identifier des instruments et méthodes que l’on souhaiait répéter dans d’autres contextes.


Concrètement le Programme a apporté aux quartiers défavorisés du petit équipement pour les crèches, la voirie... ainsi qu’une formation qualifiante.  Il a rappelé que le budget moyen d’un projet était de 100 000 dollars mais, a-t-il précisé, les budgets de certains projets ont atteint 500 000 dollars.  En ce qui concerne la répartition des responsabilités, le projet est certes gouvernemental mais l’objectif est de domicilier les acquis au niveau local, a-t-il précisé.  Un aspect important de notre action a été la gestion des conflits.  Nous savons que la ville est un enjeu de pouvoir fort et des conflits sont survenus y compris au sein du même parti politique.  En revanche, il n’y a pas eu de conflits d’intérêt entre le niveau gouvernemental et le niveau local.  En réponse à la question sur les réalisations dans le domaine de l’habitat, M. Fadili a indiqué que les responsables du Programme avaient eu le plus grand mal à s’inscrire dans l’amélioration des services de base car les municipalités nous demandaient : qu’allez-vous construire ? Or la réalisation de logements demande des moyens lourds que nous n’avions pas.


Mme DA COSTA a souligné en conclusion que les enseignements qu’il était possible de tirer de cette expérience étaient notamment l’importance de la volonté politique et de l’implication communautaire ainsi que le problème du manque de financement et la question de l’appui de l’aide internationale qui reste essentielle.


Pour plus d’informations contacter : M. Monceyf Fadili,

Tel : (212 37) 76 03 60

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CONCLUSIONS GENERALES


Formulant des commentaires de conclusion sur ces trois jours de réflexion et de dialogue, le Président de la Commission thématique, M. SLAHEDDINE BELAÏD, Ministre de l’équipement et de l’habitat de la Tunisie, a estimé que les 16 cas présentés attestaient bien du fait que le Programme Habitat est véritablement en train d’être mis en oeuvre sur le terrain.  Ces expériences ont des éléments communs, le rôle des autorités locales - coordonnatrices des actions, la participation de la population, l’établissement de partenariats avec le secteur privé et l’importance du rôle des femmes.  Ceci reflète les principes d’Habitat, a-t-il jugé.  Les discussions ont aussi clairement montré, selon lui, l’importance des ONG qui de plus en plus deviennent des facilitateurs du développement urbain et de l’amélioration de la vie urbaine.  Il a aussi insisté sur l’importance des indicateurs et d’une analyse systématique des enseignements tirés.  La Commission elle-même a permis d’exercer une certaine évaluation et le découpage du travail en quatre grands thèmes (logement et services, gestion environnementale, gestion urbaine et élimination de la pauvreté) a démontré sa pertinence.  Les sujets essentiels auxquels sont confrontés tous les pays de la planète, sans exception, ont pu être abordés.  Ce soir, un résumé des travaux de la Commission sera présenté à la séance plénière et le Président a demandé que les délégations l’enrichissent de leur contribution.


Le représentant de la Belgique s’est, quant à lui, dit inquiet de constater dans les démarches adoptées une marginalisation relative de la dimension culturelle et diversifiée du développement humain et urbain.  Or, à ses yeux, accepter le projet culturellement uniformisateur de la mondialisation reviendrait à se priver d’un certain nombre de ressources locales.  Le développement de chaque collectivité est en fait un projet culturel.  Malheureusement, il n’en est que très rarement discuté dans les villes avec les acteurs concernés.  “Voilà un thème de réflexion pour l’avenir”.  Il a aussi regretté l’absence de toute préoccupation architecturale tant au niveau urbain que pour chaque logement particulier.  Or, l’importance et le symbolisme de l’architecture urbaine ne sont plus à démontrer.  Au-delà de l’architecture, c’est la morphologie des villes qui est en jeu.  Le représentant s’est aussi dit préoccupé par l’ambiguïté de certains concepts utilisés pour les programmes sans qu’une évaluation scientifique n’ait été faite.  Les termes employés sont encore trop souvent idéologiquement marqués.  C’est pourquoi, il a estimé que les enseignants, les chercheurs et les scientifiques devraient aussi être associés à la réflexion.


Mme ERNA WITOELAR, Ministre des établissements humains et des infrastructures régionales de l’Indonésie et Vice-Présidente de la Commission, a mis l’accent sur les similitudes entre les projets présentés malgré leur diversité géographique.  Les enseignements tirés de chaque présentation peuvent en fait être très utiles pour tous les pays.  L’approche intégrée, la mobilisation de la société civile et le soutien des gouvernements sont autant d’éléments qui apparaissent nécessaires quelle que soit la région de la planète où l’on se trouve.


Egalement Vice-Président de la Commission, M. JOSE MARIA MATAMOROS, Président du Conseil national du logement du Venezuela, a pour sa part considéré que jusqu’à présent, les populations ont plutôt été vues comme des “objets d’attention” qui réclament l’aide constante des institutions et des gouvernements.  Cette attitude ne permet pas de surmonter les obstacles, bien au contraire.  Aujourd’hui, il importe de changer cette perception des choses et de voir

effectivement les individus et les populations comme des agents de transformation.  Le changement doit donc aussi être culturel.  Il ne peut pas être imposé du haut vers le bas mais doit reposer sur la participation des citoyens.  Ces populations doivent bien sûr se voir offrir un appui, non seulement financier mais aussi technique.  Partant, il faut donc se pencher sur la situation des universités dans nos pays et s’assurer qu’elles participent bien à ce processus de transformation et forment efficacement les personnes.  Les expériences présentées révèlent aussi que même dans une position difficile, les personnes sont pleinement disposées à participer à ces changements.


De l’avis du troisième Vice-Président, M. LUIS GARCIA CEREZO, Représentant permanent de l’Espagne auprès du Centre des Nations Unies pour les établissements humains, la Commission thématique s’est révélée très intéressante.  Elle a notamment démontré qu’il faut qu’il y ait une coopération entre les différents niveaux de gouvernement.  Les politiques publiques adoptées doivent donc être intégrées afin qu’elles aillent toutes dans le même sens. 


Le représentant du Royaume-Uni s’est lui penché plus particulièrement sur la difficulté d’établir un lien vertical entre tous les niveaux de gouvernement et parallèlement une communication horizontale entre les ministères.  La question fondamentale est de savoir aussi jusqu’où il faut aller en cherchant à inverser les tendances actuelles.  Il a estimé que lors de ces trois jours, l’on n’avait peut-être pas suffisamment insisté sur la question des transports.


Le représentant de la République islamique d’Iran a lui fait remarquer que la majorité des exposés faits par les pays en développement ont présentés des initiatives cofinancées par des organismes internationaux.  La coopération internationale est donc un élément fondamental de l’application d’Habitat qui ne doit pas être oublié.


Lui faisant écho sur ce point, le représentant de la Finlande a toutefois rappelé que les problèmes de l’habitat ne peuvent pas être réglés simplement grâce à l’aide internationale.  Il a fait observer que certaines des présentations effectuées avaient mis en avant des initiatives utilisant presqu’exclusivement les ressources nationales et locales, comme par exemple le programme de la Thaïlande présenté ce matin.  Il s’agissait aussi d’un bon exemple de la manière dont les pays en développement peuvent coopérer les uns les autres, car après tout ce sont eux qui connaissent le mieux leurs besoins.  Le représentant a aussi mis l’accent sur le haut niveau de participation à la Commission, les ministres présentant la plupart du temps eux-mêmes les projets.  Il a suggéré que ce format soit reproduit lors d’autres Conférences d’examen, comme par exemple Rio+10.


Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a souligné l’importance de l’évaluation des projets faite par les donateurs.  Le problème est que ces derniers envisagent trop souvent les choses en termes de résultats obtenus, de produit final.  Or les initiatives participatives appliquées maintenant requièrent une évaluation différente des projets et des résultats.


Reprenant la parole, le Président de la Commission thématique a estimé, à l’instar du représentant de la Finlande, que le format choisi pour la Commission correspondait parfaitement aux questions pratiques traitées.  Il a ajouté qu’une bonne moitié des exemples présentés pourraient d’ores et déjà trouver une application dans son propre pays, la Tunisie, pourtant un petit pays sans moyens importants.  Ceci traduit donc un caractère véritablement universel des obstacles rencontrés qui doivent encourager la tenue de réunions similaires à l’avenir. 


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