FEM/1042

LES FEMMES GRECQUES PROGRESSENT SUR LA VOIE DE L'EGALITE MAIS DES PROGRES RESTENT A FAIRE EN MATIERE DE SANTE, D'EMPLOI ET DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE

28 janvier 1999


Communiqué de Presse
FEM/1042


LES FEMMES GRECQUES PROGRESSENT SUR LA VOIE DE L'EGALITE MAIS DES PROGRES RESTENT A FAIRE EN MATIERE DE SANTE, D'EMPLOI ET DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE

19990128 Les vingt-trois expertes indépendantes du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes ont, cet après-midi, formulé des commentaires sur les deuxième et troisième rapports de la Grèce, qui leur avaient été présentés ce matin. Les efforts déployés par la Grèce pour l'application de la Convention ont été jugés satisfaisants. Les membres du Comité ont aussi passé en revue l'adoption de lois progressistes, la mise en place d'institutions consacrées aux questions de parité entre les sexes, la coopération avec les représentants de la société civile et la mise en place d'une action coordonnée. Des progrès ont été faits notamment dans l'élimination de certains préjugés mais certains efforts déployés dans les domaines de l'emploi, de la santé et pour enrayer la violence contre les femmes n'ont pas encore porté leurs fruits. Relevant le nombre élevé d'avortements pratiqués dans les hôpitaux privés, plusieurs expertes se sont demandées si ce phénomène pouvait s'expliquer par le manque de confidentialité dans le secteur public. Elles ont estimé que cette situation n'était pas satisfaisante, d'autant que les hôpitaux privés semblent ne pas toujours respecter les normes d'hygiène.

Apportant des précisions supplémentaires, la Présidente du Centre hellénique de recherche sur les questions féminines, Mme Antigoni Karali- Dimitriadi, a convenu de la nécessité de revoir la législation relative au viol conjugal et aux avortements des adolescentes.

Demain, vendredi 29 janvier, à partir de 10 heures, le Comité examinera les deuxième et troisième rapports périodiques de la Thaïlande.

EXAMEN DES DEUXIÈME ET TROISIÈME RAPPORTS PÉRIODIQUES DE LA GRÈCE

Commentaires des expertes

Mme IVANKA CORTI, experte de l'Italie, a noté l'adoption d'une série de lois progressistes et la mise en place d'institutions qui fonctionnent bien et coopèrent avec la société civile et les ONG ce qui permet de réaliser des progrès quant à l'élimination des attitudes ancrées chez les hommes, notamment pour ce qui est des droits dans la famille. Nous vous encourageons et sommes satisfaits de la façon dont vous travaillez. Il est également satisfaisant de constater que vous avez établi un lien intrinsèque entre le Programme d'action de Beijing et la Convention. Mme Ivanka a constaté que la crise économique touche la Grèce tout comme les autres pays d'Europe et qu'elle affecte particulièrement les femmes. Les mécanismes pour protéger ces dernières du chômage n'ont pas encore porté tous leurs fruits et il importe de prêter une attention soutenue à la femme sur le marché du travail. Il apparaît que la Grèce a adopté un grand nombre de lois mais leur application est encore bloquée par des attitudes dominantes que vous n'arrivez pas à ébranler, a dit l'experte. Par ailleurs, nous aimerions obtenir plus de données sur les femmes immigrantes. Comment gérez-vous le problème des Albanaises et des femmes venant des pays du tiers monde? Nous aimerions obtenir plus d'informations sur la situation des femmes appartenant aux minorités. Mme Corti a fait part de sa préoccupation quant au fait qu'il n'existait pas de service central chargé de suivre l'état de la prostitution.

Mme CHARLOTTE ABAKA, experte du Ghana, a fait part de sa préoccupation quant au fait qu'en Grèce le viol conjugal est considéré comme une atteinte à la pudeur et non pas comme une violation du droit humain. Elle a souligné que les femmes devaient être sensibilisées plus largement aux conséquences des avortements répétés. Il ne doit pas s'agir d'une simple modalité de planification familiale.

Mme YOLANDA FERRER GOMEZ, experte de Cuba, a relevé l'importance du Secrétariat général pour l'égalité entre les sexes et la liaison constante qu'il entretient avec les ONG ce qui enrichit le travail réalisé. La Grèce est sur la bonne voie.

Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, s'est déclarée très impressionnée par le caractère progressiste du cadre législatif de la Grèce. Les actions, qui donnent désormais la priorité à la lutte de la violence à l'égard des femmes et qui s'efforcent d'autre part d'améliorer leur participation à la vie active vont dans le bon sens. Il est particulièrement satisfaisant que les pouvoirs publics aient tenté de calculer la contribution à l'économie du travail non rémunéré des femmes. L'experte a demandé à connaître le niveau des emplois nouveaux qui sont créés pour les femmes. Le classement de la Grèce dans le dernier rapport du PNUD sur le développement humain indique que le pays progresse. Toutefois certains indicateurs, notamment sur l'accès des

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femmes au marché de l'emploi, montrent que dans certains domaines, la situation laisse encore à désirer. C'est pourquoi, l'experte a encouragé l'Etat partie à multiplier les mesures concrètes.

Mme FERIDE ACAR de la Turquie s'est, quant à elle, félicitée des efforts développés par le Gouvernement pour sensibiliser l'opinion publique et éliminer les comportements discriminatoires. Elle a demandé si les programmes scolaires ont effectivement été révisés pour éliminer toute image stéréotypée. Combien de nouveaux centres d'études sur les problèmes des femmes ont été créés dans les universités grecques? Puisque dans les sociétés méditerranéennes de nombreux problèmes pour les femmes sont liés aux attitudes partriarcales, la prise de conscience au niveau universitaire revêt une très grande importance, a-t-elle expliqué. Relevant l'absence d'ONG grecques dans les délibérations du Comité, elle a demandé à connaître la situation actuelle et le nombre des ONG chargées des questions féminines. Peuvent-elles participer à l'élaboration du rapport et des programmes en faveur des femmes?

Abordant plus particulièrement les questions de la santé et de la violence contre les femmes, Mme CARMEL SHALEV, experte d'Israël, a suggéré aux pouvoirs publics d'associer des professionnels de la santé aux programmes de lutte contre la violence domestique. Elle s'est montrée impressionnée par le fait que le système de protection sociale est universel en Grèce et que tout le monde bénéficie d'une assurance sociale. En revanche, elle a regretté que le Gouvernement n'ait pas fourni de statistiques par sexe, ce qui aurait témoigné de sa parfaite conscience de la spécificité des questions de santé féminine. Il ne suffit pas d'accorder le même montant à la santé des hommes et des femmes, mais il faut établir les besoins spécifiques des uns et des autres. Elle a fait remarquer que le fait que la contraception ne soit pas prise en charge par les assurances pouvait expliquer en partie l'augmentation du nombre d'avortements. Mme SHALEV a en outre déploré l'absence de services de conseil sur la sexualité dans les centres de santé génésique. Le manque de confidentialité pour les avortements pratiqués dans des hôpitaux publics peut peut-être expliquer le nombre si élevé d'avortements pratiqués dans le secteur hospitalier privé, a-t-elle également fait remarquer.

L'experte de l'Allemagne, Mme HANNA BEATE SCHOPP-SCHILLING, a demandé si les Bureaux pour l'égalité continuaient de rencontrer des difficultés de fonctionnement. Elle a estimé que les rapports ne permettaient pas de distinguer clairement quelles sont les mesures temporaires spéciales qui ont été prises. Existe-t-il des plans d'action affirmative dans le secteur public et dans le secteur privé? En ce qui concerne le travail, elle a demandé si le Gouvernement envisageait de favoriser les créations d'emploi en faveur des femmes compte tenu de leur forte proportion parmi les chômeurs.

Mme GOONESEKERE, experte du sri Lanka, a constaté le caractère coordonné des activités menées en faveur des femmes. Au sujet du peu de recours constitutionnel invoqué par les femmes, elle a suggéré que des plaintes soient déposées non pas individuellement mais au niveau public sans que le nom de la

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femme ne soit révélé. Elle a estimé nécessaire de revoir la législation pour ce qui est du viol pour que celui-ci ne soit pas considéré comme une simple violation de la liberté sexuelle. Le nombre élevé de divorces a-t-il une incidence sur la paupérisation des femmes, a-t-elle demandé. La Grèce connaît le problème du trafic des femmes. Avez-vous l'intention d'examiner le lien entre emploi, immigration et trafic de femmes ?

Mme YUNG-CHUNG KIM, experte de la République de Corée, s'est dite encouragée par le fait qu'un certain nombre de procès ont eu lieu pour des questions de discrimination. Au sujet des mesures législatives visant à combattre les stéréotypes dans la presse, Mme Kim a souhaité savoir s'il existait des mécanismes de surveillance de l'application de ces mesures.

Réponse de l'Etat partie

Mme ANTIGONI KARALI-DIMITRIADI, Présidente du Centre de recherche hellénique sur les questions féminines, a précisé que des centres d'accueil, avec du personnel de santé, seront mis en place pour les femmes victimes de la violence. Nous disposons véritablement de programmes pour les femmes issues des minorités albanaise, gitane et musulmane qui leur fournissent une aide dans différents domaines comme l'apprentissage de la langue. Nous sommes par ailleurs convaincus qu'une loi doit être consacrée au viol domestique. Un viol est un viol que ce soit à l'intérieur du mariage ou non. Au sujet de l'avortement, elle a dit sa préoccupation quant au nombre important de jeunes femmes, voir même d'adolescentes, qui se rendent dans des cliniques privées. Il nous faut une législation qui tienne compte de ce phénomène. La santé est une priorité pour le Gouvernement grec. Il ne s'agit pas seulement de collaborer avec les ministères et les ONG mais il nous faut faire un effort de diffusion de l'information auprès des femmes. Prenant la parole à son tour, Mme MARIA ZERVOU, experte économique auprès du Secrétariat pour les questions de parité, a expliqué que les femmes avaient un niveau d'éducation universitaire supérieur aux hommes.

Remarques de conclusion

La Présidente du Comité, Mme AIDA GONZALEZ, experte du Mexique, a félicité la délégation grecque pour la qualité des informations qu'elle a été en mesure de fournir au Comité. Elle a indiqué que le sentiment de satisfaction semblait largement partagé par les expertes. Elle a souligné que l'un des thèmes qui a préoccupé le plus le Comité était celui de la santé, et notamment des avortements. Au sujet de la violence domestique, et surtout du viol au sein du mariage, elle a encouragé la poursuite des campagnes menées pour modifier les comportements stéréotypés. Elle a souhaité évoquer le problème de la pédophilie et de l'utilisation de petites filles et de petits garçons pour réaliser du matériel pornographique, mentionnés dans le rapport. C'est un problème qui touche désormais tous les pays et les Etats doivent s'unir pour poursuivre et châtier de la manière la plus ferme possible les personnes qui se livrent à ce genre d'activités criminelles, a-t-elle affirmé. Elle a invité en dernier lieu le Gouvernement grec de diffuser le plus largement possible les commentaires formulés aujourd'hui par les expertes.

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