AG/655

SOMMET PLANETE TERREE5 : L'HOMME DOIT ETRE AU CENTRE DU DEVELOPPEMENT DURABLE

25 juin 1997


Communiqué de Presse
AG/655


SOMMET PLANETE TERRE+5 : L'HOMME DOIT ETRE AU CENTRE DU DEVELOPPEMENT DURABLE

19970625 La dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21, a poursuivi ce matin ses travaux commencés lundi dernier. Plusieurs intervenants ont estimé qu'il fallait davantage placer l'homme au centre du développement durable. Il importe de sensibiliser et d'associer les populations dans un véritable partenariat sans lequel les efforts déployés par les gouvernements resteront vains. De nombreux petits Etats insulaires en développement, ayant rappelé la vulnérabilité de leur écosystème, ont réaffirmé l'importance qu'ils attachent à la mise en oeuvre de la Déclaration et du Programme d'action de la Barbade. Les questions relatives à la forêt et à la désertification ont été largement évoquées. Et, ce matin encore, les pays développés ont été invités à changer leurs modes de production et de consommation et à renforcer leur solidarité et leur coopération avec les pays en développement.

En début de séance, le Président de l'Assemblée générale, M. Razali Ismail (Malaisie) a rendu hommage à la mémoire du Commandant Cousteau décédé dans la nuit à Paris. Le Ministre de l'environnement et de l'aménagement du territoire de la France, Mme Dominique Voynet, a estimé que Jacques-Yves Cousteau était probablement le Français "le plus connu dans le monde". Aujourd'hui nous sommes tristes, mais nous sommes convaincus que le meilleur hommage que nous puissions lui rendre, c'est que la France soit désormais surtout connue dans le monde pour son action en faveur de la défense de l'environnement, a déclaré le Ministre.

Dans le cadre de son débat, l'Assemblée générale a entendu les déclarations des personnalités suivantes : le Président de la République des Iles Marshall, M. Imata Kabua; le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Madagascar, M. Herizo Razafimahaleo; le Vice-Premier Ministre du Lesotho, M. P. Mosisili; le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l'environnement de Malte, M. George W. Vella; et le Vice-Premier Ministre et Ministre de la sécurité nationale des Bahamas, M. Frank H. Watson.

(à suivre - 1a)

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L'Assemblée générale a également entendu les déclarations des Ministres suivants : le Ministre d'Etat, Ministre d'environnement de l'Indonésie, M. Sarwono Kusumaatmadja; le Ministre de l'environnement du Venezuela, M. Rafael Martinez-Monro; le Ministre des ressources en eau et de l'environnement du Niger, M. Mahanane Brah; le Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, M. Ali Akbar Velayati; le Ministre fédéral de l'environnement, de la jeunesse et de la famille de l'Autriche, M. Martin Bartenstein; le Ministre de l'environnement et de la coopération pour le développement de la Finlande, M. Pekka Haavisto; le Ministre de l'agriculture, des ressources naturelles et de l'environnement de Chypre, M. Costas Petrides; le Ministre du développement urbain, du logement et de l'environnement de Fidji, M. Vilisoni Cagimaivei; le Ministre des affaires municipales et rurales et de l'environnement de la Jordanie, M. Tawfiq Kreishan; le Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Sainte-Lucie, M. George W. Odlum; le Ministre du tourisme, de la culture et de l'environnement d'Antigua-et-Barbuda, M. Rodney Williams; et le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique lao, M. Soubanh Srithirath.

L'Assemblée a en outre entendu les déclarations de M. David Peleg (Israël); du Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), M. Rubens Ricupero; du Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), M. Frederico Mayor; du Président de la Banque mondiale, M. James D. Wolfensohn ainsi que d'un représentant de la Chambre de commerce internationale (au nom du Groupe principal du commerce et de l'industrie), M. Eugenio Clariond Reyes.

Auparavant, le Président de l'Assemblée générale avait indiqué que les Seychelles, conformément à l'Article 19 de la Charte, avait effectué les paiements nécessaires pour pouvoir participer aux votes de l'Assemblée générale.

La prochaine séance de l'Assemblée générale aura lieu cet après-midi, à 15 heures.

M. IMATA KABUA, Président de la République des Iles Marshall : la République des Iles Marshall s'est engagée à assumer sa part de responsabilités en créant un environnement qui soit sûr de façon permanente pour les générations futures. Elle a récemment accueilli, à Majuro, une consultation régionale de haut niveau sur la pêche à laquelle plus de vingt pays ont participé. Ceux-ci ont exploré les voies et moyens de gérer les ressources maritimes de la région. Notre préoccupation majeure a été d'assurer que la gestion et la protection du thon soient réalisées de manière durable au profit des futures générations. Il est décevant, notamment pour les petits Etats insulaires en développement, de constater les faibles progrès obtenus en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Seule une coopération active et véritable permettra de mettre un terme à cette menace, comme à toutes les autres. Il est encourageant de savoir que de nombreuses nations et organisations internationales et régionales tissent entre elles des liens et adoptent des calendriers communs. Pour leur part, les responsables du Forum du Pacifique Sud ont accompli certains progrès modestes en ce domaine.

Il est préoccupant de noter la façon dont les études scientifiques sont menées au nom de l'environnement. En effet, les problèmes environnementaux étudiés sont analysés presque exclusivement en termes de rentabilité. Les véritables questions sociales, culturelles et juridiques ainsi que les droits fondamentaux de l'homme ne sont pas toujours pris en compte dans ces recherches. On peut également regretter que les décisions fondamentales pour le bien-être et l'avenir des populations affectées sont souvent réalisées sans elles, ce qui a pour conséquence que ces populations sont écartées du processus d'identification des problèmes et de l'élaboration des programmes visant à résoudre les difficultés qu'elles connaissent.

M. RAFAEL MARTINEZ-MONRO, Ministre de l'environnement du Venezuela : le Venezuela a depuis longtemps conscience de l'importance de la gestion et de la conservation des ressources naturelles. Cette préoccupation s'est exprimée par la création dès 1976 du Ministère de l'environnement et des ressources naturelles renouvelables et par d'autres efforts dans le passé, comme le Traité de coopération amazonien. Depuis plus de 20 ans, les composantes du développement durable, à savoir l'économie et les domaines sociaux et environnementaux constituent un ensemble organique et intégré et ont été présentes dans toutes les politiques mises en place par le gouvernement. Aujourd'hui, la session extraordinaire doit permettre d'analyser dans quelle mesure nous avons pu intégrer et réaliser les concepts dégagés à Rio. Ce sont les pays en développement qui ont réalisé les plus grands progrès. Ceci n'est cependant pas suffisant et les chiffres ne donnent aucun signe d'une évolution positive. Ainsi 25% des habitants de la planète consomment 75% des ressources naturelles et produisent 90% de la pollution qui affecte tous les pays. Les pays développés n'ont pas respecté leurs engagements quant à l'aide publique au développement. Il faut passer d'urgence d'une rhétorique environnementale aux actes.

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Le Venezuela et les autres pays de l'hémisphère américain se sont quant à eux fortement mobilisés, notamment au sein de l'Organisation des Etats américains. Plusieurs conférences régionales ont eu lieu, ainsi en Bolivie et aux Etats-Unis et des programmes Action 21 sous-régionaux ont été mis en place. Le problème le plus important est celui de la pauvreté qui constitue la négation même de la notion de développement durable et de la gestion de l'environnement. Une bonne gestion des affaires publiques doit s'attacher au bien-être de la société et des citoyens. La pauvreté ne pourra être combattue si l'on ne parvient pas à la complémentarité entre le commerce et l'environnement, à la promotion de meilleurs indicateurs de santé et sans un changement des modes de consommation et de production des pays développés. Dans le cas du Venezuela, il faut faire face aux disparités entre la pauvreté rurale et la pauvreté urbaine. Le problème est que les programmes actuels se concentrent de manière presque exclusive sur la pauvreté rurale, ignorant les récents changements démographiques. En effet, aujourd'hui c'est dans les villes que se concentrent le plus de personnes pauvres. C'est donc seul que le Venezuela a dû faire face à ce phénomène nouveau. Pour parler de la gestion durable des ressources naturelles, il faut examiner les moyens appropriés de mettre en place une telle gestion. L'accent doit donc être mis sur les ressources et mécanismes financiers, le renforcement des institutions, le transfert de technologies et la participation de tous. Un plan d'action aussi large et ambitieux soit-il ne servira à rien, s'il ne s'accompagne pas d'une coopération réelle et du soutien sincère de la communauté internationale. L'esprit de partenariat présent à Rio doit devenir une réalité, fondée sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée. Les pays de la région amazonienne et andine, dotés d'une grande diversité biologique, ont bien compris que sans solidarité, il n'y aura pas de développement durable, dont le pivot est le facteur humain.

M. HERIZO RAZAFIMAHALEO, Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de Madagascar : l'atmosphère prévalant aujourd'hui, cinq ans après Rio, n'est plus l'euphorie grisante et grisée de 1992. En dépit de déclarations de bonnes intentions, voire des engagements pris publiquement avec emphase à Rio, très peu d'actions marquantes et encore moins de résultats concrets majeurs ont été enregistrés, notamment au niveau financier et du point de vue des transferts de technologies. La situation environnementale de notre planète ne cesse de se dégrader. Les émissions polluantes ont augmenté, la quantité des ressources renouvelables - dont l'eau douce, les forêts et les terres arables - diminue, et la pauvreté endémique dans certains pays accélère la dégradation des ressources naturelles et le phénomène de désertification. La détérioration induite des habitats naturels et des écosystèmes fragiles a entraîné un appauvrissement dangereux de la diversité biologique. L'impression négative est fort heureusement atténuée par une vague lueur d'espoir devant la mobilisation à l'échelle mondiale pour faire face aux défis de cette fin de siècle.

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Madagascar a allié les actes aux paroles en prenant des mesures concrètes dès 1991 pour mettre en place un Plan d'action environnemental malgache dont les grandes lignes se retrouvent dans Action 21. Au titre des réalisations concrètes du Plan d'action environnemental on peut citer : des programmes intégrés de la lutte contre la pauvreté, la conception intégrée de la planification de la gestion des terres, la lutte contre le déboisement, la préservation de la diversité biologique, la protection de zones marines et côtières, et la responsabilisation des populations locales. Les efforts portent également sur certaines questions intersectorielles comme la santé, la population et les établissements humains durables. Madagascar reconnaît qu'Action 21 demeure le document de base pour la conduite d'actions concrètes de développement durable. Madagascar adhère aux principes de l'intérêt mutuel et des responsabilités communes mais différenciées des pays développés et en développement. Madagascar reconnaît que l'aide publique au développement est une source cruciale de financement du développement et demande que les pays développés respectent les engagements pris à Rio de consacrer 0.7% du PNB à l'assistance au développement. Il faut que le Fonds pour l'environnement Mondial (FEM) soit restructuré et qu'il y ait une pleine participation des grands groupes de la société civile.

M. MAHANANE BRAH, Ministre de l'hydraulique et de l'environnement du Niger : le Niger, pays sahélien, subit une forte dégradation de ce qui lui reste de ses maigres ressources naturelles et connaît une croissance démographique importante face à une croissance économique faible. Il demeure attaché à Action 21, en tant que plate-forme idoine pour la promotion d'un développement durable. Le Niger a ratifié toutes les conventions et accords conclus à Rio et ceux qui ont suivi. Le Niger, pour atteindre les objectifs fixés au titre d'Action 21, a mis en place un Conseil national de l'environnement pour un développement durable (CNEDD), qui a pour mission de coordonner l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi du Plan national de l'environnement pour un développement durable (PNEDD), dont le Programme d'action national de lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles en constitue l'un des éléments majeurs. Le bilan diagnostic de la situation environnementale au Niger est également entrepris, parallèlement à l'amorce de réflexions pour la création d'un Fonds national de l'environnement.

La présente session extraordinaire devra, de notre point de vue, amener la communauté internationale à faire une réelle avancée dans la mise en oeuvre de la nouvelles alliance mondiale pour la sauvegarde de l'environnement et la réduction des inégalités sociales, alliance qui a été préconisée lors du Sommet de Rio. La matérialisation de cet idéal planétaire implique une collaboration plus accrue entre nos Etats sur les questions relatives à l'environnement, mais aussi l'octroi de ressources additionnelles en faveur des pays en développement en particulier les moins avancés d'entre eux,

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ressources qui constitueront un appoint aux efforts nationaux de mobilisation financière. Ces ressources doivent notamment être accordées à la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification qui est la seule des conventions adoptées après la Conférence de Rio à ne pas disposer de fonds propres pour la poursuite de sa mise en oeuvre. De même, des questions telles que la dette des pays en développement, le transfert de technologies, l'utilisation de l'énergie et des eaux douces, la pollution industrielle, les liens entre la désertification et la pauvreté, questions qui sont indissociables des problèmes de l'environnement et du développement, doivent être prises en compte afin que des priorités soient dégagées.

M. ALI AKBAR VELAYATI, Ministre des affaires étrangères de l'Iran : les éléments fondamentaux de l'environnement, à savoir l'eau, l'air, la terre et les espèces vivantes, appartiennent au patrimoine commun de l'humanité et leur dégradation met en péril l'ensemble des êtres humains, c'est pourquoi la Conférence de Rio est survenue à point nommé, au lendemain de l'avènement d'un nouvel ordre politique mondial. L'industrialisation rapide des pays développés, dont les modes de consommation ne sont pas fondés sur la durabilité, a causé des dégâts irréversibles à l'environnement. Pourtant ces mêmes pays tentent d'imposer des obligations nouvelles aux pays en développement afin de détourner l'attention du public et d'échapper à leurs propres responsabilités. C'est pourquoi l'une des avancées principales de Rio a été l'émergence du concept d'interrelation entre l'environnement et le développement, associé à un nouveau partenariat et à une coopération internationale renforcée. De grandes espérances ont alors vu le jour. Mais aujourd'hui, le bilan est fort modéré et le manque de progrès dans la réalisation des engagements internationaux est patent. L'environnement continue de se dégrader.

Il convient de souligner le concept de responsabilité commune mais différenciée. En effet, compte tenu de facteurs géographiques et historiques tous les pays n'ont pas participé de la même manière à la dégradation de l'environnement. Il est injustifiable que le monde en développement paie pour les ravages causés par les pays les plus riches. La présente session extraordinaire doit aboutir à des moyens d'action concrets et Action 21 doit être réalisé comme un tout et non par fragments. Les engagements pratiques à fournir les ressources financières et les techniques nécessaires au développement durable doivent constituer le pendant impératif de la mise en place de conventions et de textes contraignants internationaux. Il faut éliminer les philosophies s'appuyant sur les seuls intérêts à court terme, sinon nous courons à la catastrophe. Prenons avantage du phénomène de la mondialisation et de cette opportunité sans précédent d'établir une réelle coopération internationale pour surmonter les problèmes environnementaux actuels.

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M. MARTIN BARTENSTEIN, Ministre fédéral de l'environnement, la jeunesse et la famille de l'Autriche : au sein de l'Union européenne, l'Autriche - avec l'Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni - est le pays qui s'est engagé le plus à réduire de 25% les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2010. L'Autriche invite le plus grand utilisateur d'énergie et par conséquent celui qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre d'accepter sa responsabilité en s'associant aux efforts de l'Union européenne pour sauver le climat mondial à la Conférence de Kyoto, en décembre 1997. Le leadership dans le monde d'aujourd'hui ne signifie pas seulement le leadership dans les domaines de la technologie, de l'économie et de l'armement, mais peut-être avant tout diriger le monde dans la voie du développement durable. Il est urgent de prendre une décision claire sur le démarrage du processus préparatoire de la session de 2001 de la Commission du développement durable qui sera consacrée à l'énergie. L'Autriche se dit prête à contribuer davantage à la coopération internationale sur l'énergie durable en accueillant une conférence internationale d'experts et de décideurs sur les ressources renouvelables. Elle appuie tous les efforts visant à garantir une gestion durable des forêts. Le Gouvernement autrichien déploie des efforts considérables pour intégrer davantage la durabilité à l'économie en créant de nouvelles alliances, telles que le Conseil économique autrichien pour le développement durable qui a lancé un programme d'éco-efficience et le Centre de production plus propre chargé de promouvoir une technologie de pointe écologiquement rationnelle. Le Plan national pour l'environnement autrichien sera mis en place, conformément avec les priorités sectorielles de la Commission du développement durable.

En vue de contrôler la transition vers la durabilité, il est essentiel d'établir un ensemble d'objectifs précis et de faire progresser les travaux en cours sur les indicateurs pour le développement durable. La prochaine étape de la lutte commune en faveur d'un développement durable devra consister à établir des régimes appropriés pour la gestion durable des ressources naturelles. Des efforts ont déjà été déployés dans ce sens en ce qui concerne la Convention sur la désertification et l'Accord sur les stocks de poissons chevauchants. Si l'on ne réussit pas à développer des moyens appropriés de gestion des maigres ressources de façon équitable, ces ressources et les mouvements de population conséquents pourraient être responsables de violents conflits dans les années à venir. Il est donc nécessaire de placer au centre des plans nationaux de sécurité la question de l'interdépendance de l'environnement et de la sécurité. L'élaboration de voies et moyens appropriés de gestion des ressources au niveau mondial demandera que l'on mette en place de nouveaux mécanismes internationaux qui permettront un partage juste du fardeau à court terme que la transition vers la durabilité imposera à tous les pays. L'Autriche est très active au sein de l'Union européenne pour promouvoir une approche commune en faveur d'une réforme de la taxe écologique. Elle oeuvre également à renforcer sa coopération avec les pays d'Europe centrale et orientale, en particulier dans le domaine des transports.

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M. SARWONO KUSUMAATMADJA, Ministre d'Etat de l'environnement de l'Indonésie : cinq ans après Rio et vingt-cinq ans après Stockholm, il est regrettable que le développement durable soit toujours menacé. L'euphorie et l'optimisme de Rio ont été remplacés par la déception et l'incertitude. La mise en oeuvre d'Action 21 est loin d'être réalisée. Il n'y a pourtant pas d'alternative au partenariat mondial qui a été identifié à Rio pour promouvoir le développement durable. Cette réunion est d'une importance cruciale pour mesurer notre engagement. Les sources de la dégradation de l'environnement proviennent des modes de production et de consommation non durables des pays développés et de la pauvreté et du sous-développement des pays en développement. Il est capital que soient mobilisées de nouvelles et additionnelles ressources financières, et que soient renforcées les capacités technologiques et humaines. Le transfert d'écotechnologies prôné par Rio n'a pas été suffisant. La coopération internationale est pourtant nécessaire pour aider les pays en développement à établir des capacités économiques et techniques.

Il n'est pas question de renégocier ici le consensus de Rio ou de donner de nouvelles priorités aux questions traitées dans Action 21. Au coeur du processus du développement se trouve la question essentielle de l'élimination de la pauvreté. La réalisation de ce processus permettra d'atteindre les objectifs environnementaux. L'Indonésie a intégré des programmes d'élimination de la pauvreté dans son 6ème Plan de développement quinquennal. Elle a intégré ses expériences dans le cadre du programme de coopération Sud-Sud. L'Indonésie a traduit de façon concrète bon nombre de ses engagements pris à Rio. Elle a développé une stratégie nationale pour le développement durable. La question des forêts est, pour l'Indonésie, particulièrement importante et l'élaboration d'un instrument juridiquement contraignant sur les forêts est essentiel.

M. PAKALITHA B. MOSISILI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires intérieures du Lesotho : pour les pays en développement, la pauvreté, le manque de ressources financières et le non-accès aux technologies indispensables au développement durable, constituent des contraintes majeures à la mise en oeuvre des engagements du Sommet de Rio. Des espoirs avaient vu le jour quant à l'accompagnement de l'aide au développement mais malheureusement nous avons assisté à une baisse du volume de l'aide. Ceci a réduit la capacité des pays en développement à mettre en oeuvre les accords de Rio. Il est toutefois encourageant d'entendre les pays développés, en particulier les pays de l'Union européenne, faire part de leur engagement à mettre un terme à la tendance à la baisse de l'aide au développement. Le multilatéralisme demeure l'outil principal permettant de garantir la durabilité de la protection de l'environnement. Au niveau national, le développement durable doit s'appuyer sur la stabilité politique et des politiques économiques justes qui doivent reposer sur des structures démocratiques, la protection des droits de l'homme, l'égalité des sexes et l'élimination de la pauvreté.

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Bien qu'au cours des deux dernières années, le Lesotho a connu une croissance économique sans précédent, la pauvreté ronge encore le tissu social. La pauvreté étant liée à la dégradation de l'environnement, il faut trouver la voie permettant d'en sortir. Depuis la CNUED, nous avons mis en place une nouvelle institution au sein du cabinet du Premier ministre chargée de la coordination, de la régulation et de la surveillance de toutes les activités nationales liées à l'environnement. Nous avons adopté un plan d'action national pour la mise en oeuvre d'Action 21 dont l'élément central est un programme qui vise, d'une part, à lutter contre la pauvreté et le chômage, et d'autre part, à combattre la dégradation de l'environnement. Compte tenu de l'accroissement de la population au rythme de 2,6% par an, une politique démographique nationale a été adoptée. Les programmes de lutte contre la déforestation n'ayant pas atteint les buts recherchés, le gouvernement est en train d'achever un plan d'action national pour les forêts qui vise à prévenir une éventuelle catastrophe écologique. S'agissant de l'énergie industrielle, des programmes de conservation seront intégrés au projet régional de gestion des énergies de la Communauté de développement des Etats d'Afrique australe (SADC). Région montagneuse, le Lesotho est conscient de la responsabilité qui lui incombe de préserver et de gérer les ressources en eau pour le bienfait de sa population mais également pour de nombreux pays de l'Afrique australe. Dans ce contexte, l'apport de ressources financières et de technologies appropriées revêt une signification particulière.

M. GEORGE W. VELLA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l'environnement de Malte : Il est ironique qu'au moment où tous les pays déclarent que le monde devient un "village mondial", on continue d'utiliser les termes "nord" et "sud" non seulement pour évoquer des concepts géographiques mais également pour dénoter l'existence douloureuse sous-jacente du profond fossé qui sépare les pays développés des pays en développement. Les territoires de nombreux pays dits "en développement" recèlent d'immenses richesses et de vastes ressources qui ne profitent pas à la population locale en raison du manque d'éducation, d'expertise, de technologies appropriées ou de ressources financières adéquates. Dans la plupart des cas, ces ressources sont exploitées par ceux qui disposent des moyens nécessaires, accentuant ainsi les inégalités et créant un base plus propice aux tensions sociales, ainsi que de plus grandes menaces à la sécurité et à la stabilité internationales. Les mesures qui doivent être prises dépassent largement les considérations écologiques. Les droits souverains des pays en développement de bénéficier pleinement de l'utilisation appropriée de leurs ressources devraient être entièrement respectés et non pas bafoués en raison de considérations écologiques. L'humanité est encore confrontée aux réalités douloureuses de la pauvreté et de la destitution dans le monde, phénomène qui résulte d'un développement précaire et d'une distribution injuste des richesses et des ressources mondiales, provoquant des luttes ethniques, des flux croissants de réfugiés et l'extrémisme qu'il faudrait combattre de manière holistique.

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A la veille du nouveau millénaire, la communauté internationale devrait adopter une action efficace en établissant un équilibre entre le développement d'un climat économique mondial libre et un développement social juste. En tant que pays européen, situé au centre de la région méditerranéenne, à un stade de transition vers le statut de pays développé, Malte a toujours oeuvré de manière assidue dans le cadre des Nations Unies et autres instances internationales pour promouvoir le partenariat et la coopération dans la région, et au-delà. Sans oublier de mentionner l'initiative sur le droit de la mer que Malte a apportée au monde. En tant que petit Etat insulaire, conscient de sa vulnérabilité, et estimant que les menaces à sa sécurité sont en ce moment essentiellement d'ordre écologique, économique et social, Malte a, au cours de ces vingt dernières années, pris une série d'initiatives pour protéger et sauvegarder l'environnement. Malte invite à la mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre de la Conférence mondiale de la Barbade et souhaite un examen global et efficace par l'Assemblée générale en 1999. Aux niveaux régional et mondial, Malte a contribué, et continue de le faire, au développement durable en accueillant sur son territoire l'Institut international des océans et l'Institut du droit maritime international de l'Organisation mondiale maritime, qui organise tous deux des cours de gestion maritime pour des étudiants étrangers, en particulier de pays en développement. Le Centre régional de contrôle de pollution marine, qui fonctionne dans le cadre du Plan d'Action méditerranéen, siège également á Malte.

M. FRANK H. WATSON, Vice-Premier Ministre et Ministre de la sécurité nationale des Bahamas : les Bahamas sont fiers des progrès qu'il ont effectués sur le front de l'environnement et se félicitent que ces progrès aient été facilités par les processus de Rio et de la Conférence de la Barbade. Il faut toutefois reconnaître que les progrès enregistrés sont loin d'être suffisants. Les Etats insulaires se caractérisent par une vulnérabilité particulière aux catastrophes naturelles et une économie délicate dépendant de ressources limitées et du commerce international sur lequel ils n'ont aucun contrôle. Si le tourisme est aujourd'hui le secteur enregistrant la plus forte croissance, il pose pourtant les problèmes des ressources en eau, des déchets et de la pollution des mers. Le réchauffement de la planète ajoute encore aux défis que doivent relever les Etats insulaires puisqu'il est à l'origine de l'augmentation du nombre des catastrophes naturelles. La question est donc de savoir de quelle manière ces Etats peuvent réaliser le développement durable.

De l'avis des Bahamas, la durabilité du développement doit reposer sur trois piliers : le bien-être écologique, l'harmonie sociale et les opportunités économiques pour tous. Durant les cinq prochaines années, la communauté internationale doit oeuvrer à lutter contre la pauvreté pour assurer le bien-être social et économique, pilier essentiel du développement durable. En dépit des engagements de Rio qui ont été renouvelés à

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la Conférence de la Barbade, les Etats insulaires n'ont toujours pas reçu l'assistance financière promise et bénéficié du transfert de technologie requis. Si nous ne renversons pas la tendance des catastrophes écologiques et ne traitons pas du problème de la pauvreté, l'horloge biologique du monde pourrait bien s'arrêter sur l'autodestruction.

M. PEKKA HAAVISTO, Ministre de l'environnement et de la coopération pour le développement de la Finlande : j'appuie la déclaration faite par le Premier Ministre des Pays-Bas, au nom de l'Union européenne. L'importance de la dimension sociale du développement durable a encore augmenté depuis Rio. Pour mieux explorer le concept de durabilité sociale, la Finlande souhaite organiser l'an prochain une réunion d'experts et de chercheurs internationaux. La Finlande, qui est un pays de forêts, conçoit la gestion durable des forêts comme un élément clé du développement durable. Elle s'est engagée à mettre rapidement en oeuvre les recommandations du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. La Finlande estime qu'un instrument juridique contraignant sur tous les types de forêts permettrait de compléter efficacement les accords et conventions existants. La convention devrait couvrir les aspects écologiques, économiques, sociaux et culturels. La Finlande est disposée à accroître son aide publique au développement pour soutenir les efforts des pays en développement pour une gestion durable des forêts et pour lutter contre la désertification.

La Finlande entend respecter les objectifs fixés par l'Union européenne en ce qui concerne la Convention sur les changements climatiques. Elle est d'avis que la session extraordinaire devrait sur ce point adresser un message ferme à la prochaine Conférence de Kyoto. La Finlande réexamine actuellement le premier Programme gouvernemental pour le développement durable adopté en 1990. Elle déplore que de nouvelles preuves scientifiques viennent étayer les informations alarmantes sur la situation de l'environnement de l'Arctique. Elle estime qu'un large effort international est nécessaire pour réduire les problèmes croissants que connaît cette région. Le développement durable ne peut être réalisé sans l'adoption d'accords internationaux institutionnels adéquats. A cet égard, je soutiens la proposition faite par le Chancelier allemand. L'environnement mérite des arrangements institutionnels qui garantissent la législation et la surveillance. Ceci ne peut être obtenu qu'avec un système des Nations Unies unifié, qui intègre toutes les dimensions de la gestion de l'environnement, dont le Programme des Nations Unies pour l'environnement constituerait le principal pilier. De leur côté, les institutions internationales de financement du développement ont un rôle essentiel à jouer dans la mise en oeuvre du calendrier mondial.

M. COSTAS PETRIDES, Ministre de l'agriculture, des ressources naturelles et de l'environnement de Chypre : au niveau national, tous les pays doivent mettre en oeuvre, par le biais d'un engagement durable politique, les principes du développement durable. Ceci ne peut être garanti qu'à travers

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un système caractérisé par la définition des priorités, la crédibilité, la faisabilité, la responsabilité, le pluralisme, une perspective à long terme et une dépendance moindre vis-à-vis des institutions. Par-dessus tout, on ne peut plus accepter que la volonté collective des marchés continue à créer des problèmes. Au niveau national, Chypre a adopté un Plan d'action écologique tandis qu'au niveau régional nous avons inscrit au rang des priorités la gestion des zones côtières, la gestion de l'eau et l'intégration des préoccupations écologiques dans les politiques régionales de développement. Au niveau international, nous avons tous besoins de travailler ensemble pour garantir une transition politique vers des objectifs complémentaires. A cet égard, il ne faut jamais oublier le lien qui existe entre environnement et droits de l'homme. Le droit à un environnement de qualité a après tout été reconnu comme faisant partie des droits de l'homme par la Déclaration des Nations Unies sur le droit au développement. Le développement durable est également lié à la souveraineté sur les ressources naturelles. A cet égard, nous sommes gravement préoccupés par le projet de construction d'une usine nucléaire sur une zone sismique en face de nos côtes du Nord.

Il est également important de souligner les dimensions sociales et humaines du développement durable et la priorité qu'il faut accorder à l'élimination de la pauvreté et aux problèmes liés à l'urbanisation. Ceci ne pourra se faire qu'en s'attaquant aux inégalités sociales et en garantissant des aides techniques et financières appropriées aux niveaux bilatéral et multilatéral. Il faut également aménager le système économique mondial en le mettant au service des besoins réels des populations et en conciliant compétitivité commerciale et protection de l'environnement, dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. Pour ce qui est des structures institutionnelles internationales, la priorité devrait être d'obtenir un consensus quant à la mise en place d'un système permettant d'intervenir en cas de demandes conflictuelles, de garantir une coordination inter-sectorielle et l'intégration des politiques, d'aider à la définition des responsabilités et de garantir le partage des informations.

M. VILISONI CAGIMAIVEI, Ministre du développement urbain, du logement et de l'environnement de Fidji : cinq ans après la Déclaration de Rio et trois ans après le Plan d'action de la Barbade, la mise en oeuvre d'Action 21 demeure un formidable défi, particulièrement pour les petits Etats insulaires. Bien que les réalités et les perspectives varient pour chaque pays, nous sommes convaincus que le développement socio-économique et l'environnement sont interdépendants et contribuent mutuellement au développement durable. Fidji s'associe pleinement à la position de l'Alliance des petits Etats insulaires en ce qui concerne les modalités du réexamen du Plan d'action de la Barbade. Le développement économique constitue la composante vitale du développement durable. Les petits Etats insulaires en développement ne peuvent parvenir à un stade de développement économique satisfaisant qu'avec l'assistance de la communauté internationale. L'Aide publique au

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développement (APD) en est un élément fondamental. Or malgré les promesses et engagements, l'APD fournie par les pays industrialisés, à l'exception des pays nordiques, n'a cessé de décliner, paralysant les efforts d'Etats tels que le mien. Le commerce et les échanges sont également essentiels au développement durable. Le phénomène de mondialisation oblige les petits Etats insulaires en développement à opérer un certain nombre de changements structuraux, notamment dans les secteurs privés et publics, en matière de financement de la dette et de pénétration des marchés extérieurs. Cependant, il n'y a aura jamais égalité des chances entre des partenaires commerciaux aussi disparates et la fin des accords commerciaux préférentiels après l'expiration de la Convention de Lomé, placera Fidji, l'Afrique et les Caraïbes en position de grande faiblesse. Un autre facteur essentiel du développement durable est le développement industriel facilité par les investissements privés étrangers Or ceux-ci ont stagné ces dernières pour les petits Etats insulaires en développement.

Ces obstacles et difficultés n'empêchent pas Fidji de s'efforcer de réaliser les objectifs d'Action 21 et le gouvernement a placé une priorité absolue dans l'amélioration du bien-être de la population et dans les activités commerciales. Tout un ensemble de mesures a été mis en place en faveur des forêts, au sein d'un Plan d'action national pour les forêts. Une autre ressource essentielle de Fidji et des pays de la région du Pacifique sud sont les pêcheries. Nous appelons cette assemblée à tout faire pour garantir la conservation et la gestion raisonnable des stocks de poissons, aux niveaux national, régional et international. Par ailleurs, mon gouvernement est en train d'élaborer une loi sur le développement durable, en vue de l'amélioration de l'environnement et de la gestion des ressources naturelles. La signature par Fidji de la Déclaration de Beijing et de son Plan d'action démontre l'importance que nous attachons au rôle des femmes dans le développement durable et nous soutenons un certain nombre de projets de micro- entreprises dirigées par des femmes. Nous sommes reconnaissants de l'aide financière qui nous est fournie, notamment par le biais de l'initiative "Capacité 21", mais nous avons le sentiment qu'il est besoin de réaffirmer le rôle et les priorités de certaines organisations chargées de l'aide aux petits Etats insulaires en développement. Il reste donc beaucoup à faire pour rendre pleinement opérationnels les engagements d'Action 21 et à cet égard un renforcement de la coopération internationale est essentielle.

M. TAWFIQ KREISHAN, Ministre des affaires municipales et rurales et de l'environnement de la Jordanie : la déclaration de Rio a établi un lien entre un meilleur environnement et une économie saine. Action 21 contient toutes les composantes du développement durable. La Jordanie a pendant longtemps oeuvré pour la promotion du développement durable et a renforcé ses relations avec les autres pays ainsi qu'avec les organisations internationales et régionales dans le domaine de la protection de l'environnement. La Jordanie

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a pris plusieurs mesures sur l'environnement. Elle s'est dotée notamment d'un cadre légal pour la protection de l'environnement. La Jordanie, qui a souffert des migrations forcées au cours des cinq dernières décennies, a mis en oeuvre les trois conventions internationales résultant de la Conférence de Rio. La Jordanie a, entre autres, mené une étude sur la diversité biologique et sur les gaz à effets de serre, formé un Comité national pour lutter contre la désertification, et établi un programme d'Action 21 national. La Jordanie a créé des comités de coordination de haut niveau pour les organisations non gouvernementales de femmes afin de mettre en oeuvre la plate-forme d'action de Pékin et de permettre la participation des femmes au développement durable. Une stratégie pour combattre la désertification, le chômage et garantir la sécurité sociale a été développée.

Au niveau pan-arabe, la Jordanie souscrit aux recommandations du document de l'action inter-arabe sur le développement durable qui a été adopté par le Conseil arabe des ministres de l'environnement le 15 octobre 1992, à la suite de la Conférence de Rio. La Jordanie a privilégié la planification et la protection des terres arables afin de combattre la désertification. Elle a proposé le projet de création d'une ceinture verte en Jordanie et a conduit une étude sur le traitement des déchets. La Jordanie reste engagée à contribuer au développement durable du monde.

M. GEORGE WILLIAM ODLUM, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Sainte-Lucie : l'esprit de Rio nous hante comme un mauvais rêve lorsque nous voyons le dilemme des petits pays qui doivent lutter pour réaliser les objectifs du développement sous les contraintes du développement durable et de l'intégrité environnementale. En plus de ces problèmes, les petits Etats doivent subir les pressions d'une grande puissance qui voudrait faire entrer l'industrie fragile de la banane dans une compétition plus féroce encore sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) forçant les producteurs à agrandir leurs plantations et à mettre en péril les réserves forestières et les ressources en eau. L'esprit de Rio est tourné en ridicule puisqu'il faut constater le non respect des engagements relatifs aux ressources nouvelles et additionnelles aux fins du développement durable. Malgré leurs problèmes, les petits Etats insulaires ont essayé de préserver cet esprit en signant notamment un accord avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) pour un projet de gestion intégrée de la zone côtière.

Les peuples des Caraïbes sont aujourd'hui forcés de passer d'une dépendance à l'égard des produits primaires à des sources de revenus plus diversifiés. Les produits manufacturés, le tourisme et l'agro-industrie représentent les nouveaux domaines de diversification même s'ils portent en eux les germes de la pollution et de la dégradation. Nous devons toutefois explorer toutes les voies possibles pour améliorer la qualité de vie des

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populations. Nous lançons un appel aux Etats développés pour qu'ils nous assistent dans la transition vers une économie moderne plus durable. Le spectre de la pauvreté et du chômage continuent de compromettre les efforts déployés. Ce sont les conditions actuelles qui forcent les petits Etats insulaires à accueillir les raffineries de pétrole par exemple. Ce sont également ces conditions qui poussent les producteurs de bananes à se lancer dans la culture illégale de la majiruana et des autres substances illégales. Nous avons besoin de l'appui de cette Assemblée pour lutter contre la tentation de décimer notre commerce de la banane menacé par les règles de l'OMC.

M. RODNEY WILLIAMS, Ministre du tourisme, de la culture et de l'environnement d'Antigua-et-Barbuda : les gouvernements ne sont pas parvenus collectivement à donner une suite concrète aux promesses et résultats de Rio. Nous devons sensibiliser nos nations respectives au développement durable. Les populations n'ont pas été associées au processus du développement durable alors qu'elles doivent être des partenaires à part entière. Il nous faut donc instaurer ce type de partenariat si nous voulons véritablement atteindre les objectifs fixés à Rio. La session extraordinaire ne doit pas servir à renégocier Action 21. Il importe de respecter dans les délais impartis les engagements pris au Sommet de Rio. Les pays industrialisés doivent montrer l'exemple et changer leurs modes de production et de consommation pour préserver l'environnement mondial et aider les pays en développement, tels qu'Antigua-et-Barbuda à satisfaire les besoins primaires de leurs populations.

La plupart des problèmes que connaît mon pays sont propres aux petits Etats insulaires en développement. A cet égard, nous nous félicitons de la décision de la Commission du développement durable d'inviter l'Assemblée générale à convoquer une session extraordinaire de deux jours en 1999 pour examiner la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade adopté en 1994. Je me félicite également du fait que le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) ait été désigné pour être le principal organe des Nations Unies dans le domaine de l'environnement. La session extraordinaire ne doit pas se contenter de réaffirmer les engagements pris à Rio et les dispositions d'Action 21, mais doit donner les moyens de les mettre en oeuvre.

M. SOUBANH SRITHIRATH, Vice-ministre des affaires étrangères et chef de la délégation de la République démocratique populaire lao : dans l'esprit de partenariat et de responsabilité commune mais différenciée de Rio, les pays en développement ont accepté de procéder à certains changements dans leurs politiques environnementales et dans leur gestion des ressources humaines, en vue de garantir un développement durable. Parallèlement, les pays développés devraient modifier de manière drastique leurs modes de consommation et de production et fournir les ressources financières et technologiques nécessaires aux pays en développement pour qu'ils mettent en place le

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programme d'Action 21. Depuis Rio, le concept de développement durable a ainsi été intégré aux politiques et programmes nationaux de nombreux pays. Cependant les résultats obtenus ne sauraient éveiller l'optimisme. L'Aide publique au développement et les transferts de technologies n'ont pas atteint les niveaux fixés à Rio.

Nous attachons une grande importance à l'élimination de la pauvreté, grâce à des actions nationales bien entendu, mais également grâce à l'aide et à la coopération internationale. Aujourd'hui, il est besoin d'une meilleure concertation entre les pays et d'engagements qui ne demeurent pas lettre morte. Pour notre part, nous avons adopté un Plan d'action national en faveur de l'environnement, qui met l'accent sur la création d'un cadre institutionnel pour la conservation des ressources, tant dans les régions urbaines que rurales. Un groupe de travail interministériel a également été mis en place et la République démocratique populaire lao a participé activement à l'élaboration du Plan d'action pour les forêts tropicales ainsi qu'au travail de la Commission du fleuve Mékong. Nous sommes, en outre, devenus récemment Etat-partie à la Convention sur les changements climatiques, à la Convention sur la désertification et à la Convention sur la biodiversité. Au sein du Plan pour le développement socio-économique national de l'An 2000, nous avons identifié huit priorités qui exigent que nous effectuions des transformations économiques structurelles, que nous renforcions nos capacités et nos infrastructures de développement. Le chemin est encore long vers la concrétisation des espoirs de Rio et c'est la volonté politiques des différents pays qui jouera un rôle déterminant.

M. DAVID PELEG (Israël) : Israël est un petit pays sec qui a peu de ressources naturelles et peu d'eau. Durant les cinquante années depuis sa création, Israël a compris l'importance d'un développement qui prend en considération la protection de l'environnement. Bien avant l'adoption de la Déclaration de principes sur les forêts, Israël avait placé les forêts au coeur de ses efforts de réhabilitation de son territoire. Israël a consacré 20% de son territoire au développement de parcs nationaux et de réserves naturelles. Israël continue à mettre en oeuvre les principes des trois conventions internationales qui sont nées de Rio dans ses politiques et ses institutions nationales. Israël a mis en place une stratégie nationale pour le développement durable qui observe les principes de développement contenus dans Action 21. Pendant plus de 40 ans, Israël a partagé son expérience sur des sujets qui touchent le développement durable tels que l'utilisation de l'énergie solaire et le recyclage des eaux urbaines et industrielles. Israël a récemment inauguré une Ecole internationale pour les études sur le désert afin de répondre au problème de la désertification, du changement climatique, de la perte de la biodiversité et de la déforestation.

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En tant que pays méditerranéen, Israël participe activement à des projets communs pour développer l'environnement de la Méditerranée dans le cadre de la Convention de Barcelone et du Plan d'action méditerranéen qui ont montré que la coopération régionale était l'outil le plus efficace pour la protection des ressources communes. Israël est engagé dans un projet trilatéral avec l'Egypte et Chypre pour protéger l'est de la Méditerranée de la pollution du pétrole. Le processus de paix au Moyen-Orient doit nous permettre d'établir une coopération régionale pour le développement. Malgré la mobilisation de la communauté internationale et des institutions des Nations Unies, Israël n'a pas réussi à convaincre certains pays voisins de la nécessité de joindre leurs efforts pour mettre en oeuvre Action 21. La paix et l'environnement sont interdépendants. La coopération des peuples de la région doit bénéficier à l'environnement. La Déclaration du Bahreïn pour un code de conduite environnemental pour les pays du Moyen-Orient est une bonne base pour faire avancer la coopération régionale. Le projet de recherche commun entre Israël, la Jordanie et les Palestiniens dans les parties les plus arides de la Mer morte et de la région de Arava est un bon exemple de coopération régionale. Israël a été à l'origine d'une réunion internationale d'experts qui s'est tenue en mars dernier à Sde Boker, au coeur du désert du Negev, afin d'identifier la synergie entre les conventions de Rio et d'établir une méthode intégrée pour mettre en oeuvre ces instruments. La synergie entre ces instruments doit permettre de faire avancer Action 21.

M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) : lors de la Conférence de Rio, il y a cinq ans, le phénomène de la mondialisation n'en était qu'à ses balbutiements. Le message de la CNUCED fut alors de faire comprendre que la mondialisation ne devait pas être limitée à l'unification sélective et exclusive des marchés, car rien ne peut être plus "mondial" que l'avenir de la planète. C'est pourquoi, pour réaliser le principe de la responsabilité commune mais différenciée, il fallait d'abord assurer, sur une base équitable, l'accès de tous aux ressources financières, aux marchés et aux technologies. Or jusqu'à présent nous avons échoué et si nous ne plaçons pas la priorité sur les questions économiques du développement, le développement durable restera une illusion pour la plus grande majorité. Certains des facteurs qui constituaient le fondement de Rio ont aujourd'hui disparu ou diminué. C'est le cas de l'Aide publique au développement dont le volume est aujourd'hui largement dépassé par le niveau des investissements directs à l'étranger. C'est pourquoi, les marchés jouent désormais un rôle central. Toutefois les marchés ne peuvent pas résoudre les problèmes du patrimoine commun à eux seuls et la coopération est le seul moyen d'atteindre les objectifs fixés.

La CNUCED s'est attachée à identifier les mesures à prendre pour utiliser de manière favorable le commerce et les investissements comme instruments de promotion d'un environnement meilleur. Nous avons également

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élaboré des idées pratiques pour rendre les conventions sur les changements climatiques et sur la biodiversité opérationnelles en termes économiques. Il nous faut désormais compléter les mécanismes des marchés par des politiques allant dans la bonne direction. Les marchés ne sont pas une fin en soi, mais un instrument au service des sociétés. C'est pourquoi, il faut leur donner un objectif et faire en sorte qu'ils soient une source d'espoir pour les millions d'individus qui en sont jusqu'à présent exclus. Force est de reconnaître, cependant, que nous n'avons pas encore trouvé le moyen de concilier les forces créatives du secteur privé avec les besoins des défavorisés et des générations futures. Alors que la menace nucléaire s'estompe, il nous faut prévenir que la Terre périsse en raison de notre insouciance. Pour sa part la CNUCED s'y emploie, notamment en préparant sa dixième conférence qui aura lieu en Thaïlande en l'An 2000 et sera le premier événement mondial de ce nouveau millénaire.

M. FEDERICO MAYOR, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) : les engagements pris au Sommet de la terre n'ont pas été respectés. De ce fait, l'environnement a continué à se dégrader. Le fossé entre les riches et les pauvres s'est élargi au sein des nations et entre les nations. Sommes-nous prêts aujourd'hui à prendre des décisions difficiles sur nos habitudes énergétiques, nos modes de transport, la préservation de l'eau, la protection des sols et des mers et le traitement des déchets? Sommes-nous prêts à traiter les problèmes de la production et de la consommation non durables, de la pauvreté, du partage des ressources? Il faut des engagements nationaux pour atteindre les objectifs fixés par Action 21 ainsi que par les conventions sur les changements climatiques, la biodiversité et la désertification. Les parlements doivent garantir les engagements pris par les gouvernements. Il faut que les chercheurs participent à la formulation des politiques gouvernementales de développement durable. La participation de tous les grands groupes de la société est indispensable. L'éducation est la clé du développement durable et touche tous les membres de la société.

L'UNESCO s'est engagée dans une campagne mondiale pour l'accès à une éducation de base dirigée plus particulièrement vers les femmes et les petites filles qui représentent 65% de la population illettrée. Il faut que l'éducation promeuve une attitude qui conduise à une culture du développement. L'Union pour la conservation mondiale (IUCN) a joué un rôle clé dans le développement de programmes scientifiques internationaux s'occupant de l'environnement et du développement. Différentes initiatives interdisciplinaires ont été développées par l'UNESCO en réponse à la Conférence de Rio. Le Programme solaire mondial 1996-2005 promeut toutes les formes d'énergie renouvelables. En ce qui concerne les changements climatiques, nous avons une responsabilité d'agir maintenant. Il est essentiel de protéger l'environnement, de combattre la pauvreté, d'investir dans l'éducation et la science et de promouvoir le développement durable. L'UNESCO est plus que jamais engagée à mettre en oeuvre Action 21.

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M. EUGENIO CLARIOND REYES, de la Chambre de commerce internationale, parlant au nom du Groupe principal du commerce et de l'industrie : ce n'est qu'il y a cinq ans, lors de la Conférence de Rio et à l'invitation de M. Maurice Strong, que le monde des affaires a commencé à jouer une rôle important dans l'ordre du jour du développement durable. Aujourd'hui notre engagement dans ce secteur est l'un des plus forts. La première raison de ce changement est que nous avons développé le concept de l'éco-efficacité qui établit que le gaspillage et la pollution ne sont pas profitables aux perspectives commerciales. En outre, le monde des affaires est désormais mû par les objectifs fixés à l'article 30 d'Action 21, qui fournit des lignes de conduite permettant de parvenir aux buts fixés. Ainsi que le recommande Action 21, nous avons pris conscience que la bonne gestion de l'environnement doit être l'une de nos priorités. Aujourd'hui, il nous reste à définir une stratégie permettant une plus grande participation des petites entreprises, notamment dans les pays en développement. Par ailleurs, nous avons créé des groupes régionaux et nous avons conclu des accords novateurs visant à la mise en oeuvre du développement durable. Action 21 nous engage également à utiliser les instruments économiques là où le prix des biens et des services reflète les coûts environnementaux. A cet égard, il est besoin d'urgence d'un grand changement, car les impôts pèsent sur le travail et l'amélioration du bien-être alors que simultanément les subventions pour l'eau, le pétrole et les produits de l'agriculture sont énormes. Il faut mettre fin à cet état de fait même s'il s'agit d'une décision politique difficile. Je reste convaincu que nous disposons des moyens d'assumer nos responsabilités et de garantir un avenir durable.

La population mondiale continue de croître et la planète compte 400 millions d'individus de plus que lors de la Conférence de Rio. Ces personnes n'ont pas seulement besoin de se nourrir mais également d'avoir accès à l'éducation et à la formation, ainsi qu'au logement, à l'emploi et à la perspective d'un avenir meilleur. Or l'essentiel de la croissance démographique intervient dans des régions pauvres, où les possibilités financières sont moindres. C'est pourquoi, nous devons prendre des décisions intelligentes pour contrôler la croissance de la population mondiale sans perdre de temps. Jusqu'à présent, la mise en place d'Action 21 a été la responsabilité des ministères de l'environnement des différents pays de la planète, alors que les instruments économiques, fiscaux et commerciaux, ainsi que les ressources financières, sont aux mains des ministères des finances. Il en résulte que les autorités responsables sont en réalité dépourvues des moyens d'agir. La garantie du développement durable doit également être la responsabilité des autorités économiques et tout programme d'action qui ne vise pas à corriger cette contradiction absurde se révèlera inutile.

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M. JAMES D. WOLFENSOHN, Président du Groupe de la Banque Mondiale : cinq ans après Rio, le constat est mitigé. La Banque Mondiale est plus consciente que jamais du lien qui existe entre la dégradation de l'environnement et la pauvreté. Au niveau international nous n'avons pas atteint nos objectifs mais au niveau national, nous avons assisté à une évolution positive vers une plus grande responsabilité vis-à-vis de l'environnement. Un tiers des clients de la Banque ont en effet mis en oeuvre des stratégies nationales écologiques. Pour ce qui est des changements climatiques, seuls trois pays de l'OCDE ont été en mesure d'honorer leurs engagements en application de la Convention. Lors de la réunion de Kyoto qui se tiendra à la fin de l'année, les pays industrialisés doivent s'engager vigoureusement à réduire la production de gaz à effets de serre. Les progrès seraient plus aisés si une mise en oeuvre conjointe était permise dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques. Par ce mécanisme volontaire, des dizaines de milliards de dollars pourraient être économisés d'ici l'an 2010. Ces économies seraient partagées entre nos clients et les pays de l'OCDE. Pour aider à réaliser des gains financiers, la Banque Mondiale serait disposée à créer un Fonds d'investissement de carbone, si les parties à la Convention l'estimaient utile. En outre, nous travaillons à l'établissement d'un partenariat plus large afin de promouvoir les énergies renouvelables.

Pour ce qui est de la biodiversité, nous ne pourrons réussir que si les valeurs écologiques sont prises en compte par le marché. A cet effet, la Banque Mondiale est en train de créer des "initiatives de transformation du marché" et travaille à la mise en place d'un partenariat avec le World Wildlife Fond pour mettre un terme à la déforestation. Notre objectif est d'établir d'ici l'an 2000 un réseau de zones protégées couvrant au moins 10% de tous les types de forêts du monde. S'agissant de la couche d'ozone, l'élimination de la production, en Russie, du chlorofluocarbone et d'autres substances qui détruisent la couche d'ozone, est un des défis majeurs qui subsiste. La Banque en collaboration avec les producteurs russes de chlorofluocarbone et le Gouvernement a mis au point un programme en vue d'éliminer cette substance de la Russie d'ici l'an 2000. Nous avons maintenant besoin de fonds et de votre aide à cet effet. Pour ce qui est de la désertification, la Banque mondiale propose d'aider la Convention pertinente en établissant des mécanismes de mobilisation de fonds et de coordination de sa mise en oeuvre. Enfin, dans le domaine de l'eau, 20 pays manquent de ressources en eau et ce chiffre doublera d'ici l'an 2020. Le Partenariat international pour l'eau offre la possibilité de trouver une solution à ce problème à travers une approche plus intégrée et de mobiliser des fonds supplémentaires.

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