AG/652

POUR ASSURER LA MISE EN OEUVRE D'ACTION 21, LES DELEGATIONS PRONENT LA LUTTE

24 juin 1997


Communiqué de Presse
AG/652


POUR ASSURER LA MISE EN OEUVRE D'ACTION 21, LES DELEGATIONS PRONENT LA LUTTE

19970624 La vulnérabilité des Etats insulaires et côtiers ainsi que le concept de sécurité écologique sont également évoqués

La dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21 a poursuivi ce matin son débat de haut niveau. De nombreuses délégations ont souligné l'importance des approches régionales et sous-régionales pour appliquer les recommandations adoptées à Rio et renforcer les nombreuses initiatives prises au niveau national. Pour autant, la nécessité d'une solidarité internationale a une nouvelle fois été mise en avant, solidarité qui doit tenir compte des spécificités nationales ont valoir plusieurs intervenants. Dans ce contexte, la vulnérabilité des petits Etats insulaires et des Etats côtiers a largement été évoquée face à la menace croissante que constituent les changements climatiques. A cet égard, plusieurs intervenants se sont inquiétés de la fragilité et la raréfaction croissantes des ressources marines. La préservation des forêts, l'obligation de maintenir un libre-accès aux marchés et le renforcement du rôle de la Commission du développement durable ont également été abordés.

Dans le cadre de son débat, l'Assemblée générale a entendu les déclarations des personnalités suivantes : le Président de l'Ukraine, M. Leonid D. Kuchma; le Président de la République du Botswana, M. Ketumile Masire; le Président de la République des Maldives, M. Maumooon Abdul Gayoom; le Président de la République du Suriname, M. Albert Wijdenbosch; le Président de la République du Costa Rica, M. José Maria Figueres; le Président de la République du Guatemala, M. Alvaro Arzú Irigoyen; le Président de la République de Bolivie, M. Gonzalo Sanchez de Lozada; le Premier Ministre du Canada, M. Jean Chrétien; le Premier Ministre par intérim de la République de Lituanie, M. Vytautas Pakalniskis; le Premier Ministre de la République de Slovénie, M. Janez Drnovsek; le Premier Ministre de la République d'Islande, M. David Oddsson; et le Prince héritier de la Principauté de Monaco, le Prince Albert.

L'Assemblée générale a en outre entendu : le Ministre de l'environnement du Mozambique, M. Bernardo Ferraz; le Ministre de l'environnement, Ministre associé des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, M. Simon Upton; le

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Ministre de l'environnement et du logement de la Jamaïque, M. Easton Douglas; le Ministre des affaires étrangères du Myanmar, M. Ohn Gyaw; le Ministre des affaires étrangères du Bélarus, M. Ivan Antonovitch; le Conseiller fédéral de la Confédération helvétique, Mme Ruth Dreifuss; le Vice-Ministre de l'environnement, de la planification et des travaux publics de la Grèce, M. Theodoros Koliopanos; et le Président de l'Assemblée nationale de la République de Cuba, M. Ricardo Alarcon de Quesada.

L'Assemblée générale a également entendu les déclarations du Président de la Communauté européenne, M. Jacques Santer, de Mme Joji Carino, Survival International (au nom du groupe principal des populations autochtones) et du Directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), M. Hans Blix.

Au cours de sa prochaine séance, cet après-midi à 15 heures, l'Assemblée générale devrait entendre les délégations des pays suivants : Gabon, Bénin, El Salvador, Guyana, Colombie, Singapour, Estonie, Saint-Kitts-et-Nevis, Namibie, Ghana, Côte d'Ivoire, Inde, Slovaquie, Pologne, Thaïlande, Luxembourg, Arménie, Djibouti et Turquie. Elle devrait également entendre l'observateur de la Palestine, ainsi que la Directrice exécutive du Programme pour l'environnement (PNUE) et le Directeur exécutif de Greenpeace International, au nom du groupe principal des organisations non gouvernementales.

M. LEONID KUCHMA, Président de l'Ukraine : les cinq années écoulées depuis la Conférence de Rio ont prouvé le caractère historique et pratique des décisions prises lors de ce Sommet. Il y a 10 ans, l'Ukraine a été l'un des instigateurs du concept de sécurité écologique internationale qui a servi de base à la rédaction d'Action 21. Malheureusement, à ce jour nous n'avons pas réussi à atteindre l'objectif principal de concrétiser les paroles en actes et la situation écologique de la planète demeure une source de grave préoccupation.

Dans les années qui ont suivi Rio, l'Ukraine, outre une profonde transformation politique, sociale et économique, a connu une grave crise écologique, résultant de la catastrophe de Tchernobyl. C'est pourquoi les questions environnementales sont devenues un facteur dominant de la politique de l'Ukraine et Action 21 n'y est pas une idée abstraite mais un véritable concept de survie. Dans cet esprit, les efforts portent sur l'intégration des politiques de protection de l'environnement aux stratégies de développement économique et social. Cependant la mise en oeuvre de ces mesures a été compliquée par un certain nombre de facteurs, dont notamment les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Le démantèlement complet de la centrale, prévu pour l'an 2000, dépend de la réalisation des engagements pris par les membres du G7. Aujourd'hui, il est clair qu'il n'est pas économiquement profitable pour les Etats de polluer l'environnement et de consommer de manière excessive les ressources naturelles. La présente Session extraordinaire démontre que l'humanité est pleinement consciente des effets de ses activités sur la biosphère. L'avenir de nos enfants dépend de notre capacité à agir de manière appropriée et c'est pourquoi l'heure est venue d'entreprendre l'élaboration d'un instrument légal universellement applicable et visant à garantir la sécurité écologique de l'ensemble du globe.

Sir. KETUMILE MASIRE, Président de la République du Bostwana : cinq années se sont écoulées depuis Rio où nous nous sommes engagés à coopérer pour la promotion d'un développement centré sur la personne humaine. Nous avons reconnu que les questions économiques, sociales et environnementales doivent être traitées avec la participation de tous les citoyens et ce, à tous les niveaux. Nous avons reconnu que la paix, le développement et la protection de l'environnement sont intimement liés. Depuis Rio, une série de conférences et de sommets internationaux ont traité de la question du développement social et économique. L'élimination de la pauvreté a été reconnue comme un impératif social, éthique, politique et économique permettant de renforcer la paix et d'arriver au développement durable. Le Botswana a toujours reconnu que la démocratie et la paix sont nécessaires pour le développement durable. Il est essentiel d'avoir les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs du développement durable. La pauvreté demeure une question fondamentale pour le Botswana et son élimination est une priorité pour le pays. De nombreux programmes allant dans ce sens ont été mis en place. Le taux de mortalité a considérablement diminué depuis les années 70. L'accès aux services sanitaires et à l'eau potable s'est développé et de nombreux progrès ont été faits.

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Bien entendu, nous sommes conscients que beaucoup reste à faire. Le Botswana s'est efforcé d'assurer un équilibre entre la croissance économique, la protection de l'environnement et le taux de croissance démographique. Le taux élevé de croissance démographique fait peser une pression sur les communautés et le gouvernement et il en résulte une pression sur l'environnement. Le Botswana a élaboré une nouvelle politique démographique qui doit être présentée au Parlement la semaine prochaine. Afin de préserver la diversité biologique, le Botswana a réservé 17% de son territoire à des parcs nationaux et des réserves forestières. Il est conscient de l'importance d'une bonne gestion des ressources naturelles. Le Botswana est Partie aux conventions sur la diversité biologique, les changements climatiques et la lutte contre la désertification et est engagé à observer les engagements qu'il a pris. Il est capital de redoubler d'efforts pour aider les pays en développement qui n'ont pas les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs du développement durable.

M. MAUMOON ABDUL GAYOOM, Président de la République des Maldives : il y a dix ans, du haut de cette tribune, j'évoquais les grands dangers que fait courir à mon pays, les Maldives, la montée du niveau des océans. Beaucoup d'événements se sont produits depuis, mais la menace qui pèse sur les Maldives est demeurée tout aussi alarmante et urgente. Mon pays, qui est parmi ceux qui contribuent le moins à la dégradation de l'environnement est très certainement l'un des plus démunis face aux effets catastrophiques des changements climatiques et du réchauffement de la planète. Il y a cinq ans, au Sommet de la Terre, toutes les nations se sont engagées en faveur d'Action 21, pierre angulaire du développement durable. Force est de constater que peu de progrès ont été accomplis depuis, même si dans certains pays les autorités locales, le monde des affaires, les professions et les organisations non gouvernementales ont adopté certaines mesures. Pour les petits Etats insulaires, les changements climatiques constituent la plus grave menace environnementale. Mais cette menace pèse également sur des pays tels que le Bangladesh, la Chine et l'Egypte.

Pour mon pays et pour de nombreux autres petits Etats insulaires, la Conférence de la Barbade a représenté un important processus de suivi d'Action 21. Mais, la Conférence a également été caractéristique des nombreux faux espoirs entretenus depuis Rio. Aucune ressource supplémentaire n'a été mobilisée et les transferts de technologie et le renforcement des capacités endogènes ont été limités. Il importe de mettre en oeuvre les Conventions des Nations Unies sur la diversité biologique, sur les changements climatiques et sur la désertification. Cinq ans après, les actions des principales nations ne reflètent pas de leur part la reconnaissance que tous les êtres humains ont le même avenir. Action 21 ne divisera pas le monde entre vainqueurs et vaincus. En fait, notre réponse, fera de nous tous des vainqueurs ou des vaincus.

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Son Altesse Sérénissime le Prince Héréditaire Albert de Monaco : Le soutien, sans réserve, que le Gouvernement princier apporte au Laboratoire d'environnement marin de l'Agence internationale de l'énergie atomique, installé à Monaco, s'inscrit dans sa volonté de faciliter l'indispensable collaboration scientifique en faveur de la lutte contre toutes les formes de pollution des océans et des mers. Ces travaux contribuent à la mise en oeuvre du plan pour la Méditerranée et de son programme MEDPOL. Pourra-t-on réellement faire le nécessaire effort pour que toute l'humanité, et pas seulement une fraction privilégiée, puisse effectivement bénéficier de la croissance et de l'amélioration des conditions de vie des générations actuelles, sans compromettre, notamment par l'épuisement des ressources naturelles ou l'augmentation de la pollution, l'avenir des générations futures?

Un des succès réalisés par l'action dans la zone méditerranéenne a été l'adoption de la Convention de Barcelone de 1975 sur la lutte contre la pollution, dont l'application a été étendue à l'ensemble des domaines de l'environnement et du développement après la refonte du texte en 1996. La prise de conscience régionale est devenue plus réelle avec la création de la Commission méditerranéenne du développement durable qui associe tant les Etats riverains et des ONG que des acteurs socio-économiques. Sous la présidence du ministre marocain de l'environnement, la CMDD s'est dotée d'un outil remarquable encourageant la coopération dans les domaines de grande sensibilité, en particulier la gestion des ressources en eau potable et l'aménagement intégré des zones côtières. Il est aussi indispensable que la coopération continue à inclure la préservation des espèces. La diversité biologique de la Méditerranée ne doit pas se dégrader davantage. Il est indispensable que les mammifères marins soient effectivement protégés. A l'initiative de la Principauté de Monaco, un accord de protection par une douzaine de pays de la Méditerranée et de la Mer Noire a été signé, en novembre 1996.

M. JEAN CHRETIEN, Premier Ministre du Canada : il y a cinq ans, les nations du monde se sont réunies à Rio afin de dresser un plan audacieux en vue du développement durable. Nous voici en session extraordinaire pour renouveler les engagements pris et pour tenir les promesses. Cela dit, il faut admettre que certains objectifs n'ont pas encore été atteints. Les forêts du globe continuent de dépérir à un rythme alarmant. Cette session nous offre une occasion unique de favoriser l'aboutissement d'une convention internationale sur les forêts par la mise sur pied d'un comité de négociation intergouvernemental. Une entente solide ayant force exécutoire constitue le moyen le plus sûr de susciter à l'échelle internationale cette volonté politique qui s'impose pour stopper le déboisement. Le Canada appuie également l'établissement, dans un cadre ayant force de loi, d'objectifs à moyen terme visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre après l'an 2000. Notre tâche ne se limite pas à assainir l'environnement, il est évident que notre sécurité écologique est aussi importante que notre sécurité économique. Préserver les réserves alimentaires mondiales dépasse ce que l'on peut attendre d'une nation seule. La Convention sur la désertification

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constitue une étape importante dans le règlement de ce problème et le Canada renouvelle, à cet égard, sa proposition d'installer le secrétariat responsable à Montréal.

Plusieurs orateurs précédents ont souligné les tragédies humaines et le tort écologique causés par les mines antipersonnel. Le Canada demande à tous les pays de se joindre à lui en décembre lorsqu'il ouvrira à la signature un traité pour interdire le stockage, le transfert, la production et l'utilisation des mines antipersonnel. Nous devons maintenant obtenir des résultats. Grâce à une approche pragmatique et graduelle des problèmes, il nous faut viser des résultats mesurables et faire rapport des progrès accomplis. Nous devons aller au bout de ce que nous avons commencé ensemble.

M. JULES ALBERT WIJDENBOSCH, Président de la République du Suriname: l'esprit de solidarité mondiale qui est ressorti de la Conférence de Rio ne doit pas être uniquement préservé mais poussé plus avant. Le Suriname tient à renouveler ses engagements à mettre en oeuvre Action 21 qui demeure un cadre valable pour les gouvernements, le secteur privé et la société civile. L'élimination de la pauvreté et l'amélioration de la qualité de vie doivent être traitées de façon prioritaire. Le Suriname a la chance d'avoir sur son territoire des forêts équatoriales qui offrent de grandes richesses en matière de biodiversité. Il est capital pour le Suriname d'exploiter ses forêts de façon responsable et d'utiliser de façon durable ses ressources naturelles. Le Suriname a élaboré, ou est en train de le faire, un Plan d'action national pour l'environnement, une Etude intégrée sur le secteur forestier, une Stratégie sur l'utilisation des ressources non renouvelables, une Stratégie pour le tourisme national et un plan de l'utilisation du territoire. Une Agence nationale pour l'environnement a récemment été créée sous la supervision directe du Président de la République.

Les efforts entrepris par le Suriname pour mettre en oeuvre Action 21 n'ont pas eu les résultats escomptés. Le Suriname n'a pas pu améliorer de façon suffisante sa capacité d'exportation. Les petites économies comme celle du Suriname ou de la majorité des pays des Caraïbes, ont des difficultés pour conquérir le marché international. Depuis deux ans, les exportations en riz du Suriname vers le marché européen ont diminué. Avec les nations du Commonwealth des Caraïbes, le Suriname doit également faire face à un problème similaire en ce qui concerne l'exportation des bananes. Les cinq années qui ont suivi l'adoption d'Action 21 nous ont donné des leçons vitales. La communauté internationale, et plus particulièrement les nations industrialisées, n'ont pas été capables d'appliquer le principe de responsabilité partagée. Les pays à petites économies se sont heurtés à l'indifférence économique, politique et militaire. Le Suriname propose que le Programme d'action de la Barbade pour les petits états insulaires en développement soit suivi par une série de réunions régionales et sous- régionales sur le développement économique, la préservation de l'environnement

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et l'élimination de la pauvreté. Le Suriname invite tous les Etats membres des Nations Unies à s'efforcer de renouveler la coopération internationale et le partenariat mondial afin de permettre le développement durable du monde et plus particulièrement des pays en développement.

M. VYTAUTAS PAKALNISKIS, Premier Ministre par intérim et Ministre de la justice de la Lituanie : nous nous sommes réunis aujourd'hui pour réaffirmer notre obligation de parvenir à des accords sur les questions relatives à la protection de l'environnement et au développement social. Depuis la Conférence de Rio, la Lituanie a adopté une Loi sur la protection de l'environnement, qui a été amendée en 1996. Cette loi souligne que le principe de développement durable doit inciter les acteurs privés et publics à améliorer la qualité de l'environnement. Elle encourage les détenteurs de ressources naturelles à adopter des dispositions susceptibles de prévenir ou de réduire les conséquences négatives de leurs modes d'exploitation sur l'environnement. Comme de nombreux autres pays, la Lituanie a adopté depuis Rio une série de dispositions légales relatives au développement durable. Récemment, elle s'est dotée d'une loi sur la diversité biologique nationale qui a été conçue comme un programme concret de mise en oeuvre de la Convention sur la diversité biologique ouverte à la signature à Rio. La Lituanie appuie l'adoption d'une convention internationale sur la protection des forêts et soutient en ce sens l'opinion défendue devant la Commission du développement durable par l'Union européenne.

La Lituanie examine actuellement de façon approfondie ses lois et plans d'action de manière à tenir compte du principal objectif qu'elle s'est assignée en matière de politique étrangère, à savoir devenir membre de l'Union européenne. La Lituanie accorde une grande importance à l'appui apporté par certains pays de la région de la mer Baltique, particulièrement le Danemark, la Suède et la Finlande dans la mise en oeuvre de sa stratégie environnementale nationale et d'Action 21. La coopération entre les pays de la région est positive et fructueuse. Un partenariat actif a été instauré. Il est fondé sur les principes de la Convention sur la protection de l'environnement marin de la mer Baltique et sur divers accords bilatéraux.

M. JANEZ DRNOVSEK, Premier Ministre de la Slovénie : En 1993, la Slovénie a promulgué une loi générale sur la protection de l'environnement qui reprend les principes fondamentaux du Programme d'action et de la Déclaration de Rio. En même temps, elle participe aux programmes internationaux visant à protéger et à préserver les eaux internationales, l'air, la faune et autres ressources naturelles. En tant que pays européen et alpin, la Slovénie attache une importance particulière aux efforts de la communauté internationale pour la protection de l'environnement alpin, et coopère de façon intensive à la Convention sur la protection des Alpes. Plus de la moitié du territoire est constitué de forêts. C'est pourquoi, la Slovénie attache une grande importance à l'action internationale pour la protection des forêts et à l'adoption de pratiques pour leur gestion durable. La Slovénie a une degré très élevé de biodiversité qui a été préservé jusqu'à présent. Il incombe à tous de protéger cette richesse pour l'intérêt de tous et des

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générations futures. Il est conscient de la nécessité de prendre soin du patrimoine commun et d'accepter les mesures visant à le protéger. Le gouvernement slovène est convaincu que l'intégration des politiques dans les trois domaines, environnemental, social et du développement est cruciale pour réaliser un développement durable. L'action menée par les gouvernements ne suffit pas. Tous les groupes de la société devraient participer au développement et à la mise en oeuvre des programmes de développement durable nationaux et locaux. Un développement social et économique durable juste et complet ne peut être réalisé si l'on n'oeuvre pas en même temps en faveur de la paix, de la démocratie, de la solidarité, de l'égalité des sexes et de l'éradication de la pauvreté. De même, le partenariat au sein de la communauté internationale est nécessaire.

En vue d'assister les pays en développement à s'acquitter de leurs engagements en vertu d'Action 21, il faudrait leur apporter une aide financière. En outre, il faudrait accorder une attention particulière au transfert de technologies rationnellement écologiques et du savoir-faire des pays industriels vers les pays en développement. Les efforts visant à promouvoir un développement durable dépendent en grande partie de l'existence d'une coopération dynamique et efficace. La Slovénie se félicite du rôle de la Commission du développement durable qui est un mécanisme efficace pour le suivi de la CNUED. L'émission et la concentration des gaz à effet de serre ne cessent d'augmenter, au mépris du nombre d'Etats parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques parmi lesquels figure la Slovénie. La troisième Conférence des Etats Parties à la Convention qui se tiendra à Kyoto en décembre 1997 permettra aux Etats Parties d'adopter un instrument juridique contraignant qui renforce le mandat de Berlin et déterminera clairement les restrictions aux émissions de gaz à effet de serre. A cet égard, la Slovénie se félicite de l'Accord conclu par l'Union européenne concernant la réduction progressive de ces émissions.

M. DAVID ODDSSON, Premier ministre de l'Islande : les problèmes environnementaux sont passés ces dernières années au premier plan des préoccupations internationales et il est pleinement reconnu que la pollution et la dégradation de l'environnement dépassent les frontières entre Etats. Toute politique environnementale requiert la coopération de tous ainsi que l'intégration aux questions économiques et sociales. A ce jour, les résultats obtenus sont modestes au regard de l'ampleur de la tâche et des ambitions de Rio. Il faut prendre des mesures urgentes pour faire face aux menaces qui mettent la planète en danger, notamment en ce qui concerne les changements climatiques et la pollution croissante des mers. Les résultats positifs dépendent pour une large part du consensus forgé entre les nations du monde. Celui-ci risque de s'éroder si l'on agit pas avec précaution et bon sens, notamment en ce qui concerne l'utilisation des ressources naturelles et l'obligation faite aux Etats de consommer ces ressources sur un mode durable. Le travail avec les organisations non gouvernementales est très important mais il faut se préserver des groupes ultra-conservateurs qui visent à supprimer le lien vital entre l'environnement et l'économie.

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Les Nations Unies ont proclamé l'année à venir, Année des océans, ce qui sera l'occasion d'examiner les questions de l'environnement marin, qui jusqu'à présent n'ont pas reçu l'attention qu'elles méritent. Les mers doivent être protégées de tous les déchets et substances toxiques et tout particulièrement des polluants organiques persistants. Il nous faut parvenir sans délai à un accord contraignant sur ce sujet, car des océans dépend pour une large part notre sécurité alimentaire future. Le mois dernier, le Gouvernement de l'Islande a signé avec l'Université des Nations Unies une accord pour l'établissement permanent sur le sol islandais d'un Programme d'étude sur les pêcheries afin d'assurer une gestion plus professionnelle et raisonnable des stocks de poissons à une échelle internationale. La Convention sur le droit de la mer doit demeurer le cadre de la coopération internationale dans le domaine de l'utilisation des ressources marines et de la protection de l'environnement marin et la Commission du développement durable doit continuer de donner des recommandations et de promouvoir le dialogue international sur cette question.

M. JOSE MARIA FIGUERES, Président de la République du Costa Rica : le Costa Rica, avec beaucoup d'efforts et de détermination, a respecté les engagements pris à Rio. Il a entrepris un programme de développement durable nécessitant des efforts simultanés dans les domaines économique, social et environnemental. Dans les premiers mois de notre administration, le Conseil du développement durable a été créé avec l'aide de nombreuses organisations non gouvernementales. Notre Congrès a ratifié les Conventions internationales sur la biodiversité et les changements climatiques. Avec l'appui des Nations Unies, nous avons préparé une proposition sur la gestion du territoire. Notre politique énergétique vise à utiliser, en 2010, des sources d'énergie propres et renouvelables. Nous avons éliminé le plomb de notre essence et une décision similaire sera prise pour éliminer le souffre des carburants diesel. Nous avons également entrepris un Programme national des transports qui a conduit à l'utilisation de véhicules électriques. Nous avons introduit d'importantes réformes dans notre système éducatif afin d'améliorer la qualité de l'éducation publique. Le Costa Rica a un Système national de conservation. Il a développé l'"écotourisme" et est un pays pionnier dans le domaine de la protection de la biodiversité. Le Costa Rica est déterminé à assurer un développement durable à long terme en combinant les aspects économiques, sociaux et environnementaux qui s'y rapportent. Le Costa Rica coopère étroitement avec ses pays voisins d'Amérique centrale dans le cadre de l'Alliance pour le développement durable afin d'assurer un progrès dans la région dans le domaine du développement.

M. RICARDO ALARCON DE QUESADA, Président de l'Assemblée nationale de Cuba : cinq ans après Rio, les problèmes qui devaient être résolus s'avèrent encore plus graves. La CNUED avait semblé constituer une prise de conscience tardive de la communauté internationale. Les cinq années qui se sont écoulées depuis la Conférence n'ont servi qu'à montrer l'égoïsme insensible d'un système qui sacrifie tout pour le bien-être de quelques-uns. Depuis Rio, la situation a peu changé. Le vieux colonialisme se maintient, incapable de s'abriter derrière la décevante rhétorique de la mondialisation. La

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coopération internationale reste une expression creuse. De toutes parts, l'impérialisme brise les souverainetés et nie les droits. Peut-on attendre une attitude équitable des autres pays si l'Etat le plus puissant insulte l'Organisation des Nations Unies et tous ses membres? Le pays qui profite le plus, en sa qualité de pays hôte, de l'Organisation essaie de ne pas s'acquitter de ses dettes, de forcer les autres membres à payer une partie de sa quote-part et de leur imposer des conditions inadmissibles. Depuis quand les Nations Unies sont-elles possédées par leur principal débiteur?

Afin de préserver la nature, il est essentiel de modifier radicalement les relations entre les Etats et les hommes. La terre ne vivra que si nous sommes capables d'instaurer la justice et la solidarité. Pour le tiers-monde, le développement durable constitue un objectif difficile à atteindre dans les circonstances actuelles. Pour Cuba, cela est encore plus dur. Nous continuons à essayer d'y parvenir en dépit de la guerre économique, politique et même biologique lancée contre Cuba par les Etats-Unis, qui porte atteinte au droit de vivre de notre peuple et qui ignore les résolutions de l'Assemblée générale, violant ainsi le droit international et la souveraineté des autres nations. Les puissants nous exhortent à renoncer aux accords que nous avons conclus à Rio. Nous devons rejeter et dénoncer une telle attitude.

M. ALVARO ARZU IRIGOYEN, Président du Guatemala : depuis ce podium, je souhaite attirer l'attention du monde sur la tragédie universelle qu'entraîne la détérioration de notre environnement et notamment la destruction du dernier "poumon" du continent américain, la forêt tropicale. Plus de dix années se sont écoulées depuis la parution du rapport Bruntland définissant le concept du développement durable et démontrant que la protection de l'environnement et la croissance économique à long terme ne sont pas incompatibles et sont même interdépendants. Depuis 1996, le Guatemala dispose de son propre programme Action 21, qui établit une stratégie globale d'action multisectorielle. Par ailleurs, la législation environnementale a été développée et élargie et des mécanismes financiers efficaces ont été mis en place, notamment par le biais du Fonds guatémaltèque pour l'environnement. Un système national de conseils pour le développement urbain et rural a également été créé afin d'étendre la politique nationale au niveau local.

Il faut souligner la relation existante entre les moyens de subsistance et la conservation de la nature. Les moyens dont nous disposons à ce jour pour résoudre le dilemme "production/conservation" sont absolument inappropriés. Il pourrait en être autrement si s'éveillait une conscience universelle sur les questions environnementales menant à un nouvel ordre économique international absorbant les coûts de la défense de la nature pour le bien de l'humanité tout entière. La sagesse de l'espèce humaine lui permettra de survivre au désastre causé par ses propres modes de consommation et de production. La nature elle-même nous force à agir.

M. GONZALO SANCHEZ DE LOZADA, Président de la Bolivie: les déclarations d'hier et d'aujourd'hui appellent notre attention sur l'insuffisance des actions engagées pour le développement durable. Il subsiste des différences

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de conception de cette question. Ces différences ne justifient pourtant pas le peu de progrès réalisés. Cette réunion, comme la réunion de Rio, est une occasion rêvée pour arriver à un consensus. Il est important de rappeler que la Déclaration de Santa Cruz, adoptée au Sommet pour le développement durable des Amériques, souligne le fait que le développement durable englobe des dimensions politique, économique, sociale et écologique. Il est certain que le développement économique joue un rôle moteur dans le développement durable. Il faut reconnaître l'importance de la multiplicité culturelle des peuples et des valeurs démocratiques. Le développement durable exige une responsabilité partagée des personnes et des pays. La guerre menée pour le développement durable est une guerre contre la pauvreté qui garde à l'esprit la protection de l'environnement. Il faut que la solidarité internationale soit une solidarité agissante et non pas seulement théorique. Il est essentiel que l'aide publique au développement cesse de diminuer.

La Bolivie a créé un Ministère du développement durable et du milieu ambiant. Afin de mener à bien la guerre pour le développement durable, il ne faut pas que les efforts entrepris restent isolés. Les Nations Unies doivent donner l'exemple de la solidarité internationale. La réorganisation des Nations Unies ne doit pas être un simple réagencement bureaucratique. L'Organisation doit jouer avec plus d'efficacité son rôle à l'égard de la paix, de la justice et de la sécurité dans le monde.

M. BERNARDO PEDRO FERRAZ, Ministre de l'environnement du Mozambique : Il existe désormais une plus grande conscience et une plus grande préoccupation vis-à-vis des questions environnementales. Cependant, eu égard aux engagements pris lors du Sommet de la Terre, beaucoup reste à faire. Au lendemain de la CNUED, le gouvernement du Mozambique a créé la Commission nationale de l'environnement, qui est responsable de l'élaboration des politiques et stratégies en matière de protection de l'environnement. La Commission a lancé le processus d'élaboration d'un programme national de gestion de l'environnement qui a récemment été adopté. Parmi les autres actions entreprises par le Gouvernement, on peut citer l'Etude nationale sur la diversité biologique, l'Etude sur le changement climatique, le programme de gestion des zones côtières et la création d'un Centre de transferts des technologies. Le pays s'est doté d'un Ministère de l'environnement en 1994 afin de renforcer le rôle et la responsabilité du gouvernement dans la mise en oeuvre des recommandations de Rio. Des efforts ont également été déployés pour évaluer et actualiser la législation nationale de façon à mieux utiliser les ressources naturelles et à combler les lacunes existantes.

Outre son adhésion aux principales conventions internationales relatives à l'environnement, le Mozambique participe aux efforts de la Communauté des pays lusophones pour mettre en oeuvre Action 21 ainsi qu'à ceux entrepris par la Communauté de développement de l'Afrique australe pour harmoniser et coordonner leur actions en matière de gestion de l'environnement. Le Mozambique estime qu'il faut renforcer le rôle de la Commission du développement durable. En dépit des résultats significatifs obtenus dans la mise en oeuvre d'Action 21, le Mozambique est encore confronté à de nombreuses

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difficultés, dont la plupart sont liées au problème chronique de la pauvreté. Cinq après Rio, il semble que la communauté internationale soit parvenue à un point de non retour. Cependant, cette affirmation ne sera totalement fondée que si des ressources sont dégagées afin que les décisions prises à Rio aient un impact significatif sur les peuples de nos pays.

M.SIMON UPTON, Ministre de l'environnement de la Nouvelle-Zélande : depuis Rio, la conclusion de l'Uruguay Round et l'établissement de l'Organisation Mondiale du Commerce ont marqué la reconnaissance formelle de la mondialisation de l'économie internationale. L'intégration des économies du monde n'est pas menée par les élites bureaucratiques mais par les consommateurs, qui décident en réalité ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas. Aujourd'hui ces consommateurs portent un intérêt croissant à la situation de l'environnement, qui, où que l'on se trouve, a un caractère local. L'un des principes établis à Rio est la nécessité d'agir au niveau approprié et notre conviction est que l'avenir du développement durable dépend largement des autorités locales et nationales. Il est de la responsabilité des gouvernements de mettre en oeuvre des législations en faveur de l'environnement sur leur propre territoire. Le règles du commerce doivent être définies dans le contexte d'une bonne gestion environnementale. Si les dommages à l'environnement dépassent les frontières et si les efforts des institutions nationales sont sapés par l'absence de respect de la part d'autres pays, alors il est besoin de solutions globales. Selon nous, ce principe ne s'applique pas aux forêts. Ce sont des mesures nationales sévères qui permettront d'assurer le développement durable des forêts et il n'est pas besoin d'un instrument de droit international contraignant. Ceci n'empêche pas la Nouvelle-Zélande de fournir une assistance pour la protection de l'environnement à d'autres pays. En revanche, les problèmes d'émission de gaz à effet de serre, de la pollution marine et de la surexploitation des stocks de poissons demandent des solutions globales et des instruments juridiques internationaux. Pour réussir, la Convention-cadre sur les changements climatiques doit générer des mesures qui s'attaquent à la nature universelle du problème. La position des Etats-Unis, à cet égard, nous semble la plus intellectuellement cohérente. Un accord global sur les émissions de gaz carbonique, et non l'établissement d'objectifs fixés au sein de groupes géographiques distincts, tel que l'Union européenne le propose, est la seule manière de parvenir à des solutions équitables, flexibles et de moindre coût.

Par ailleurs, la question de l'environnement mondial doit être placée dans une perspective plus rationnelle. Il nous est de plus en plus difficile de participer à la pléthore de conférences qui encombrent l'agenda international, et nous nous demandons comment des pays moins riches peuvent y prendre part. Les institutions sur l'environnement sont éparpillées de par le monde, pour des raisons qui ont peu à voir avec le principe d'une bonne prise de décision. La Commission du développement durable (CDD) doit donc s'emparer de l'agenda international et le rendre plus rationnel. Le partage des tâches entre le CDD et le Programme des Nations Unies pour l'environnement doit, en outre, être clairement défini. La création d'une nouvelle instance internationale pour l'environnement, proposée par plusieurs pays, si elle ne

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fait qu'ajouter une strate bureaucratique supplémentaire au système des Nations Unies, n'a que peu de raison d'être. En revanche, si elle vise à la rationalisation effective des efforts de toutes les institutions, elle mérite un examen attentif. Nous nous réjouissons que Singapour soit l'un des coauteurs de cette proposition, car la transformation de cet Etat en l'un des pays les plus riches de la planète est un exemple pour chacun de nous et prouve que les idées convenues sur le partage des responsabilités et du leadership dans le domaine de l'environnement sont sujettes à un rapide changement. En tant que nation dépendante de son climat et de son environnement marin, nous sommes particulièrement conscients de la nécessité de préserver les océans de l'hémisphère sud et l'Antarctique. Nous savons qu'à cet égard nous sommes liés au bon vouloir et à la générosité d'autres pays. Toutefois nous sommes engagés à lutter contre la pauvreté qui détruit la base de cette coopération globale.

M. EASTON DOUGLAS, Ministre de l'environnement et du logement de la Jamaïque : il faut aujourd'hui réaffirmer l'esprit de partenariat qui a animé la Conférence de Rio par la création de nouveaux niveaux de coopération entre les Etats et les secteurs clé de la société. La pauvreté demeure un des plus grands obstacles pour le développement durable. La réduction de l'Aide publique au développement (APD) est inquiétante. L'APD est essentielle pour les pays en développement et les investissements privés ou étrangers directs ne peuvent s'y substituer. Les ressources financières adéquates et les mécanismes institutionnels appropriés sont indispensables pour les pays en développement. La Jamaïque, qui est un petit Etat insulaire en développement, tient à souligner l'importance de la Conférence de la Barbade en 1994 sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement. Les conséquences du réchauffement de la planète seront particulièrement graves pour les petits Etats insulaires dont les zones côtières risquent d'être submergées, dont les barrières de corail sont menacées, qui sont victimes d'ouragans et sont exposés aux dangers des déchets déversés dans ses mers. Le tourisme est une question importante pour bon nombre des économies de ces pays et concerne la question du développement durable et de la protection de l'environnement.

La Jamaïque reste engagée à mettre en oeuvre Action 21. Elle a entre autre établi une Autorité pour la conservation des ressources naturelles et a promulgué différentes politiques concernant les terres, les forêts, l'industrie nationale, l'énergie et les établissements humains. La Jamaïque a accédé à la plupart des traités les plus importants sur l'environnement et a adopté une nouvelle législation sur les forêts et la gestion des ressources en eau. Un Fonds pour l'investissement social a été établi pour réduire la pauvreté. La Jamaïque attache une grande importance au développement durable des océans et des mers. Elle estime qu'une coopération au niveau national et international est essentielle pour promouvoir le développement durable.

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M. U OHN GYAW, Ministre des affaires étrangères du Myanmar : bien qu'il y ait désormais une plus grande prise de conscience et une meilleure compréhension de la relation qui existe entre l'environnement et le développement, les tentatives d'intégration de ces deux objectifs se heurtent souvent à des problèmes institutionnels, techniques et financiers. Un grand nombre de pays, y compris les pays en développement ont assumé leurs responsabilités en ce qui concerne la mise en oeuvre d'Action 21. Néanmoins, si certains pays ont enregistré quelques progrès, de nombreux autres, et en particulier les pays les moins avancés, sont restés en retrait. Les cinq dernières années ont clairement montré que les programmes de développement durable ont exercé une pression considérable sur les pays en développement. Il importe que l'aide et le soutien soient accordés spécifiquement à ces pays et que les projets tiennent compte des besoins et circonstances particulières à chacun d'eux. Il convient également de noter qu'au cours des dernières années, un grand nombre de programmes sous-régionaux et régionaux ont été élaborés afin d'adopter à l'échelle régionale les dispositions d'Action 21.

Pour sa part, le gouvernement du Myanmar a pris de nombreuses initiatives importantes en matière de développement durable depuis qu'il opté, il y a sept ans, pour l'économie de marché. En 1990, il a mis sur pieds une Commission nationale pour les affaires environnementales. Les efforts du Myanmar en matière de coopération internationale l'ont amené à ratifier et à adopter la plupart des conventions internationales relatives à l'environnement. Le Myanmar participe également à de nombreuses initiatives prises à l'échelle régionale et sous-régionale. Enfin, le Myanmar a récemment adopté une Action 21 nationale.

M. IVAN ANTONOVICH, Ministre des affaires étrangères du Bélarus : la République du Bélarus a rencontré d'importantes difficultés sur la voie des réformes démocratiques et sociales et d'une économie de marché, toutefois elle a parfaitement compris la nécessité d'élaborer une stratégie nationale en faveur du développement durable. En avril dernier, nous avons organisé à Minsk une Conférence internationale sur le développement durable des pays en transition, qui a permis d'identifier les voies et les mécanismes permettant de résoudre les problèmes auxquels ces pays sont confrontés. Nous sommes favorables à un système de commerce international ouvert, au sein duquel l'Organisation mondiale du commerce serait l'axe central. La solution des problèmes financiers liés au développement durable réside dans la libre circulation des biens et des technologies. C'est pourquoi, je demande aux gouvernements des pays industrialisés de faire en sorte que soient assurés des échanges équitables ainsi que la coopération à l'échelle mondiale.

Parlant de la protection de l'environnement, on ne saurait omettre le lien existant entre le développement, l'environnement et le maintien de la paix et de la sécurité. Le Bélarus s'efforce actuellement d'évoluer d'un pays fortement militarisé et servant de rempart à l'empire soviétique vers une pays dont la sécurité repose sur une défense nationale minimale et efficace. Cette transformation demande des efforts financiers considérables. Toutefois nous avons pu éliminer toutes les armes nucléaires de notre territoire, ce qui

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constitue notre contribution propre au développement durable, pour la région de l'Europe. De plus, nous avons proposé de créer une zone exempte d'armes nucléaires en Europe centrale et orientale, ce qui représentera une avancée majeure vers le développement durable du monde entier. A n'en pas douter, les questions nucléaires ont une signification particulière dans le domaine de l'environnement. Nous avons lourdement souffert de la catastrophe de Tchernobyl et nous avons pris conscience de l'importance de l'assistance et de la solidarité internationales. Malheureusement les années passant, l'intérêt de la communauté internationale a diminué, alors que les conséquences de cette catastrophe seront ressenties pendant plusieurs siècles encore. Dans cet esprit, nous appelons les Nations Unies à accorder accordé plus d'attention aux questions du développement régional, ce qui permettrait une meilleure prise en considération des spécificités de chaque pays. Les Nations Unies pourraient également encourager la coopération entre les parties régionales, sous-régionales et les initiatives transfrontalières dans les domaines économiques et environnementaux. Le Bélarus attache une importance toute particulière à l'établissement de codes de conduite juridiquement contraignants.

Mr. THEODOROS KOLIOPANOS, Vice-Ministre de l'environnement, de la Planification et des travaux publics de la Grèce : s'associe à la déclaration faite au nom de l'Union européenne. Bien que des progrès ont été accomplis depuis Rio dans certains domaines, beaucoup reste à faire. Il faut aujourd'hui renouveler et renforcer notre engagement afin de faire du développement durable une réalité. La Grèce, qui possède un tiers de la côte de l'ensemble du bassin méditerranéen et presque 3000 îles, est particulièrement concernée par la gestion des zones côtières, le tourisme durable, la gestion durable de l'eau et les politiques pour combattre la désertification et la déforestation. La Grèce a déjà pris des mesures et adopté des stratégies de développement durable dans le cadre d'une coopération méditerranéenne. L'écotourisme doit être développé. La protection de l'eau est capitale et demande une coopération au niveau international et régional. Des solutions appropriées doivent être trouvées à ces questions qui ne ncernent pas uniquement le développement durable mais la stabilité sociale et la paix. La déforestation et la désertification menacent notre planète et il est urgent de ratifier rapidement et de mettre en oeuvre la Convention sur la lutte contre la désertification. La gestion durable des forêts est essentielle. Avec ses partenaires européens, la Grèce estime que la Session extraordinaire de l'Assemblée générale devrait établir un Comité intergouvernemental pour négocier une Convention sur les forêts. Les problèmes environnementaux de la planète ne pourront être résolus sans que des questions fondamentales, telle que celle de l'élimination de la pauvreté, soient traitées.

MME RUTH DREIFUSS, Conseillère fédérale de la Suisse : le succès à long terme de la réalisation des objectifs d'Action 21 ne pourra être garanti si l'on ne s'attaque en priorité à la pauvreté. L'éradication de la pauvreté exige une coopération internationale efficace qui doit être soutenue par l'augmentation de ressources financières en faveur des pays pauvres et un

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meilleur accès aux technologies les plus performantes. La communauté internationale devra prendre d'importantes mesures dans les mois à venir. Pour lutter contre les changements climatiques, il faudrait fixer des objectifs juridiquement contraignants et des engagements bien définis pour réduire l'émission des gaz à effet de serre lors de la prochaine Conférence de Kyoto. Il faudrait également adopter, à la Conférence de Bratislava en mai 1998, des programmes concrets visant à assurer les objectifs de la Convention sur la biodiversité, à savoir la conservation, la gestion durable et le partage équitable des profits. De même, il faudrait assurer la mise en oeuvre de la Convention sur la désertification, dès la première Conférence des Etats Parties qui se tiendra à Rome en septembre prochain. Aujourd'hui, un milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable. Si l'on ne prend pas une action déterminée pour gérer les ressources en eau de façon durable, la vie humaine tout entière sera menacée au cours du siècle prochain. La Suisse, pays montagneux, attache une importance particulière à la mise en oeuvre du chapitre 13 d'Action 21 relatif à la promotion du développement durable des régions montagneuses, contribuant ainsi à la préservation des sources en eau naturelle.

L'aide publique au développement est essentielle pour lutter contre la pauvreté et pour garantir un développement durable. Il est toutefois regrettable que les pays industriels en aient réduit le montant au cours de ces dernières années. Il est donc nécessaire de renverser cette tendance pour réaliser les objectifs fixés. La Suisse appuie la revitalisation du Fonds mondial pour l'environnement et invite tous les gouvernements à faire des contributions généreuses et à désigner le Fonds comme un mécanisme de financement permanent pour la mise en oeuvre des Conventions sur les changements climatiques et la biodiversité. Il est essentiel que des investissements privés soient affectés à des projets économiques qui sont durables et tiennent compte des aspects sociaux et écologiques. Il est en particulier important d'encourager les investissements privés en faveur des pays les moins avancés. La Suisse poursuit ses efforts visant à contribuer à l'efficacité du système des Nations Unies en offrant des conditions préférentielles pour installer le Centre des droits de l'homme au Palais des Nations et les organisations actives dans le domaine de l'environnement au Centre exécutif de Genève.

M. JACQUES SANTER, Président de la Commission européenne : depuis le Sommet de Rio, l'Union européenne a accompli d'importants progrès. Sur le plan interne, le processus d'intégration a été renforcé par le Sommet européen tenu à Amsterdam qui a placé au centre des objectifs de son Traité le développement durable. Sur le plan international, les accords bilatéraux conclus entre l'Union européenne et d'autres pays ou groupes régionaux contiennent des dispositions sur le développement durable qui sont révisées lors de rencontres régulières avec ses partenaires. Dans le domaine de la coopération internationale, depuis 1992, la Communauté européenne a augmenté sensiblement les fonds consacrés aux projets de développement dont l'objet principal est la protection de l'environnement. Il faudrait progresser de façon active dans cette voie.

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Pour adopter des modes de consommation et de production plus économiques et tenir davantage compte de la capacité d'absorption de la planète, l'Union européenne a lancé trois initiatives axées sur l'eau, l'énergie et la notion d'éco-efficacité. Le transfert de la technologie requise est également importante pour assister les pays en développement à faire la transition vers des modes de consommation et de production durables. L'Union européenne s'est également fixée pour priorité la mobilisation des forces de marché pour le développement durable. Ceci exige d'une part des politiques structurelles appropriées au niveau national et d'autre part, des normes internationales régissant la circulation de marchandises, de services et de capitaux compatibles avec les objectifs de protection de l'environnement. Enfin, il faudrait renforcer considérablement la coopération internationale à la fois au niveau des institutions internationales et des accords multilatéraux et par l'augmentation de l'aide au développement, conformément aux engagements pris à Rio.

L'Union européenne entend poursuivre son rôle de force motrice. Elle est déterminée à faire progresser le débat au sein de l'Organisation mondiale du commerce pour que la libéralisation du commerce et la protection de l'environnement se renforcent mutuellement. L'Union européenne vient juste de décider d'améliorer l'accès aux marchés des pays les pauvres et souhaite que ses partenaires prennent le même engagement. Elle envisage de renforcer le montant de l'aide au développement allouée aux projets axés sur la protection de l'environnement et le développement social. L'Union européenne apportera également un appui important à l'Afrique. L'engagement de tous les pays industriels en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de garantir un développement durable sera mesuré à Kyoto. L'Union européenne envisage de mettre en oeuvre les recommandations formulées par le Groupe d'experts intergouvernemental sur les forêts pour protéger et développer les forêts de ses Etats Membres et d'utiliser tous ses programmes d'assistance pour contribuer à la mise en oeuvre de ces recommandations dans d'autres pays. Elle contribuera aux présentes négociations sur un accord multilatéral relatif aux investissements devant amener les investissements directs étrangers à tenir compte des aspects environnementaux.

MME. JOJI CARINO, représentante de Survie internationale et prenant la parole au nom de l'Alliance internationale des populations autochtones et tribales des forêts tropicales : en 1992, avant la Conférence de Rio, nous avons formé une alliance de peuples autochtones et tribaux pour répondre à la destruction de nos forêts. Comment pouvons-nous concilier notre contribution disproportionnée à la protection de l'environnement et à la croissance économique mondiales avec notre appauvrissement social et matériel sans précédent ? Ce ne sera que lorsque les nations du monde entier accepteront de gérer ce paradoxe, que le monde sera prêt à connaître un développement durable. Les gouvernements qui ont proclamé leur volonté de protéger les forêts sont-ils disposés à établir un partenariat réel avec les peuples autochtones ? Le déséquilibre au sein des relations humaines alimente directement le déséquilibre de notre interaction avec la nature et la Terre.

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Dans les régions où les populations autochtones sont respectées, des progrès sensibles ont pu être accomplis. Certes depuis Rio, un nombre croissant de politiques attentives aux peuples autochtones ont été élaborées, mais il n'existe encore aucun mécanisme permettant à ces populations de participer à la prise de décision au sein des forums internationaux, tels que la Commission pour le développement durable, le Groupe d'experts intergouvernemental sur les forêts et la Convention sur la diversité biologique. Ces organes pourraient prendre exemple sur la Commission des droits de l'homme des Nations Unies où des représentants des groupes autochtones siègent au sein d'un groupe de travail. A l'avenir, les rapports relatifs à Action 21 doivent assurer la protection et la reconnaissance des territoires des peuples autochtones et garantir qu'on leur donne le contrôle et la gestion de leurs terres ancestrales. Une plus grande attention doit être apportée à la promotion de la diversité culturelle et intellectuelle de ces populations. Il est essentiel également que soient créés des mécanismes permanents de consultation avec les organes du système des Nations Unies.

M. HANS BLIX, Directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) : la question de l'énergie, en particulier celle de l'électricité, est particulièrement importante pour le développement durable. La puissance nucléaire mérite d'être examinée par les organes des Nations Unies qui recherchent une formule énergétique viable. Il y a de nombreuses utilisations pacifiques de l'énergie atomique. En médecine, les radiations sont utilisées pour lutter contre le cancer. En agriculture, les graines sont irradiées pour produire de nouvelles variétés. Les radio-isotopes sont utilisées pour trouver la meilleure dose d'eau et d'engrais pour les plantes. L'AIEA contribue au développement durable en transférant les techniques aux pays en développement. L'Agence aide également les Etats membres à établir des législations pour la protection contre les radiations.

Le transport et l'élimination des déchets nucléaires nécessite un maniement prudent. L'avantage des déchets nucléaires par rapport à d'autres déchets est que les volumes traités sont petits. Les déchets hautement contaminés peuvent être encapsulés et enfouis dans la croute terrestre d'où l'uranium est venu. Une convention contraignante sur la gestion des déchets radioactifs, qui avait été demandée par la Commission du développement durable, sera conclue dans quelques mois. Les mouvements transfrontières des déchets radioactifs sont gérés par l'AIEA. Les pays utilisant du matériel nucléaire sont responsables d'assurer que celui-ci ainsi que les déchets qui en résultent sont traités d'une façon qui respecte la sécurité et l'environnement. Tout pays est libre d'interdire la réception de déchets nucléaires étrangers. Les techniques disponibles pour l'élimination des déchets nucléaires sont compatibles avec le développement durable. Ce qui n'est pas compatible c'est l'élimination des déchets fossiles et les émissions de dioxyde de carbone qui augmentent le risque de réchauffement planétaire.

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