ENV/DEV/408

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE ACHEVE SA REUNION DE HAUT NIVEAU

10 avril 1997


Communiqué de Presse
ENV/DEV/408


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE ACHEVE SA REUNION DE HAUT NIVEAU

19970410

La Commission du développement durable a terminé cet après-midi sa réunion de haut niveau consacrée aux préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale relative à l'évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21 et au rapport final du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Elle a entendu, au titre de son débat de haut niveau sur la question des forêts, les personnalités suivantes : M. Robert Hill, Ministre de l'environnement de l'Australie; M. Marco Gonzalez, Vice-Ministre de l'environnement et de l'énergie du Costa Rica; M. Martin Bartenstein, Ministre fédéral de l'environnement, de la jeunesse et des affaires familiales de l'Autriche; M. Ernesto Guhl-Nanneti, Vice-Ministre de l'environnement de Colombie; M. Salah Hafez, Vice-Ministre de l'Egypte, Directeur de l'Agence égyptienne pour l'environnement et M. Yavuz Yuksel, Ministre adjoint des forêts de Turquie.

La Commission a en outre entendu les représentants des pays suivants : Pérou, Mongolie, Panama, Guyana, Brésil, Fédération de Russie, Equateur, îles Marshall, Bolivie, Israël, Inde, République de Corée, Nouvelle-Zélande, République populaire démocratique de Corée, Japon, Iraq, France, Uruguay, Chili, Philippines et Argentine. Le Directeur général de l'environnement, de la sécurité nucléaire et de la protection civile de la Communauté européenne a pris la parole de même que les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Sierra Club, le Conseil mondial des églises, l'Association des amis des forêts sibériennes et le Caucus des femmes. Les représentants de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée ont exercé leur droit de réponse.

La Commission clôturant le débat de haut niveau a entendu son Président, M. Moustafa Tolba (Egypte) qui a indiqué qu'il rédigera un résumé de ce débat qui ne se substituera en rien au rapport de session. Il s'est félicité de l'esprit dans lequel se sont déroulés les travaux, notant en particulier que les intervenants ont su déjouer le piège du vieux débat Nord-Sud. Abordant la question des forêts, le Président a cependant regretté que les pays restent depuis près de six mois sur leurs positions et que peu de progrès ait été accomplis.

(à suivre - 1a)

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La Commission, au cours de son débat de haut niveau, a entendu plusieurs points de vue relatifs à la mise en oeuvre des recommandations contenues dans l'Agenda 21. Il a été notamment reconnu que le développement durable ne pourra être réalisé que dans un environnement sain, qui tienne compte des effets négatifs de la pollution et des modes de consommation. La nécessité de renforcer le partenariat entre pays développés et en développement et celle de réaliser l'objectif de 0,7 % du PNB au titre de l'aide publique au développement (APD) ont été soulignées par les délégations, en particulier celle du Bénin, au nom des pays ayant le français en partage.

Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu demain matin, vendredi 11 avril, à 10 heures, la Commission entendra la présentation des résultats des activités régionales et préparatoires, des résultats des conventions, des commissions régionales, des réunions intersessionnelles organisées par des pays et par de différentes organisations. La Commission entamera également son dialogue avec les "grands groupes".

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Suite du débat de haut niveau sur la question des forêts

M. ROBERT HILL, Ministre de l'environnement de l'Australie, a déclaré que son pays reconnaît qu'il est urgent d'agir pour assurer la conservation et l'utilisation durable des forêts du monde. L'Australie s'efforce d'arriver à un équilibre entre la préservation et les objectifs sociaux et économiques. L'Australie est en train d'établir un système de réserve destiné à protéger 15% des forêts correspondant à la distribution pré-européenne, 60% des forêts anciennes, 60% des écosystèmes forestiers vulnérables existant, et 90% des forêts sauvages de grande qualité. L'Australie estime qu'un objectif clé devrait être la préservation de la diversité biologique des forêts au niveau mondial. M. Hill a déclaré que son gouvernement soutient les propositions d'action du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts (GIF). Il est nécessaire de promouvoir et de coordonner leur mise en oeuvre.

L'Australie soutient l'établissement d'un Forum intergouvernemental sur les forêts, sous les auspices de la Commission du développement durable, qui permette la poursuite d'un dialogue sur la question des forêts. Ce Forum devrait identifier les priorités et les nouveaux problèmes et permettre un échange des expériences. L'Australie estime que tous les pays devraient faire preuve de transparence dans leurs rapports sur les progrès accomplis. Le Forum pourrait se réunir annuellement et avoir un secrétariat associé à celui de la Commission du développement durable. L'Australie n'est pas convaincue de la nécessité d'une Convention pour la conservation et la gestion durable des forêts. Cette proposition d'envergure risquerait de retarder la mise en oeuvre du programme d'action qui a été établi par le GIF.

Mme ALEXANDRA CUGLER (Pérou) a estimé qu'il faut mieux appréhender la question du trafic des stupéfiants car elle a une incidence profonde sur l'environnement de l'Amérique du Sud. La représentante a souligné qu'après cinq ans d'application des recommandations de Rio, les progrès réalisés ont été limités, notamment en raison de la baisse de l'aide publique au développement et de la faiblesse des transferts de technologies en faveur des pays en développement. Pour appuyer la mise en oeuvre d'Action 21, il convient de mettre l'accent sur la programmation et l'adoption de calendriers d'application. La représentante a estimé que la participation des autorités locales et municipales sera un facteur fondamental du succès de la mise en oeuvre d'Action 21. Les pays du Traité de coopération de l'Amazone se sont engagés à prendre des mesures concrètes en ce sens.

Pour sa part, le Pérou mettra prochainement en place une législation relative aux forêts. D'ores et déjà, il a planté plus de 30 millions d'arbres. La représentante a appuyé la déclaration des Etats-Unis sur la tenue des derniers travaux du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Le Pérou participe activement au processus de mise en oeuvre de la Convention sur les changements climatiques. Le Pérou qui comprend 84 des 104 zones différentes en matières de diversité biologiques recensées dans le monde

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suit attentivement toutes les initiatives proposées, notamment celle intitulée "Bio-Trade Initiative". La représentante à souligné l'importance du développement durable des zones de montagne. Elle a également prôné un renforcement du flux d'investissements étrangers à destination des pays en développement.

M. ERDENEBILEG, au nom du Représentant permanent de la Mongolie auprès des Nations Unies, a observé qu'il y a eu une volonté des gouvernements d'atteindre les objectifs fixés à la suite de la Conférence de Rio. Des progrès ont été faits en ce qui concerne les changements climatiques, la biodiversité, les forêts, la protection des océans et la lutte contre la désertification. Les conventions sont un moyen important de promouvoir la coopération internationale et d'harmoniser les efforts nationaux et régionaux. La disponibilité et l'utilisation efficace des ressources présente un caractère essentiel. Il est important d'évaluer les progrès accomplis. Les gouvernements doivent continuer à mobiliser leurs efforts au niveau national et international. Des stratégies nationales en vue du développement durable ont été adoptées y compris par la Mongolie. Il faut mettre en oeuvre à l'échelle nationale l'Agenda 21. Pour cela, il est essentiel d'assurer des ressources financières et le transfert des technologies. M. Erdenebileg a noté qu'il y a eu un effort pour réduire les conséquences des déséquilibres nationaux. La coopération régionale est essentielle.

M. DIMAS ARICA, Sous-Directeur de l'Institut national de ressources naturelles renouvelables (INRENARE) du Panama, a indiqué que son pays comprend plus de 3 millions d'hectares de forêts, ce qui représente 40% de son territoire. Chaque année 50 000 hectares de forêts disparaissent en raison du développement du secteur agricole. Le Panama a des projets en cours sur les différents aspects concernant les ressources forestières. Avant même le Sommet de Rio, le Panama avait bénéficié d'un projet du Programme des Nations Unies pour le développement et de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et de l'agriculture (FAO). Le pays a également profité d'études du Smithonian Institute de Washington sur la sylviculture et les bois tropicaux. Plusieurs pays occidentaux ont également participé à des programme. Le Panama souhaite par les programmes mis en place aménager son territoire. Le Sous-Directeur de l'INRENARE a déploré le problème de la coupe indiscriminée de forêts dans son pays, ainsi que dans le reste du monde. La situation au Panama souligne la nécessité de l'adoption urgente de mesures concrètes pour mettre un terme à ce problème, notamment en ce qui concerne le renforcement des capacités nationales.

M. MARCO GONZALEZ Vice-Ministre de l'environnement et de l'énergie du Costa Rica a indiqué que son pays a écouté attentivement les propositions visant à assurer la durabilité des forêts. Le Costa Rica est prêt à adopter et à signer une convention sur les forêts qui compléterait les autres instruments juridiques internationaux pertinents. Le Costa Rica a signé la Convention régionale de biodiversité et de conservation des forêts.

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M. Gonzalez a indiqué que 30% du territoire de son pays est couvert de forêts. Aussi, le Costa-Rica a de bonne raisons d'appuyer l'adoption d'une convention sur les forêts qui compléterait les efforts déployés à Rio. Le Costa Rica se propose d'être catalyseur des propositions et des initiatives en la matière.

M. NAVIN CHANDERPAL, Conseiller du Président de la République du Guyana pour la science, la technologie et l'environnement du Guyana, a indiqué que son pays partage la préoccupation de la communauté internationale qui estime que la lutte contre la détérioration des ressources forestières nécessite une action efficace. Soulignant que de nombreuses initiatives et propositions ont été présentées en la matière, il a jugé nécessaire de les mettre rapidement en oeuvre. De nombreux pays qui dépendent largement des ressources de la forêts sont préoccupés par la volonté de certains autres de conclure dans les plus brefs délais une convention sur les forêts. Il convient plutôt d'évaluer au préalable les ressources financières et autres nécessaires à la mise en oeuvre des projets et d'identifier ceux qui disposent des moyens afin de pouvoir examiner pays par pays les mesures à prendre en matière de gestion durable des forêts. Le Guyana, grâce à un accord avec le Secrétariat du Commonwealth, a consacré plus de 360 000 hectares de forêts à la création d'un Centre international de gestion de la forêt tropicale à Iwokrama. Le représentant a invité la communauté internationale à utiliser ce centre qui constitue un laboratoire qui pourrait contribuer efficacement à la réalisation des objectifs d'Action 21.

M. ANTONIO DAYRELL DE LIMA, Directeur général pour les questions spéciales au Ministère des relations extérieures du Brésil, a évoqué le fait que la gestion durable des forêts est envisagée différemment en fonction des ressources forestières et de la situation économique des pays. Le Brésil salue les efforts internationaux en ce qui concerne les forêts. Il est nécessaire d'envisager les différentes questions commerciales ou écologiques liées à la question des forêts. Faut-il envisager un financement spécial pour la gestion durable des forêts. Il faudrait pouvoir poursuivre le débat sur les forêts dans une instance intergouvernementale subsidiaire à la Commission du développement durable.

M. DANILOV DANILIAN, Président du Comité d'Etat pour la préservation de l'environnement de la Fédération de Russie, a indiqué que son pays, qui dispose de plusieurs grandes forêts, est intéressé au plus haut point par les discussions qui ont eu lieu au sein du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts, celles actuelles de la Commission du développement durable et celles qui prendront place en juin prochain au cours de la session extraordinaire de l'Assemblée générale. La Fédération de Russie a classé en réserve naturelle plus de 30 millions d'hectares de forêt. Il faudra beaucoup de temps pour qu'un instrument juridique puisse être adopté par tous les pays du monde, a estimé le Ministre. Aussi, faut-il peut-être essayer de parvenir à une solution de compromis qui ferait que la convention adoptée n'entrave en rien l'application des autres conventions. La convention sur les forêts est indispensable à tous les pays, a observé M. Danilian. Reste à savoir si tous les pays ont compris cette nécessité, a-t-il ajouté.

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M. MARIUS ENTHOVEN, Directeur général de l'environnement, de la sécurité nucléaire et de la protection civile de la Communauté européenne, après avoir appuyé la déclaration faite par les Pays-Bas au nom de l'Union européenne, a indiqué que la Commission européenne aura quatre principales priorités au cours de la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale, au mois de juin à New York. La Commission souhaite d'abord la conclusion d'un nouvel instrument pour assurer le développement durable des forêts et qu'il soit répondu de façon urgente à la question des ressources en eau douce. La Commission européenne souhaite également un renforcement de la protection des océans et de leurs ressources et entend qu'un message clair soit adressé par les Nations Unies avant les négociations qui auront lieu à Kyoto sur un protocole à la Convention sur le changement climatique. En outre la Commission, rappelle que des efforts renforcés dans les domaines de l'aide publique au développement et des transferts de technologies sont nécessaires pour réaliser des progrès.

M. Enthoven, soulignant l'importance de l'intégration de la protection de l'environnement aux politiques nationales depuis la Conférence de Rio, a mis l'accent sur les effets de cette intégration dans les secteurs du commerce, de l'agriculture, de la pêche et du transport. Il a rappelé que la Communauté européenne a maintenu ses efforts pour s'assurer que le développement qui est mis en place au-delà de ses frontières a un caractère durable. A cette fin, elle a dépensé plus d'un milliard d'écus et elle examine avec ses partenaires de l'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, dans le cadre de la Convention de Lomé, la possibilité de modifier la Convention pour en faire un meilleur instrument de développement durable.

M. FABIAN PALIZ, Premier Secrétaire de l'Equateur auprès des Nations Unies, a déclaré que son Gouvernement estime que la session extraordinaire de l'Assemblée générale doit déterminer les obstacles et réaffirmer les principes de l'Agenda 21. Le développement économique, social et la protection de l'environnement sont inséparables du processus du développement durable. L'Equateur estime que le système des Nations Unies doit se consacrer davantage au développement. L'inégalité entre les pays en développement et développé représente un facteur important. L'Equateur place la personne au centre du développement. L'Equateur a présenté des rapports périodiques sur les efforts faits pour atteindre les objectifs fixés il y a cinq ans. Il faut renforcer la coopération internationale et le système des Nations Unies doit renforcer son rôle dans tous les domaines de la coopération économique internationale. L'Equateur a initié des programmes nationaux sur les forêts. Il faut réaffirmer les dispositions du programme de l'Agenda 21 et encourager la participation de la société civile. L'Equateur s'engage fermement à participer à la recherche de solutions mondiales.

M. MARTIN BARTENSTEIN, Ministre fédéral de l'environnement, de la jeunesse et des affaires familiales de l'Autriche, a estimé que la communauté internationale doit saisir l'occasion de la session extraordinaire de l'Assemblée générale pour adopter un convention internationale sur les forêts.

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Un tel instrument compléterait les autres textes juridiques contraignants qui, par certains aspects, ont trait à la question des forêts. Le Ministre s'est félicité de l'initiative prise par le Président de la Commission du développement durable qui souhaite que les membres de la communauté internationale tiennent des consultations pour essayer de parvenir à un consensus sur la question des forêts, consensus auquel le Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts n'a pu aboutir.

M. UNTUNG ISKANDAR (Indonésie), après avoir souligné l'importance de la question des forêts, s'est félicité du fait que le Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts, qui a été constitué pour parvenir à un consensus et formuler des options pour combattre la déforestation et la dégradation des forêts et promouvoir leur gestion, leur conservation et leur développement durable, ait produit un rapport substantiel. Les recommandations de ce rapport constitueront une contribution essentielle, s'ils peuvent être mis en oeuvre au niveau national. Pour autant, l'Indonésie est profondément déçue par le fait que le Groupe intergouvernemental n'a pu, lors de sa quatrième session, aboutir à un accord sur plusieurs questions importantes relatives à la gestion durable des forêts.

Abordant la question de l'opportunité de la création d'un fonds international pour appuyer les activités de gestion, de conservation et de développement durable des forêts, le représentant a estimé que les fonds qui existent actuellement ne peuvent pas, et de loin, assurer la mise en oeuvre des nombreux accords conclus au niveau international, notamment au profit des pays en développement. Le représentant s'est également dit déçu par l'incapacité du Groupe intergouvernemental à parvenir à un consensus sur un accord relatif aux produits forestiers qui serait fondé sur des règles de non discrimination et des procédures conclues multilatéralement. De même, il est préoccupant de constater qu'aucun consensus n'a pu être obtenu sur la relation qui existe entre les obligations contractées au niveau international et les mesures prises à l'échelle nationale.

M. LAURENCE N. EDWARDS (Iles Marshall), faisant référence au rapport du Groupe de travail Ad Hoc, s'est félicité de ce que le chapitre consacré aux océans met en évidence la qualité des mécanismes de coordination des instruments internationaux et des accords de gestion des ressources des océans. Il a rappelé qu'à ce sujet, son pays accueillera un séminaire régional de haut niveau sur la pêche au début du mois de juin 1997. Il a cependant regretté que la question relative à la gestion intégrée des zones côtières ne soit pas abordée dans ce rapport. Le représentant a exprimé sa préoccupation quant aux émanations de gaz à effet de serre. Petit Etat insulaire extrêmement vulnérable, les Iles Marshall ont toujours montré un intérêt certain pour les négociations relatives aux changements climatiques. Il est difficile pour nous de comprendre comment certains pays et certains secteurs industriels comme celui du pétrole sont disposés à compromettre l'avenir en échange de gains. Pour ce qui est des déchets nucléaires, le

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représentant a estimé qu'il est du devoir de la communauté internationale d'aider les Iles Marshall à régler le problème des déchets radioactifs dûs aux essais nucléaires. Estimant en outre qu'il existe un lien indissociable entre environnement et droits de l'homme, il a regretté l'importance accordée par les universitaires aux questions économiques au détriment des préoccupations sociales et environnementales. Les décisions sont souvent prises à des milliers de kilomètres des populations concernées. Pourtant on ne pourra trouver une réponse aux questions liées à l'environnement et aux droits de l'homme que dans la mesure où les populations affectées identifient elles- mêmes la nature des problèmes.

M. JORGE RIVERA, Sous-secrétaire des stratégies du développement au Ministère du développement durable et de l'environnement de la Bolivie, a évoqué l'importance vitale des engagements pris pour le développement durable. Les objectifs importants qui ont été atteints montrent qu'il faut une méthode, un engagement de la société civile et une volonté politique. Des institutions ont été créées en Bolivie pour servir de cadre à la mise en place de nouveaux modèles. La Bolivie a, entre autres, établi une loi sur forêts ainsi que des réformes agraires. Elle a privilégié la participation des communautés indigènes dans les programmes de développement durable. Par ailleurs, il y a eu en Bolivie un renforcement institutionnel pour les systèmes d'intendance et de contrôle des forêts. La Bolivie s'est efforcée de mettre en oeuvre les objectifs fixés dans le cadre d'accord régionaux et sous-régionaux. Il est essentiel de définir une stratégie concertée pour la gestion durable des forêts et mettre en place des institutions internationales pour la protection des forêts. Le récent Sommet des Amériques est historique. Un des éléments essentiels de la déclaration de ce sommet est qu'il faut mettre l'être humain au centre du développement durable. Ce sommet a reconnu la nécessité d'une vie biologiquement saine et en harmonie avec la nature. M. Rivera a évoqué la préoccupation de son pays et des pays en développement en ce qui concerne l'équité sociale. Les pressions de la pauvreté pourraient être catastrophiques sur l'environnement. Il important que les modes de consommation changent. M. Rivera a souligné l'importance du rôle que le capital privé a joué dans le développement durable.

M. BILL MANKIN, représentant les trois organisations non gouvernementales Sierra Club, les Amis de la Terre (USA) et la National Wildlife Federation, a estimé que la Commission du développement durable doit approuver sans réserve la création d'un Forum intergouvernemental sur les forêts qui serait placé sous sa responsabilité et qui veillerait à la mise en oeuvre des recommandations du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. La Commission devrait également, dès cette session, inviter ce forum qui sera mis en place au cours de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation d'Action 21, à présenter chaque année un rapport à la Commission du développement durable sur le suivi des recommandations du Groupe intergouvernemental. Enfin, l'Assemblée générale devrait au cours de sa session extraordinaire adopter une résolution par

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laquelle ses membres s'engageraient formellement à mettre en oeuvre les recommandations du Groupe intergouvernemental. Pour M. Mankin, ces trois mesures sont essentielles si l'on veut que le processus de Rio ait encore une signification. M. Mankin a jugé irréaliste et inéquitable toute tentative visant à accélérer l'adoption d'une convention sur les forêts avant la mise en place du nouvel Forum intergouvernemental envisagé. Il a rappelé, à cet égard, que plus de 100 organisations non gouvernementales s'occupant de la conservation de l'environnement se sont d'ores et déjà prononcées contre l'adoption de la convention dans ces conditions.

Mme SACHITHANANDAM, Représentante du Conseil mondial des églises, a déclaré qu'il faut une économie mondiale juste. Les entreprises publiques et privées ont des responsabilités sur l'environnement. Il faut que l'environnement soit mis au premier plan. Il est essentiel d'assurer la santé de chaque communauté. Les populations autochtones sont affectées par la mondialisation. Des ressources ont été prises sur les terres de ces populations. Le changement climatique touche de nombreuses populations. Mme Sachithanandam a regretté l'idolâtrie du libre marché. L'économie mondiale est dominée par les intérêts des sociétés transnationales. Les politiques de développement doivent être fondées sur le principe de durabilité des communautés. En ce qui concerne les femmes, il est essentiel de mettre en oeuvre les engagements de Beijing. Par ailleurs, Mme Sachithanandam a déclaré qu'il fallait mettre en place une instance permanente aux Nations Unies pour les pays autochtones.

M. DAVID PELEG, Représentant permanent d'Israël, a rappelé que le territoire forestier israélien est passé de moins de 0,5% de la surface totale du pays en 1948 à 8% aujourd'hui grâce à de nombreux efforts de reforestation et d'implantation d'arbres. Ainsi que l'a analysé le Groupe intergouvernemental sur les forêts (GIF), l'exemple israélien démontre qu'il existe un lien entre les politiques forestières et la désertification et qu'il est possible de générer et de recréer des surfaces forestières. M. Peleg a évoqué, par ailleurs, la récente réunion d'experts tenues dans son pays sur les synergies existantes entre la convention de Rio et celles sur la désertification, la biodiversité, les changements climatiques et les principes relatifs aux forêts. Organisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), cette réunion a permis d'identifier clairement les liens entre les quatre domaines et d'élaborer une série de recommandations sur les conditions d'harmonisation, les besoins institutionnels, la collecte et la transmission des informations et la promotion du développement durable global. Elle a également mis en lumière l'importance de coordonner les efforts de tous les acteurs qui oeuvrent en faveur des forêts et des conventions environnementales. Il a soutenu l'idée d'un suivi des activités de GIF pour parvenir à une meilleure coordination des efforts. Il a recommandé, en outre, que le PNUD poursuive son programme visant à identifier les différentes manières dont les institutions nationales et internationales peuvent entrer en synergie pour mettre en oeuvre avec succès les instruments de Rio en faveur du développement durable.

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M. ERNESTO GUHL-NANNETI, Vice-Ministre de l'environnement de Colombie, a rappelé que l'éventualité de la création d'un instrument juridiquement contraignant en ce qui concerne la gestion durable des forêts a été suggérée par certains pays. La Colombie se demande toutefois quels résultats on serait en droit d'attendre d'un tel instrument, et quel serait son efficacité. La gestion durable des forêts exige que soient adoptées des politiques et mesures intersectorielles, nombre d'entre elles étant de nature sociale ou culturelle. Aucune de ces politiques et mesures ne sont assez attractives pour être financées par le secteur privé. Rien ne saurait donc remplacer, à cet égard, l'aide publique au développement. La question de l'énergie doit être examinée, à commencer par la nécessité de rechercher une utilisation finale efficace de l'énergie, ainsi que d'identifier les sources énergétiques renouvelables et propres. La Colombie suggère que des efforts intenses soient concentrés sur la recherche et le développement dans ce domaine, compte tenu du fait que l'on se rapproche de l'idéal du développement durable chaque fois que l'on réduit la pollution engendrée par l'énergie.

La question du transport est aussi un sujet intersectoriel. Il serait bon d'examiner les efforts nécessaires en vue d'appuyer les infrastructures de transport, et notamment de promouvoir des sources financières suffisantes pour la planification et le développement des systèmes de transport de masse dans les centres urbains du monde en développement. La Commission doit, lors de ses sessions futures, ménager dans son programme de travail un espace en vue d'identifier les questions qui sont liées à cette question.

M. NIRMAL ANDREW (Inde), après avoir rappelé que la Commission du développement durable a reconnu la souveraineté des Etats sur leurs ressources naturelles, a indiqué que le mandat du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts était particulièrement clair en matière de gestion durable des ressources forestières. Le représentant a regretté qu'il n'y ait pas eu de consensus sur plusieurs questions. Il a indiqué que son pays a signé un grand nombre de conventions relatives aux forêts et a mis en place une politique nationale en la matière. L'Inde, à l'heure actuelle, n'est pas favorable à l'adoption d'une nouvelle convention internationale sur les forêts qui ne bénéficierait pas d'un consensus. Elle a estimé qu'il faut davantage mettre l'accent sur des questions prioritaires telles que l'élimination de la pauvreté, les transferts de technologies et le renforcement des capacités endogènes.

M. MYUNG-CHUL HAHM (République de Corée) a indiqué que son pays appuie la création d'un forum politique de haut niveau placé sous les auspices de la Commission et qui serait chargé d'examiner, de contrôler et de faire rapport sur les progrès réalisés dans la gestion, la conservation et le développement durable de tous les types de forêts, ainsi que de promouvoir et de surveiller la mise en oeuvre des propositions d'action du PIF, telles qu'elles figurent dans le rapport final du Panel. La République de Corée estime que ce forum politique pourrait avoir, parmi ses fonctions, d'entreprendre des études analytiques sur les ramifications juridiques des éléments qui seraient susceptibles de faire partie des arrangements juridiques sur les forêts.

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Concernant la question du commerce et de l'environnement, la République de Corée estime qu'il faut adopter une approche holistique si l'on veut promouvoir efficacement la gestion durable des forêts, tout en évitant, dans le même temps, d'imposer des restrictions néfastes à la liberté du commerce. Les principes de la non-discrimination, de l'accès ouvert et de la transparence doivent gouverner le commerce des produits et services forestiers, notamment en matière de certification et d'étiquetage.

La République de Corée estime, en ce qui concerne la plantation de forêts, que celle-ci serait l'alternative la plus viable à l'entretien coûteux des forêts naturelles. Le Gouvernement coréen suggère que les pays renforcent les mesures d'incitation au niveau des taxes et des assurances en faveur du secteur privé en vue d'encourager les investissements dans ce domaine.

M. DAVID BARTLE, Directeur adjoint de la Division de l'environnement au Ministère des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande, a fait quatre observations. La première concerne le Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts (GIF) qui doit poursuivre ses travaux. La seconde porte sur les initiatives régionales. Celles-ci doivent être renforcées. La quatrième porte sur l'établissement d'un groupe intergouvernemental ad hoc de haut niveau afin de mettre en oeuvre les recommandations faites par le GIF. La quatrième souligne la nécessité de prendre des mesures pragmatiques sur la question des forêts.

M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) a estimé qu'il est grand temps que la communauté internationale prenne des mesures concrètes pour s'acquitter des engagements pris dans le cadre de l'Action 21. De ce point de vue, sa délégation participera activement aux délibérations sur tous les points à l'ordre du jour de la présente session et se joint aux efforts d'autres pays pour créer un environnement rationnellement mondial. M. Chang Guk s'est élevé contre la diffamation commise par un représentant de la République de Corée à l'égard de son pays. Il a déclaré que le fait que la République de Corée a clamé fort cette question à l'intérieur et en dehors des Nations Unies n'est en aucun cas justifié par un intérêt véritable pour la protection de l'environnement mais par une manoeuvre politique insensée et de provocation de la République de Corée pour contrôler la situation politique chaotique interne du pays et pour ternir l'image de la République populaire démocratique de Corée en aggravant davantage la tension politique et militaire entre le Nord et le Sud, fondée sur des idées dépassées de la guerre froide. La République de Corée a récemment porté des accusations mal fondées sur notre pays, comme si elle se comportait comme un ange dans le domaine de la protection de l'environnement, a fait remarquer M. Chang Guk. Si la République de Corée est vraiment intéressée par le transport de déchets nucléaires, pourquoi n'a-t-elle pas objecté lorsque tous les pays du monde ont condamné ce transport assuré par certains pays développés importants ainsi que par une ancienne puissance coloniale dont les déchets radioactifs de haut niveau traversent l'océan. Cette double attitude montre bien que la République de Corée n'a aucun intérêt légitime dans l'élimination des déchets nucléaires.

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M. TOSHIAKI TANABE (Japon) a souligné que la communauté internationale devrait accorder la plus haute priorité à l'action visant à préserver les forêts. Lorsque la CNUED s'était tenue à Rio de Janeiro en juin 1992, elle a permis à tous les pays du monde d'affirmer leur reconnaissance de la nécessité de renforcer l'action internationale dans ce domaine. L'adoption de principes sur les forêts, et notamment sur la disparition et la dégradation des forêts au chapitre 11 d'Action 21 constituent des décisions importantes. Toutefois, nos efforts sont allés plus loin puisqu'un accord a été conclu sur la création d'un groupe intergouvernemental d'experts sur les forêts pour assurer le suivi des accords conclus à la CNUED. Ce Groupe a fait preuve d'efficacité et a formulé de politiques relatives à une action internationale spécifique et coordonnée. Le représentant a souligné la nécessité de mettre en oeuvre, scrupuleusement, le plan d'action figurant dans le rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur les forêts de façon globale et coordonnée, en révisant régulièrement cette mise en oeuvre afin d'en améliorer l'efficacité. Le Japon estime qu'il est très important de s'entendre sur un cadre concernant l'amélioration de la mise en oeuvre du plan d'action, dans la mesure où cela nous permettrait de tirer profit de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur l'environnement et le développement durable qui se tiendra en juin prochain. De l'avis de sa délégation, un mécanisme de coordination globale est essentiel pour une mise en oeuvre plus efficace des recommandations du Groupe intergouvernemental d'experts sur les forêts.

M. SALAH HAFEZ, Vice-Ministre de l'Egypte, Directeur de l'Agence égyptienne pour l'environnement, a indiqué que les habitants de son pays n'occupent que 3% de la superficie du territoire. Or, le Gouvernement, pour remédier à cette situation, a mis en place un programme afin que les 25% du territoire soient habités d'ici au début du prochain siècle. L'Egypte, si elle ne joue pas un rôle fondamental dans la gestion durable des forêts, cherche cependant à exploiter les rares ressources et potentiels dont elle dispose en la matière. Elle estime que la sylviculture et la lutte contre la désertification doivent aller de pair. Elle est d'avis qu'il importe de fixer des objectifs précis en ce qui concerne la gestion durable des forêts. L'Egypte espère que ces objectifs seront arrêtés dans le cadre du processus préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'évaluation de la mise en oeuvre de l'Action 21.

M. KHALED AL-HITTI (Iraq) a évoqué l'importance de la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale qui examinera la mise en oeuvre du programme d'action 21. L'Iraq n'a pas pu mettre en oeuvre, comme il l'aurait souhaité, les objectifs fixés du fait des détériorations résultant des sanctions. M. Al-Hitti a déclaré que l'agression militaire a perturbé l'environnement du pays. Les sols et l'eau ont été affectés à la suite du blocus. Tous les dommages ainsi engendrés ont entravé les projets conçus et ont eu des conséquences néfastes sur l'agriculture et l'élevage. L'Iraq a essayé de trouver d'autres sources d'énergie. Il en est résulté une désertification accrue. Pour permettre le développement durable, il faut une bonne gestion des ressources en eau potable et une utilisation rationnelle de celles-ci. Il ne faut pas qu'il y ait de pollution des sources d'eau potable.

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M. Al-Hitti a souligné qu'il y a une dégradation de la santé du fait de la raréfication des médicaments et des sanctions économiques injustes prises à l'encontre de l'Iraq. Près d'un million de personnes ont été victimes des sanctions en particulier les enfants qui en sont les principales victimes. La majorité des Iraquiens qui ont survécu vivent dans la pauvreté. M. Al-Hitti a déclaré que le développement durable exige que les sanctions soient levées.

M. ANDREANI, Ambassadeur de France, a exprimé l'inquiétude de son pays sur la situation des forêts dans le monde et son souhait de voir la session extraordinaire du mois de juin prochain entériner une décision de nature à enrayer, enfin, un processus qui préoccupe considérablement la France. Depuis le Sommet de Rio, la forêt a fait l'objet d'une importante activité internationale. Pour sa part, la France a tenu ses engagements pris à Rio. Elle a fait connaître, dès avril 1995, son Plan de mise en oeuvre des principes forestiers. Elle a ensuite publié "Les indicateurs de gestion durable des forêts françaises" qui analyse sa forêt au regard des critères retenus au sein du processus d'Helsinki. M. Andréani a regretté que la dégradation et le recul des forêts dans le monde, tout particulièrement des forêts primaires, se sont poursuivis. L'urgence d'aboutir à une véritable gestion durable de toutes les forêts au travers d'actions appropriées et concrètes ne se fait donc que plus pressante.

La dernière session du groupe intergouvernemental sur les forêts s'est conclue par l'adoption de nombreuses et importantes propositions d'actions. Le temps est venu d'adopter des mesures concrètes et immédiates en rapport avec le niveau d'urgence et les enjeux de la situation. La première de ces mesures devrait être l'adoption d'un instrument juridique contraignant sur tous les types de forêts. Les actions qui seraient entreprises dans le cadre d'un tel instrument auraient une légitimité et justifieraient une attention marquée des grands bailleurs de fonds, bilatéraux et internationaux, ainsi que du Fonds pour l'environnement mondial. M. Andréani a par ailleurs déclaré que les impératifs de la gestion durable des forêts devraient être pris en compte dans les enceintes discutant de commerce et d'environnement. Il a également mentionné l'appel des Etats au respect très légitime de la souveraineté nationale. Il appartient à chaque pays d'assumer pleinement la responsabilité de son patrimoine forestier. Par ailleurs, il convient de créer, sans délai, un réseau international d'espaces forestiers protégés.

M. CARLOS SERRENTINO, Directeur de l'Agence nationale de l'environnement de l'Uruguay, a indiqué que son pays partage les conclusions fondamentales du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. L'Uruguay est cependant préoccupé par l'approche sectorielle qui semble être privilégiée lorsque l'on aborde la question dans son ensemble. Aussi, l'Uruguay estime qu'il est prématuré de conclure une nouvelle convention internationale si la communauté internationale ne renforce pas au préalable les instruments juridiques existants. En ce sens, l'Uruguay est favorable à la création d'un Forum intergouvernemental pour accélérer la mise en oeuvre des recommandations du Groupe intergouvernemental.

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M. YAVUZ YUKSEL, Ministre adjoint des forêts de Turquie, a indiqué que son pays s'apprêtait à accueillir le XIème Congrès mondial sur les forêts, qui devrait définir des conditions favorables à la coopération internationale et contribuer, de manière positive, au développement des activités forestières dans le monde. Une gestion forestière durable requiert non seulement l'engagement de personnes mais aussi la disponibilité de techniques et d'un financement adéquats. Le Congrès d'Antalya abordera des questions particulièrement importantes pour la forêt méditerranéenne, telles que les relations entre le tourisme et la forêt, la prévention et le contrôle des feux de forêt, la lutte contre la désertification et la conservation de la diversité biologique. La Turquie, qui dispose de riches ressources naturelles, a pris des dispositions juridiques pour la gestion forestière durable. Un projet de conservation génétique in-situ est mis en place, avec l'aide de la Banque mondiale. Des parcs nationaux, des réserves naturelles, des parcs naturels et des sites nationaux ont été établis afin de mieux préserver la biodiversité du pays. La Turquie est membre de l'Union internationale de conservation de la nature et des ressources naturelles. Le Ministère des forêts gère la quasi-totalité des 20,2 millions d'hectares de forêts du pays et contribue ainsi à l'amélioration des conditions de vie de 9 millions de personnes environ. Certains projets ont été initiés en 1970, faisant de la Turquie un pays pionnier en matière de gestion forestière. Le pays, qui est menacé par l'érosion, se félicite de l'attention qui est accordée aujourd'hui aux questions d'environnement et de développement durable et considère que la conférence d'Antalya sera le point culminant d'une série d'événements internationaux sur les forêts.

M. CARLOS WEBER (Chili) a déclaré que son pays est favorable à la promotion de mesures au niveau international sur les forêts. Le Chili estime qu'il faut un consensus avant de pouvoir envisager l'établissement d'une convention sur les forêts. M. Weber a observé une convergence d'opinion de plus en plus grande en ce qui concerne les forêts. Il a évoqué la création d'un Forum intergouvernemental qui chercherait à aboutir à un consensus permettant d'instaurer un instrument juridique contraignant. Le Chili estime que la condition et les critères de développement durable diffèrent d'un pays à l'autre. On ne peut pas imposer un modèle de développement d'un pays donné à toute la planète. Le développement durable nécessite un processus de persuasion de toutes les parties prenantes qui ne peut pas se faire par l'imposition d'une loi. Le Chili estime qu'il faut poursuivre les engagements pris au niveau national.

M. RAPHAEL LOTILLA, Directeur adjoint de la planification économique des Philippines a déclaré avoir lu avec intérêt le rapport du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. A l'instar du Canada, les Philippines estiment qu'il faut agir sans plus tarder pour mettre en oeuvre les recommandations du Groupe intergouvernemental. Les Philippines, qui se composent de nombreuses petites îles éloignées les unes des autres, a besoin de la coopération internationale pour pouvoir mettre en oeuvre une politique

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durable de gestion des forêts. Les Philippines, dans l'état actuel des choses, ne peuvent prendre part à des négociations sur une convention internationale sur les forêts. Pour autant, elles sont favorables à la constitution d'un Forum intergouvernemental qui essaierait, en tenant compte des spécificités nationales, de parvenir à un véritable consensus afin d'adopter la convention envisagée. Les Philippines partagent le point de vue du Japon et de l'Indonésie selon lequel le Forum devrait se pencher en priorité sur les questions de financement du développement durable des forêts. Les Philippines souhaitent que les organisations non gouvernementales soient associées aux travaux du Forum.

M. NOVILLO SARAVIA, Ministre plénipotentiaire de l'Argentine, a évoqué la satisfaction de son pays en ce qui concerne le rapport du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts (GIF). L'Argentine estime que la priorité de la session extraordinaire est de mettre en oeuvre le programme d'action établi par le GIF. Il est important de créer un Forum sur les forêts afin d'élaborer des programmes relatifs à la gestion des forêts et d'évaluer les options possibles. L'Argentine est favorable à l'élaboration d'un instrument juridique contraignant sur les forêts.

M. ANDREI LALETIN, Association des amis de la forêt sibérienne, s'est félicité des 137 propositions faites par le Groupe intergouvernemental sur les forêts, même si l'on peut regretter que certaines questions importantes soient restées en suspens. Il importe désormais de mettre en oeuvre les recommandations du Groupe intergouvernemental, en évitant de les diluer dans une démarche qui consisterait à négocier un instrument juridique international contraignant. Les dirigeants du monde devront au cours de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre d'Action affirmer la nécessité d'appliquer les recommandations du Groupe intergouvernemental.

Mme TARA TAUTARI, Représentante du Caucus des femmes, a déclaré que les femmes ont permis de faire avancer le débat sur le développement durable. Il est nécessaire de lutter pour faire en sorte que les besoins des femmes soient au coeur des politiques de développement durable. Le problème de la forêt, de l'eau sont des problèmes critiques pour les femmes. Les femmes contribuent à l'économie. Le développement durable doit se baser sur l'égalité entre les sexes. Des réseaux ont été établis pour promouvoir le rôle des femmes. Les femmes se sont défendues contre l'impact négatif de la mondialisation sur les communautés. Elles se sont, entre autres, concentrées sur les questions qui concernent l'Organisation mondiale du commerce. Les femmes doivent participer à la prise de décisions dans les domaines économique, social et politique. Les gouvernements doivent engager les ressources nécessaires et intégrer les femmes dans les politiques de développement.

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Droits de réponse

Le représentant de la République de Corée, répondant au représentant de la République populaire démocratique de Corée, a rappelé qu'il est interdit d'exporter des déchets radioactifs dans un pays qui ne dispose pas d'installations adéquates, conformément à la décision prise par la Commission du développement durable lors de sa dernière session. Le représentant a indiqué qu'aucune étude préalable n'avait été réalisée. Cette transaction est contraire à la norme qui stipule que les pays tiers doivent être informés. Or, jusqu'à présent, ni la République populaire démocratique de Corée, ni Taïwan n'ont informé la République de Corée de cette transaction. "L'exportation de déchets radioactifs entre ces deux pays est injustifiable du point de vue éthique", a déclaré le représentant. Il a craint que cette transaction ne constitue un précédent. Cette transaction montre qu'il n'y a pas eu de progrès suffisants réalisés dans le transport transfrontalier de déchets radioactif. Le représentant a demandé à la communauté internationale de déployer des efforts afin que cette transaction soit annulée. Il a déclaré que son pays estime que l'affirmation selon laquelle il a procédé à un déversement sauvage de déchets radioactifs est infondée.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que dans la mesure où il avait préalablement présenté clairement le point de vue de son pays, il n'était pas nécessaire de répéter ce qui avait été déjà dit.

Déclaration de clôture

Le Président de la cinquième session de la Commission du développement durable, M. Moustafa Tolba (Egypte), a clôturé le débat de haut niveau au cours duquel plus de 140 orateurs se sont succédé. Il a indiqué qu'il rédigera un résumé de ce débat qui ne se substituera en rien au rapport de session. Il s'est félicité de l'esprit dans lequel se sont déroulés les travaux, notant en particulier que les orateurs ont su déjouer le piège du vieux débat Nord-Sud. Le Président a indiqué que les consultations officieuses de haut niveau qu'il a présidées depuis le début de la session ont bénéficié d'une participation active de nombreux ministres qui ont eu l'occasion de présenter un grand nombre d'idées novatrices. Ainsi, s'agissant de la question de la pauvreté, M. Tolba a jugé plus réaliste d'affirmer qu'il convient d'alléger la pauvreté, plutôt que d'essayer sans succès de l'éliminer totalement.

M. Tolba a souligné la nécessité de fixer des objectifs concrets et réalisables. La Commission du développement durable doit se voir confier la responsabilité du suivi de la mise en oeuvre des nombreuses recommandations faites par la communauté internationale en matière de développement durable.

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Le Président a exhorté les pays en développement à cesser de lancer des appels en faveur d'une augmentation de l'aide publique au développement, et les a invités à concentrer plutôt leurs efforts sur l'accroissement des investissements étrangers directs. Le Président a précisé que son résumé du débat suivra le même plan que le rapport de session et mettra l'accent sur les propositions qui ont été faites.

Abordant la question des forêts, le Président a regretté que les pays restent depuis près de six mois sur leurs positions et que peu de progrès ait été accomplis. Il a annoncé qu'il avait pris des initiatives pour remédier à cette situation et confiera à l'un des vice-présidents la responsabilité de cette question. M. Tolba a indiqué que la déclaration politique qui émanera de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sera fondée sur les propositions des Etats Membres et devra favoriser une reprise de l'élan de Rio. S'agissant des arrangements institutionnels et, en particulier, des rôles respectifs du Programme des Nations Unies sur l'environnement (PNE) et de la Commission du développement durable, le Président a suggéré que l'Assemblée générale, et elle seule, tranche clairement, au cours de sa dix- neuvième session extraordinaire.

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