12 septembre 2017 – Miroslav Lajčák espère que, sous sa présidence, l’Assemblée générale des Nations Unies va surmonter les intérêts nationaux étroits et arriver à des résultats tangibles pour les gens.

« J’espère que la 72e session de l’Assemblée générale sera bonne, productive et aboutira à de nombreuses solutions concrètes aux problèmes du monde », a déclaré M. Lajčák à ONU Info avant l’ouverture de la session inaugurale ce mardi.

Ce diplomate de carrière de Slovaquie, élu par les 193 membres de l’Assemblée générale, a souligné que deux des questions les plus pressantes au monde – les conflits et les migrations – étaient ses priorités.

« Je souhaite donc porter mon attention à ce que nous pouvons améliorer pour prévenir les conflits, parce qu’en évitant les conflits, nous économisons des vies humaines et nous économisons également de l’argent », a-t-il dit, tout en notant que les États membres consacreront aussi du temps et de l’énergie à la rédaction d’un pacte mondial sur les migrations, qui devrait être adopté en 2018.

Après avoir connu des missions difficiles, en particulier dans les Balkans, M. Lajčák a déclaré qu’il comprenait ce qu’il fallait faire pour réussir dans le multilatéralisme.

« Si nous sommes en désaccord, ce n’est pas une raison de se punir, mais d’essayer de trouver un consensus ou un compromis. C’est ce que je considère comme l’essence de la diplomatie », a-t-il déclaré.

ONU Info : Comment voyez-vous le rôle de l’Assemblée générale au 21e siècle ?

Miroslav Lajčák : L’Assemblée générale est un organe unique. C’est l’organe le plus représentatif des Nations Unies, où l’ensemble des 193 États Membres sont présents. Chacun a une voix, indépendamment de sa taille, de sa puissance ou de sa richesse. Cela donne à cet organe une énorme autorité. De plus, selon la Charte [des Nations Unies], l’Assemblée générale peut discuter de n’importe quelle question. Donc, je souhaite que l’Assemblée générale soit un organe où les questions les plus importantes soient discutées et où nous soyons en mesure de produire des réponses aux questions que les gens se posent.

ONU Info : Quels sont vos espoirs pour la nouvelle session ? Que considérez-vous comme les plus grands défis ?

Miroslav Lajčák : J’espère que la 72e session de l’Assemblée générale sera bonne, productive et aboutira à de nombreuses solutions concrètes aux problèmes du monde. Tout d’abord, il y a la prévention des conflits, car je ne pense pas que nous pouvons dire que nous contrôlons ce qui se passe autour de nous. Il y a trop de conflits, et trop peu de solutions. Je souhaite donc porter mon attention à ce que nous pouvons améliorer pour prévenir les conflits, parce qu’en évitant les conflits, nous économisons des vies humaines et nous économisons également de l’argent.

Et mon deuxième souhait est lié à la question des migrations. C’est un phénomène mondial. C’est un problème auquel nous sommes tous confrontés, d’une manière ou d’une autre. Nous avons pour tâche ou pour mandat de préparer le Pacte mondial sur les migrations. Cela prendra beaucoup de temps pendant la 72ème session. Mais j’espère vraiment que nous pourrons présenter un document riche en substance, crédible et qui sera bien accueilli par nos citoyens.

ONU Info : Dans votre discours d’acceptation, vous avez parlé de vouloir mettre l’accent sur six priorités [les gens; la paix et la prévention; les migrations; les objectifs de développement durable (ODD) et l’action climatique; les droits de l’homme; et la qualité]. Étant donné l’état actuel des relations internationales, envisagez-vous de continuer de porter vos efforts sur ces six priorités ?

Miroslav Lajčák : Nous devons avoir des priorités. En même temps, nous devons être souples et pouvoir affronter les problèmes que nous n’avons pas prévus au moment où nous avons préparé ces priorités. Ainsi, mes six priorités couvrent les trois piliers du travail des Nations Unies, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, ainsi que les activités en cours. J’ai déjà mentionné la paix et la prévention, j’ai mentionné les migrations. Bien sûr, il existe un programme de développement durable et l’action climatique sur lesquels nous devons nous concentrer. Il y a un programme de droits de l’homme et de dignité humaine. Et il y a un programme pour une ONU moderne, ce qui veut dire soutenir les réformes et adopter un budget qui nous permette de travailler pour l’avenir. Mais comme je l’ai dit, nous ne devons pas être rigides sur ces priorités. Chaque fois qu’il est nécessaire d’affronter un nouveau problème dont l’ONU doit s’occu per, nous devons être prêts à le faire.

ONU Info : Votre prédécesseur a fait des océans et des ODD une partie essentielle de son mandat. Sur quels sujets ou thèmes souhaitez-vous vous concentrer ? Et pourquoi ?

Miroslav Lajčák : Je ne viens pas à ce poste avec un programme qui sera mon programme. Mon programme est celui de l’ONU. Ce programme est très chargé. Il y a beaucoup d’événements qui font déjà l’objet d’un mandat et doivent avoir lieu pendant mon mandat. Nous ne pouvons pas facilement couvrir toutes les priorités. Et aussi par respect pour les délégations plus petites qui ont des difficultés à faire face à un grand nombre de réunions, j’ai dit que je n’allais pas annoncer d’autres sujets. Je me concentrerai sur la qualité des réunions qui sont déjà mandatées. Je pense que, lors de ces réunions, nous pourrons répondre à toutes les priorités.

ONU Info : Vous avez également parlé de rendre l’Assemblée générale plus efficace. Comment allez-vous faire ?

Miroslav Lajčák : La chose la plus importante pour moi est de comprendre que ce que nous faisons ici est destiné à améliorer la vie des gens sur cette planète. Nous ne sommes pas ici pour nous-mêmes et nous ne sommes pas ici parce que nous voulons nous battre sur les textes de résolutions. Ces résolutions servent des fins concrètes. Donc, n’oublions pas une minute que nous devons nous concentrer sur les personnes, leur vie et leurs préoccupations. Deuxièmement, pour être représentatifs, nous devons être ouverts, nous devons communiquer avec nos partenaires, avec les jeunes générations, avec les médias, avec les militants de la société civile, les ONG et avec les milieux d’affaires, afin que nous puissions refléter vraiment les espoirs, les besoins et les attentes du public mondial.

ONU Info : Qu’est-ce qui vous a poussé à postuler à ce poste de Président de l’Assemblée générale ?

Miroslav Lajčák : C’est un poste très important. J’ai toujours cru aux Nations Unies. Je suis un diplomate de carrière. J’ai passé 30 ans en tant que diplomate, dont sept ans comme Ministre des affaires étrangères. J’ai toujours cru aux Nations Unies en tant que centre de multilatéralisme et de diplomatie multilatérale. Je souhaite donc utiliser ce poste pour promouvoir davantage les Nations Unies, le rôle des Nations Unies et accroître la pertinence de l’Organisation des Nations Unies.

ONU Info : Vous avez servi votre pays, l’Union européenne et la communauté internationale. Comment vos expériences passées peuvent-elles faciliter votre travail ici ?

Miroslav Lajčák : J’espère avoir appris quelque chose et compris quelque chose au cours de ces 30 ans. C’est ce que j’apporte avec moi dans ce métier. Je crois au respect. Nous pouvons être différents, nous pouvons avoir des points de vue différents, des intérêts divergents, mais nous devons nous respecter et dialoguer. Malheureusement, il y a de moins en moins de dialogue et de moins en moins de volonté d’engager un dialogue. Nous parlons plutôt de monologues. Donc, je veux vraiment promouvoir la capacité de s’écouter les uns les autres et d’entendre ce que nous disons. Et si nous sommes en désaccord, ce n’est pas une raison de se punir, mais d’essayer de trouver un consensus ou un compromis. C’est ce que je considère comme l’essence de la diplomatie.

J’ai connu des missions difficiles, en particulier dans les Balkans. J’ai toujours essayé d’écouter les points de vue de la population locale ou les points de vue de la région. Je n’ai jamais essayé d’imposer une solution que j’ai apportée avec moi, mais j’ai plutôt de créer une solution basée sur la compréhension de la mentalité locale, de l’histoire, de la psychologie et de la situation là-bas. Et cela a fonctionné généralement. Je vais essayer de promouvoir ce principe – respect, compréhension et dialogue – aussi dans mon travail ici.

ONU Info : Dans un an, lorsque vous ferez votre entretien de fin de mandat, qu’espérez-vous pouvoir dire en tant que Président sortant de l’Assemblée générale ?

Miroslav Lajčák : J’espère pouvoir dire que c’était une bonne session de l’Assemblée générale – bonne parce que nous avons obtenu des résultats concrets pour les gens et que nous avons pu surmonter nos visions et nos positions nationales étroites dans l’intérêt du compromis, ce qui est bon pour nous tous.

Source : ONU Info