PRINCIPALES
RECOMMANDATIONS
1 - Chacun des pays en développement
doit mettre de l’ordre dans ses structures économiques de
base. Aucun pays ne peut espérer parvenir à une croissance
équitable ni atteindre les objectifs internationaux de développement
s’il ne s’attache pas à mettre en place des institutions
nationales solides et à adopter des politiques rationnelles,
notamment les suivantes :
- Une gouvernance fondée sur
la participation et la légalité, résolument axée sur
la lutte contre la corruption;
- Des politiques macroéconomiques
disciplinées;
- Des dépenses publiques
structurées de manière à donner la priorité à
l’investissement dans le capital humain, notamment à
l’éducation de base et à la santé, au secteur rural
et aux femmes;
- Un système financier qui
permette à ceux qui sont en mesure d’investir
rationnellement d’avoir accès à l’épargne,
notamment les petits emprunteurs, les femmes et les
agriculteurs;
- Un régime de retraite par
capitalisation, à cotisations déterminées, qui
encouragera l’épargne à court terme et qui, complété
par un système financé par l’impôt pour garantir une
retraite minimum, assurera à tous une retraite suffisante
à long terme;
- Le renforcement des capacités
en vue de mettre en place des institutions solides qui
seront de plus en plus à même d’appliquer les
politiques énoncées ci-dessus;
- La protection des droits de
propriété et un cadre réglementaire qui protège
effectivement les droits des travailleurs et
l’environnement.
2 - L’OMC devrait lancer un
cycle de négociations pour le développement. Les pays
industrialisés devraient prendre l’initiative de proposer que
la réunion ministérielle de l’OMC devant se tenir au Qatar
en novembre 2001 lance un cycle de négociations commerciales
pour le développement, dont le principal objectif serait
d’intégrer pleinement les pays en développement dans le système
commercial mondial. Les questions suivantes devraient être
inscrites à l’ordre du jour de ces négociations :
- Pleine application, dans la
lettre et l’esprit, des engagements pris par les pays
industrialisés lors du cycle des négociations
d’Uruguay;
- Libéralisation du commerce
des produits agricoles;
- Diminution des crêtes
tarifaires et de la progressivité des droits;
- Réexamen de la protection
de la propriété intellectuelle liée au commerce en vue,
notamment, de rechercher des moyens de rendre les
inventions accessibles à moindre coût sans pour autant décourager
l’innovation;
- Protection limitée et
temporaire de leurs nouvelles industries par les pays qui
commencent à s’industrialiser;
- Examen de la possibilité
d’introduire des règles gouvernant le mouvement
temporaire de main-d’oeuvre;
- Élimination totale des
barrières commerciales restantes dans le secteur
manufacturier, et peut-être aussi dans celui des
services.
3 - Les pays les moins avancés
ont besoin immédiatement d’une aide pour améliorer leur
position dans le système commercial mondial. Ces pays ne
peuvent attendre l’issue d’un nouveau cycle de négociations
commerciales. Les recommandations du Groupe sont les suivantes :
- Contributions généreuses
des donateurs au fonds d’affectation spéciale établi
pour mettre en oeuvre le Cadre intégré;
- Application immédiate des
concessions accordées aux pays les moins avancés lors du
cycle des négociations d’Uruguay;
- Application rapide et
rigoureuse par l’Union européenne des mesures promises
de libéralisation de toutes les importations, à
l’exception de celles qui concernent les armes, en
provenance des pays les moins avancés, et adoption par
les autres pays industrialisés de mesures qui vont au
moins aussi loin que celles dont l’Union européenne a
pris l’engagement;
- Rétablissement et amélioration
du mécanisme de financement compensatoire du FMI et création
d’un système multilatéral de gestion des risques
associés aux produits de base pour les pays moins développés.
4 - Les pays en développement
devraient instaurer un climat favorable à l’investissement étranger,
en particulier à l’investissement étranger direct.
5 - Le Groupe prie instamment
la Conférence internationale sur le financement du développement
d’obtenir des pays industrialisés qu’ils s’engagent à
respecter l’objectif fixé en matière d’aide publique au développement,
à savoir 0,7 % de leur PNB. Pour atteindre cet objectif, il
faudra ranimer dans les pays donateurs la volonté politique de
fournir une aide, ce qui exigera une campagne en faveur des
objectifs fixés lors du Sommet du Millénaire, lancée par un
consortium des organisations qui ont réussi à obtenir un allégement
de la dette, ainsi que les connaissances spécialisées
d’organismes internationaux clefs et le soutien financier de
fondations privées. Il est en outre indispensable de séparer
le financement aux fins du développement et de l’assistance
humanitaire du financement des biens collectifs mondiaux et de
fournir des fonds suffisants à chacun des pays concernés.
6 - Les donateurs devraient répartir
l’aide publique au développement entre les pays en fonction
de deux critères : l’ampleur de la pauvreté et la mesure
dans laquelle, à leur avis, la politique du pays vise
effectivement à la combattre.
7 - Le Groupe recommande
qu’il soit passé volontairement et prudemment à une mise en
commun de l’aide pour financer la stratégie de développement
annoncée par le bénéficiaire.
8 - Le Groupe d’experts
approuve la proposition de la Commission de gouvernance tendant
à créer un conseil mondial au niveau politique le plus élevé
pour montrer la voie à suivre en matière de gouvernance
mondiale. Il propose la tenue d’un Sommet de la
mondialisation pour examiner la question plus avant. Ce sommet
rassemblerait un groupe de chefs d’État suffisamment nombreux
pour être représentatif, mais aussi suffisamment restreint
pour s’atteler efficacement aux problèmes clefs de
gouvernance suscités par la mondialisation dans le cadre
d’une discussion structurée bien qu’informelle.
9 - L’OMC devrait disposer
de ressources plus importantes et son mode de fonctionnement
devrait être modifié de manière à permettre aux petits pays
de peser davantage sur la prise de décisions. L’OIT devrait
se voir conférer le pouvoir d’imposer des sanctions et se préparer
à l’exercer. Les diverses organisations qui partagent
aujourd’hui la responsabilité de tout ce qui touche à
l’environnement devraient être regroupées au sein d’une
organisation mondiale de l’environnement.
10 - La Conférence
internationale sur le financement du développement devrait se
demander s’il convient d’établir un impôt international
permettant de financer les biens collectifs mondiaux. Une
taxe sur les transactions en devises a été proposée à cette
fin, mais le Groupe est d’avis qu’il faudrait étudier la
question plus en détail pour lever les doutes qui planent sur
la faisabilité d’une telle mesure. Il serait préférable que
tous les pays conviennent de percevoir un impôt minimum sur la
consommation de combustible fossile (taxe sur les émissions
carboniques) comme moyen de lutter contre le réchauffement planétaire.
11 - Le FMI devrait rétablir
les allocations au titre des droits de tirage spéciaux.
12 - Le Groupe propose que la
communauté internationale étudie les avantages que pourrait
avoir la création d’une organisation internationale de la
fiscalité. Celle-ci pourrait répondre à de nombreux
besoins qui apparaissent à mesure que la mondialisation
affaiblit le principe de territorialité sur lequel reposent les
codes traditionnels des impôts. Une telle organisation pourrait
venir en aide aux pays en développement, notamment en leur
fournissant une assistance technique en matière
d’administration de l’impôt, de partage de l’information
fiscale afin d’imposer les capitaux expatriés, d’imposition
unitaire pour empêcher l’usage abusif des prix de transfert
et d’imposition des revenus des émigrés.
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