COMMUNIQUE
DE PRESSE
Les recommandations
formulées par le groupe Zedillo
en vue de combattre la pauvreté modifieraient sensiblement
le paysage financier international
Les 11
personnalités du monde financier qui ont participé aux travaux
du groupe ont recommandé l'amélioration de la gouvernance et de
la gestion économiques, l'allocation de ressources supplémentaires
en faveur des pauvres, la création d'une Organisation fiscale
internationale; la considération d'une taxe internationale sur
les émissions de carbone et d'un Conseil de sécurité économique;
le rétablissement des allocations de droits de tirage spéciaux
du Fonds monétaire international; le regroupement des fonctions
relatives à l'environnement au sein d'une Organisation mondiale
de l'environnement, la mise en commun des ressources consacrées
à l'aide publique au développement et la démocratisation du fonctionnement
de l'Organisation mondiale du commerce.
(New York,
le 28 juin) Le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a présenté
aujourd'hui des recommandations de vaste portée sur les mécanismes
financiers qui permettraient d'assurer le développement mondial
dans la stabilité et de faire reculer la pauvreté.
À l'heure
où le groupe international de 11 experts présidé par l'ancien
Président du Mexique, Ernesto Zedillo, formule ses recommandations,
le nombre de personnes vivant dans la misère reste très élevé
dans un climat d'incertitude quant à la croissance économique
et l'équité dans le monde.
Lors d'une
conférence de presse qu'il a tenue après avoir rencontré le Secrétaire
général de l'ONU, le Président Zedillo a déclaré " Le monde a
beaucoup changé depuis l'époque de la création, au lendemain de
la Seconde Guerre mondiale, de la plupart des institutions internationales
et des accords sur la gouvernance économique. L'ampleur inattendue
du rapide mouvement de mondialisation et divers facteurs tels
que la résurgence d'épidémies internationales réduisent la portée
des progrès considérables du niveau de vie qui avaient marqué
la période de l'après-guerre. Notre groupe est parti de l'hypothèse
selon laquelle il était opportun de reconsidérer sérieusement
la façon dont la communauté internationale coordonne ses affaires
financières. "
Outre le
Président Zedillo, les membres du Groupe de haut niveau sur le
financement du développement étaient les suivants :
Abdulatif
Y. Al-Hamad (Koweït), Directeur général du Fonds arabe pour le
développement économique et social;
David Bryer (Royaume-Uni), ancien Directeur de l'OXFAM;
Mary Chinery-Hesse (Ghana), ancienne Directrice générale adjointe
de l'OIT;
Jacques Delors (France), ancien Ministre des finances et ancien
Président de la Commission européenne;
Rebeca Grynspan, ancienne Vice-Présidente du Costa Rica;
Alexander Livshitz, Président de la Russian Credit Bank;
Abdul Majid Osman, ancien Ministre des finances du Mozambique;
Robert Rubin, ancien Secrétaire au Trésor des États-Unis;
Manmohan Singh, ancien Ministre des finances de l'Inde;
Masayoshi Son, Président et Directeur général de la Japan Softbank
Corporation.
Le Secrétaire
général, Kofi Annan, a constitué le Groupe de haut niveau à la
fin de l'année dernière. Il lui a donné pour mission de définir
des moyens concrets que la communauté internationale pourrait
mettre en oeuvre pour combattre la pauvreté, afin d'honorer les
engagements pris en septembre 2000 à New York par les chefs d'État
et de gouvernement lors du Sommet du Millénaire et de susciter
un élan politique en faveur de la Conférence internationale sur
le financement du développement qui doit se tenir à Monterrey
(Mexique) du 18 au 22 mars 2002.
Le rapport
du Groupe de haut niveau indique que c'est aux pays en développement
eux-mêmes qu'il appartient au premier chef d'assurer leur croissance
économique et leur développement équitable. Il les engage à équilibrer
leurs finances publiques, à mettre en place des politiques financières
équilibrées, des politiques macroéconomiques disciplinées, une
gouvernance juste et efficace, des bases d'imposition solides,
des mesures visant à développer le capital humain et à établir
des régimes de pension ou à les renforcer.
Le Groupe
de haut niveau se félicite de l'existence de mécanismes d'allégement
de la dette en faveur des pays les plus pauvres, mais tient à
souligner que cet allégement ne suffira pas à relancer la croissance.
Il faudrait à nouveau inciter les pays donateurs à consacrer 0,7
% de leur PNB à l'aide publique au développement et à adopter
divers mécanismes pour cibler plus efficacement les ressources
en faveur des segments les plus pauvres de la population.
De façon
plus novatrice, le Groupe propose d'établir le processus de l'aide
et les relations entre les pays donateurs et les pays bénéficiaires
sur de nouvelles bases. Le rapport préconise la mise en commun
de toutes les ressources affectées au développement, qu'elles
viennent du pays même ou de donateurs, de manière à éliminer les
conditionnalités qui sapent l'initiative et la responsabilité
nationales à réduire la profusion de mécanismes, souvent antagonistes,
d'établissement de rapports qui existe actuellement.
Le rapport
affiche un certain scepticisme en ce qui concerne la possibilité
d'imposer un impôt sur les transactions financières internationales,
comme le souhaitent de nombreuses organisations de la société
civile. Le Groupe estime que la prochaine Conférence sur le financement
du développement devrait évaluer les avantages que présenterait
la perception d'une taxe internationale sur les émissions de gaz
carbonique. Les fonds ainsi obtenus permettraient de financer
" des biens collectifs internationaux " - tels que des services
de lutte contre les épidémies mondiales - qui ne peuvent être
administrés de façon efficace par un seul pays.
Le Groupe
espère que, lors de sa réunion qui doit se tenir au Qatar en novembre,
l'Organisation mondiale du commerce lancera un " cycle de négociations
commerciales pour le développement " dont le principal objectif
serait d'intégrer pleinement les pays en développement au système
commercial mondial. D'une façon générale, l'OMC devrait disposer
de ressources plus importantes et la gouvernance devrait être
modifiée de façon à accroître l'influence des petits pays et des
pays pauvres.
Pour mieux
répondre aux besoins des pays en développement dans l'actuelle
période caractérisée par l'incertitude financière à l'échelle
mondiale, le Fonds monétaire international devrait rétablir les
droits de tirage spéciaux.
Parmi les
autres propositions visant à rénover l'architecture financière
internationale, on peut citer :
- L'ouverture
de négociations internationales en vue de créer une Organisation
fiscale internationale qui élaborerait des normes en matière
de politique fiscale nationales, négocierait avec les États
qui offrent des paradis fiscaux, aiderait les pays à taxer l'évasion
de capitaux et aiderait à résoudre les problèmes fiscaux transfrontières;
- Le regroupement
des diverses organisations chargées des questions de l'environnement
en une Organisation mondiale de l'environnement;
- Le renforcement
de l'OIT, en lui donnant les moyens de faire appliquer ses normes;
- La convocation
par l'ONU d'un sommet sur la gouvernance économique mondiale,
qui évaluerait l'adéquation des institutions multilatérales
existantes, compte tenu des impératifs de la mondialisation
et qui conviendrait de réformes à mettre en oeuvre, en envisageant
notamment la possibilité de créer un Conseil de sécurité économique
des Nations Unies.
Le rapport
du Groupe pourra être consulté lors de la reprise de la troisième
session de la réunion du comité préparatoire sur le financement
du développement qui doit se tenir en octobre.
La
version intégrale du rapport du Groupe de haut niveau sur le financement
du développement (A/55/1000) est disponible dans toutes les langues
officielles de l'ONU. Ce rapport, ainsi que des documents de presse
et la retransmission de la conférence de presse donnée par le
Président Zedillo le 28 juin sont disponibles sur le site Web
de l'ONU à l'adresse :
http://www.un.org/french/reports/financing/.
Pour plus
d'informations, veuillez contacter Tim Wall, téléphone 1 212 963-5851,
adresse électronique wall@un.org;
ou Klomjit Chandrapanya, téléphone 1 212 963-9495, adresse électronique
chandrapanya@un.org,
Département de l'information, ONU.
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