Chronique ONU

Faire Face Au Changement Climatique

Notre Responsabilité A Tous

Par Portia Simpson Miller
Premier ministre de Jamaïque

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L'article

Le changement climatique est une menace reconnue et grave à laquelle l’humanité est confrontée. Personne n’y échappe. Les effets de la variabilité et du changement climatiques sur les systèmes humains et naturels posent des défis considérables pour la réalisation de l’objectif visant à réduire la pauvreté et à réaliser le développement durable.

Comme il est stipulé dans le préambule de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), « le caractère planétaire des changements climatiques requiert de tous les pays qu’ils coopèrent le plus possible et participent à une action internationale efficace et appropriée, selon leurs responsabilités communes mais différenciées, leurs capacités respectives et leur situation sociale et économique ».

Les catastrophes naturelles et les conditions météorologiques extrêmes se sont multipliées au cours des dernières années, faisant des victimes et perturbant les activités économiques à la fois dans les pays développés ou les pays en développement. Nous nous souvenons du tsunami dans l’océan Indien qui a affecté l’Asie du Sud-Est, des inondations et la sécheresse d’une ampleur sans précédent dans toutes les parties du monde, de la force décuplée des ouragans dans l’Atlantique du Nord et les Caraïbes et des tremblements de terre dans le nord du Pakistan et en Inde. Nous sommes tous confrontés à ces risques, même si les indices de vulnérabilité montrent que les petites îles insulaires en développement comme la Jamaïque ont trois fois plus de chances de subir les effets néfastes du changement climatique que les pays développés.

Les dommages causés à l’économie et à l’infrastructure sociale et physique de la Jamaïque par les catastrophes naturelles, notamment les tempêtes de plus en plus fréquentes et violentes, sont considérables. Et l’adaptation au changement climatique et à la variabilité du climat est une initiative coûteuse qui dépasse souvent la capacité et des ressources financières de nombreux gouvernements. Il est donc important que les engagements de la communauté internationale deviennent une réalité.
L’ouragan Ivan au large de la Jamaïque en 2004
photo du  MODIS Rapid Response Project À NASA/GSFC

Comme de nombreux autres pays des Caraïbes, la Jamaïque a entrepris un grand nombre de projets pour parer les effets du changement climatique. Les efforts individuels ont toutefois une portée limitée. Les membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont réuni leurs efforts pour créer le Centre sur le changement climatique de la Communauté des Caraïbes. Établi à Belize, il aide à intégrer les questions du changement climatique dans la planification du développement des pays de la région en fournissant des prévisions climatologiques et des analyses des effets potentiellement néfastes du changement climatique et en encourageant la création de programmes spéciaux qui offrent des possibilités de développement durable.

Alors que la région se prépare à faire face à une autre saison d’ouragans, j’ai pris connaissance avec inquiétude du quatrième rapport d’évaluation du Groupe de travail II du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans lequel les experts prévoient une hausse continue des températures dans le monde. Il conclut entre autres que les lacs, les zones côtières et les fleuves ont déjà subi les effets des changements climatiques induits par l’homme et que les États à faible élévation côtière et les petits États insulaires en particulier sont les plus vulnérables à la hausse du niveau des océans. Ces phénomènes affecteront inévitablement la sécurité alimentaire, l’approvisionnement en eau douce et la biodiversité et rendront encore plus difficile la réalisation de l’objectif visant à réduire la pauvreté.

Nous devons prendre ces conclusions au sérieux. À cet égard, je salue le rapport du GIEC qui recommande une action précoce et concertée pour minimiser ces conséquences potentiellement dévastatrices. Un effort de collaboration internationale représente notre meilleur espoir, car une lutte efficace contre les changements climatiques doit engager la responsabilité de tous les pays. Je voudrais faire remarquer que bien que les émissions de gaz à effet de serre de la Jamaïque soient considérées assez faibles (moins de 1 % des émissions mondiales annuelles), nous avons cependant déjà pris des mesures pour atténuer les menaces posées par le changement climatique. Dans le cadre de la CCNUCC et du Protocole de Kyoto, la Jamaïque a entrepris une action concrète et positive avec la création de la Wigton Wind Farm installée dans le sud du pays. Ce parc éolien, qui a été en partie financé par le gouvernement néerlandais, a une capacité de 20,7 mégawatts et fournit actuellement environ 7 mW du réseau électrique national.

En Amérique latine et dans la région des Caraïbes, des objectifs ont été fixés pour utiliser les sources d’énergie renouvelable afin de répondre aux besoins énergétiques. Les pays des Caraïbes, comme les autres États insulaires en développement, ont mis l’accent sur des projets d’adaptation qui permettent de lutter contre le changement climatique. Étant donné le coût de ces mesures, il est impératif que la communauté internationale soutienne ces efforts par une aide technique et financière fournie sur une base régulière et à long terme.

La Jamaïque souligne aussi la nécessité d’encourager le transfert des technologies respectueuses de l’environnement, ce qui aiderait les pays en développement à faire face au changement climatique et à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement de l’ONU. Comme le déclare judicieusement Sir Nicholas Stern dans son étude Review on the Economics of Climate Change, « le changement climatique a des causes et des conséquences mondiales, et une action internationale sera essentielle ».

Il est évident qu’une action de coopération à long terme est essentielle si nous voulons obtenir des résultats efficaces. Alors que nous approchons de la date d’expiration (en 2012) de la première période d’engagements de réduction des émissions par les pays développés en vertu du Protocole de Kyoto, ces actions sont encore plus cruciales, en particulier pour les petits États insulaires en développement vulnérables comme la Jamaïque. Il est temps que tous les pays prennent des mesures décisives et sérieuses pour atténuer les effets futurs du changement climatique. Une réduction plus importante des émissions de gaz à effet de serre et le développement, le déploiement et l’utilisation généralisée de nouvelles technologies sont également essentiels pour atteindre ce but.

Alors qu’une prise de conscience sans précédent se développe dans le monde sur le rôle important du climat, des conditions météorologiques, de l’énergie et de l’eau pour réduire la pauvreté et atteindre le développement durable, nous devons concentrer nos efforts pour relever les défis du développement durable, dans l’espoir qu’ensemble nous pourrons construire des partenariats efficaces pour faire face à ce qui est la préoccupation commune de l’humanité.

Biographie

Portia Simpson Miller est depuis mars 2006 Premier ministre et Ministre de la Défense, des Sports, de la Condition féminine et du Développement communautaire de la Jamaïque. Auparavant, elle a été membre du Parlement pendant 17 ans. Elle a également été à l’initiative du Projet de développement durable dans le domaine du tourisme et a été la première femme à être élue vice-présidente du Parti national du peuple de la Jamaïque et présidente du Mouvement des femmes du Parti.

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