Chronique ONU

LA PASSERELLE
LE VOLONTARIAT ET LE SYSTÈME DES NATIONS UNIES

Par Donna Keher

Imprimer
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
L'article

En août 2006, la participation de milliers de citoyens afghans à la campagne de vaccination nationale a permis à des millions de filles et de garçons d'éviter de souffrir des effets mortels et dévastateurs de la polio. Un mois plus tard, dans le cadre d'une initiative environnementale mondiale, 35 millions de personnes dans 122 pays ont nettoyé et restauré leurs quartiers. Et chaque jour, des millions de volontaires dans le monde - agriculteurs, pêcheurs, pilotes, etc. - transmettent des informations importantes sur les conditions locales afin d'aider les communautés à anticiper les conditions météorologiques extrêmes et à mieux se préparer pour y faire face.

Lancées par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM), ces initiatives illustrent de manière éloquente comment des personnes offrent leur temps, leur énergie et leurs ressources aux organisations de l'ONU pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Comme l'a déclaré Le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, " ce n'est pas aux Nations Unies que les OMD seront atteints. La mobilisation des citoyens par le volontariat constitue une force immense qui contribue à leur réalisation ".

Le volontariat sert de passerelle entre le système des Nations Unies et les citoyens du monde entier. Une passerelle, selon l'une de ses définitions, est un point permettant l'échange entre deux réseaux. Cela capture l'essence du volontariat. Elle sert de point reliant deux grands réseaux : le réseau des grandes institutions intergouvernementales internationales et celui de la société civile mondiale. L'échange entre ces réseaux prend diverses formes. Parfois, il s'agit d'une coopération officielle entre les organisations des Nations Unies et la société civile, comme la coopération entre le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et Rotary International sur les questions liées à la population et à la santé reproductive. Ou bien il peut s'agir d'initiatives spontanées, comme ces deux volontaires américaines qui ont lancé sur Internet la campagne " 34 millions d'amis du FNUAP " et recueilli des millions de dollars pour soutenir les activités de l'institution. La grande diversité des formes de volontariat est ce qui le rend si important.

Dans le cadre de sa mission de contribution au développement, le Programme des Volontaires de l'ONU (VNU) collabore avec les institutions, les fonds, les programmes et les partenaires de l'ONU pour encourager les synergies entre le volontariat et les divers mandats de l'ONU. Il apporte une contribution distincte dans trois domaines : l'amélioration de l'accès aux services de base, l'inclusion et la participation des plus défavorisés et la mobilisation des communautés.

À Bunia, en République démocratique du Congo, des volontaires expliquent le processus électoral aux électeurs avant le deuxième tour des élections présidentielles et provinciales. PHOTO ONU/MARTINE PERRET

Amélioration des opportunités et de l'accès aux services de base, y compris leur fourniture. L'incapacité de nombreux systèmes gouvernementaux à répondre aux besoins de la population demeure un défi au développement. Le volontariat peut être un mécanisme efficace pour aider les gouvernements à assurer la distribution égale et équitable des biens publics de base et à améliorer l'accès des groupes et des communautés défavorisés aux services de base. Par exemple, le travail bénévole est une des modalités de la mise en œuvre de l'Initiative Capacités pour l'Afrique australe parrainée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui vise à pallier la perte importante des travailleurs qualifiés causée par la pandémie du VIH/sida. Quelque 155 volontaires de l'ONU, dont beaucoup viennent d'Afrique, aident les administrations nationales et locales à renforcer les mécanismes de planification et à améliorer les politiques et la qualité des programmes. Ils apportent également leur appui à la création d'équipes spéciales afin d'aider les membres des communautés et les dirigeants à mieux évaluer et articuler les besoins de la communauté. Le partenariat entre le Programme des VNU et le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) en Amérique latine est un autre exemple qui vise à intégrer les questions sexospécifiques dans les programmes de dépenses du gouvernement local, tout en reconnaissant de manière formelle les contributions bénévoles des femmes au développement local et en tirant parti de ces contributions.

Inclusion et participation. Les VNU travaillent avec les partenaires de l'ONU pour élaborer des stratégies de développement qui incluent toutes les parties prenantes, notamment celles qui sont souvent exclues de la prise de décision. Parmi les 700 volontaires de l'ONU qui font partie de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC), beaucoup ont aidé à assurer la participation des citoyens marginalisés au référendum constitutionnel de 2005 et aux élections présidentielles de 2006. Travaillant souvent dans des régions éloignées, les volontaires apportent leur appui aux personnes déplacées dans leur pays et aident à faire du processus électoral un moyen de relever certains défis auxquels elles font face, comme le manque de documentation et de visibilité et l'intégration dans les nouvelles communautés d'accueil. D'autres ont fourni à des centaines de groupes de bénévoles locaux des informations et des outils pour inciter les femmes à voter. Jusqu'ici, ces efforts ont contribué à une forte participation des femmes aux élections. Un autre exemple réussi est le processus de transition de la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA) aux autorités locales. Un élément important de ce processus fut la participation de volontaires de l'ONU venant de tous les pays du monde, dont la moitié était des autochtones. Ils ont ensuite rapporté dans leurs organisations et leurs communautés les compétences techniques et le leadership acquis dans les domaines des droits de l'homme, de la consolidation de la paix et de la gouvernance locale.

"Nous pouvons dire que le volontariat est l'expression ultime de l'essence même des Nations Unies."

Secrétaire général des Nations Unies
Kofi Annan


Mobilisation des communautés. L'action collective est un thème récurrent du rapport du Millénaire du Secrétaire général. Le Programme des VNU stimule les efforts fournis par le système de l'ONU pour galvaniser la participation de toutes les communautés à la résolution des problèmes de développement. En Égypte, par exemple, dans le cadre de l'initiative nationale parrainée par le PNUD visant à éradiquer la mutilation génitale féminine, les volontaires locaux de l'ONU sensibilisent la population locale sur les conséquences de cette pratique sur la santé. Ils dénoncent la pression sociale exercée sur les femmes et les fillettes et ont mobilisé plus d'un millier de personnes pour diffuser le message.

De plus, les VNU et la Convention de l'ONU sur la lutte contre la désertification ont aidé le Cap-Vert à créer un corps de bénévoles parmi les jeunes pour lutter contre le chômage et la dégradation de l'environnement. Ceux-ci acquièrent des compétences pour mettre en œuvre des projets générateurs d'emplois respectueux de l'environnement. Dans de nombreux camps de réfugiés, les VNU et le Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies (HCR) apportent leur appui aux réfugiés en organisant des équipes spéciales de volontaires chargées de représenter leurs intérêts et d'améliorer leurs conditions de vie dans les camps. Selon le Haut Commissaire adjoint alors en poste, David Lambo, " les bénévoles apportent une aide inestimable aux opérations du HCR ".

Comme le montrent ces exemples, les volontaires apportent une contribution inestimable aux Nations Unies. Ils ont établi une relation naturelle, fondée sur des valeurs et des objectifs communs, qui devrait continuer à se développer et à se renforcer. La Journée internationale des volontaires, célébrée le 5 décembre, est une occasion de réexaminer et de renforcer cette relation afin, comme l'encourage le Secrétaire général, que " cette ressource merveilleuse, disponible en abondance pour chaque nation, soit reconnue et soutenue car elle œuvre pour un monde plus prospère et paisible ".

La journée internationale des volontaires 2006

D'octobre à décembre, des felouques - bateaux traditionnels égyptiens - naviguent sur le Nil et s'arrêtent dans huit villes pour promouvoir les Objectifs du Millénaire pour le développement et la contribution des volontaires pour les réaliser. L'initiative vise à créer un festival annuel du développement et du volontariat en Égypte et à encourager les communautés locales à engager une action en faveur du développement avec l'aide de volontaires. Le voyage en felouques s'achève par une célébration au Caire, coïncidant avec la Journée internationale des volontaires (JIV). Cet exemple illustre la nature de cette Journée promulguée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1985 pour donner plus de visibilité au travail des volontaires dans le domaine du développement économique et social. Cette Journée, célébrée le 5 décembre, sert de plate-forme pour promouvoir la participation des volontaires à la réalisation des OMD.

Au cours des années, diverses initiatives créatives ont vu le jour, allant de l'adoption d'une législation nationale en matière de volontariat à la présentation en Italie de l'" Oscar du bénévolat " en passant par une campagne de sensibilisation à bicyclette au Vietnam par une volontaire pour promouvoir les OMD. Nombre de rallyes, de défilés, de projets communautaires bénévoles, de conférences et de campagnes de sensibilisation sont organisés. La JIV 2006 marque aussi le cinquième anniversaire de l'Année internationale des volontaires (2001), à la fin de laquelle 126 pays ont coparrainé une résolution de l'Assemblée générale comprenant des recommandations pour soutenir le volontariat. JIV 2006 est une occasion de faire le bilan des progrès réalisés et de renouveler les engagements pour encourager le volontariat dans le monde.

Biographie
Entrée au Programme des VNU en mars 2006, Donna Keher est actuellement responsable Partenariats, Communications et Mobilisation des ressources du programme VNU. Elle a plus de 23 ans d'expérience dans la collecte de fonds, les communications et le volontariat dans des villes du monde entier. Elle a également travaillé à l'UNICEF.
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Copyright © Nations Unies
Retour  Haut