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Le bilan de la Conférence de Montréal sur le changement climatique est porteur d'espoirs

Par Richard Kinley

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L'article

Avec 9 500 participants, y compris le Secrétaire général adjoint de l'ONU et le Premier ministre canadien, ainsi qu'un nombre record de gouvernements, de représentants du monde de l'activisme écologique et du milieu des affaires ainsi que des organisations non gouvernementales, la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, qui s'est tenue à Montréal, au Canada, du 28 novembre au 10 décembre, a été l'une des plus grandes conférences jamais organisées pour traiter cette question. Ce fut également une étape historique puisque ce fut la première fois que les parties se sont réunies, depuis l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto le 16 février 2005. En vertu de ce traité, plus de 30 pays industrialisés sont tenus d'atteindre des objectifs de réduction d'émission spécifiques et exécutoires.

Les résultats de la Conférence ont été au-delà des attentes. Une série de décisions définissant les préceptes constitutionnels du Protocole de Kyoto ont été adoptées, rendant le traité pleinement opérationnel. Le comité de respect des dispositions a été établi, et ses membres élus. Avec l'adoption du règlement du Protocole, appelé les " Accords de Marrakech ", les trois mécanismes ont été officiellement approuvés. Les deux premiers concernent l'échange de permis d'émissions et la mise en œuvre conjointe, qui sont limités aux pays développés, tandis que le troisième - le mécanisme de développement propre (MDP) - est un instrument unique qui a un double objectif : soutenir le développement durable dans les pays en développement par des investissements privés et le transfert de la technologie et aider les pays industrialisés à atteindre leurs propres objectifs de réduction.

Parmi les autres progrès notables, figure l'adoption d'un programme de travail quinquennal établissant une base technique pour mieux faire face aux conséquences du changement climatique. Des accords ont été également conclus pour aider financièrement les pays en développement à s'adapter aux changements. Autre résultat important : l'adoption d'une approche à deux volets pour déterminer les directions futures de l'action mondiale concernant le changement climatique, l'une impliquant les 157 parties au Protocole de Kyoto, l'autre les 189 parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC).

Le marché mondial du carbone, créé par le Protocole de Kyoto, est sorti renforcé de la Conférence de Montréal. La décision d'ouvrir des négociations sur les engagements au-delà de 2012 a fourni au marché une perspective à long terme qui encourage les investissements donnant des résultats concrets. Les États-Unis, qui ne sont pas parties au Protocole, maintiennent depuis des années que le moment n'est pas venu d'engager de nouvelles négociations sur le changement climatique. Suite aux discussions et à l'élan suscité par le Sommet mondial 2005 et la réunion du G-8, ils ont cependant accepté de participer à un processus de dialogue sur la coopération à long terme et la mise en œuvre de la Convention.

Le changement climatique pose un problème mondial qui appelle une solution mondiale - avec la participation de tous les acteurs. L'engagement de tous les pays dans le processus de dialogue devrait déboucher sur de nouvelles idées intéressantes, qui pourraient aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Comme les grands pays industrialisés, les grands pays en développement ont participé activement aux discussions mais ont vivement soutenu leur position selon laquelle il n'était pas encore temps de discuter des engagements de la part des pays en développement et de leurs objectifs. Ils se sont cependant montrés plus ouverts sur les actions qu'ils pourraient entreprendre pour limiter l'évolution des émissions dans leurs pays, avec l'appui d'une aide financière, le transfert de la technologie et les mécanismes de marché.

Alors qu'on constatait, il y a peu de temps, une certaine réticence à engager des discussions, il existe aujourd'hui une préoccupation grandissante sur la gravité du problème concernant le changement climatique, ses conséquences se faisant sentir. Les pays doivent et veulent trouver ensemble des solutions. Les discussions et les résultats de la Conférence de Montréal devraient les encourager. Ils ont démontré leurs préoccupations et la vigueur avec laquelle ils ont mis en place des mesures pour tenter de limiter leurs propres émissions - et ce, aux niveaux local et des entreprises et, dans certains pays, au niveau régional.

On assiste aussi à un élargissement du consensus scientifique. Le public est de plus en plus conscient du problème et, dans une certaine mesure, de ce qu'il faut faire et ce qui peut être fait pour traiter du changement climatique. Nous faisons face à un défi de taille : celui de réaliser d'importantes réductions au cours des 50 prochaines années. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter et des changements sociaux et économiques importants sont nécessaires pour apporter une solution durable au problème. Tous les pays devront développer de nouvelles politiques économiques durables et adopter des modes de vie différents. Le monde a commencé à se tourner dans cette direction mais il reste encore un long chemin à parcourir. Le renforcement de la coopération multilatérale par le biais de la CCNUCC jouera un rôle crucial dans ce changement. La Conférence de Montréal marque le début d'une nouvelle phase dans ce long voyage.

 

Biographie
Richard Kinley est responsable chargé du Secrétariat de la CCNUCC depuis septembre 2005. Secrétaire de la Conférence des parties depuis 1996, il a dirigé le soutien du secrétariat lors des négociations du Protocole de Kyoto. Il est Secrétaire exécutif adjoint par intérim depuis le 1er août 2003.
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