Chronique ONU
Les déclarations des dirigeants mondiaux
Par Sally Bolton

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L'article
Au cours des trois jours du Sommet mondial 2005, chaque État Membre a fait une déclaration à la réunion plénière de haut niveau de l'Assemblée générale. Les chefs d'État et de gouvernement ont saisi cette occasion pour mettre en avant les efforts de leur pays pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Beaucoup ont exprimé leur soutien aux réformes adoptées lors du Sommet, ainsi que leurs frustrations devant le manque de résolutions sur les questions ne figurant pas dans le document final.

La majorité des dirigeants mondiaux ont réaffirmé leur engagement aux OMD tout en reconnaissant que des actions concrètes supplémentaires étaient nécessaires pour s'assurer que ces objectifs seront atteints d'ici à 2015.

« Face au défi de consacrer et de déployer les ressources nécessaires afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, notre approche a été peu enthousiaste, timide et réservée », a déclaré le Président sud-africain Thabo Mbeki lors du Sommet. Les représentants des pays en développement ont mis l'accent sur le travail accompli au niveau national pour atteindre les OMD et ont souligné l'importance cruciale des partenariats et du soutien mondiaux des pays riches pour ce faire. De son côté, le Président nigérian Olusegun Obasanjo a dit : « Pour un pays en développement comme le nôtre, je reconnais qu'il est de notre responsabilité d'en assurer le développement socio-économique. Cependant, nos efforts doivent être complétés par un soutien mondial. »

La responsabilité des pays développés de mettre en ouvre le Consensus de Monterrey et de consacrer au moins 0,7 % de leur produit national brut à l'aide publique au développement (APD) a été largement reconnue. Le Président américain, George W. Bush, a parlé du nouveau Compte pour les défis du millénaire qui « accorde une aide plus importante des États-Unis aux pays qui font preuve de bonne gouvernance, investissent dans leurs citoyens et encouragent la liberté économique ». Cependant, nombre de dirigeants ont souligné que l'augmentation de l'aide au développement devait être accordée dans des conditions justes et équitables. « Il faut mettre fin aux ordres du jour cachés, motivés par des raisons politiques, et aux changements idéologiques en vue d'exercer une influence sur les récipiendaires. Cela ne sert qu'à "punir les pauvres" », a estimé le Premier ministre cambodgien Samdech Hun Sen.

Outre l'APD, des appels répétés ont été lancés pour conclure avec succès le cycle de négociations de Doha, lancé par l'Organisation mondiale du commerce, et finaliser l'accord du Groupe des huit à Gleneagles, en Écosse, concernant l'annulation de la dette des 18 pays pauvres les plus endettés, afin de faire des progrès réels vers la réalisation des OMD.

L'une des décisions majeures du Sommet concerne l'accord sur « le devoir de protection » comme base à une action collective contre le génocide, le nettoyage ethnique et les crimes contre l'humanité, qui a été largement approuvée. « Aujourd'hui, nous ne pouvons plus nous permettre de ne rien faire quand un pays ne protège pas ses citoyens contre les graves violations des droits de l'homme », a déclaré le Président botswannais Festus Mogae.

Bien qu'aucun accord n'ait été atteint sur les éléments spécifiques de la réforme des Nations Unies, nombre d'intervenants ont exprimé leur soutien ferme à la création d'une Commission de consolidation de la paix de l'ONU. « La paix n'est pas automatiquement instaurée lorsqu'un conflit prend fin », a dit le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi. « La nouvelle ONU, forte, avec la Commission de consolidation de la paix mise en place, doit montrer l'initiative en facilitant une transition entre le cessez-le-feu et la construction de la nation ainsi que la réconciliation, la justice et la reconstruction ». De même, beaucoup ont exprimé leur soutien à la création d'un Conseil des droits de l'homme. « Un organe permanent à un haut niveau dans le système de l'ONU est nécessaire, à la mesure de l'importance des droits de l'homme », a déclaré le Premier ministre canadien Paul Martin. « C'est pourquoi nous soutenons la proposition de la création d'un Conseil des droits de l'homme efficace. Je ne peux cacher notre profonde déception de n'avoir pas réussi à nous entendre sur tous les éléments requis pour rendre ce Sommet opérationnel ».

Alors que beaucoup ont condamné les actes de terrorisme et appelé à une action collective contre le terrorisme sous toutes ses formes, ils n'ont pas caché leur frustration et leur déception devant l'absence d'un accord sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire. « Nous soutenons les décisions prises lors de ce Sommet pour lutter contre le terrorisme, y compris l'élan à conclure la Convention générale sur le terrorisme », a indiqué le Premier ministre australien John Howard, ajoutant que « nous aurions pu faire davantage [...] beaucoup ont critiqué et regretté l'absence de toutes références au désarmement et à la non-prolifération, surtout face au risque de la prolifération d'armes de destruction massive entre les mains des terroristes».

Même si les dirigeants n'ont pas réussi à trouver un accord sur certaines questions, ils ont renouvelé leur engagement à poursuivre leurs efforts vers une résolution et un consensus dans un avenir proche. Le Président chilien Ricardo Lagos a déclaré que le document final devrait être considéré avec intérêt et satisfaction et « même s'il ne répond pas à nos attentes, nous le considérons comme le point de départ sur le chemin des changements nécessaires à la réforme l'Organisation et non pas comme un but en soi ». Avec la conclusion du Sommet mondial 2005, la prochaine étape est de traduire les bonnes résolutions en une action multilatérale concrète pour soutenir les OMD. « Le monde attend que nous fassions de la pauvreté une histoire ancienne - que la pauvreté soit un sujet que nos petits-enfants liront dans les livres mais ne comprendront pas vraiment, comme la peste au Moyen-Âge », a déclaré le Premier ministre norvégien Kjell Magne Bondevik. « Nous pouvons, et devons, le faire », a-t-il ajouté. Il revient à nos dirigeants mondiaux de faire en sorte que cela ait lieu.
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