Chronique ONU
Le Sommet mondial 2005
Par Jonas Hagen

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L'article

Quelque 150 chefs d'État et de gouvernement se sont réunis du 14 au 16 septembre 2005 au siège de l'ONU, à New York, à l'occasion du Sommet mondial 2005, le plus grand rassemblement des dirigeants mondiaux. Ce Sommet avait initialement été créé pour donner suite aux objectifs du Sommet du Millénaire visant à combattre la pauvreté. Ensuite, en 2003, le Secrétaire général, Kofi Annan, avait dit devant l'Assemblée générale que l'ONU était « à la croisée des chemins » et qu'elle devait faire face à de nouvelles menaces et à de nouveaux défis mondiaux. Il préconisait une « réforme radicale » de l'Organisation. Il avait nommé un groupe de 16 membres pour évaluer la capacité de l'Organisation à répondre aux menaces à la paix et à la sécurité internationales. Les propositions majeures du Groupe de haut niveau sur les menaces, les défis et les changements nécessaires comprenaient de nouveaux principes sur le recours à la force, la réforme du Conseil de sécurité ainsi que la création d'un Conseil des droits de l'homme et d'une commission de consolidation de la paix. M. Annan a incorporé ces propositions dans le document de préparation au Sommet mondial 2005 et a présenté ce document, Dans une liberté plus grande : vers le développement, la sécurité et les droits de l'homme pour tous », à l'Assemblée générale, en mars 2005.

Avec la participation des délégations nationales et régionales soumettant leurs propositions à une équipe de facilitateurs dirigée par le Président de la cinquante-neuvième Assemblée générale, le Gabonais Jean Ping, les négociations ont commencé, dominées durant les mois d'été par des questions telles que la réforme du Conseil de sécurité. Deux groupes s'affrontaient sur la question de l'élargissement du Conseil, qui compte actuellement cinq membres permanents - la Chine, les États-Unis, la France, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le « Groupe des quatre » - Allemagne, Brésil, Inde et Japon - dont chacun aspire à un siège permanent, proposait d'augmenter le nombre de membres du Conseil de 15 à 25 en ajoutant six membres permanents et quatre membres non permanents. Dans le cadre du projet « Unis pour le consensus », soutenu par le Canada, la Colombie, l'Italie et le Pakistan, le Conseil comprendrait, en plus des cinq membres permanents, 20 membres élus - 6 pour l'Afrique; 5 pour l'Asie; 4 pour l'Amérique latine et les Caraïbes; 3 pour l'Europe occidentale et autres États; et 2 pour l'Europe de l'Est.

Le processus du Sommet a considérablement changé le 17 août lorsque les États-Unis ont apporté 750 amendements au projet de réforme de 39 pages. Parmi les changements figuraient une plus grande capacité décisionnelle du Secrétariat de l'ONU et le retrait des 14 références aux huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le temps étant limité, les négociations se sont intensifiées sur presque tous les aspects du document. Le nombre de pays qui participaient aux négociations est passé de 100 à 15. Alors que les négociations se poursuivaient tard dans la nuit et que l'échéance approchait, de nombreuses délégations craignaient que le document final ne soit réduit à quatre pages. Le 12 septembre, à deux heures du matin, le texte contenait toujours 50 points sur lesquels les délégations n'avaient pas trouvé de consensus. Le 13 septembre, M. Ping et son équipe ont réexaminé le texte, tentant de trouver une terminologie qui convienne à tous. Un texte de 40 pages a été soumis ce matin-là au groupe de négociateurs et a été accepté, les questions délicates ayant été formulées en utilisant une terminologie précise.

Pour beaucoup, le « devoir de protection » - un engagement de la communauté internationale à prévenir le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l'humanité - était un point fort du document final. Le Secrétaire général a dit aux délégués qu'ils « seraient tenus d'agir si un autre Rwanda se présentait », faisant allusion au massacre de 80 000 Tutsis qui a eu lieu entre avril et juin 2004. Les États Membres ont convenu de créer un Conseil des droits de l'homme pour remplacer la Commission des droits de l'homme mise en question par beaucoup en raison des pays peu respectueux des droits de l'homme qui y siègent. Le document a également renforcé le rôle du Haut Commissariat aux droits de l'homme en doublant son budget au cours des cinq prochaines années.

Le document final comprenait la création d'une Commission de consolidation de la paix afin d'aider les pays aux lendemains des guerres. Bien que les détails n'aient pas été arrêtés, le document comprend une échéance : « La Commission de consolidation de la paix devrait commencer ses activités le 31 décembre 2005 au plus tard ». La création d'une force de police pour les opérations de maintien de la paix a également été stipulée. Selon M. Annan, le plus grand défi, ainsi que le « plus grand échec » du Sommet mondial, a concerné la non-prolifération nucléaire et le désarmement, où peu de progrès ont été faits. Il a dit aux dirigeants que « les armes de destruction massive posent un grave danger à tous, notamment dans un monde menacé par des terroristes aux ambitions mondiales et sans inhibitions ». Nombre de pays et d'organisations non gouvernementales ont été déçus que le document final ne contienne pas des engagements plus fermes pour atteindre l'objectif établi en 2002 à Monterrey, au Mexique, pour que les pays développés octroient 0,7 % de leur produit national brut à l'aide au développement. Seuls le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède ont atteint ce niveau. L'Union européenne s'est engagée à atteindre l'objectif de 0,7 % et a proposé des échéances précises pour la réalisation des OMD.

Aucun consensus sur la définition du terrorisme n'a été atteint, nombreux États préconisant une condamnation ferme de toutes les formes de violence contre des civils innocents. Or, certains États islamiques ont voulu que soit incluse une référence spéciale aux groupes de libération et au droit de résister à une occupation étrangère.

Aucune conclusion n'a été adoptée sur la réforme du Secrétariat de l'ONU. Tandis que les pays occidentaux cherchaient à renforcer le pouvoir du Secrétaire général pour qu'il puisse transférer le personnel, développer les organes de surveillance et recruter des auditeurs indépendants, des pays en développement se sont opposés à cette proposition de crainte de perdre tout contrôle sur l'Assemblée générale, actuellement chargée de traiter d'un grand nombre de ces questions.

Jan Eliasson, président de la soixantième Assemblée générale, a présenté des projets pour que les priorités du Sommet mondial soient inscrites en tête de l'ordre du jour de l'Assemblée générale et a immédiatement organisé des réunions pour réaliser des progrès vers les objectifs établis dans le documents final.
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