Chronique ONU

L' INTERVIEW de la Chronique : Jan Eliasson

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Biographie
Photo/Horst Rutsch
Le 13 juin 2005, Jan Eliasson a été élu à l'unanimité président de la soixantième session de l'Assemblée générale des Nations Unies. Il a assumé la présidence, après Jean Ping (Gabon), lorsque l'Assemblée a ouvert le 17 septembre et a dirigé ses travaux pendant la session lorsque la réforme de l'ONU a été au centre des débats.

Fort d'une longue et riche carrière politique en Suède et en diplomatie internationale, M. Eliasson a consacré une grande partie de sa carrière internationale à renforcer le rôle des Nations Unies. Il a été ambassadeur de Suède aux Nations Unies pendant cinq ans (2000-2005) puis Secrétaire d'État adjoint pendant six ans. Il a également été représentant permanent auprès des Nations Unies à New York (1988-1992).

Il a fait partie de la mission de l'ONU, dirigée par l'ancien Premier ministre suédois Olof Palme, menant des actions de médiation pour mettre fin à la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-1986), et a été représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU sur la question du conflit irano-irakien (1988-1992). Il a été président du groupe de travail de l'Assemblée générale consacré aux secours d'urgence (1991) et vice-président du Conseil économique et social (1991-1992). En 1992, M. Eliasson a été nommé Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires. Il a participé à de nombreuses opérations dans les zones de conflit, telles que le Mozambique, la Somalie, le Soudan et les Balkans, et a entrepris des initiatives sur les questions humanitaires. Donnant fréquemment des conférences sur la politique étrangère et la diplomatie, il a été professeur invité à l'université d'Uppsala, en Suède, où il a abordé des sujets tels que la médiation, la résolution des conflits et la réforme de l'ONU.

Horst Rutsch, avec la collaboration de Nancy Kang et de Paritosh Srivastava, de la Chronique ONU, s'est entretenu avec l'ambassadeur le 13 juillet 2005, avant le Sommet mondial.

L'interview
Sur l'importance de la soixantième session de l'Assemblée générale
Nous devons tous tirer parti de la soixantième session de l'Assemblée générale. L'approche que nous avons adoptée pour la réforme en 2005 est ambitieuse en raison des réalités du monde d'aujourd'hui. Nous faisons face à des menaces et à des défis très importants; nous devons donc trouver des réponses et des approches globales pour répondre à ces défis fondamentaux.

Je pense aussi que c'est un test du multilatéralisme que nous devons prendre au sérieux. Nous avons la chance d'avoir une bonne base de connaissances pour aborder cet important débat. Nous disposons d'une documentation complète des besoins et une analyse solide des directions que nous devons prendre. Nous avons, par exemple, le rapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et les changements, nous avons aussi le rapport final du Forum du Millénaire ainsi que le rapport du Secrétaire général intitulé Dans une liberté plus grande, et le travail mené avec une grande compétence par le Président de la [cinquante-neuvième] Assemblée, Jean Ping, pour élaborer le document final de la Réunion plénière de haut niveau, lors du Sommet mondial de 2005 qui aura lieu en septembre.

Nombre de ces questions sont encore en cours de négociation, mais j'espère que nous trouverons un terrain d'entente dans tous les domaines importants de la réforme. Nous sommes au milieu d'un débat crucial qui touche les domaines de la sécurité, du développement et des droits de l'homme. Parmi les propositions de réforme, l'une des idées les plus prometteuses concerne la création d'une Commission chargée de l'établissement de la paix. Nous devons tirer avantage de ce foisonnement d'idées et de propositions, et les traiter avec sérieux. Beaucoup de choses sont en jeu non seulement pour les Nations Unies mais, surtout, pour tous les peuples du monde.

Sur le fait de tester les projets de réforme sur le terrain
Dans mon discours devant l'Assemblée générale le 13 juin 2005, j'ai évoqué la nécessité de tester chaque projet de réforme sur le terrain. Toutes les réformes devraient faire la différence dans la vie des gens. Je reviens souvent sur ce point car, dans le cadre de mes activités à l'ONU, j'ai personnellement assisté aux opérations déployées dans un grand nombre de pays. Nous ne pouvons pas aborder les questions d'organisation sans considérer les réalités sur le terrain, en particulier dans les zones de crise où les populations sont vulnérables et ont besoin d'aide. L'importance que j'accorde aux « tests sur le terrain » est liée à mon expérience. J'ai commencé en 1980, aux côtés du Premier ministre suédois alors en poste, Olof Palme, qui était engagé dans la médiation entre l'Iran et l'Irak. À la fin des années 1980, le Secrétaire général de l'ONU m'a également demandé d'être son Représentant personnel sur la question du conflit irano-irakien. J'étais à Bagdad avec Lakhdar Brahimi, l'un des grands experts de l'Organisation, et Emilio Cárdenas, l'ancien ambassadeur de l'Argentine aux Nations Unies.

Quand je suis devenu ambassadeur en 1988, j'ai vu les Nations Unies sous un autre angle. La période qui a suivi la guerre froide a été fascinante. Les espoirs incarnés par l'ONU étaient clairs. Cette foi que nous partagions s'est reflétée dans le fait que, pendant plusieurs années, le Conseil de sécurité n'a jamais eu recours au veto. Mais l'explosion des guerres civiles et ethniques ainsi que des conflits religieux dans le monde entier a déstabilisé cet équilibre et n'ont pas conduit à construire un monde plus pacifique.

Nous avons vu les conséquences humanitaires qu'ont ces guerres. C'est pourquoi, beaucoup d'entre nous ont pensé qu'il fallait définir un mandat et une fonction humanitaires pour les Nations Unies. On m'a alors demandé de conduire une négociation sur le travail humanitaire de l'Organisation, qui a débouché sur la résolution 46/182 adoptée en décembre 1991 par l'Assemblée générale, qui prévoyait, entre autres, la création du Département des Affaires humanitaires. Je suis fier d'avoir dirigé ces travaux dans ce domaine important. Les réalités sur le terrain étaient dures - j'ai pu le constater sur place lorsque j'étais Secrétaire général adjoint en Somalie en automne 1992, au Mozambique en 1993 et plus tard dans les Balkans. C'est pourquoi je suis toujours tant axé sur le terrain. Je crois que c'est utile d'avoir deux sortes d'expériences : voir l'Organisation de l'intérieur, au siège de l'ONU, et aussi sur le terrain où une grande partie de ses activités sont menées.

Sur l'importance de renforcer les Nations Unies
J'ai toujours soutenu les Nations Unies, mais cela ne m'empêche pas d'être critique à son égard. Je crois qu'il faut voir l'Organisation d'un point de vue d'un intérêt personnel éclairé - ce qui n'est rien d'autre qu'un mélange d'idéalisme et d'une demande pour un multilatéralisme efficace. L'ONU reflète nos espoirs et nos aspirations pour un monde meilleur - un monde de paix, de développement et de respect de la dignité humaine. Mais elle pourrait aussi garantir une sécurité à long terme pour tous. Une Organisation efficace, comme le Premier ministre me disait souvent, est la première ligne de défense pour de nombreuses petites et moyennes nations. De même, les pays plus développés ont pris conscience qu'il fallait faire face aux problèmes mondiaux, tous ensemble.

« La Charte de l'ONU est un document impressionnant et j'en admire les auteurs. Pratiquement chaque aspect dont nous discutons aujourd'hui y est déjà formulé : la sécurité, le développement, les droits de l'homme et la prévention. »
Je pense que l'Organisation doit mieux faire connaître les travaux importants qu'elle mène sur le terrain et sensibiliser l'opinion publique. Elle a été mise à l'épreuve par des questions comme le programme Pétrole contre nourriture, et il ne fait aucun doute que nous devons travailler dur pour instaurer la responsabilité et la transparence afin de nous assurer que les ressources sont utilisées à bon escient. Mais si nous nous arrêtions de nous concentrer sur ce problème, je suis sûr que le public en ferait autant. Considérons ce que l'ONU a accompli en Afghanistan ou au Liberia, ce que le Conseil de sécurité a fait au Liban et ce que le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Programme alimentaire mondial ou le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) accomplissent tous les jours. Ces images positives doivent être mieux mises en avant afin que les réussites de l'ONU soient mieux connues dans le monde.

Jan Eliasson parcourt son exemplaire personnel de la Charte de l'ONU. Photo/Horst Rutsch

Sur la pertinence de la Charte de l'ONU au XXIe siècle
J'ai toujours la Charte sur moi. C'est un document impressionnant et j'en admire les auteurs. Pratiquement chaque aspect dont nous discutons aujourd'hui y est déjà formulé : la sécurité, le développement, les droits de l'homme et la prévention. Je crois que pour les Nations Unies, l'un des plus grands défis est de traduire la relation entre le développement, la sécurité et les droits de l'homme en concepts pratiques. En d'autres termes, il ne peut y avoir de développement sans sécurité, de sécurité sans développement, de sécurité ou de développement durables sans respect des droits de l'homme. C'est le lien - le lien dynamique -que nous devons créer. Même si la Charte est une source d'inspiration, nous avons beaucoup à faire pour éliminer les frontières artificielles entre les trois domaines et traduire la théorie en pratique.

Sur la création d'une culture de la prévention au sein des Nations Unies
L'un des grands défis pour l'Organisation est d'intervenir dès les premières phases des conflits. Nous pourrions ainsi sauver de nombreuses vies, économiser beaucoup d'argent et améliorer l'image des Nations Unies. Les peuples du monde entier, y compris le peuple suédois, en ont assez d'entendre dire « plus jamais ». Nous l'avons entendu après la Deuxième guerre mondiale, après le Cambodge, après le Rwanda et après Srebenica. Et cela continue aujourd'hui avec le Darfour, au Soudan. Si nous n'agissons pas dès que les premiers signes de massacres collectifs ou de génocide se manifestent, nous risquons alors de saper l'autorité morale de l'ONU et, finalement, celle du système international de sécurité collective. C'est en cela que réside la responsabilité de tous les États Membres et du Conseil de sécurité : agir dès les premiers signes.

Sur le suivi des OMD cinq ans après
La Réunion de haut niveau prévue en septembre joue un rôle crucial pour faire avancer la mise en ouvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui ont été adoptés par les États Membres lors du Sommet du Millénaire, il y a cinq ans. La Déclaration du Millénaire nous demandait d'évaluer les progrès tous les cinq ans. Cette réunion nous permettra de voir dans quelle mesure nous nous approchons des objectifs fixés pour 2015.

Il ne faut pas perdre de vue que le rôle de cette Réunion est de mettre l'accent sur les progrès réalisés. J'espère que nous aurons vu - et verrons - des progrès : dans certains domaines, ils sont moins nombreux que dans d'autres. Par exemple, les Britanniques, pendant leur présidence du G-8, ont mis en avant de manière très constructive l'aide au développement, l'allégement de la dette, en particulier dans le cas de l'Afrique, et la réduction des problèmes de santé, c'est-à-dire non seulement le VIH/sida mais aussi la tuberculose, le paludisme et l'accès à l'eau potable, qui sont des problèmes majeurs, en particulier en Afrique.

J'espère que les pays riches se rendent compte que ces inégalités sont non seulement injustes mais aussi dangereuses. Nous vivons dans un monde globalisé; il nous incombe d'en assumer la responsabilité. Ces questions, et d'autres, seront débattues lors de la réunion. Nous poursuivrons le dialogue et feront une évaluation des OMG en automne, lors de la session ordinaire de l'Assemblée générale.

Sur la nécessité de continuer d'ouvrer pour un partenariat mondial en faveur du développement
Il y a tellement de choses qui dépendent des activités menées en dehors des Nations Unies. Je crois, par exemple, qu'il est crucial de considérer le processus de Doha et la réunion à Hong Kong. Un grand nombre de pays industrialisés développent leurs activités au détriment des modes d'échanges commerciaux dans le monde. Il faut également forger une relation plus forte entre les institutions de Bretton Woods - la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales - et les Nations Unies. Nous voyons rarement les ministres des finances à New York - ce n'est pas un bon signe. Nous devrions nous assurer que des processus économiques sérieux sont également intégrés dans les travaux de l'ONU et les considérer dans le contexte de la division internationale du travail. En règle générale, pour atteindre les OMD, nous devons non seulement soutenir une vision qui va vers l'avant mais aussi faire participer d'autres acteurs, en particulier dans les domaines du commerce et de la finance.

Sur le renforcement de la relation des Nations Unies avec d'autres partenaires
L'Organisation devrait chercher à encourager des relations étroites avec les organisations régionales. Ce rôle peut être important, par exemple pour l'Union africaine et l'Union européenne, mais le travail parmi et entre les régions est également prometteur. Et n'oublions pas que le Chapitre VIII de la Charte de l'ONU est entièrement consacré à la coopération régionale et aux accords régionaux. Il n'y a aucune contradiction entre les Nations Unies et les organisations régionales. En fait, une relation dynamique et positive s'établie actuellement entre l'action régionale et l'action mondiale.

Il est également essentiel que nous établissions une relation forte avec la société civile. C'est parfois compliqué, mais la communauté des ONG a beaucoup contribué en termes opérationnels, en particulier dans les situations de crise humanitaire. Elles ont parfois été utiles pour signaler les premiers problèmes et elles représentent un lien important entre les différentes parties de la société. Elles ont des liens, par exemple, avec les nations industrialisées et les pays développés. Elles nous rappellent, selon les mots de Shakespeare dans Roméo et Juliette, qu'il existe un « monde en dehors de Vérone ». Ces ONG défendent la solidarité mondiale et représentent une ressource vitale qu'il ne faut pas gaspiller.

Sur la menace du terrorisme et la prolifération nucléaire
L'avenir n'est pas tout rose, que ce soit pour l'ONU ou pour la communauté mondiale, et certains défis sont sérieux. Nous devons créer des mécanismes qui nous permettent, ensemble avec les autres acteurs sur la scène mondiale, de traiter ces menaces de manière plus efficace. Récemment, la menace du terrorisme est devenue plus présente. Le 11 septembre a marqué un tournant pour les États-Unis et pour le reste du monde. Nous avons également constaté les risques croissants posés par la prolifération des armes nucléaires. Et, à ces risques, il faut ajouter celui posé par les armes biologiques et chimiques - tous étant extrêmement difficiles à contrôler et à contenir.

Le pire cauchemar, bien sûr, étant l'utilisation des armes de destruction massive par les terroristes. Cela pourrait engendrer des catastrophes d'une ampleur sans précédent. Nous devons faire face à ces menaces non seulement de manière très réaliste mais aussi sur le long terme. Nous devons les traiter simultanément en appliquant la loi et en analysant les causes profondes. Même si cela est difficile, nous devons aussi essayer de comprendre ce qui a engendré cette situation et nous attaquer aux racines, réduire efficacement les facteurs qui accentuent les fossés, non seulement en termes de ressources mais aussi en termes d'attitudes envers les religions différentes et les groupes ethniques. La tendance de ces quelques dernières années où la peur gagne du terrain m'inspire des craintes. C'est pourquoi la réforme de l'ONU est si importante. Ce travail vise à produire des modèles qui peuvent traiter efficacement les problèmes mondiaux. Aussi, nous pouvons montrer que le multilatéralisme est efficace et que les fossés peuvent être réduits. Nous devons mobiliser la volonté politique pour donner plus d'espoir et diminuer les peurs.

Sur l'héritage des approches pratiques orientées vers des résultats au sein des Nations Unies
Pour moi, 2005 est une année spéciale car elle marque le centenaire de la naissance de Dag Hammarskjöld, le légendaire Secrétaire général suédois de l'ONU. C'est la raison pour laquelle mon gouvernement m'a nommé à ce poste. Cependant, en tant que Président de l'Assemblée générale, je sers 191 nations; c'est une grande responsabilité que j'accepte et que je respecte. Bien sûr, je ne peux pas me couper de mon passé, de mes racines et de mes valeurs. Je dis simplement que, dans la vie, il faut connaître ses racines - c'est-à-dire d'où l'on vient - mais aussi avoir des ailes. Je suis fier que la coopération et la solidarité internationales soient un élément important de mes racines.

Comme beaucoup de Suédois, je préconise une approche pratique et concrète pour résoudre les questions politiques. Nous avons tendance à demander à voir des résultats concrets. Si, par exemple, on discute de l'aide au développement, on peut parler de 0,7 % du produit national brut (PNB), mais on peut également prendre un verre d'eau dans la main et dire aux gens qui nous entourent : « Ceci est un luxe pour presque 2 milliards de personnes dans le monde. » Les populations des pays industrialisés n'ont qu'une vague idée de ce que signifie le concept de 0,7 % du PNB, mais si on leur fait voir les effets réels du sida et du paludisme, ils comprennent mieux - toutes les 30 secondes un enfant meurt du paludisme en Afrique australe. Il faut que les gens voient quelles sont les conséquences de ne pas avoir accès à l'eau salubre ou à une énergie adéquate. Comment pouvons-nous attendre des gens qu'ils apprennent à lire quand ils n'ont pas l'électricité ? Tous ces facteurs sont importants. L'approche pratique est très utile parce que nous devons toujours nous demander quels sont les résultats, comment cela se traduit sur le terrain, et ce qui a changé, ou changera, dans la vie de tous les jours. Je pense qu'il est essentiel de se poser de genre de questions.

Sur la présidence de la soixantième session de l'Assemblée
Je crois dans les idéaux des Nations Unies. Je suis reconnaissant qu'on m'ait confié cette mission et je la remplirai avec humilité, en m'inspirant des valeurs que j'ai acquises dans mon pays natal et des expériences que j'ai vécues dans le monde. J'ai passé beaucoup de temps à l'étranger. J'ai mené des actions de médiation internationale dans des pays déchirés par la guerre et me suis attaqué à des questions lors de négociations à New York. Je viens de passer cinq ans à Washington, en tant qu'ambassadeur de mon pays aux États-Unis dont la participation aux affaires internationales est si cruciale. Si je pouvais prendre avec moi ces expériences et ces principes auxquels je crois et les utiliser ici, avec mes chers collègues et le personnel international (parmi les États Membres et le Secrétariat de l'ONU), je serais comblé. Je consacrerai cette année qui vient aux Nations Unies et espère contribuer un peu à réussir ce test du multilatéralisme de manière honnête et satisfaisante.
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