Chronique ONU
Rapport de l'OMS 2005
Niveaux alarmants de cas de tuberculose liés au VIH en Afrique
Par Erika Reinhardt

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L'article
Alors que dans la plupart des régions du monde la lutte contre la tuberculose progresse avec succès, en Afrique, la maladie a atteint des proportions alarmantes et l'on enregistre un nombre croissant de cas et de décès associés au VIH. Telles sont les constatations faites par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le rapport 2005 intitulé Lutte contre la tuberculose dans le monde : surveillance, préparation, financement, publié le 24 mars pour coïncider avec la Journée mondiale de la tuberculose.

Le rapport examine cinq indicateurs principaux : l'incidence, la prévalence, les décès, le dépistage et le succès du traitement. Il indique que la prévalence mondiale de la tuberculose a reculé de plus de 20 % depuis 1990 et que les taux d'incidence sont en baisse ou restent stables dans toutes les régions sauf en Afrique où les taux d'incidence ont triplé depuis 1990 dans les pays où la prévalence du VIH est élevée et continuent de progresser à un rythme annuel de 3 à 4 %.


Les cas signalés par les pays africains montrent que la tuberculose est associée au VIH. Les femmes âgées de 15 à 24 ans constituent une grande proportion des cas dans les pays où les taux de VIH sont élevés. La prévalence du VIH est plus élevée chez les femmes que chez les hommes dans la même tranche d'âge. Cette différence est plus marquée dans les régions où les taux d'infection par le VIH sont plus élevés. L'âge moyen des tuberculeux à frottis positif dans les régions où les taux de VIH sont plus élevés est généralement inférieur, en particulier chez les femmes - ce qui indique que les plus jeunes ont plus de chances d'être infectés par le VIH.

Le rapport indique également qu'un test de dépistage de la tuberculose peut facilement être proposé aux personnes séropositives et vice-versa. Les programmes de lutte contre la tuberculose peuvent donc contribuer à identifier les candidats au traitement antirétroviral. « Les informations contenues dans ce rapport permettent réellement d'espérer que l'on parviendra à vaincre la tuberculose mais elles sont tout de même inquiétantes », a déclaré le Directeur général de l'OMS, le docteur Lee Jong-wook. « Pour citer Nelson Mandela, nous ne pourrons pas vaincre le sida si nous ne nous attaquons pas aussi à la tuberculose et il est grand temps de passer de la parole aux actes en Afrique et de lutter conjointement contre les deux épidémies. »

De sérieux progrès ont été enregistrés en Chine et en Inde, qui supportent à elles seules un tiers de la charge mondiale de tuberculose. Toutes deux ont intensifié la lutte contre la maladie en accélérant l'extension de la stratégie DOTS, la stratégie recommandée à l'échelon international pour lutter contre la tuberculose. Ainsi, le nombre de malades soignés par la stratégie DOTS dans le monde a augmenté de 8 % en 2003 par rapport à l'année précédente. Une progression analogue a été enregistrée dans d'autres pays tels que l'Indonésie et les Philippines. Si l'engagement et les ressources investies se maintiennent au même niveau, l'objectif du Millénaire pour le développement visant à réduire l'incidence de la tuberculose d'ici 2015 sera bientôt atteint dans quatre régions : les Amériques, la Méditerranée orientale, l'Asie du Sud-Est et le Pacifique occidental.

La stratégie DOTS repose sur cinq éléments : l'engagement des pouvoirs publics en faveur de la lutte antituberculeuse; un dépistage par examen bactériologique; une chimiothérapie standardisée de brève durée pour tous les malades; un approvisionnement ininterrompu en médicaments de qualité; la mise en place d'un système d'enregistrement et de notification permettant une évaluation des résultats du traitement et du programme.

À Alem Kitmama, en Éthiopie, une femme atteinte de la tuberculose est transportée par ses deux fils. © Photo OMS/P. Virot

    La Journée mondiale de la tuberculose, qui est célébrée le 24 mars, est une initiative du Partenariat Halte à la tuberculose visant à sensibiliser la communauté internationale au problème de la tuberculose. L'OMS fait partie des 325 membres qui se sont engagés à combattre la maladie en vue de son élimination en tant que problème de santé publique. Depuis la création du Partenariat, en 2001, le nombre de cas dépistés a augmenté de deux tiers.
Selon le Rapport de l'OMS 2005 :
. Depuis 1995, plus de 17 millions de tuberculeux ont bénéficié d'un traitement efficace grâce à la stratégie DOTS. Mais il est possible d'améliorer encore les résultats dans les pays et dans le domaine de la recherche consacrée aux outils diagnostiques, aux médicaments et aux vaccins pour combler le déficit annuel de financement de 1 milliard de dollars.

. À la fin de 2004, sur les 211 pays et territoires, 199 ont signalé des cas pour 2003 et/ou transmis les résultats des traitements pour les sujets enregistrés en 2002. Ceux-ci incluent 99 % de la population mondiale. Les 22 pays les plus touchés ont présenté leurs rapports à l'OMS.

. Les 199 pays ont signalé 4,4 millions de nouveaux cas et de cas de rechute, dont 1,9 million (44 %) à expectoration et à frottis positifs et 3,7 millions dans les régions où la stratégie DOTS était appliquée, y compris 1,8 million de cas à frottis positif. Selon les données de surveillance et d'enquête, on estime qu'il y a eu 8,8 millions de nouveaux cas en 2003.

. Les régions d'Afrique (24 %), d'Asie du Sud-Est (35 %) et du Pacifique occidental (22 %) comptent plus de 80 % de tous les cas signalés et des proportions similaires de nouveaux cas à frottis positif. La stratégie DOTS mettant l'accent sur le diagnostic par examen à frottis positif, 47 % des nouveaux cas et des cas de rechute étaient dans les régions où la stratégie DOTS était appliquée, contre 29 % ailleurs. Parmi les 15 pays présentant les taux les plus élevés par habitant, 12 se trouvent en Afrique.

. Depuis 2002, plusieurs pays ont considérablement augmenté le financement de la lutte contre la tuberculose. Certains pays les plus touchés disposent de fonds suffisants, mais doivent montrer qu'ils les utilisent efficacement. Ceux qui bénéficient d'un niveau de financement suffisant devraient s'assurer qu'ils ont les moyens d'atteindre les objectifs fixés. D'autres pays disposent de fonds insuffisants et devraient s'employer à collecter l'argent nécessaire pour améliorer la performance des programmes.

Faits sur la tuberculose et le VIH

  • On estime que 30 % des 40 millions vivant avec le VIH/sida dans le monde souffrent également de la tuberculose. Les personnes séropositives ont deux fois plus de chances de contracter la tuberculose dans une année donnée que les non séropositives. Faute d'un traitement approprié, environ 90 % des séropositifs meurent quelques mois après avoir contracté la tuberculose.


  • Le VIH/sida et la tuberculose sont si étroitement liés qu'on parle souvent de « coépidémie » ou d'« épidémie double ». Le VIH affaiblit le système immunitaire et accroît le risque d'infection par le bacille. Il favorise aussi le passage de la tuberculose-infection à la tuberculose-maladie ainsi que les rechutes chez les malades qui ont déjà été soignés. La tuberculose est l'une des principales causes de mortalité chez les personnes séropositives.


  • Les deux maladies accélèrent mutuellement leur progression et la tuberculose diminue considérablement l'espérance de vie des sujets atteints du VIH. Elle tue près de la moitié des malades du sida dans le monde.


  • L'infection par le VIH est le plus important facteur de risque de conversion de la tuberculose latente en tuberculose évolutive. Le bacille tuberculeux accélère l'évolution du sida.


  • D'après l'OMS, l'infection tuberculeuse se propage actuellement au rythme d'une personne par seconde. Elle tue plus de jeunes et d'adultes que n'importe quelle autre maladie infectieuse et est la première cause de mortalité chez les femmes. Chaque année, 8 à 10 millions de personnes con-tractent la maladie et 2 millions en meurent. Un tiers environ de la population mondiale, soit quelque 2 milliards d'habitants, est porteur du bacille tuberculeux, mais la plupart ne développent jamais la maladie. Environ 10 % des personnes infectées contractent la maladie au cours de leur existence mais, actuellement, cette proportion change, le VIH affaiblissant le système immunitaire.


  • Le VIH/sida aggrave considérablement l'épidémie de tuberculose en Afrique subsaharienne : dans certains pays de cette région, jusqu'à 70 % des tuberculeux sont porteurs du VIH. La tuberculose et le VIH ont été dans une large mesure combattus séparément pendant longtemps malgré le chevauchement des deux épidémies. Une plus grande collaboration entre les programmes de lutte contre la tuberculose et de lutte contre le VIH/SIDA permettra de mieux combattre la tuberculose chez les personnes séropositives et de faire ainsi d'importants progrès dans le domaine de la santé publique.
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