Chronique ONU
Diversifier les systèmes agricoles durables
Un changement des comportements est essentiel
Par William Fiebig

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L'article
Photo de Save the Children/US



Dans tous les aspects de nos programmes agricoles, la conservation des ressources génétiques des plantes et la gestion durable de la biodiversité locale sont des facteurs fondamentaux dans la réduction de l'insécurité alimentaire.
Save the children/United States fait partie de l'Alliance internationale pour sauver les enfants qui est présente dans plus de 100 pays dans le monde. Cette association a pour objectif de réduire le nombre d'enfants qui souffrent de la faim et de la malnutrition. Elle comprend 13 programmes de sécurité alimentaire à long terme en Afrique subsaharienne : Angola, Éthiopie, Malawi, Mozambique et Ouganda; en Amérique latine et dans les Caraïbes : Bolivie, Guatemala, Haïti, Honduras et Nicaragua; en Indonésie : Bangladesh, et en Asie : Tadjikistan. Il s'agit généralement de programmes sur cinq ans qui ont pour but de répondre aux besoins de santé et de nutrition des enfants et de leur famille, ainsi que d'améliorer l'accès des ménages aux aliments nutritifs en intensifiant et diversifiant la gestion des systèmes de production alimentaire.

La création de programmes axés sur les comportements est au centre de la stratégie de Save the Children pour réduire le nombre d'enfants qui souffrent de la faim et de la malnutrition. Leur but est de comprendre pourquoi, dans les pays en développement, certaines familles traversent les périodes de pénurie sans souffrir de malnutrition et de maladies et comment elles parviennent à produire plus que leurs voisins alors que leurs environnements socio-économiques sont similaires. Les parcelles dont disposent ces familles ne sont pas plus grandes que celles de leurs voisins, elles cultivent les mêmes terres marginales, le niveau pluviométrique est semblable et, pourtant, elles réussissent à mieux faire face aux problèmes modérés et aux contraintes. Les scientifiques sociaux appellent ces familles « des déviants positifs ». Save the Children aide les familles agricoles à adapter de nouvelles cultures et de nouvelles variétés afin de diversifier leurs systèmes agricoles et réduire leurs risques et leur vulnérabilité vis-à-vis de l'insécurité alimentaire.

Dans la phase initiale de ses activités, l'équipe agricole de Save the Children évalue les systèmes agricoles des communautés où nous travaillons. Elle établit un inventaire des ressources de la biodiversité locale dont dépendent les ménages pour leur système de production alimentaire : les cultures locales généralement produites, les caractéristiques agro-écologiques et socio-économiques des différentes variétés de cultures; les arbres fruitiers et les légumes cultivés; et les types de cultures à racines et à tubercules communs dans leurs systèmes agricoles. La connaissance de ces facteurs permet de restaurer les systèmes de production alimentaire touchés par les catastrophes et d'identifier les nouvelles variétés de cultures pouvant avoir de meilleurs rendements, être plus résistantes aux maladies et aux insectes et/ou à la sécheresse.

La stratégie adoptée par Save the Children pour réduire les risques et la vulnérabilité vis-à-vis de la sécurité alimentaire consiste à promouvoir la diversification des systèmes de production alimentaire des ménages, qui comprend la promotion de nouvelles variétés de cultures de céréales et de légumineuses, à racines et à tubercules, la création de jardins potagers composés de nombreuses variétés de légumes nutritifs et la culture d'arbres fruitiers et d'arbres pour le bois de chauffage. En encourageant la diversification, nous nous centrons sur les opportunités du marché pour que les familles puissent générer un revenu et répondre aux besoins de leurs enfants. Les programmes proposent de nouvelles variétés présentant un meilleur potentiel nutritif, telles que des variétés de haricots plus riches en fer et en zinc, des patates douces riches en vitamine A et des variétés de maïs ayant une meilleure qualité de protéines que les variétés traditionnelles.

Des efforts importants sont menés pour promouvoir la production alimentaire dans les fermes et à l'extérieur. La biodiversité des espèces et des variétés est l'une des caractéristiques les plus importantes des jardins potagers. Les scientifiques se rendent compte qu'un régime alimentaire riche en légumes peut renforcer le système immunitaire et aider à minimiser les symptômes du VIH/sida. Les légumes ne sont pas une potion magique et ne peuvent pas guérir les mourants, mais leur consommation peut améliorer la vie des personnes infectées.

Dans la plupart des pays où Save the Children a des programmes de sécurité alimentaire, les ménages ont à la fois des systèmes de production alimentaire et de production animale. Nous encourageons l'intégration des ressources animales avec le système de production de cultures vivrières afin d'intensifier la gestion de ces ressources. Dans les fermes et à l'extérieur, la production est augmentée en recueillant les matières organiques dans des fosses et en créant des potagers, en utilisant le fumier comme engrais et en utilisant l'eau le plus efficacement possible. La gestion intensive de ces potagers peut fournir aux enfants et à leur famille une source d'alimentation nutritive pendant un an mais, pour ce faire, un changement de comportements est nécessaire.

Dans tous les aspects de nos programmes agricoles, la conservation des ressources génétiques des plantes et la gestion durable de la biodiversité locale sont des facteurs fondamentaux dans la réduction de l'insécurité alimentaire. La biodiversité dans la communauté est le fondement de son bien-être et, par ses programmes, Save the Children s'emploie à assurer aux enfants et à leur famille un accès durable à une alimentation de qualité afin qu'ils puissent mener une vie active en jouissant d'une bonne santé.
Biographie
William Fiebig est conseiller technique à l'Unité de la sécurité alimentaire de Save the Children Federation, Inc. et agronome spécialisé dans les systèmes agricoles, avec trente ans d'expérience. Il a été chargé des questions agricoles à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture de 1998 à 2002.

      Un agriculteur modèle et un être humain remarquable

Photo de Save the Children/US
Malgré ses moyens modestes, Michel a gagné le respect de ses voisins et de la communauté grâce à son honnêteté, sa ténacité au travail et son succès relatif. Après avoir participé au programme de sécurité alimentaire de Save the Children pendant 18 mois, il est maintenant un agriculteur modèle encourageant la diversification des systèmes agricoles. Il a été choisi pour diriger un groupe de cinquante agriculteurs qui espèrent améliorer leur capacité à se nourrir et à pourvoir aux besoins de leur famille sur le long terme en augmentant leur production et leurs revenus.

À 38 ans, Michel fait plus que son âge. Il vit avec sa femme et ses quatre enfants âgés de 8 mois à 18 ans. Homme de petite taille, modeste, il réussit à nourrir sa famille en cultivant un hectare de maïs, de sorgho, de millet et de petits pois. Il a amélioré sa culture d'oranges et d'aubergines en greffant des variétés plus parfumées et plus productives. Il vend une partie de ses produits en ville, tandis que sa femme, petite commerçante, achète des produits en ville et se rend à pied dans les villages voisins pour les revendre.

Michel gère la petite pépinière mise en place par le groupe de fermiers avec des semis et des plants fournis par Save the Children. Les fermiers ont acheté à un prix réduit des semis de papayers, de cèdres (pour la production de bois de chauffage) et d'autres arbres fruitiers, les fonds collectés servant à financer la pépinière ou d'autres projets choisis par les fermiers avec l'aide des techniciens agricoles de Save the Children. Ces techniciens leur ont régulièrement fourni une assistance technique et les ont encouragés à diversifier les cultures pour nourrir leur famille et vendre leurs produits, et ont travaillé avec des sous-groupes intéressés à améliorer la production de cultures ou de pratiques particulières. Les terres situées sur le plateau inférieur sont de bonne qualité, mais de nombreux fermiers faisant partie du groupe de Michel sont obligés de louer des terres, ce qui entraîne des frais supplémentaires et des répercussions sur la productivité. Les participants aux programmes agricoles intéressés et les représentants des organisations locales ont suivi une formation sur les activités génératrices de revenus sur une petite échelle liées à la fabrication des aliments, tels que la production de confitures et de gelées avec les fruits locaux.

Photo de Save the Children/US
Les familles participantes, notamment lorsque la mère est enceinte et les enfants ont moins de deux ans, ont également accès à l'unité santé/nutrition du programme. Le fils de Michel, qui a sept mois, est suivi régulièrement et sa famille est heureuse de savoir qu'il est en bonne santé. Pendant plusieurs semaines, les enfants mal nourris et leur mère participent à des séances consacrées au changement de comportements et reçoivent des rations alimentaires plus importantes jusqu'à ce qu'ils retrouvent un poids normal.

Michel est également fier de ses filles aînées qui ont terminé leurs études secondaires. Elles sont grandes et resplendissent de santé grâce à un régime alimentaire à la fois suffisant et nutritif. Pour aider ses voisins, et parce qu'il croit en l'éducation, il a donné un petit terrain par le biais de Save the Children afin de construire une école qui sera gérée par la communauté. De nombreux parents pourront bientôt y inscrire leurs enfants.

Photo de Save the Children/US
Même s'il ne connaissait par le lien qui existe entre l'éducation des mères et l'état nutritionnel des enfants, il a cependant contribué à la sécurité alimentaire à long terme de sa communauté. Avec l'aide de gens comme lui, Save the Children change la vie des femmes et des enfants dans la communauté et dans la région de Maissade. Cette stratégie intégrée, fondée sur la communauté, préconisant des programmes axés sur les comportements en Haïti répond aux besoins immédiats et propose des solutions à long terme à la faim et à la malnutrition. Ce programme est conçu pour venir en aide à 40 000 bénéficiaires et à leur famille par le biais d'une mise en ouvre directe et de partenaires locaux répartis sur le plateau central - un des treize programmes de sécurité alimentaire mis sur pied par Save the Children dans le monde.
                                                                             —William Fiebig

                   Directives sur le droit à l'alimentation

Le Conseil de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, a adopté, le 23 novembre 2004, des directives volontaires « à l'appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale ». L'adoption des Directives sur le droit à l'alimentation intervient exactement deux mois après leur approbation par le Comité de la FAO sur la sécurité alimentaire mondiale et au terme de 20 mois de négociations constructives bien que souvent difficiles. Selon la FAO, elles ont été conçues en guise d'orientation pratique pour les pays afin qu'ils s'acquittent de leurs obligations relatives au droit à une nourriture adéquate. Elles devraient améliorer les chances d'atteindre les buts fixés par le Sommet mondial de l'alimentation de 1996 et l'Assemblée du Millénaire des Nations Unies, qui ont tous deux convenu de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde d'ici à 2015. Mais à moins d'accélérer la mise en ouvre de ces directives et renforcer les efforts pour aider ces êtres humains à sortir de la pauvreté, il y a très peu de chances que ce but soit atteint.

Les Directives englobent une série de principes fondamentaux des droits de l'homme, à savoir l'égalité, la non-discrimination, la participation, la non-exclusion, le respect des obligations, la primauté du droit, ainsi que le principe d'universalité, d'indivisibilité et d'interdépendance de tous les droits de l'homme. De nombreuses organisations non gouvernementales et intergouvernementales ont apporté des contributions significatives à l'élaboration de ces directives.

Hartwig de Haen, sous-directeur général de la FAO a déclaré : « Les Directives sont un instrument pratique fondé sur les droits de l'homme, visant à aider tous les États à mettre en oeuvre de bonnes pratiques en matière de sécurité alimentaire. Elles comportent toute une série de mesures à prendre au niveau national pour créer un environnement permettant aux populations de se nourrir dans la dignité tout en constituant des mesures de protection pour ceux qui ne peuvent subvenir à leurs besoins. Cet événement marque l'acceptation universelle de ce que signifie réellement le droit à l'alimentation. »

« Il nous faut désormais relever le défi de traduire ces directives dans la réalité de façon à mettre fin à cette odieuse injustice. Les Directives nous offrent un nouvel instrument pour mieux définir les obligations de l'État et affronter les besoins des personnes sous-alimentées. Nous devons nous en servir pour donner aux pauvres et aux personnes qui souffrent de la faim les moyens d'agir pour revendiquer leurs droits », a déclaré Giuliano Pucci, conseiller juridique de la FAO.

Au Sommet mondial de l'alimentation : cinq ans après, en 2002, les chefs d'état et de gouvernement avaient réaffirmé « le droit de tout un chacun à avoir accès à une nourriture saine et nutritive ». La déclaration invitait le Conseil de la FAO à constituer un Groupe de travail intergouvernemental, afin d'élaborer une série de directives volontaires visant à soutenir les efforts des États membres pour concrétiser progressivement le droit à une nourriture suffisante dans le cadre de la sécurité alimentaire nationale.
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