Chronique ONU
Intégrer une stratégie sexospécifique pour lutter contre la traitre des personnes
Par Marie Yvette L. Banzon

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L'article
À Savannakhet, en République démocratique populaire lao, près de la frontière avec la Thaïlande, une femme couvre le visage de sa fille pour protéger son identité. Vendue à seize ans, elle a passé sept ans à Bangkok, capitale de la Thaïlande, comme domestique chez un homme d'affaires riche, où elle a été battue et torturée. L'Asie de l'Est compte près d'un tiers de la traite des femmes et des filles dans le monde. ©Photo UNICEF/Jim Holmes
Le 20 décembre 2004, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté par consensus la résolution « La traite des femmes et des filles ». C'est le texte qui a reçu le plus large soutien des États Membres depuis que cette question a été présentée pour la première fois en 1995 par les Philippines et a fait l'objet de négociations en vue d'un projet de résolution. La résolution est l'un des instruments internationaux qui a fourni aux gouvernements, aux organismes internationaux et à la société civile une base et un cadre d'action pour lutter contre la traite des personnes.

Quand le Protocole visant à prévenir, à réprimer et à punir la traite des personnes, spécialement des femmes et des enfants, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, a été adopté en 2000, le texte de la résolution a été renforcé pour inclure les principes légaux et juridiques de la Convention.

On estime qu'un million de personnes sont acheminées par bateau à l'étranger ou déplacées dans leur pays pour être vendues comme esclaves modernes. Ce sont les femmes et les filles qui sont principalement visées : d'après les données mondiales, 80 % des victimes sont des femmes, dont 70 % travaillent dans l'industrie du sexe.

Alors que la traite touche le plus souvent les femmes ou les filles, il est regrettable que le Protocole n'adopte pas une approche sexospécifique plutôt que de simplement mentionner « en particulier les femmes et les filles » dans les dispositions. Même si, parmi d'autres contre-mesures importantes, la Convention est assortie d'une disposition qui criminalise la traite, elle ne donne aucune assurance que ces efforts menés pour lutter contre la traite intégreront une perspective sexospécifique.

Les Philippines, pays qui est confronté à la traite des personnes, a adopté une approche sexospécifique comme stratégie de lutte. La résolution examinée par l'Assemblée générale, ainsi que par la Commission des droits de l'homme, vise en particulier à compléter le Protocole sur la traite en soulignant la vulnérabilité, les besoins et les problèmes de la majorité des victimes. Même s'il y est fait mention de la situation des hommes et des garçons, la résolution souligne l'importance stratégique d'adopter une approche sexospécifique pour lutter efficacement contre le problème.

En 2004, un nouveau point important a été introduit : la nécessité de se pencher sur la question de la demande qui alimente la traite des victimes. Le débat sur la demande a toujours été alimenté par les divergences d'intérêt entre le pays d'origine et le pays de destination. L'un des éléments importants de la résolution est qu'elle cherche à décourager la demande, en particulier visant les femmes et les filles - question qui n'est pas abordée dans le Protocole. Ensemble, le Protocole, en tant qu'instrument juridique international, et la résolution sur la traite des femmes et des filles, pourraient constituer une cadre d'action efficace et stratégique pour tous les personnes concernées afin d'éliminer le problème.

Les négociations ayant trait à cette résolution n'ont pas été aisées. En fait, il sera nécessaire de renforcer un grand nombre de dispositions du texte et d'aborder de nombreuses autres questions laissées de côté. Son développement peut paraître incrémentiel, mais il est important d'améliorer progressivement son contenu afin d'obtenir un accord universel sur les principes et les stratégies les plus essentiels.
Biographie
Marie Yvette L. Banzon, experte de la Troisième Commission à la Mission permanente des Philippines auprès des Nations Unies, a facilité les négociations concernant la résolution sur la traite des femmes et des filles. Elle a été nommée en 2001 Assistante du coordonnateur des consultations intergouvernementales d'Asie-Pacifique sur les réfugiés, les personnes déplacées et les migrants.
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