Chronique ONU
Le processus de transition de la MINUGUA
Le Guatemala sur le chemin de la paix
Par Tom Koenigs et Marcie Mersky

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L'article
Photo offerte par la MINUGUA
Avec la signature de l'accord de paix en décembre 1996, le Guatemala s'est embarqué sur un chemin de transformation sociale et politique après 36 ans de conflits internes.

Au cours des dix dernières années, la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA) a joué un rôle crucial dans les efforts d'établissement de la paix de ce pays d'Amérique centrale, supervisant et soutenant la mise en ouvre des accords signés entre le gouvernement et les groupes d'insurgés. Durant cette période, le Guatemala a réalisé d'importants progrès. Mais même avec la mise en ouvre des accords de paix, ce qui constitue un ordre du jour national complet pour guider la politique vers la démocratisation, le développement et la justice sociale, il est clair que le processus de paix nécessitera un effort soutenu dans les années à venir, après la fin du mandat de la MINUGUA le 15 novembre 2004.

Dans cette perspective, la MINUGUA a commencé, il y a plusieurs années, à préparer son départ en cherchant à en atténuer le plus possible les conséquences et en contribuant à la consolidation du processus de paix. Pour répondre à ces défis, la MINUGUA a créé en 2002 une Unité de transition, dirigée par un haut responsable qui rend compte directement au Représentant spécial du Secrétaire général. Cette stratégie de transition est née de la conviction que le succès à long terme du processus de paix dépend des institutions guatémaltèques, à la fois de l'État et de la société civile, et de leur engagement vis-à-vis des accords de paix. L'accent a été mis sur la création de capacités nationales et sur l'échange des expériences avec la Mission et du savoir-faire avec les institutions et les organisations qui peuvent jouer un rôle essentiel dans l'établissement de la paix à long terme.

Le programme de transition a touché les activités de tous les personnels de la mission, à la fois au siège et dans les bureaux régionaux. Des changements politiques et opérationnels importants ont été nécessaires au moins dans trois aspects essentiels. Premièrement, la MINUGUA a dû réduire progressivement son rôle politique et celui de bons offices tout en encourageant les Guatémaltèques à assumer de plus grandes responsabilités en demandant publiquement de respecter les accords de paix et en trouvant des solutions aux conflits; deuxièmement, les personnels ont été amenés à envisager différemment le travail de la Mission, à redéfinir clairement leurs priorités et à se concentrer sur le développement des compétences des homologues nationaux; et, troisièmement, la décentralisation était essentielle alors que les bureaux régionaux étaient dotés d'un pouvoir discrétionnaire de plus en plus étendu pour définir leurs priorités spécifiques et adopter la stratégie générale afin de répondre aux besoins dans chaque contexte local particulier.

Pour renforcer les capacités nationales, la MINUGUA a eu recours à son personnel au lieu de compter sur le mécanisme de soutien à des projets d'aide technique financés par des fonds d'affectation qui font appel à des consultants extérieurs. Avec leurs homologues nationaux, les personnels de la mission ont identifié les ressources techniques qui seraient les plus importantes, mis en place une formation appropriée et développé des documents de référence qui faisaient état en grande partie des 4 500 cas de violations des droits de l'homme examinés par la MINUGUA ainsi que de nombreuses études de situation concernant les questions des accords de paix. Des documents numérisés sur les questions des droits de l'homme, la réforme du système judiciaire, les biens fonciers et l'historique du processus de paix ont été mis au point et distribués. La MINUGUA a également collaboré étroitement avec l'Université nationale du Guatemala pour créer une Bibliothèque consacrée à la paix, s'appuyant sur les matériaux de documentation et de référence les plus importants fournis par la Mission.

L'accent a été particulièrement mis sur le renforcement du Bureau de l'Ombudsman chargé des droits de l'homme (PDH), spécialement dans les bureaux régionaux. En 2003, la MINUGUA a mené à bien un programme de mise en place de capacités pour le PDH qui comprenait des dizaines de séances de formation décentralisées sur la surveillance des droits de l'homme, l'analyse des conflits et le contenu et le statut des accords de paix. La MINUGUA a mené des activités pratiques avec le PDH, telles que le partage des bases de données et des méthodologies, la discussion des cas et la conduite commune des opérations de vérification. Les bureaux régionaux ont, en outre, permis d'accroître le rôle du Bureau de l'Ombudsman dans un nombre de forums de participation que la MINUGUA a encouragés et qui traitaient des questions relatives aux droits de l'homme, à la justice et aux autres problèmes de maintien de la paix au niveau local.

La MINUGUA a également fourni une formation et des informations à plusieurs organisations de la société civile, spécialement sur les questions liées aux accords de paix, leur apportant une assistance et des conseils sur des questions aussi variées que les droits des populations autochtones, la formulation des ordres du jour du développement au niveau local, les techniques de contrôle des citoyens et l'amélioration des stratégies de défense des droits. Sur les questions ayant trait aux droits de l'homme, la Mission a mis au point un système de base de données convivial comprenant plus de quarante organisations locales dans le pays afin de traiter les violations de droits de l'homme, ce qui fournira un outil de base aux défenseurs des droits de l'homme dont le nombre ne cesse de croître.

À la fin 2003, la MINUGUA a créé un programme spécial de formation ayant pour but d'intégrer une soixantaine de jeunes professionnels guatémaltèques dans les activités de la mission comme volontaires de l'ONU, activités qui étaient jusque-là menées par les personnels internationaux. Elle a entrepris un effort concerté pour choisir des candidats autochtones et des candidates dans l'ensemble du pays qui reviendront dans leur communauté et appliqueront les méthodes de travail de la mission et le savoir-faire acquis. La MINUGUA a organisé pour ces volontaires des stages dans des institutions d'État ou de la société civile durant les derniers mois du projet avec, dans certains cas, la possibilité d'engagements à long terme.

Le soutien des donateurs a également été important tout au long du processus de transition. Plusieurs pays qui avaient fourni des fonds à la MINUGUA ont autorisé que les fonds non utilisés servent à soutenir le Programme de transition pour les volontaires ainsi que d'autres initiatives, telles que la création de la Bibliothèque consacrée à la paix et la production de documents de référence numérisés. Cela permet à la Mission de ne pas faire appel aux contributions volontaires des États Membres à ce stade final.

Dans le cadre du programme de transition, des efforts ont été déployés pour assurer une coopération internationale continue sur les questions essentielles telles que les droits de l'homme et les droits des peuples autochtones, en particulier par le biais du Haut Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies. La MINUGUA a également organisé de nombreuses réunions pour informer le personnel des tâches à accomplir, comme le partage de la documentation et des contacts, particulièrement au niveau local. En outre, la Mission a participé à l'élaboration d'un bilan commun de pays et du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement afin de poursuivre les efforts de paix. Elle a travaillé en étroite collaboration avec les fonds, les programmes et autres institutions spécialisées de l'ONU pour créer des indicateurs qui serviront à définir les aspects socio-économiques à traiter. Au cours de la période de transition, elle a travaillé en étroite collaboration avec le système des Nations Unies afin d'assurer la continuité des projets techniques essentiels, en particulier en ce qui concerne les biens fonciers, la participation des citoyens, la sécurité publique et la justice.

Pendant les deux dernières années de son mandat, la MINUGUA a placé le processus de transition au cour de ses activités. Grâce aux efforts menés pour définir une stratégie et à la participation concertée de toutes les personnes concernées par le processus d'application, la Mission espère que son travail portera ses fruits longtemps après son départ.
Biographies
Tom Koenigs est représentant spécial du Secrétaire général et chef de mission de la MINUGUA. De 1999 à 2002, il a été représentant spécial adjoint chargé de l'administration civile de la Mission d'administration intérimaire au Kosovo des Nations Unies. Auparavant, il a occupé plusieurs postes politiques et administratifs en Allemagne.
Marcie Mersky est chef de l'Unité de transition à la MINUGUA. Elle a également travaillé au Bureau des services d'appui aux projets de l'ONU, où elle a participé à diverses activités de consolidation de la paix, avec la Commission de clarification historique et la Commission de vérité au Guatemala ainsi que dans des organisations non gouvernementales traitant des questions relatives aux droits de l'homme et à la paix.
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