Chronique ONU

« Nul n'est au-dessus des lois »
Le débat de haut niveau de la 59e Assemblée générale
Par Namrita Talwar

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L'article
La cinquante-neuvième Assemblée générale a ouvert son débat annuel de haut niveau avec un appel de son Président Jean Ping, ministre des Affaires étrangères du Gabon, afin d'entreprendre une action urgente et efficace pour répondre aux menaces et aux défis mondiaux, que ce soit la guerre, le terrorisme, les maladies ou la pauvreté. Chaque année, l'Assemblée offre aux États Membres de l'ONU l'occasion de faire part de leurs préoccupations et d'examiner les problèmes internationaux dans le cadre du « débat général », et aux chefs d'État et de gouvernement de faire des déclarations. Sur les 191 États Membres, 190 et deux observateurs ont pris la parole au cours de la session de cette année.


Dans son discours d'ouverture au débat de haut niveau, le Secrétaire général, Kofi Annan, a mis en garde que le droit international était « impudemment bafoué » et exhortait les leaders mondiaux à faire tout ce qui était en leur pouvoir pour faire de nouveau respecter l'état de droit dans leur pays et dans les autres. Le Secrétaire général a également soumis son rapport sur les travaux de l'ONU, faisant le point sur les activités du système de l'ONU pendant l'année écoulée et sur l'ampleur de ses tâches de plus en plus nombreuses. Ce rapport, qui couvre l'action de l'Organisation mondiale dans les domaines de la paix et la sécurité, l'action humanitaire, le développement, les droits de l'homme et l'ordre juridique international, ainsi que la gestion et les partenariats, indique que l'année a « présenté d'immenses défis ».

Le Secrétaire général a également dit aux délégations des États Membres que « l'état de droit était en péril aux quatre coins de la planète » et a appelé la communauté internationale à faire tout ce qui était en son pouvoir pour restaurer le respect de ce droit. Alors que la violence et les catastrophes sévissaient dans de nombreux pays, « les gouvernements qui proclament l'état de droit chez eux doivent respecter la légalité en dehors de chez eux, et que ceux qui insistent pour que le droit prime en dehors de chez eux doivent en assurer la prééminence dans leur pays », a-t-il indiqué.

Soixante-quatre présidents, 25 vice-présidents et 86 ministres des Affaires étrangères ont participé à la session de l'Assemblée de 2004 et examiné des questions comme le renforcement de l'état de droit, les réformes de l'ONU, en particulier celle du Conseil de sécurité, la lutte contre le terrorisme, une meilleure coopération et une meilleure coordination de la communauté internationale dans le domaine du développement, ainsi que la paix et la sécurité. Les chefs d'État et de gouvernement ont réaffirmé leur engagement et ont été unanimes dans leur soutien à construire une Organisation plus forte afin de lui donner les moyens de répondre de manière efficace aux nouveaux défis.

La Présidente du Sri Lanka, Chandrika Bandaranaike Kumaratunga, a exprimé son soutien à la réforme du Conseil de sécurité, en particulier pour que l'Afrique et l'Asie obtiennent un siège permanent. « Nous constatons que l'Asie, le continent le plus peuplé, qui compte des groupes économiques de plus en plus importants, est actuellement sous-représentée dans le Conseil », a-t-elle dit.

Le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi a déclaré que le rôle de son pays avait été vital pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ce qui est précisément le mandat du Conseil de sécurité. « Le rôle que le Japon a joué fournit une base solide pour qu'il soit représenté de façon permanente au Conseil de sécurité », a-t-il indiqué. L'heure est venue de prendre une décision historique afin de réformer les Nations Unies et en particulier le Conseil de sécurité ».

La Présidente de la Finlande, Tarja Halonen, a affirmé que le moment était idéal pour entreprendre une réforme du Conseil de sécurité et élargir le nombre de ses membres, afin qu'il reflète mieux les réalités du monde actuel. « Nous devons aussi revitaliser l'Assemblée générale et donner au Conseil économique et social le rôle que la Charte de l'ONU lui a incombé ».

Pour le Président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le Conseil de sécurité est la seule source d'action légitime dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales. « Mais sa composition doit refléter les réalités du monde actuel - ne pas perpétuer l'ère d'après la Deuxième Guerre mondiale. Les propositions de réforme, qui sont purement cosmétiques et ne prévoient pas une augmentation du nombre de sièges permanents, sont manifestement insuffisantes », a-t-il ajouté.

Les délégués ont également appelé à la recherche d'une solution pour mettre fin au conflit au Moyen-Orient, et beaucoup ont exprimé leur soutien à la « feuille de route », un plan de paix parrainé par le quartet diplomatique - États-Unis, Fédération de Russie, Union européenne et Nations Unies.

Pour la Ministre fédérale autrichienne des Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, seul le multilatéralisme efficace fondé sur l'état de droit peut répondre aux nouveaux défis complexes auxquels est confrontée la communauté internationale. « La feuille de route est le seul moyen pour parvenir à un règlement équitable, définitif et durable du conflit israélo-palestinien, avec deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité », a-t-elle ajouté.

De nombreux États Membres ont exprimé leurs inquiétudes concernant la lenteur des progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et dans la mise en place de politiques économiques équitables. Le Président gambien, Yahya Jammeh, a déclaré que même si les décisions de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant les subventions agricoles étaient « gratifiantes », il fallait faire plus pour libéraliser le commerce agricole et ouvrir les marchés aux produits des pays en développement.

Le Premier ministre adjoint vietnamien des Affaires étrangères, Le Cong Phung, a indiqué que les pays développés devraient respecter leur engagement de consacrer 0,7 % de leur produit national brut à l'aide au développement et « créer des conditions plus équitables et plus favorables pour que les pays en développement puissent avoir accès au marché mondial et adhérer à l'OMC ».

Pour sa part, le Ministre irlandais des Affaires étrangères, Brian Cowen, a estimé que le développement économique et social était le moyen qui permettrait aux pays les plus pauvres de sortir de la pauvreté. « Un régime commercial international libéral visant à faciliter l'investissement fait partie intégrante de notre système multilatéral, et l'accès à un marché équitable joue un rôle essentiel dans ce processus », a-t-il ajouté. Dans la meilleure des hypothèses, le succès de la Conférence de Doha pourrait permettre de sortir 500 millions de personnes de l'extrême pauvreté, a-t-il estimé.

Dans son premier discours devant l'Assemblée générale, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a lancé un appel pour rechercher les sources innovantes de financement et d'accès aux technologies nécessaires pour aider ceux qui sont en marge de la mondialisation. « De même qu'on ne peut pas soutenir la prospérité en l'isolant, on ne peut repousser la pauvreté à une frontière invisible », a-t-il commenté.

Cette année, les îles des Caraïbes et plusieurs régions des États-Unis ont été dévastées par les cyclones Charley, Frances, Ivan et Jeanne, laissant des milliers de personnes sans abri, sans nourriture, sans eau et sans électricité. « Au vu des dégâts causés aux habitations, à l'infrastructure, des perturbations des activités de la vie quotidienne et du commerce, il est impératif de prendre des mesures immédiates pour assurer la reconstruction et la réhabilitation des régions », a indiqué Frederick A. Mitchell, ministre des Affaires étrangères et du service public des Bahamas. Comme les preuves scientifiques le confirment, « les cyclones que nous avons connus sont liés aux changements climatiques; il est clair que nous ne pouvons pas nous défendre seuls », a-t-il déclaré, et qu'un changement de la part des pays les plus pollueurs est impératif. La question du terrorisme a été l'une des préoccupations les plus importantes durant le débat général. Fathulla Jameel, ministre des Affaires étrangères des Maldives a déclaré : « En tant que petits États, nous nous sentons plus vulnérables à ces défis et à ces menaces, car notre sécurité est entièrement dépendante de la prévalence de la sécurité mondiale et du respect de l'état de droit par tous les États. »

Pour sa part, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergey V. Lavrorv, a affirmé que le droit international n'était pas un dogme inaltérable. « La lutte contre le terrorisme impose un développement et une évolution de ce droit. »

John Dauth, représentant permanent d'Australie auprès des Nations Unies, a jugé que « peu de pays présents dans cette salle ne seront pas touchés par le terrorisme ». Tout en condamnant les attaques à Beslan et à l'ambassade d'Australie et les qualifiant d'« actes de lâcheté », il a souligné que la communauté internationale ne pouvait pas permettre la prolifération des menaces à la sécurité. « Ce qu'il faut, c'est une nouvelle réflexion, une action pratique et la coopération entre les gouvernements. Il est évident que l'ONU a un rôle primordial à jouer. »
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