Chronique ONU

La revue des livres de la Chronique

State of the World 2004
Special Focus: The Consumer Society

Brian Halweil et Lisa Mastny, directeurs de projet
Publié par W.W. Norton/Worldwatch Institute, 2004
245 pages, ISBN 0-393-32539-3
Good Stuff?
A Behind-the-Scenes Guide to the Things We Buy

Publié par Worldwatch Institute, 2004, édition en ligne seulement

Par Ali Kocabas et Horst Rutsch

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La revue
Au premier abord, State of the World 2004, Special Focus : The Consumer Society, publié par Worldwatch Institute, pourrait apparaître un rapport rébarbatif truffé de chiffres. Or, rien n'est plus faux. Cette excellente étude montre comment nous consommons tant et plus sans tenir compte des limites de nos ressources naturelles et produisons des déchets dangereux qui menacent la survie de notre planète. Divisé en huit chapitres argumentés couvrant des sujets aussi divers que le choix des énergies, la productivité de l'eau, la consommation alimentaire, la mondialisation et la gouvernance, le rapport présente une vue d'ensemble des conséquences sociales et écologiques de la consommation.
Comme l'indique dans la préface le Président de WorldWatch Institute, Christopher Flavin, le rapport examine « comment nous consommons, pourquoi nous consommons et quelles conséquences nos choix de consommation ont sur notre vie » et propose des solutions pour assurer la durabilité de la planète. Dans son avant-propos, Børge Brende, le ministre norvégien de l'environnement et le président de la Commission du développement durable, déclare que « le défi est immense, qu'aucune solution alternative n'est envisageable ». Rédigé par l'équipe de chercheurs de l'Institut, le rapport explore en détail comment réduire la consommation et l'orienter de manière à améliorer le bien-être des populations et de la planète. Il souligne les modes de consommation et de production qui sont nécessaires pour créer un nouvel équilibre en accord avec la durabilité.

Dans le premier chapitre, « The State of Consumption Today », Gary Gardner, Erik Assadourin et Radhika Sarin affirment que « la société de consommation a visiblement encore de beaux jours devant elle » et que les attitudes des consommateurs ont changé, leurs choix se portant sur les articles de luxe plutôt que sur les produits de première nécessité. Les consommateurs ont, en général, tendance à acquérir des biens et des services au-delà de leurs besoins. Bien que la consommation soit nécessaire pour que les êtres humains puissent survivre et satisfaire à leurs besoins, une consommation excessive est nuisible pour eux et pour la Terre qui fournit les ressources naturelles qu'ils utilisent. On estime à 1,7 milliard le nombre de consommateurs actuels, la moitié d'entre eux se trouvant dans les pays en développement. Par contre, 1,2 milliard de personnes vivent dans l'extrême pauvreté avec moins de 1 dollar par jour et plus de 2,5 milliards avec moins de 2 dollars par jour. Selon les auteurs, le montant des dépenses annuelles en produits de maquillage, en glaces et en aliments pour animaux serait plus que suffisant pour fournir aux pauvres une nourriture adéquate, de l'eau potable et une éducation de base. Par exemple, les ventes d'aliments pour animaux en Europe et aux États-Unis représentent 17 millions de dollars alors que 19 millions de dollars seraient nécessaires pour éliminer la faim et la malnutrition. De même, les Européens ont dépensé 11 millions en glaces alors que 1,3 million de dollars suffirait pour vacciner tous les enfants dans le monde.

Dans « Linking Globalization, Consumption and Governance », Hillary French, directrice du projet Mondialisation et Gouvernance au Worldwatch Institute, fait remarquer que l'essor de la mondialisation pendant les années 1990 a rapidement apporté au reste du monde le mode occidental de la société de consommation. Les habitudes des consommateurs ont commencé à changer et ceux-ci n'ont souvent rien fait pour protéger leur culture contre la concurrence des produits mondiaux. Mme French considère à juste titre que le changement vers un mode de consommation et de production plus durable est un défi mondial et fait valoir que les alliances mondiales doivent être renforcées pour inverser ces modèles qui ne sont pas durables. Cela peut se faire, comme l'expliquent les auteurs tout au long du rapport, en encourageant une utilisation efficace de l'énergie, en réduisant la production de déchets et en encourageant les personnes et les institutions à acheter des produits respectueux de l'environnement.

Dans le chapitre « Purchasing for People and the Planet », Lisa Mastny montre que les universités, les entreprises, les organismes gouvernementaux et d'autres institutions internationales sont de plus en plus nombreuses à consommer des produits respectueux de l'environnement, dits « verts ». Selon elle, ce pouvoir d'achat « vert » peut jouer un rôle essentiel pour soutenir les changements vers un monde durable. Pour ce qui est de la consommation d'énergie durable dans les pays comme la Norvège et le Japon, Janet L. Sawin explique, dans « Making Better Energy Choices », que dans ces pays, les personnes jouissent d'un niveau élevé de qualité de vie tout en consommant moins d'énergie par personne que l'Américain moyen. À son avis, les politiques gouvernementales, notamment les réglementations, les normes, les subventions et les taxes, sont « essentielles pour améliorer l'utilisation et la conservation efficaces de l'énergie », et pour soutenir le développement des technologies d'énergie « plus propres et plus respectueuses de l'environnement ». En même temps, fait-elle valoir, les consommateurs individuels peuvent jouer un rôle important de par leurs choix « en créant une demande pour des produits et des services consommant moins d'énergie et en influençant les décisions politiques ».

Dans le chapitre « Boosting Water Productivity », Sandra Postel et Amy Vickers soulignent qu'une société durable et sûre doit apprendre à conserver l'eau et à satisfaire à ses besoins en eau sans détruire les écosystèmes dont elle dépend. Selon elles, les consommateurs peuvent jouer un rôle important en prenant conscience de leurs habitudes de consommation et en contribuant à créer un monde meilleur grâce à une meilleure gestion de l'eau.

Dans « Moving Towards a Less Consumptive Economy », Michael Renner se demande s'il est possible d'envisager une économie moins axée sur la consommation. C'est à cause de la consommation excessive que l'humanité et la Terre sont au bord du gouffre écologique, juge-t-il, alors que les ressources du monde, qui sont limitées, s'épuisent et se détériorent rapidement. Même si l'utilisation des ressources et la production de pollution et de déchets continuent de croître, fait-il valoir, en unissant leurs efforts, le gouvernement, les entreprises et les consommateurs peuvent modifier les comportements de consommation.

Dans le chapitre « Watching What We Eat », Brian Halweil et Danielle Nierenberg soulignent l'importance de contrôler les habitudes alimentaires. Les choix alimentaires ont un impact important sur l'environnement et sur la santé. La plupart des aliments fabriqués industriellement que nous consommons contiennent des produits chimiques. Les auteurs soulignent qu'il est important que les personnes et les communautés sachent si les aliments qu'elles consomment contiennent des pesticides, des hormones ou des antibiotiques. Dans le domaine de l'alimentation, expliquent-ils, « les gouvernements et les entreprises sont souvent à la traîne derrière les consommateurs », et n'apportent des changements que sous la pression du public. Selon eux, les coalitions et les alliances entre consommateurs et agriculteurs pourraient permettre d'améliorer nos habitudes alimentaires.

Dans le chapitre final, « Rethinking the Good Life », Gary Gardner et Erik Assadourin discutent des liens entre richesse et bien-être et de la mise en place d'« infrastructures de bien-être ». Les auteurs notent que la consommation conduit souvent les gens à travailler de plus longues heures, ce qui les isole de leur environnement social. « Et ceci au détriment de la qualité de la vie. Dans certains pays les plus riches du monde, les gens sont confrontés au stress, aux contraintes de temps et à des relations sociales insatisfaisantes, et l'environnement naturel est de plus en plus menacé », expliquent-ils. Pendant ce temps, dans les pays pauvres, la qualité de la vie se dégrade, les besoins des populations n'étant pas satisfaits. Selon eux, en renforçant les relations sociales, en apprenant à vivre en harmonie avec la nature, en répondant aux besoins de base et en encourageant l'interaction entre les hommes, les sociétés peuvent adopter des modes de vie mettant moins l'accent sur la consommation et davantage sur le bien-être. Cela « pourrait être une réussite du XXIe siècle aussi importante que les immenses progrès réalisés au siècle dernier en matière de création d'emplois, de commodité et de confort », concluent-ils.

Depuis plus de 20 ans, State of the World aide le public du monde entier à comprendre les questions sociales et écologiques cruciales. Pour son édition 2004, The Consumer Society, le WorldWatch Institute a émis une publication disponible seulement en ligne, intitulée Good Stuff? A Behind-the-Scenes Guide to
the Things We Buy
, qui relève l'impact de plus de 25 produits de consommation courants - téléphones portables, chocolat, produits d'entretien, sacs en plastique, etc. La publication, ainsi que de nombreuses autres ressources, sont accessibles à http://www.worldwatch.org/features/consumption.


L'état des villes dans le monde 2004/2005
Mondialisation et culture urbaine

Publié par ONU-Habitat/Earthscan, 2004
198 pp., ISBN 1-84407-160-X

Par Tom Osanjo et Rasna Warah

La revue
Le 14 septembre 2004, le Programmes des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) a lancé L'état des villes dans le monde pour la période 2004/2005. Le rapport aborde la mondialisation et la culture urbaine et loue le multiculturalisme comme phénomène urbain qui devrait être accepté et célébré car il renforce le tissu des sociétés dans le monde, apportant couleurs et animation à chaque ville qu'il touche. Selon le rapport, quelque 175 millions de migrants internationaux sont documentés dans le monde et le flux de ces groupes dans les villes crée un nouveau multiculturalisme qui peut enrichir la vie culturelle des pays. Constatant cependant que, dans certaines villes, ce phénomène a généré la xénophobie et des tensions ethniques, il demande aux collectivités locales d'aider à créer des villes multiculturelles n'excluant personne en combattant les idéologies xénophobes et les politiques anti-immigration.

Selon ce rapport, ce sont les économies plus développées qui attirent le plus de migrants internationaux (77 millions), suivies par les économies en transition d'Europe de l'Est et de l'ex-République soviétique (33 millions), l'Asie et le Pacifique (23 millions) et le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (21 millions). Dans de nombreuses villes, le manque de logements abordables et les pratiques discriminatoires obligent les nouveaux venus à vivre dans des ghettos. Ils constituent une main-d'ouvre exploitée, souffrent d'exclusion sociale et sont victimes de violence. Pourtant, la contribution économique des migrants est loin d'être négligeable tant pour les pays d'accueil que pour les pays d'origine. L'envoi de fonds vers leur pays d'origine est la deuxième source de flux monétaires internationaux après ceux générés par le pétrole et sont une source de financement extérieur importante et fiable. La diaspora indienne, par exemple, a envoyé 15 milliards de dollars en Inde en 2003, revenus supérieurs à ceux générés par le secteur informatique.

Dans son avant-propos, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a dit que les responsables doivent planifier des « villes de la différence » ouvertes à tous et n'excluant personne, et exploiter les bienfaits de la coexistence multiculturelle. Ceci exigera l'engagement de toutes les organisations non gouvernementales et communautaires qui devront pouvoir s'appuyer sur une législation garantissant le droit des citoyens à la ville et sur des systèmes judiciaires qui assureront l'exercice de ce droit.

De son côté, la directrice exécutive d'ONU-Habitat, Anna Kajumulo Tibaijuka, a dit que le rapport fournissait des informations importantes sur le progrès de la mise en ouvre du Programme pour l'habitat et les progrès accomplis en vue d'atteindre les Objectifs de développement pour le Millénaire concernant les taudis, l'eau et l'assainissement. « Le rapport montre comment la pauvreté s'accroît dans beaucoup de villes et comment cette tendance résulte en partie d'une répartition inégale des coûts et des avantages de la mondialisation économique. Le rapport montre en outre comment la pauvreté dans les villes se concentre de plus en plus dans certains quartiers qui sont devenus, avec le temps, l'habitat des pauvres et des minorités : minorités raciales dans certaines sociétés, immigrants dans d'autres », a-t-elle déclaré.

Selon le rapport, « les fruits de la mondialisation », dont la croissance économique, l'augmentation des revenus et l'amélioration de la qualité de la vie, sont rapidement effacés par les aspects négatifs de l'urbanisation rapide : pauvreté accrue, plus grandes inégalités. Les deux dernières décennies ont connu une transformation de l'économie mondiale qui a conduit à de vastes réaménagements économiques, sociaux et politiques dans de nombreux pays et dans de nombreuses villes. La tendance aux marchés ouverts a considérablement enrichi certains pays et certaines villes, tandis que d'autres en ont beaucoup souffert. Le commerce mondial pendant cette période s'est accru, passant d'environ 580 milliards de dollars en 1980 à 6 300 milliards de dollars en 2004, selon les projections, soit 11 fois plus. Les flux de capitaux, de main-d'ouvre, de technologie et d'information ont également considérablement augmenté et transformé le rôle des villes dans un monde en mondialisation.

Toujours selon les estimations du rapport, la population mondiale urbaine devrait passer de 2,86 milliards en 2000 à 4,98 milliards en 2030. Il révèle aussi que les activités économiques urbaines représentent plus de 50 % du produit intérieur brut dans tous les pays et jusqu'à 80 % dans les pays les plus urbanisés en Amérique latine et en Europe. Il relève que de toutes les régions, l'Asie et le Pacifique semble avoir le plus profité des fruits de la mondialisation. Au début des années 1970, plus de la moitié de sa population était pauvre; l'espérance de vie était de 48 ans et seulement 40 % de la population adulte savaient lire et écrire. Aujourd'hui, le pourcentage de pauvres a diminué et représente environ un quart de la population, l'espérance de vie est de 65 ans et près de 70 % des adultes savent lire et écrire. Cette baisse spectaculaire de la pauvreté en Asie et Pacifique a été décrite comme « l'une des baisses les plus importantes de la pauvreté dans l'histoire de l'humanité ». Selon le rapport, de toutes les régions du monde, l'Asie a le taux de criminalité le plus bas au monde.

Pour en savoir plus, visitez le site d'ONU-Habitat à http://www.un-habitat.org/mediacentre/sowckit.asp).


A Global Agenda
Issues before the 59th General Assembly
of the United Nations, 2004-2005

Édité par Angela Drakulich
Publié par UNA-USA, 2004, 320 pp., ISBN 1-880632-69-1


Par Giovanni Campi

La revue
Toue ceux qui s'intéressent aux activités des Nations Unies devraient lire A Global Agenda: Issues before the 59th General Assembly of the United Nations. Publié chaque année par l'Association des États-Unis pour les Nations Unies (UNA-USA), cet ouvrage est devenu un outil de référence incontournable pour les représentants des gouvernements, les organisations internationales, ainsi que pour les étudiants et les universitaires qui s'intéressent aux relations internationales.

Après s'être fait un nouveau look en 2003, la publication présente un nouveau format avec des essais, des commentaires d'experts et une section réservée aux références. L'édition 2004, A Global Agenda, est organisée en huit chapitres thématiques consacrés aux diverses questions auxquelles font face les Nations Unies, telles que la guerre en Irak, le terrorisme, le commerce et le développement, ainsi que la réforme de l'ONU. Comme le souligne le Président d'UNA-USA, William H. Luers, dans son introduction, « au lieu de se polariser seulement sur l'Irak, comme l'ont fait les médias l'année dernière et, par conséquent, le public mondial, cet ouvrage vise à approfondir les autres nombreuses questions examinées par l'ONU, ses États Membres et les divers institutions et organes ». Cette édition est principalement centrée sur des sujets moins spectaculaires mais tout aussi urgents, tels que la santé et le VIH/sida, tout en couvrant d'autres thèmes pertinents, tels que le développement durable, la protection des droits de l'homme, la consolidation de la paix, le terrorisme, le droit international, le commerce mondial et le développement, ainsi que le budget, la gestion et la réforme du système de l'ONU.

Le 14 octobre 2004, l'Administration postale des Nations Unies a émis une série de huit timbres commémoratifs sur le thème « Droits de l'homme (Décennie de l'éducation 1995-2004) », conçue par Yuri Gevorgian, connu sous le nom de Yuroz (Arménie).
Une section spéciale, comprenant trois essais, est consacrée aux défis auxquels l'Organisation mondiale est confrontée, y compris certaines questions politiques importantes, telles que la campagne électorale américaine en 2004, qui risquent d'avoir un impact sur le rôle et l'efficacité de l'ONU. Les textes sont accompagnés de tableaux, de données et d'annexes. À la fin de chaque chapitre sont ajoutés des commentaires d'intellectuels, tels que Richard Coate, directeur du Richard Walker Institute of International Studies et professeur à l'université de Caroline du Sud, et Ilona Kickbush, professeur de santé mondiale à la faculté de médecine de l'université de Yale, qui font de ce livre un outil indispensable pour l'analyse et la recherche.

A Global Agenda offre une description complète du système de l'ONU, fournissant à UNA-USA une manière de remplir son objectif éducatif qui est d'écrire sur les Nations Unies pour les Nations Unies, tout en, selon M. Luers, « s'employant constamment à renforcer l'engagement du gouvernement américain, des Américains et des peuples du monde entier vis-à-vis de l'ONU afin que cette organisation soit encore plus efficace ».

Depuis plus de deux décennies, A Global Agenda a permis au public mondial de comprendre les questions cruciales présentées à l'Assemblée générale de l'ONU. Pour de plus amples renseignements sur l'édition 2004, ainsi que sur d'autres ressources, telles que la série annuelle Global Agenda Speakers Series, visitez le site d'UNA-USA à http://unausa.org.
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