Chronique ONU
Un engagement mondial
Le rapport de la Norvège sur le huitième OMD

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L'article
Cette allocution, introduisant le rapport de mise en ouvre de l'Objectif 8 du Millénaire pour le développement, a été présentée par Hilde F. Johnson, ministre du développement international en Norvège, lors de la session de la Deuxième commission de l'Assemblée générale de l'ONU qui s'est tenue le 29 octobre 2004.
UNOHCI/OIP photo/Sonia Dumont. Photo ONU
La mondialisation est une réalité. Elle est présente dans notre vie quotidienne - dans ce que nous mangeons, ce que nous portons, dans le travail que nous faisons. Nous pouvons communiquer instantanément dans toute la planète, par téléphone portable ou par e-mail. L'Internet nous donne l'accès à plus d'informations que nous n'en aurons jamais besoin. Les conséquences sont immenses, les avantages aussi, sont partout, enfin presque partout, mais la moitié de la population mondiale n'en profite pas. Actuellement, 1,2 milliard de personnes vivent avec moins d'un dollar par jour, de nombreuses personnes n'ont pas accès à l'eau potable et deux fois plus encore ne bénéficient pas d'installations d'assainissement adéquates. Au rythme actuel, il faudra 130 ans pour éradiquer la faim. C'est le plus grand défi posé à notre génération.

En entrant dans le millénaire, il y a quatre ans, la communauté mondiale a fait une promesse importante aux pauvres du monde. Les leaders du monde se sont engagés solennellement à éradiquer la pauvreté et la faim, estimant que le statu quo n'était pas acceptable. Nous avons fixé les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), promis des changements profonds, en plus de l'augmentation de l'aide au développement ou des ajustements politiques. Nous avons promis non seulement de soutenir ces objectifs mais de les atteindre, tant qu'ils ne menaçaient pas nos propres intérêts. Nous ne nous sommes pas contentés d'agir sous l'impulsion d'un sentiment de charité temporaire. Nous, les leaders des nations du monde, avons promis de ne pas baisser les bras avant d'avoir gagné la bataille. Les pays riches comme les pays pauvres se sont associés pour former ce partenariat mondial afin de combattre la pauvreté. À Monterrey, les pays pauvres se sont engagés à améliorer leur gouvernance, et les pays riches à améliorer leurs politiques et à augmenter leurs ressources avec 2015 comme date butoir pour tous. Nous devons tous montrer des résultats. C'est un engagement mondial. Nous avons conclu un accord, à nous de le respecter. Pour nous qui vivons dans les pays riches, l'OMD 8 nous concerne directement et nous invite à tenir notre engagement d'améliorer nos politiques dans tous les domaines.

La pauvreté est un ennemi puissant. On ne peut gagner le combat que si la communauté mondiale est unie, que si nous nous dirigeons tous dans la même direction. À moins de pouvoir compter sur les efforts de tous les pays, il sera impossible d'éradiquer la pauvreté et d'atteindre les OMD. Il nous faut donc revoir notre agenda mondial, envisager les réformes dans le contexte international. Si les pays développés ne facilitent ni l'accès aux marchés ni l'allégement de la dette des pays les plus pauvres, nous aurons échoué. Les chiffrent sont là pour prouver l'injustice du système actuel. Même si nous avons fait des progrès dans certains domaines, cela ne suffira pas pour atteindre les OMD. Une aide accrue et mieux ciblée est nécessaire. C'est le deuxième domaine de réforme.

Cinquante milliards de dollars supplémentaires par an sont nécessaires. Selon les statistiques de l'ONU, le total des dépenses militaires mondiales s'élevait à 850 milliards de dollars en 2002 alors que, cette même année, l'aide publique au développement (APD) n'était que de 60 milliards. Nous devons utiliser correctement nos ressources. Mais nous devons non seulement augmenter l'aide mais aussi l'utiliser plus efficacement. Il nous faut améliorer la manière dont nous travaillons. Une réforme des donateurs est nécessaire. Même si nous prenons les mesures nécessaires concernant le commerce et la dette, l'aide et sa réforme, même si nous remplissons nos engagements, nous ne réussirons pas pour autant à réduire la pauvreté si les pays en développement ne sont pas à la hauteur. Si nous avons affaire à un gouvernement totalement corrompu, si les politiques nationales profitent seulement à quelques-uns, si les institutions gouvernementales ne fonctionnent pas, notre action restera limitée.

Un autre domaine de réforme est donc nécessaire : la gouvernance. Les pays pauvres doivent améliorer leurs politiques et leur gouvernance. Sinon, l'aide au développement quelle qu'elle soit, en dollars ou en couronnes, n'aura qu'un effet limité. En même temps, nous savons que les fonds et les politiques publics ne suffiront pas à sortir les pauvres de la pauvreté. Nous devons accroître la participation du secteur privé et de la société civile et revoir la manière dont nous travaillons avec eux. Dans un récent Livre blanc du gouvernement norvégien intitulé Combattre ensemble la pauvreté, cet ordre du jour est clairement énoncé. Dans ce domaine, nous nous efforçons d'atteindre les objectifs fixés. Il existe encore des lacunes en matière de fourniture des ressources et des contretemps dans certains domaines politiques. C'est pourquoi établir un rapport de suivi sur nos progrès est si important pour nous. Le rapport sur la mise en ouvre de l'Objectif 8 nous aide à améliorer notre performance, parce qu'en matière de réalisation des Objectifs du Millénaire, il n'est pas normal que les pays en développement soient soumis à des normes plus strictes que les pays riches. Tous les pays devraient faire un rapport et faire l'objet d'un suivi. Le rapport de suivi mondial de la Banque mondiale et les rapports nationaux soutenus par l'ONU sont censés le faire. L'accent devrait donc être également mis sur les rapports nationaux des pays riches, sur leurs actions et sur leurs lacunes.

Aujourd'hui, j'ai le plaisir de présenter le rapport de la Norvège sur l'OMD 8 et suis heureuse de dire qu'à l'instar du Danemark, des Pays-Bas et de la Suède, la Norvège publie ce rapport. Celui de l'Union européenne est en cours. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres avant la réunion de haut niveau sur la Déclaration du Millénaire et les OMD qui aura lieu l'année prochaine. Que montre le rapport du Millénaire ? Il montre un engagement. Nous nous sommes engagés à faire régulièrement un rapport sur la cohérence politique et à suivre la liste de l'Organisation de coopération et de développement économiques sur la cohérence politique.

Il montre des progrès sur les conditions du cadre de travail. Dans le domaine du commerce, la Norvège a supprimé en 2003 les taxes et les quotas pour tous les produits venant des pays les moins avancés, sans exceptions ni arrangements transitionnels. Nous améliorons l'accès aux importations des autres pays en développement. Nous réviserons notre Système général de préférences déjà favorable. Nous sommes prêts à supprimer les subventions à l'exportation dans le cadre d'une solution négociée à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Mais il reste beaucoup à faire concernant l'accès au marché des autres pays en développement. Nous participerons activement au cycle de l'OMC afin qu'il produise des résultats positifs pour les pays en développement.

En ce qui concerne l'allègement de la dette, la Norvège est encore en tête. En 2004, nous avons présenté notre deuxième Plan d'action révisé pour l'allègement de la dette. Notre pays a décidé d'effacer la dette sans utiliser le budget de l'ADP (une caractéristique unique). En plus, nous avons décidé d'annuler 100 % de la dette des pays très endettés.

Nous avons fait des progrès en matière d'aide au développement. La Norvège a pour but de porter le montant de l'aide au développement à 1 % du produit national brut et de maintenir ce pourcentage comme niveau de base. La proposition du budget pour 2005 représente donc une augmentation du montant de l'aide au développement de plus de 10 %, comparée à 2004, et atteindra, après le feu vert du Parlement, 0,95 % en 2005. Une augmentation de l'aide doit aller de pair avec une amélioration de son efficacité. La Norvège s'engage pleinement dans les efforts d'harmonisation : une plus grande partie de l'aide est consacrée à soutenir les programmes et le budget; nous avons de plus en plus recours aux accords de coopération déléguée et de participation silencieuse.

Nous examinons également comment améliorer nos résultats dans d'autres domaines importants pour les pays en développement. Je citerai trois exemples tirés du rapport sur la cohérence politique :

  • Premièrement, les investissements externes. Depuis cette année, les investissements du Fonds Pétrole norvégien sont dotés de lignes directrices éthiques. Nous veillons à ce que les investissements ne soient pas faits dans des entreprises qui violent les droits de l'homme ou les principes humanitaires de base ou dans les entreprises soupçonnées de se livrer à la corruption à grande échelle et à des activités qui contribuent à la dégradation de l'environnement.


  • Deuxièmement, la source de la corruption internationale et le blanchiment d'argent. La Norvège soutient activement les initiatives internationales contre la corruption et le blanchiment d'argent, notamment la ratification de la nouvelle convention de l'ONU. La législation norvégienne en matière de corruption s'applique également aux activités des entreprises norvégiennes à l'étranger. Nous apportons également notre appui aux pays partenaires pour les aider à lutter contre la corruption, à mettre en place des capacités et à améliorer la gouvernance.


  • Troisièmement, les problèmes écologiques ayant des conséquences néfastes sur les pays en développement. La Norvège est parmi les plus grands producteurs de pétrole et de gaz naturel et produit donc d'importantes émissions de gaz à effet de serre. Nous cherchons donc des moyens de les réduire, en instituant, par exemple, une taxe sur le carbone et en aidant les pays en développement par l'échange des droits d'émissions et d'autres mesures susceptibles de réduire les émissions dans le monde. D'autres domaines de cohérence politique seront également abordés et discutés dans les prochains rapports.


  • Si les pauvres avaient reçu un centime chaque fois qu'un membre des Nations Unies avait promis de les aider, ils seraient riches aujourd'hui. Il faut que cela change. Le moment est à l'action. Et deux points sont différents aujourd'hui. Un, le niveau d'engagement n'a jamais été aussi important; et des changements en matière de politiques et de flux des ressources sont en cours. Deux, nous nous sommes mis d'accord sur des objectifs dont nous devrons rendre compte si nous ne parvenons pas à les réaliser. Tous les pays doivent être prêts à fournir des informations et à faire l'objet d'un suivi. C'est la meilleure manière d'empêcher que les OMD connaissent le même sort que les autres promesses faites par les pays membres de l'ONU au cours des années pour combattre la pauvreté et qui ont donné si peu de résultats.

    Comme le disait un ami soudanais : « Les mots s'envoleront comme les beaux oiseaux dans le ciel. » Les belles paroles sont un début, mais elles ne suffisent pas à combattre la pauvreté et à réaliser les OMD. Il faut des résultats concrets. Nous devons évaluer nos progrès. En somme, nous devons tenir nos engagements. Alors la mondialisation profitera à tous, et pas seulement à quelques-uns.
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