Chronique ONU
« Le développement ne peut être réglé du jour au lendemain »
Un Haut Représentant de l'ONU appelle à une action immédiate

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Dans un entretien avec la Chronique ONU, le Secrétaire général adjoint de l'ONU et le Haut Représentant des pays les moins avancés, des pays sans littoral en développement et des petits États insulaires en développement, Anwarul K. Chowdhury, parle de la nécéssité d'annuler la dette des PMA.

L'interview
Sur les défis majeurs auxquels font actuellement face les pays les moins avancés
Les pays les moins avancés (PMA) sont le segment le plus pauvre, le plus faible de l'humanité. Leurs problèmes sont en général les mêmes que ceux des pays en développement, mais avec des contraintes spécifiques en matière de capacité de production, de ressources et d'organisation. Les PMA sont définis selon trois critères : leur revenu par habitant, les indicateurs du développement humain et leur capacité à résister aux chocs extérieurs. C'est là où se manifeste leur vulnérabilité. Ils sont les moins bien préparés et les moins équipés pour faire face à ces situations. Le fardeau de la dette, l'aide publique au développement (APD) faible et les contraintes liées au développement des capacités dans leur pays sont des facteurs qui rendent leur situation extrêmement difficile. Mais les PMA ont réussi à placer leurs questions en tête de l'ordre du jour mondial. Dans la Déclaration du Millénaire de 2000, le huitième objectif du Millénaire pour le développement (OMD) se réfère aux pays les moins avancés. En 2001, une conférence de l'ONU, qui a eu lieu à Bruxelles, a donné lieu à la Déclaration et au Programme d'action pour la décennie 2011-2010 qui traitent des besoins de ces pays.

Sur la nécessité de renforcer l'application du Programme d'action en faveur des PMA
L'annulation immédiate de la dette des PMA est une question des plus urgentes. Cette dette est un immense fardeau pour ces pays. Il faut immédiatement mettre en ouvre des efforts pour l'annuler. Le deuxième point concerne l'aide publique, avec l'engagement des pays industrialisés de consacrer 0,20 % de leur produit intérieur brut. Un autre aspect concerne l'accès au marché, cependant, les PMA ont été capables de garantir un accès satisfaisant aux divers marchés industriels. Les contraintes en matière de capacité d'approvisionnement restent leur principal défi. Je suis persuadé que l'annulation de la dette, la réalisation de l'objectif de l'APD et le soutien à ces pays par des engagements politiques et par le développement de l'infrastructure seraient des moyens efficaces de les aider.

Sur les 50 pays les moins avancés, 34 sont africains. La plupart des PMA africains étant concentrés en Afrique subsaharienne, il est nécessaire d'accorder une attention particulière à leurs besoins. Le développement des capacités devrait continuer d'être au premier rang des priorités. Il faut également se concentrer sur la réduction de la pauvreté et les objectifs du développement social, comme la santé, l'éducation et la participation des femmes. Bien entendu, la gouvernance doit, elle aussi faire, l'objet d'une attention spéciale. C'est une question nouvelle et les partenaires du développement devraient aussi s'y intéresser. Le système de l'ONU a également concentré son attention sur les besoins des PMA et a développé des programmes et des projets pour soutenir les efforts du développement. En fait, la majorité des ressources des fonds et des programmes de l'ONU est destinée aux PMA. Dix-huit entités de l'ONU ont adopté des décisions pour intégrer la mise en ouvre du programme d'action de Bruxelles dans le cadre de leurs propres activités. Il s'agit de voir comment mettre en ouvre ces engagements.

Sur l'aide au développement des petits États insulaires en développement (PEID)
La vulnérabilité économique et environnementale des PEID est réelle. Il existe une volonté réelle d'aider ces pays et un soutien ferme à leur ordre du jour et au Programme d'action de la Barbade. Les PEID devraient cependant, dans le contexte du suivi du programme d'action dix après, qui aura lieu à Maurice en janvier 2005, donner priorité aux domaines qui sont les plus importants pour eux. Ils devraient se concentrer sur les domaines qu'ils comptent aborder dans les deux ou trois prochaines années car la mise en ouvre et la hiérarchisation sont essentielles pour faire avancer les choses.

La liste de quarante petits États insulaires est actuellement en cours de révision. Chypre et Malte, par exemple, dans le cadre de leur entrée dans l'Union européenne, ont déjà été invitées à se retirer du groupe. La liste sera examinée par les PEID eux-mêmes. Ces pays sont représentés par l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS), qui adoptera à Maurice une charte et un secrétariat pour leur comité. Cette charte identifiera les pays qui font partie de ce groupe de petits États insulaires. Le Programme de la Barbade a défini les pays qui sont couverts par celle-ci - laquelle est différente de celle des pays membres de l'AOSIS. Il s'agit de voir maintenant comment ces pays traiteront cette question et la liste qu'ils proposeront.

Sur l'amélioration du commerce et du transit dans les pays sans littoral
La Conférence d'Almaty est une étape décisive dans l'établissement d'une base de confiance et d'une relation de coopération entre les pays sans littoral et leurs pays de transit voisins. L'engagement pris a été une indication claire de la nécessité d'une telle coopération. Dans le processus de mise en ouvre, nous nous concentrons sur les éléments qui ont été introduits dans le Programme d'Almaty. Si nous nous y tenons, nous parviendrons à de bons résultats. Le problème des pays sans littoral est lié à leur situation géographique. L'aide extérieure, telle que l'assistance financière et technique, est donc importante. En même temps, il faut développer des relations de coopération entre les pays sans littoral et les pays de transit afin de surmonter les contraintes géographiques. La communauté internationale doit identifier un programme d'action. Je pense que les conditions sont propices pour y parvenir.

Sur le mandat du Bureau du Haut Représentant
Le mandat de notre Bureau est double, et l'on peut dire que ce sont deux facettes du même problème. Le premier mandat consiste à surveiller la mise en ouvre des programmes d'action spécifiques pour ces trois groupes les plus vulnérables - les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID). Il nous incombe de nous occuper de la surveillance et de la coordination ainsi que d'établir un rapport sur le processus de mise en ouvre. Pour le Programme d'action de Bruxelles et le Programme d'Almaty concernant les pays sans littoral, notre Bureau a la responsabilité principale de la surveillance et du suivi. Pour le Programme de la Barbade en faveur des PEID, nous travaillons en étroite collaboration avec le Département des Affaires économiques et sociales de l'ONU. Le deuxième mandat a trait à la mobilisation : comment placer les besoins spéciaux de ces trois groupes vulnérables en tête de l'ordre du jour mondial et leur accorder une attention particulière. Nous sommes parvenus à faire les deux avec un certain succès. Nous travaillons en partenariat avec le système de l'ONU, les États Membres et les organes multilatéraux en dehors du système de l'ONU. Récemment a eu lieu le Segment de haut niveau du Conseil économique et social de l'ONU sur la mobilisation des ressources pour les pays en développement sans littoral. Nous travaillons en étroite collaboration avec les Coordonnateurs résidents et les équipes de pays de l'ONU dans cinquante pays les moins avancés et également avec les équipes des pays sans littoral. Nous devons chercher à ce que les Coordonnateurs résidents soient nos partenaires de première ligne dans l'application des programmes d'action respectifs.

En 2003, nous avons lancé la première conférence mondiale consacrée aux pays sans littoral et, pour la première fois, les questions de ces pays et celles de leurs pays voisins de transit ont été placées en tête de l'ordre du jour. Nous pensons que la mise en ouvre des décisions sera bénéfique pour les 31 pays sans littoral. Nous préparons une conférence à Maurice qui sera consacrée au suivi du Programme d'action en faveur des petits États insulaires dix ans après, appelé le « Programme de la Barbade ». Toutes ces activités, en termes de sensibilisation et de promotion, ont été des réussites. En ce qui concerne les changements réels, nous devons évaluer dans quelle mesure ces pays parviennent à réaliser les OMD, à réduire la pauvreté et à améliorer leurs indicateurs économiques et sociaux. Nous avons plusieurs exemples qui montrent que ces pays sont sur la bonne voie. Le développement n'est pas une question qui peut être réglée du jour au lendemain. Nous devons attendre pour voir les résultats. Les catastrophes naturelles et les conflits ont été des contraintes majeures, et les pays sans littoral ont été frustrés dans leurs efforts par des catastrophes naturelles récurrentes et des conflits continus. Il reste beaucoup à faire.

Les petits États insulaires en développement
Les petits États insulaires en développement (PEID) ne sont pas seulement des îles, ils comprennent également des pays situés sur des plaines côtières qui font face aux mêmes défis en matière de développement, y compris une population restreinte, le manque de ressources, l'isolement, l'incidence des catastrophes naturelles, la dépendance excessive vis-à-vis du commerce international et la vulnérabilité aux développements mondiaux. Vulnérables tant d'un point de vue économique qu'environnemental, les PEID sont extrêmement limités dans leurs capacités à répondre aux défis auxquels ils sont confrontés et à faire face aux nombreuses catastrophes. Et le soutien et l'aide internationale sont loin d'être suffisants.

En tout, 41 petits États insulaires en développement et territoires figurent sur la liste établie par le Département des Affaires économiques et sociales de l'ONU pour surveiller les progrès de la mise en ouvre du Programme d'action de la Barbade, adopté lors de la Conférence mondiale de l'ONU sur le développement durable des PEID, réunie à la Barbade en 1994.

Ce Programme définit quatorze priorités pour les PEID :
1.Changement climatique et élévation du niveau de la mer
2.Catastrophes naturelles et écologiques
3.Gestion des déchets
4.Ressources côtières et marines
5.Ressources en eau douce
6.Ressources foncières
7.Ressources énergétiques
8.Ressources touristiques
9.Ressources de la biodiversité
10.Institutions nationales et capacités administratives
11.Institutions régionales et coopération technique
12.Transport et communications
13.Science et technologie
14.Développement des ressources humaines
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