Chronique ONU
Partenariat stratégique en matière d'idéaux de paix et d'humanisme
Par Saparmurat A. Niyazov Président du Turkménistan

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L'article
Dans l'histoire de la civilisation humaine, les nations ont connu différentes périodes de développement durant lesquelles elles ont cherché les moyens de se construire, de se réaliser, de renforcer la conscience nationale et d'évoluer.

Le président Niyazov sur la photo avec des enfants en costume traditionnel.
Ces processus constituent une chaîne logique de l'histoire, dont la force motrice est le désir de démocratie, de liberté, de paix et de justice. Même si l'humanité a oscillé pendant longtemps entre la guerre et la paix, la paix l'a toujours emporté, ce qui est une raison pour faire preuve d'un optimisme historique. La question qui se pose est la suivante : quel prix les peuples doivent-ils payer pour atteindre leurs idéaux de paix ?

Dans ce contexte, l'histoire contemporaine est marquée de changements radicaux dans la politique mondiale causés par l'interaction entre les nations et les nouveaux défis pour la paix et l'humanité, dont l'importance augmente proportionnellement à son expérience. Il est incontestable que notre jeune État est un cas intéressant : depuis le début, notre pays a proclamé une neutralité permanente.

Suite à l'accession à l'indépendance en 1991, les Turkmènes, l'un des plus anciens peuples turcs, dont l'histoire vieille de 5 000 ans est caractérisée par une riche culture et des périodes prospères et sombres, sont entrés dans une nouvelle ère marquée par son rôle d'État indépendant et son retour sur la scène internationale après des siècles d'absence. Tandis que nous nous considérons comme appartenant à une communauté internationale interconnectée, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, pleins d'espoir pour la paix et convaincus que le développement et la coopération sont possibles dans des conditions garanties de stabilité et de sécurité. Les leçons historiques du XXe siècle - tirées de deux guerres mondiales, d'une guerre froide avec des enjeux nucléaires, de conflits régionaux, de catastrophes naturelles et technologiques et de la coexistence de l'ex-Union soviétique avec d'autres nations - nous ont inspiré de grands espoirs quant au développement progressif du monde.

J'ai dit, et continue de dire, que la désintégration de l'Union soviétique était inéluctable; elle a eu lieu dans un calme relatif. Comme l'histoire l'a montré, les nations puissantes ne peuvent, malgré leur supériorité technologique, conquérir et dominer à jamais les nations moins puissantes. Selon la logique de progression, l'empire s'effondre, donnant aux nations opprimées qui ont préservé leur culture et leur langue une occasion d'obtenir l'indépendance et la liberté.

Les Turkmènes, pour qui l'indépendance a été un processus difficile, ont réussi à se réunir autour de l'idée d'un renouveau national et ont démontré leur capacité à réagir efficacement aux changements et aux défis de cette nouvelle ère. Leur nature pacifique, leur tolérance, leur confiance et leur capacité à écouter et à se faire entendre ont été essentielles dans le processus. Ce sont ces qualités qui nous permettent de parler de la nature démocratique renaissante du pays. Nous avons commencé à mettre en ouvre, avec détermination et sans romantisme politique, le programme de construction de notre État en cherchant les meilleurs moyens de participer aux relations internationales. Chaque action est mesurée, d'un côté, en fonction des intérêts nationaux et, de l'autre, du besoin de stabilisation dans la région et de renforcement de la sécurité internationale, objectifs difficiles à réaliser.

En conformité avec notre nouvelle Constitution, de nouvelles institutions ont été rapidement mises en place, prenant en compte la riche culture politique et juridique et la neutralité de la nation. La qualité du système politique a permis d'éviter les cataclysmes sociaux et la division de la société en groupes politiques. Plus important, nous avons réussi à trouver une entente sociale, à promouvoir la compréhension mutuelle entre les ethnies et les religions et la confiance du peuple dans les autorités. Tout aussi important, nous avons su empêcher le déclin économique pendant que nous rompions nos liens économiques avec l'ex-Union soviétique. Les grands points stratégiques et les principaux paramètres de développement du Turkménistan ont figuré dans les documents approuvés par Halk Maslahaty (le Conseil du peuple), l'organe suprême représentatif. À l'aube du nouveau siècle, les principaux objectifs ont été définis par le Programme national appelé Stratégie du développement économique, politique et culturel du Turkménistan jusqu'en 2020.

« La société turkmène contemporaine est basée sur le développement de la conscience nationale et des valeurs morales et politiques qui permettent de consolider la nation autour de l'idée d'un nouvel État souverain et d'un développement constructif. »

Tout en réformant l'économie, nous avons constamment progressé, évitant les implications négatives. Aujourd'hui, le Turkménistan est une nation prospère, présentant des paramètres de développement sans précédent dans le monde. La mise en ouvre des objectifs économiques définis d'un point de vue scientifique et social a eu des effets positifs sur le niveau du produit intérieur brut par habitant (PIB), qui augmente de plus de 20 % par an. Le taux de croissance élevé du PIB et la stabilisation des prix de la consommation a stimulé la croissance du produit par habitant, qui est actuellement d'environ 6 000 dollars.

Le développement économique du Turkménistan a permis de créer un système complet de garanties sociales. Depuis les premières années de l'indépendance, nous avons fourni gratuitement l'électricité, le gaz et l'eau à la population, ainsi que l'accès à l'éducation et aux services médicaux. La majorité des citoyens sont exonérés d'impôts. Le paiement des logements et des automobiles, du transport aérien et ferroviaire est facturé sur une base préférentielle. Des garanties réelles ont été créées, donnant aux citoyens des droits personnels, politiques, économiques, sociaux et autres droits qui se reflètent dans les lois et leur application, telles que l'abolition de la peine de mort, l'interdiction de la perquisition illégale du domicile et la possibilité pour une personne d'engager des poursuites ainsi que dans d'autres documents et actions concrètes. Il n'existe aucun système semblable sur le continent asiatique.

La société turkmène contemporaine est basée sur le développement de la conscience nationale et des valeurs morales et politiques, qui permettent de consolider la nation autour de l'idée d'un nouvel État souverain et d'un développement constructif. La compréhension mutuelle entre les personnes au pouvoir et le peuple, leur confiance mutuelle sont des facteurs importants qui ont garanti notre succès. Ce type de relation crée un climat favorable à la construction d'un État fondé sur la démocratie et l'état de droit. Actuellement, notre société évolue, éveille la conscience des citoyens sur les principes et valeurs de neutralité et renforce la base pour de nouvelles relations au sein de l'État. Il faut cependant prendre en compte qu'un processus de développement social accéléré artificiellement pourrait rompre le fragile équilibre pendant la période de transition et causer de graves problèmes. Il faut que la population ressente que la structure démocratique de l'État correspond à son esprit. Pour préserver les valeurs de la démocratie, il est important que la société et chaque citoyen soient préparés à faire face aux défis démocratiques.

Nous en sommes venus à la conclusion que nous serions mieux compris si notre société était fondée sur le type de relations sociales qui ont tissé la vie traditionnelle de notre peuple et qui ont servi de base à toutes les entités étatiques des Turkmènes tout au long de l'histoire. Les États et les empires se sont effondrés, mais l'esprit du peuple est resté vivant, et c'est ce qui nous soutient sur le chemin de la construction d'une nouvelle vie et du renforcement du statut d'État indépendant. C'est également cet esprit qui nous aide à atteindre nos objectifs et nous dicte le code d'honneur et de dignité du peuple : le livre Rukhnama, qui sert de code éthique aux Turkmènes et guide leur cour et leur âme. Nous sommes heureux et fiers que notre « Rukhnama » suscite l'intérêt de nombreux pays et serve de guide à tous les idéaux humanistes qui constituent l'essence de la mentalité turkmène. L'esprit de nos ancêtres, les traditions culturelles et nationales et leur expérience en matière de coexistence pacifique avec d'autres nations sont reflétés dans notre politique étrangère.

Le 12 septembre 1995 marquait un début dans l'histoire des Turkmènes. En ce jour mémorable, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution intitulée Neutralité permanente du Turkménistan par laquelle les États Membres reconnaissaient le statut de neutralité permanente du Turkménistan et le respect de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. L'adoption de la résolution a marqué la reconnaissance par la communauté des nations de la politique étrangère du Turkménistan et de son rôle constructif dans les affaires internationales. Son statut de neutralité permanente n'est pas seulement un phénomène reconnu dans le système des relations internationales mais aussi un mécanisme régissant les intérêts géopolitiques, ce qui est très important, étant donné sa situation géographique et sa situation générale dans l'ensemble de la région et sur le continent asiatique.

Tout en ayant obtenu la reconnaissance internationale de notre statut, nous avons mis en place toutes les conditions favorables pour la mise en ouvre des intérêts nationaux. Notre neutralité n'est pas un bouclier qui nous protège des problèmes du monde extérieur mais, au contraire, une position forte qui nous permet d'exercer une influence sur la situation dans la région et dans le monde en contribuant efficacement à la coopération internationale - un facteur important pour le développement économique interne.

Le Turkménistan développe avec succès des relations bilatérales et multilatérales avec d'autres pays et d'autres organisations internationales. Il a établi des relations diplomatiques avec 120 pays et est membre de quarante organisations internationales. Tandis que nous gérons les affaires économiques, sociales et culturelles, nous avons toujours profondément apprécié le soutien et l'assistance des Nations Unies, leurs programmes, leurs institutions et leurs fonds. Le Turkménistan est ouvert au développement des relations de coopération constructive avec l'Organisation mondiale dans tous les domaines, y compris la dimension humaine, et je tiens à souligner que cette coopération est une priorité stratégique pour sa politique étrangère.

L'une des principales priorités est le maintien de la paix et de la sécurité internationales et les relations de bon voisinage avec les autres pays, ainsi que la prévention et la résolution des conflits, qui sont reflétés dans la politique étrangère. C'est à Achgabad que les négociations entre les factions afghanes ont eu lieu, une importante contribution aux efforts de la communauté internationale en vue de stabiliser la région. En 1996, plusieurs séries de négociations entre Tadjiks ont été menées dans la capitale, qui ont débouché sur une solution politique du conflit politique au Tadjikistan.

Après les événements du 11 septembre 2001 à New York, le Turkménistan a été l'un des premiers pays à répondre à l'initiative de l'ONU concernant la création d'une coalition mondiale contre le terrorisme. Notre participation active a d'ailleurs déclenché des événements fâcheux. Le 25 décembre 2002, le chef de l'État a échappé à une tentative d'assassinat à Achgabad dans le but de prendre le pouvoir par la force et de changer les bases constitutionnelles du pays. Les enquêtes et les audiences publiques ont prouvé qu'il s'agissait d'un acte prémédité, financé et préparé à l'extérieur du pays en vue de commettre un coup d'État. Même si le terrorisme a plusieurs visages, sa nature est toujours la même - il est fondé sur un égoïsme extrême élevé à un très haut degré d'intolérance et de cruauté. Il ne connaît ni nationalité ni affiliation politique et n'est lié à aucune religion et à aucune culture. C'est pourquoi la lutte contre ce mal devrait être entreprise par toute la communauté internationale.

La restauration de la paix en Afghanistan étant importante pour la région, le Turkménistan continue de participer à la reconstruction du pays. En coopération avec les institutions et les organismes de l'ONU, il a créé le principal couloir aérien de l'aide humanitaire afin de secourir les Afghans les plus nécessiteux. Notre pays met en ouvre des projets de grande ampleur destinés à fournir l'électricité à des tarifs bas dans les provinces du Nord et à construire des routes et une infrastructure de communication. La construction du pipeline traversant l'Afghanistan, qui se poursuit selon les délais, avec la participation de la Banque mondiale en Asie, sera un projet majeur non seulement pour la région mais aussi pour le monde, car il permettra la relance des activités économiques de l'Afghanistan ainsi que la création d'une infrastructure et d'emplois.

« Le rôle des pays et de leurs leaders, ainsi que des organisations internationales, est plus important que jamais pour renforcer et développer les tendances positives afin de créer un monde sans confrontations et sans violence - notre responsabilité vis-à-vis des générations actuelles et futures. Il est nécessaire de construire des ponts de coopération où cela est possible et de ne pas créer de barrières entre les pays. C'est un impératif. »

Suivant les principes de maintien de la paix, le Turkménistan participe activement aux initiatives du Centre de désarmement de l'ONU pour l'Asie et le Pacifique. En septembre 1996, nous avons signé le Traité de non-prolifération, en 1997, nous avons soutenu l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale et avons coparrainé la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU. La signature, le 28 février 2004, du Programme-cadre d'aide au développement pour 2005-2009 illustre le partenariat qui existe entre le Turkménistan et le système de l'ONU. Il est intéressant de noter que le document, destiné à la mise en ouvre des Objectifs du millénaire pour le développement, coïncide avec les priorités et les intérêts du Turkménistan, tels qu'ils sont stipulés dans son Programme national.

Nous partageons le point de vue qu'au XXIe siècle, le système de l'ONU nécessite des réformes, et nous soutenons sa rénovation en vue de renforcer et d'élargir son rôle dans le monde. Il est important d'assurer la représentation des États Membres dans ses institutions spécialisées et celle des ressortissants de tous les pays dans le personnel de son système. L'Organisation mondiale pourrait tirer davantage parti des capacités et des avantages que possèdent les États Membres. Par exemple, le Turkménistan est prêt à fournir des ressources à ses institutions, y compris des locaux pour les bureaux, une infrastructure de services et des facilités de logement afin d'étendre leur représentation dans la région par la mise en place d'organismes et de programmes de l'ONU dans nos bureaux de la capitale. Nous sommes prêts à accorder un traitement préférentiel aux institutions de l'ONU, ce qui permettrait d'économiser des ressources financières considérables qui pourraient servir à résoudre d'autres problèmes auxquels celle-ci fait face.

En octobre 2003, le premier Forum sur la prévention des conflits et le développement durable en Asie Centrale a eu lieu sous les auspices des Nations Unies et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Afin de renforcer l'efficacité des instruments de diplomatie préventive, il est nécessaire d'établir en Asie centrale un Centre des Nations Unies sur la diplomatie préventive. Le Turkménistan est prêt à fournir l'assistance nécessaire pour que ce centre soit établi dans sa capitale. La création du Conseil consultatif régional des chefs d'État d'Asie centrale pourrait également renforcer la confiance dans la région et être un mécanisme efficace de prévention de crises et de conflits.

L'une des tâches essentielles du monde contemporain est d'établir des relations entre les membres de la communauté internationale, fondées sur des principes d'égalité, de partenariat et d'équité. Cela concerne non seulement la prise de décision par l'Assemblée générale mais aussi par les comités, les commissions et les autres organes de l'ONU. Il est nécessaire de souligner que les tentatives de pression exercées par certains pays en prenant des décisions au nom d'autres et l'influence excessive exercée sur les organisations internationales, y compris les Nations Unies, est en contradiction avec les normes et les principes d'une coopération égale et respectueuse.

Il est clair que les États Membres font face à des tâches multiples et complexes. Il est possible de trouver des solutions non seulement par des efforts collectifs mais aussi par l'engagement des États à assumer leurs responsabilités. Le Turkménistan suit cette logique en poursuivant ses objectifs de renforcement de la paix et de développement économique et culturel. Notre pays sera toujours prêt à établir un partenariat constructif avec l'ONU. Le rôle des pays et de leurs leaders, ainsi que des organisations internationales, est plus important que jamais pour renforcer et développer les tendances positives afin de créer un monde sans confrontations et sans violence - notre responsabilité vis-à-vis des générations actuelles et futures. Il est nécessaire de construire des ponts de coopération où cela est possible et de ne pas créer de barrières entre les pays. C'est un impératif.

La position du Turkménistan est de continuer de renforcer les Nations Unies sur la scène internationale comme forum le plus adéquat pour établir un nouvel ordre mondial juste et humain. Notre pays soutient le renforcement du rôle de l'ONU, ses capacités à maintenir la paix et sa réforme pour faire face aux nouveaux défis du développement mondial.
Biographie
Saparmurat A. Niyazov a été élu premier président de la République socialiste soviétique en 1990 et président de la République du Turkménistan en 1991. Il est également président du Cabinet des ministres et président du parti démocratique. Fondateur et président de l'Association mondiale des Turkmènes, le président Niyazov détient le titre officiel de Turkmenbashi, Chef de tous les Turkmènes.
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