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La nouvelle politique nationale de l'éducation par la Russie
Par Yuriy N. Isakov

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L'article

Dans le Programme d'action adopté à la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), qui s'est tenue en 1994 au Caire, en Égypte, un chapitre entier est consacré à l'éducation, domaine considéré comme un " facteur essentiel du développement durable ", ainsi qu'un " outil indispensable pour améliorer la qualité de la vie ". Les objectifs de ce Programme sont les suivants : garantir à tous un enseignement de qualité, la priorité étant accordée à l'enseignement primaire et technique ainsi qu'a la formation professionnelle, lutter contre l'analphabétisme et éliminer les disparités entre hommes et femmes en ce qui concerne l'accès à l'enseignement, la poursuite des études et l'octroi de bourses; promouvoir l'enseignement non formel dans l'intérêt des jeunes, garantir l'égalité d'accès des femmes et des hommes aux centres d'alphabétisation; et améliorer le contenu des programmes d'enseignement de manière à mieux faire comprendre les corrélations entre la population et le développement durable, les problèmes sanitaires, y compris la santé en matière de reproduction et l'égalité des sexes.

Reflétant les intérêts nationaux, la politique de l'éducation mise en place par la Russie tient compte de l'ordre du jour international en matière d'éducation lié à la mise en ouvre du Programme d'action de la CIPD, ainsi que des tendances mondiales qui demandent un changement en profondeur du système éducatif : la transition vers une société post-industrielle basée sur l'information, l'émergence de défis mondiaux qui, ne pouvant être résolus que par la coopération nationale, nécessiteront une nouvelle façon de penser de la part des jeunes générations, une croissance économique soutenue, la concurrence et la réduction du travail non qualifié et semi-qualifié et des changements structurels profonds dans le domaine de l'emploi.

Le gouvernement russe met en ouvre les mesures nécessaires pour assurer à tous les citoyens le droit à l'éducation, garanti par la Constitution et protégé par les lois fédérales. Les principes de base de la politique de l'éducation sont définis dans la Doctrine nationale de l'éducation 2000-2005 et le Plan d'action de la mise en ouvre de l'initiative de Dakar de 2002 " L'éducation pour tous " a été approuvé. La politique nationale a pour objectif d'assurer un enseignement de qualité qui tient compte des conditions actuelles tout en conservant sa nature fondamentale et répondant aux besoins actuels et futurs des individus, de la société et de l'État.



Les grandes réformes politiques et socio-économiques lancées à la fin des années 1980 et au début des années 1990 ont profondément modifié le système éducatif russe. Elles ont donné aux collèges et aux universités l'autonomie qu'ils réclamaient, permettant de créer des programmes éducatifs ainsi que des instituts d'enseignement et de développer le secteur de l'éducation privée.

La crise qui a touché l'ensemble du système dans les années 1990 a cependant considérablement ralenti le processus. Afin de donner une nouvelle impulsion à la réforme de l'enseignement, le gouvernement a adopté le " Concept de modernisation de l'enseignement en Russie d'ici à 2010 ". L'objectif de ce processus est de créer un mécanisme de développement durable du système éducatif.

En Russie, l'enseignement, étroitement lié aux sciences, tant fondamentales qu'appliquées, est une force motrice de la croissance économique, l'un des facteurs les plus importants de la sécurité, de la prospérité nationale et du bien-être de tous les citoyens. Le potentiel de l'éducation doit être utilisé pour consolider la société, préserver le tissu socio-économique du pays, empêcher les tensions ethniques et les conflits sociaux, donner la priorité aux droits de l'homme et à l'égalité des cultures nationales et des confessions diverses et niveler les inégalités sociales.

Il est impératif d'assurer l'égalité d'accès des jeunes à l'enseignement de qualité, en fonction de leurs intérêts et de leurs inclinations personnelles, quels que soient le revenu de leur famille, leur résidence, leur nationalité et leur santé. En outre, tous les efforts sont fournis pour assurer la protection sociale des enfants et des adolescents privés de soins parentaux. La réforme de l'éducation est un objectif politique et national et, à ce titre, nécessite une approche différente de celle adoptée dans les projets départementaux. Les intérêts de la société et de l'État ne correspondent pas toujours aux idées des départements concernant l'ensemble du système; c'est d'ailleurs pourquoi tout projet de réforme et de développement de l'éducation ne devrait jamais être uniquement confié aux enseignants et aux départements.

La première étape de la réforme de l'éducation prévoit un renouvellement de la responsabilité de l'État. Le gouvernement a lancé le processus de réforme, fournissant les conditions nécessaires pour une participation massive de l'ensemble de la société. À ce stade, le plus important est l'élaboration d'instruments permettant de gérer le processus d'innovation et de créer de nouveaux modèles d'éducation.

Somme toute, l'éducation est de plus en plus orientée vers le marché du travail et les conditions de la croissance socio-économique du pays.

Photos reproduites avec la permission de la Mission Permanente de la Fédération de Russie

Les contrats avec d'éventuels clients engendrent une diminution des commandes financées par les pouvoirs publics, particulièrement pour l'enseignement primaire, secondaire et professionnel, ce qui se traduira par une baisse des coûts de financement budgétaire de la formation professionnelle. Dans le même temps, le financement de l'enseignement général par le biais des budgets régionaux et locaux maintiendra des taux de croissance élevés jusqu'à la fin de la décennie.

Le Plan d'action du Ministère russe de l'éducation pour la période 2002-2004 prévoit l'amélioration de l'accès à l'éducation préscolaire, un système garanti de services éducatifs financés par le gouvernement pour les établissements préscolaires, le soutien et le développement de leur base matérielle à la charge des fondateurs et le financement des frais scolaires à la charge les parents, avec un soutien ciblé simultané pour les familles à revenu faible. La Russie est prête à assumer ses responsabilités, à savoir garantir à tous le droit d'accès à un enseignement scolaire de qualité ou, dans le cadre de programmes alternatifs, à un niveau de base. Une mesure importante de la réforme de l'éducation est la modernisation du système de renouvellement des inscriptions des enfants d'âge scolaire et l'établissement d'un système public qui garantit une éducation de base ainsi que son suivi.

Lors la Conférence, les États membres ont convenu qu'il était important que les nations réalisent non seulement l'objectif visant à assurer à tous l'enseignement primaire dans tous les pays d'ici à 2015, mais aussi qu'elles facilitent l'accès des filles et des femmes à l'enseignement secondaire et supérieur, ainsi qu'à la formation professionnelle et technique, gardant à l'esprit la nécessité d'améliorer la qualité et la pertinence de cette éducation. Afin d'éliminer les inégalités entre les sexes, le Comité pour la maternité, la famille et les enfants de la Douma (Chambre basse du parlement russe) a proposé des activités législatives pour la sauve-garde des droits égaux et des opportunités égales pour les hommes et les femmes.

Un lycée russe

Il stipule en partie l'égalité entre les hommes et les femmes dans l'accès à l'éducation et au perfectionnement, qui fait partie des programmes d'orientation, de formation et de perfectionnement professionnels. En règle générale, les filles réussissent mieux que les garçons à l'école mais leur choix professionnel est limité.

Jusqu'alors, elles ont dû choisir les " professions féminines ", c'est-à dire le travail à la maison et les tâches domestiques. La Russie s'engage à mettre en ouvre une série de mesures destinées à modifier les objectifs sociaux, les valeurs morales et les modèles de comportement afin d'éliminer la discrimination à l'égard des femmes et de promouvoir le respect mutuel entre les garçons et les filles, les hommes et les femmes.

Dans son rapport en avril 2003, préparé pour la 36e session de la Commission sur la population et le développement, consacrée à l'éducation et au développement, le Secrétaire général a fait remarquer que le monde actuel faisait face à d'énormes défis dont, entre autres, la mondialisation de la production et du commerce, le nombre croissant de conflits et de rivalités ethniques, l'élargissement du fossé numérique, la famine, les pandémies ainsi que la distribution inégale des ressources. On ne peut qu'être d'accord avec l'idée que l'éducation est le dénominateur commun qui permettra de relever ces défis et de construire un monde stable, sûr et équitable.



Yuriy N. Isakov est envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire ainsi que représentant permanent adjoint de la Fédération de Russie auprès des Nations Unies. De 1996 à 2000, il a été directeur adjoint du Département des organisations internationales au ministère des Affaires étrangères à Moscou.
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