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Message du Secrétaire général
" Trouver une nouvelle unité "

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L'article
Déclaration du Secrétaire général, Kofi Annan, le 30 avril, devant le Conseil de sécurité
Ce qui ressort, lorsque nous examinons l'engagement international des pays touchés par les conflits, est qu'aucune approche n'a jamais été adoptée deux fois, parce qu'aucun conflit ou aucune situation post-conflit ne sont identiques. Même dans les quatre derniers cas, en Afghanistan, au Kosovo, au Timor-Leste et en Sierra Leone, les situations étaient très différentes en ce qui concerne les causes et les conséquences du conflit, l'engagement passé de l'ONU, le contexte politique et juridique régissant la réponse de la communauté internationale, la proportion de la population touchée et la taille du territoire.

Lorsque le moment est venu de planifier l'engagement de la communauté internationale vis-à-vis d'une nouvelle situation — telle que celle à laquelle nous sommes actuellement confrontés en Irak —, l'une des leçons les plus importantes à tirer est la nécessité de s'entendre d'abord sur ce qui rend la crise en question unique, puis de développer nos réponses en conséquence. Nous devrions tirer les leçons des expériences pour rendre nos actions les plus efficaces possible, tout en sachant qu'il faudra peut-être adopter des mesures ou des formes d'assistance totalement nouvelles.

Voici plusieurs leçons spécifiques importantes:
  • La confiance des parties et de la population sont parfois fragiles et ne peuvent être tenues pour acquises; il est nécessaire de cultiver et de maintenir leur consentement.


  • Le rôle de la communauté internationale n'est pas de résoudre tous les problèmes d'un pays mais d'aider sa population à gagner son autonomie.


  • Les priorités doivent être établies, en commençant par les besoins humanitaires essentiels de la population, qui incluent des conditions de sécurité de base, le respect de l'ordre et des lois. Répondre à ces besoins créera des conditions propices à l'émergence et au fonctionnement de processus politiques viables — par exemple, par la promotion de la réconciliation, de la bonne gouvernance, de la primauté du droit, des droits de l'homme et des mesures juridiques transitoires.

  • Pour être efficaces à long terme, les décisions concernant la réforme des institutions clés de l'État et des structures légales et politiques doivent être prises par le peuple du pays lui-même. Un tel processus ne peut réussir que si tous les principaux groupes du pays et du territoire y jouent un rôle, ont le sentiment qu'il leur appartient et que si l'issue n'est pas perçue comme étant prédéterminée. Le rythme auquel se déroule le processus général, l'ordre et l'échelonnement de ses éléments constituants sont également cruciaux. Elles doivent tenir compte des conditions politiques, de sécurité et socio-économiques du pays et du niveau de soutien que l'on peut attendre, de manière réaliste, des membres intéressés de la communauté internationale. Aller trop lentement risque de freiner les élans et d'alimenter les frustrations. Mais aller trop vite peut également aller à l'encontre du but recherché, si les décisions prises à la va-vite ont des effets difficiles à inverser.

  • La dimension régionale doit faire l'objet d'une attention précoce et soutenue.


  • Dernier point, il existe une corrélation directe entre le succès des Nations Unies et l'unité du Conseil de sécurité — et entre les échecs et les divisions parmi les membres du Conseil sur la stratégie à poursuivre. Le Conseil doit être uni pour pouvoir établir l'objectif général de l'assistance internationale et une division claire des tâches, puis maintenir son unité en fournissant un soutien politique solide — à la fois pendant les périodes difficiles où les progrès sont compromis et celles où la phase aiguë du conflit est passée et n'exige plus l'attention des médias mondiaux.

    Dans le cas de l'Irak que, bien sûr, nous avons tous à l'esprit en ce moment, le Conseil a maintenant la chance de laisser derrière lui les divergences passées et de définir des objectifs communs dans la phase d'après-guerre. Ces décisions ne seront pas faciles. Mais elles ne devraient pas être impossibles, si on s'en tient à des objectifs communs. Lorsque vous en débattrez, je vous invite à mettre à l'écart les divisions passées et de vous demander ce qui pourrait aider le plus le peuple irakien. Ce sont ses intérêts qui comptent par-dessus tout. L'objectif primordial doit être de donner aux Irakiens les moyens de prendre leur destin en main.

    Déjà dans la résolution 1472 (2003), vous avez réaffirmé votre engagement à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Irak, votre respect pour le droit du peuple irakien à déterminer son propre avenir politique et à contrôler ses propres ressources naturelles, votre conviction que toutes les parties doivent assumer leurs obligations en vertu du droit international, y compris la Quatrième Convention de Genève.

    Je suis sûr que tous vous partagez mon avis selon lequel la souveraineté implique l'indépendance politique et que pour déterminer son avenir politique, le peuple irakien doit être libre de choisir son propre système de gouvernement et de leadership politique. Ce qu'il faut, c'est un processus impartial, représentatif et transparent qui débouchera sur le choix, par les Irakiens eux-mêmes, d'une autorité politique crédible et légitime afin de rétablir la souveraineté. Je sais que vous partagez avec moi la conviction qu'il faut mettre fin de toute urgence à l'isolement de l'Irak et aider les Irakiens, aussi rapidement que possible, à rétablir les conditions de vie normale.

    Au cours des semaines à venir, le Conseil aura d'importantes décisions à prendre concernant certains mandats existants dans le contexte de la nouvelle situation — notamment sur les sanctions, le programme " Pétrole contre nourriture " et les inspections d'armes. Vous devrez également examiner comment la communauté internationale peut aider le mieux possible les Irakiens à reconstruire leur pays — et quelle part l'ONU peut jouer dans la réalisation de cet effort ainsi que dans le processus de restauration de la souveraineté irakienne.
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