UN Chronicle Online

L'esclavage de la prostitution
Femmes et sexe à vendre
Par Liz Willmott, pour la Chronique

Imprimer
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
L'article
" Un message du film clair et constant est que le trafic n'est pas un problème localisé. Crime international, le trafic des femmes est influencé par de nombreux facteurs complexes qui comprennent les économies des pays pourvoyeurs et de leurs voisins, les initiatives de lutte contre la drogue affectant les communautés agricoles, la demande sexuelle pour un type ethnique particulier, le statut légal des communautés, la corruption des autorités et les stéréotypes culturels. "

" Trading Women " (la traite des femmes), un documentaire de David Feingold sur le trafic des femmes et des jeunes filles dans l'industrie du sexe en Thaïlande, révèle la situation complexe sociale et politique qui forme la toile de fond à la menace qui représente le trafic des êtres humains dans le monde.

Lu par l'actrice américaine Angelina Jolie, produit par Dean Slotar et monté par Sam Lee d'Ophidian Films, " Trading Women " décrit les populations des montagnes en Thaïlande, montrant que l'absence de citoyenneté associée au manque de terres, à la pauvreté, à la vulnérabilité ainsi qu'à la corruption de la police, sont des facteurs déterminants qui font des femmes des proies faciles pour les trafiquants du sexe. Souvent, c'est une personne locale, comme un voisin ou un ami, plutôt qu'un criminel anonyme, qui enlève les femmes ou les incite à partir. Dans les deux cas, cependant, il s'agit d'un réseau d'achat et de vente.

Le Bureau de l'Organisation pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à Bangkok, dirigé par D. Feingold, a mené un projet de citoyenneté dans les hauts plateaux afin de former et de soutenir les organisations non gouvernementales (ONG) qui aident ces populations à satisfaire aux conditions d'inscription et de citoyenneté. Ce projet est le résultat d'un partenariat entre l'UNESCO, le Projet interinstitution sur le trafic des femmes et des enfants (UNIAP), des ONG thaïlandaises et celles travaillant auprès des tribus montagnardes, les universités et les agences gouvernementales. Le film s'attaque à plusieurs affirmations erronées relatives au trafic du sexe et les démonte point par point, en commençant par une présentation détaillée des populations montagnardes, décrites par les médias comme étant des parents sans scrupules vendant leurs filles à des trafiquants du sexe. D. Feingold prend le contre-pied des idées communément admises concernant les lieux de divertissement du sexe en Thaïlande.

Par exemple à Pat Pong à Bangkok, peu de trafiquants de personnes, s'il y en a, opèrent parce que ces lieux offrent de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires, et que les employées sont toutes thaïlandaises. C'est en fait la partie de l'industrie du sexe la moins visible qui représente 99 % de la demande de femmes victimes du trafic sexuel, dit-il. Mais ce n'est pas la clientèle qui crée la demande. Si c'était le cas, les prix seraient plus élevés. Au contraire, comme ces travailleuses du sexe illégales n'appartiennent à aucun réseau de soutien, elles sont plus facilement manipulées, transférées et exploitées pour des sommes aussi modiques que 2 dollars de l'heure, dont elles ne perçoivent souvent qu'un centime. Elles sont considérées comme un produit lucratif par des criminels qui cherchent à maximiser le retour sur leur " investissement ".
Photo: David Feingold


Un message du film clair et constant est que le trafic n'est pas un problème localisé. Crime international, le trafic des femmes est influencé par de nombreux facteurs complexes qui comprennent les économies des pays pourvoyeurs et de leurs voisins, les initiatives de lutte contre la drogue affectant les communautés agricoles, la demande sexuelle pour un type ethnique particulier, le statut légal des communautés, la corruption des fonctionnaires et les stéréotypes culturels.

Il est donc clair que tant que les initiatives resteront limitées à un seul pays et ne prendront pas en compte les réalités régionales ou internationales, elles seront vouées à l'échec. Pour Phil Marshall, directeur de programme de l'UNIAP, les effets d'un point de vue géopolitique étroit s'apparentent au " phénomène des vases communiquants ", où le trafic est supprimé dans une zone pour créer un nouveau marché dans un pays voisin. Il s'agit d'" un problème international, régional, et non pas national et, en ce sens, exige une collaboration de tous les pays ", a commenté D. Feingold. C'est pourquoi les organisations de lutte contre le trafic de personnes telles que l'UNIAP tirent leurs ressources et leur expertise des ONG nationales et internationales, des agences de l'ONU et des gouvernements.

Photo: David Feingold

Dans son commentaire sur le " catalogue de bonnes intentions " des organisations de lutte contre les trafiquants de personnes, D. Feingold s'est exprimé sans détour : " Les conférences, les conventions et les déclarations gouvernementales de bonne volonté sont insuffisantes. Nous ne pouvons plus nous cantonner à relater les expériences traumatisantes des unes et des autres. Il est temps d'examiner les causes profondes. Il est facile de se donner bonne conscience en invoquant des sujets tragiques.

Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Copyright © Nations Unies
Retour  Haut