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Une campagne internationale initiée par une mobilisation locale
Des élèves lancent une alerte à la faim en Afrique
Par Alan Kirby

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L'article

Chaque automne, mes élèves de terminale qui étudient l'allemand choisissent avec notre club allemand une crise internationale puis adoptent un plan d'action pour la résoudre. Cette année, nous avons décidé de nous pencher sur la famine qui menace actuellement quelque 40 millions d'Africains, dont un grand nombre d'enfants.

Avec la pandémie du sida en Afrique, la famine est le problème le plus grave auquel est confrontée la planète aujourd'hui. Il est choquant de voir, du moins aux États-Unis, que les journaux télévisés ou la presse écrite ne font que rarement mention de ce problème. Nous savons que pour sauver des millions de victimes, des fonds supplémentaires sont nécessaires. Notre mission était donc simple : sensibiliser l'opinion et collecter des fonds.

Il nous a souvent été demandé comment ces élèves en étaient venus à participer à ce projet. Premièrement, les élèves qui étudient une langue étrangère découvrent une culture d'un autre pays et se sentent des citoyens du monde concernés par des problèmes autres que ceux qui surviennent dans leur pays. L'un des moyens de promouvoir la citoyenneté mondiale est d'accueillir chaque printemps des élèves allemands dans le cadre de l'échange scolaire et d'organiser notre visite chaque été dans l'établissement allemand jumelé. La plupart de mes élèves ont reçu des élèves allemands chez eux et ont été reçus en Allemagne. Deuxièmement, nous considérons qu'il est de notre devoir d'agir lorsque les gens souffrent. Le travail considérable que nous avons fait sur l'Holocauste a motivé mes élèves à aider les personnes démunies, à se faire entendre et à prendre des initiatives. L'une des leçons tirées de l'Holocauste est qu'on ne peut rester à ne rien faire quand des actes horribles sont commis. Nous nous servons de ces leçons de l'histoire allemande pour améliorer le monde d'aujourd'hui.

Nous avons choisi de nous pencher sur le problème africain, parce que les problèmes de ce continent ont tendance à être ignorés. Comme l'a déclaré le député Frank Wolf de Virginie, " il est difficile de croire que le monde fermerait les yeux si cette crise survenait en France ou en Australie ".

Nous avons débuté notre projet en septembre 2002 en collectant de l'argent à la cafétéria et en recyclant des cannettes en aluminium. Après avoir recherché diverses organisations d'aide, nous avons décidé d'envoyer nos recettes au Programme alimentaire mondiale des Nations Unis (PAM).

En novembre, lorsque la situation a commencé à se détériorer, spécialement en Éthiopie, nous avons organisé une veillée aux chandelles pour sensibiliser l'opinion et collecter des fonds. Nous avons informé le PAM de nos plans par e-mail et lui avons demandé de nous aider à la réalisation du projet. Quelques jours plus tard, Trevor Rowe, porte-parole du PAM, nous a appelés pour nous dire qu'ils étaient intéressés et que notre projet, ainsi que les travaux d'autres personnes et des communautés estudiantines, avaient inspiré la campagne Africa Hunger Alert dont le lancement coïncidait avec notre veillée du 16 décembre 2002. Cette initiative est née des efforts de communautés menés pour connecter et inspirer des personnes et des groupes engagés dans le lutte contre la faim et alerter la communauté internationale. Notre projet modeste avait donné naissance à une campagne internationale destinée à secourir des millions de victimes de la faim en Afrique.

Avec l'aide du PAM, nous avons été interviewés par Reuters et la SABC (South African Broadcasting Corporation) et nous avons eu la chance de présenter notre projet dans notre journal local, l'Arnold/Imperial Leader, ainsi que dans la section du St.Louis Post-Dispatch consacrée au comté de Jefferson. Notre veillée a également été mentionnée à la radio lors des nouvelles régionales. Mais cela a été une autre paire de manches avec les journaux télévisés locaux. La période était mal venue pour aborder le problème de la faim tandis que l'Irak et la Corée du Nord étaient au centre des préoccupations. Et nous étions déçus parce que nous savions que la sensibilisation de l'opinion permettait de sauver des vies.
Nous avons choisi de nous pencher sur le problème africain, parce que les problèmes de ce continent ont tendance à être ignorés.

Quoique le public n'ait pas été nombreux à venir, la veillée a été un événement spécial qui a laissé de bons souvenirs. L'un de mes élèves a interprété une chanson originale sur la famine dont il avait écrit les paroles et composé la musique. Nous avons également projeté un film court du PAM. Parmi les intervenants figuraient le père Tom Wyrsch, un prêtre catholique qui travaille avec les immigrés de Saint-Louis (l'événement n'était pas religieux), et Lynn Hamilton, une assistante du député-candidat à la présidence, Richard Gephardt. Nous avons été touchés par la générosité du public. Par exemple, le gardien de notre école a écouté attentivement nos commentaires et a fait don de 100 dollars. Bon nombre pensaient que nous souffririons de la " fatigue du donateur ", mais comment nous en serions-nous aperçus lorsqu'on sait qu'aux États-Unis, seules quelques personnes savent que l'Afrique est terrassée par la famine ou que 40 millions de personnes risquent de mourir de faim.

Attirer l'attention du public sur la famine est un défi. L'une de nos idées était de personnaliser la tragédie. Fayo Hadji Edao, un garçon de huit ans qui vit à Dir Fakar, en Éthiopie, a, comme ses frères et sours, peu de chances de survivre à la famine. Il aime aller à l'école située à 12 km de chez lui, mais il ne peut plus y aller. Sa mère consacre quatre heures par jour à aller chercher de l'eau à la source la plus proche de leur maison. Comme Anne Frank, qui est devenue le symbole de l'Holocauste, nous pensons que Fayo peut symboliser la famine en Afrique sur les affiches. Nous avons vu un documentaire sur lui à la BBC. Il a inspiré nos activités et incarne l'esprit de notre veillée. Les chiffres sont des statistiques. Il faut un visage humain pour illustrer la tragédie afin de motiver le monde à agir. Nous ne pouvons qu'espérer que Fayo est toujours en vie.

Les enfants font leur apprentissage par l'action. Un projet comme celui-ci leur fait découvrir notre monde, la politique, la géographie, les cultures, les médias, les Nations Unies et la manière d'être un citoyen engagé à la fois au niveau local et au niveau mondial.

La promotion de nos idéaux démocratiques et de la citoyenneté est la valeur la plus importante que les écoles puissent enseigner. Cette expérience produira un changement durable chez mes élèves que les exercices de préparation à une épreuve standardisée ne pourront jamais remplacer.

Nous continuons de collecter des canettes en aluminium et nous espérons aider ceux qui souhaitent organiser des événements pour lutter contre la faim. Nous espérons également que les célébrités qui sont sensibles à ce problème apporteront leur concours afin de sensibiliser l'opinion publique. Il est possible de prendre contact avec nous sur notre site Internet www.famineafrica.com.



Alan Kirby enseigne l'allemand au lycée Seckman à Saint-Louis, dans le Missouri (USA). Il prépare actuellement un master de sciences de l'éducation en administration scolaire. La campagne Africa Famine Alert est née à la suite d'une initiative qu'il a proposée.
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