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Point de vue
Qui devrait diriger la lutte contre le terrorisme ?
Par Edward McMahon et Kaveh Afrasiabi

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Dans son discours prononcé le 12 septembre 2002 devant l'Assemblée générale, le président des États-Unis, George Bush, a mis les Nations Unies au défi de prouver leur légitimité, leur demandant d'adopter immédiatement des mesures afin de lutter contre les menaces du terrorisme. Suite aux attaques du World Trade Center, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité ont été adoptées, visant à incarner un nouvel esprit dans la lutte contre le terrorisme. La résolution 1373 (2001) prévoit la création d'un nouveau Comité contre le terrorisme, et la résolution 1390 (2002) impose des sanctions contre l'organisation d'Oussama ben Laden et ses soutiens financiers. Un groupe de travail de l'ONU a récemment émis des recommandations sur les moyens de lutter contre le terrorisme, en nombre et à la portée limités.

Les initiatives de l'ONU, aussi nobles fussent-elles, n'ont pas réussi à répondre aux besoins de la communauté internationale en matière d'action contre le terrorisme. Le Comité du Conseil de sécurité s'est chargé de tâches bureaucratiques relativement simples, recueillant auprès des États Membres des rapports sur les progrès concernant les campagnes contre le terrorisme, y compris sur plusieurs États soupçonnés de donner asile à des terroristes ou de promouvoir le terrorisme. D'un autre côté, la surveillance des sanctions antiterroristes de l'ONU s'est limitée à l'ajout de quelques noms ou de quelques organisations sur la liste des organisations terroristes, un effort jugé d'ailleurs insuffisant dans un récent avant-projet de rapport de l'ONU. En tant qu'Organisation multilatérale ayant pour tâche de gérer la paix et la sécurité mondiales, l'ONU, limitée dans son champ d'action et confrontée à des intérêts de plus en plus diversifiés qui bloquent ses politiques, risque d'être condamnée à jouer un rôle mineur dans la lutte contre le terrorisme.

Pour certains observateurs de l'ONU, un rôle plus affirmé de l'Organisation mondiale semble irréaliste, vu les opinions divergentes de ses États Membres face aux menaces après la guerre froide. Il n'est pourtant pas irréaliste d'envisager une action de l'ONU plus développée qui incarne l'unité morale du monde après les attaques du 11 septembre 2001 qui ont causé la mort de plusieurs milliers de personnes venant de 80 pays.

L'ONU devrait pouvoir assumer un rôle plus direct, comme celui qui lui a été confié en matière de sécurité collective dans le monde, tel qu'indiqué dans sa Charte. À cet égard, l'Organisation devrait centraliser ses efforts antiterroristes en nommant un Haut Commissaire au terrorisme, comme aux droits de l'homme ou pour les réfugiés.

Ce commissaire aurait pour tâche de définir les mesures nécessaires pour que les États souscrivent au " régime antiterroriste mis en place par l'ONU " et de traiter les diverses plaintes avec fermeté et célérité. Il pourrait également faciliter la coopération mondiale afin d'éliminer les racines du terrorisme tant à long terme qu'à court terme.

On pourrait craindre qu'un commissaire de l'ONU contre le terrorisme fasse preuve de partialité ou d'inefficacité, étant donné les points de vue divergents des États membres sur le ou les sens du terrorisme. Il y a toujours eu des désaccords sur le sens attribué à certains termes très en vogue dans les couloirs de l'ONU. La définition de termes tels que " droits de l'homme ", " agression " et bien d'autres a suscité de nombreux débats mais un consensus a souvent pu être atteint et permettre à l'ONU d'aller de l'avant. Étant donné le danger réel du terrorisme international, l'ONU ne peut se permettre de perdre du temps à débattre de problèmes de linguistique et de sémantique. Comme dans le cas des " droits de l'homme " ou du " patrimoine commun de l'humanité ", nous pouvons espérer que les États parviendront à s'entendre sur une définition commune du terrorisme.

Ceci dit, la mise en place par l'ONU de nouvelles résolutions antiterroristes est impérativement nécessaire afin de forger une nouvelle identité et de servir de bastion de l'antiterrorisme mondial. Pour atteindre cet objectif, ses membres doivent être prêts à modifier leur plan d'action en adoptant des initiatives plus efficaces que celles entreprises il y a un an. Un commissaire de l'ONU contre le terrorisme serait en mesure de réagir avec rapidité, et donc avec efficacité, aux situations ou aux événements liés au terrorisme qui, généralement, surviennent soudainement et par surprise. De par sa nature, le terrorisme nécessite un type d'action différent que celui adopté jusqu'ici, une action qui a pour but d'optimiser les valeurs de paix et d'antiterrorisme dans le cadre de l'Organisation. S'il était habilité à prendre les décisions faisant autorité, comme le font les autres commissaires de l'ONU, le commissaire contre le terrorisme pourrait non seulement cristalliser le bien-fondé et la viabilité des Nations Unies mais aussi refléter la nécessité pour la communauté mondiale d'élaborer une nouvelle approche en matière de lutte contre le terrorisme. Cela permettrait au moins de renforcer les actions timides et lentes menées actuellement par l'ONU et de refléter le besoin universel d'éliminer le terrorisme dans le monde.

Les Biographies
Edward McMahon est doyen et professeur de politique appliquée à l'université de Binghamton (université d'État de New York).
Kaveh L. Afrasiabi, est titulaire d'un doctorat, professeur agrégé au Centre de performance démocratique, à l'université d'État de New York à Binghamton; il est également le fondateur d'une organisation non gouvernementale, Global Faith Peace et l'auteur, entre autres publications, de Dialogue of Civilizations/Dialogue of Theologies.
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