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Le VIH dans la Communauté des États indépendants
Par Sanjay Sethi, pour la Chronique

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L'épidémie du sida se propage rapidement en Europe de l'Est et en Asie centrale, les pays de la Communauté des États indépendants (CEI) continuant de subir une épidémie dont la croissance est la plus rapide dans le monde. Dans cette région, environ un million de personnes sont infectées par le virus — deux fois plus que les 420 000 personnes infectées à la fin de 1999. On estime à 250 000 le nombre de nouvelles infections qui se sont produites en 2001. Étant donné le niveau élevé des autres infections sexuellement transmissibles et les forts taux de consommation de drogues injectables parmi les jeunes, l'épidémie semble prête à s'étendre de manière considérable.

Avant 1994, les pays de la région faisaient seulement état de quelques cas d'infection. Un an plus tard, la première flambée de VIH s'est produite en Ukraine et au Bélarus. L'épidémie s'est ensuite étendue à d'autres pays voisins. La Moldavie a enregistré sa première flambée en 1996 et la Fédération russe en 1998. Des flambées similaires ont été rapportées en Lettonie et au Kazakhstan peu de temps après.

En Europe de l'Est, le principal mode de transmission du VIH est l'utilisation de drogues injectables. Jusqu'à 1 % de la population des pays de la CEI utilise des drogues injectables, ce qui constitue un risque pour eux et pour leurs partenaires sexuels. Plusieurs républiques d'Asie centrale, dont le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, ont fait état de flambées de VIH liées à l'utilisation de drogues injectables.

Les meilleures données disponibles révèlent que la consommation de drogues par injection est responsable de plus de 60 % des transmissions du virus en Europe de l'Est. Les rapports sexuels sans protection ont également contribué à la propagation du sida, et étant donné le nombre de plus en plus important de prostituées, le problème n'est pas prêt d'être résolu.

L'Ukraine est le pays européen le plus touché. Selon le ministère de la Santé de ce pays, 25 000 personnes sont actuellement infectées par le virus — environ 1 % de la population adulte. Helen Petrozolla, membre du Bureau national du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), spécialiste du sida en Ukraine, a indiqué que ces chiffres ne reflétaient pas la réalité, les mécanismes de surveillance n'étant pas suffisamment efficaces, et qu'il fallait probablement les multiplier par cinq ou six. Au début de l'épidémie, les pays de l'ex-Union soviétique ont été lents à répondre à la menace croissante du sida. Ceci était dû, en grande partie, aux stigmates liés à la maladie. Dans le passé, les tests de VIH ont été imposés uniquement aux populations considérées à risque. Les personnes séropositives étaient souvent détenues et isolées du reste de la société, perpétuant la peur et les stigmates associés au VIH/sida.

La peur de la discrimination peut empêcher les malades de rechercher un traitement ou de révéler publiquement leur état. Il arrive que les séropositifs, vrais ou supposés, soient privés de l'accès aux centres de soins de santé, à un logement et à un emploi ou que les assurances médicales refusent de couvrir leurs frais médicaux.

Selon Geneve Mantri, membre du Bureau national en Roumanie, les pays d'Europe centrale n'ont pas souffert du même degré de discrimination que ceux d'Europe de l'Est : " Les pays d'Europe centrale ont rapidement reconnu le problème en raison de leur dynamique politique et nationale. Leurs comportements étaient plus proches de ceux de l'Europe occidentale. "

Plusieurs pays d'Europe centrale ont réussi à maîtriser l'épidémie du VIH et ont servi d'exemple pour les autres pays de la région. En République tchèque, où les systèmes de surveillance du VIH sont considérés comme étant parmi les meilleurs d'Europe, la prévalence est faible. De même, la Hongrie et la Slovénie ont conçu des programmes nationaux de lutte contre le sida qui ont été tout aussi efficaces. La Pologne a également accompli d'immenses progrès en réduisant la propagation du VIH parmi les consommateurs de drogues injectables par le biais de programmes d'échange de seringues et d'autres initiatives visant à réduire le partage des seringues.

Bien que l'épidémie continue de se propager dans cette région, des mesures ont été prises pour renverser la tendance. Des pays, tels que la Bulgarie, la Roumanie, la Fédération de Russie et l'Ukraine, ont modifié leurs stratégies et augmenté considérablement leurs budgets destinés aux programmes nationaux de lutte contre le sida. Un nombre croissant de centres de santé dans la région offrent un dépistage volontaire ainsi que des conseils avant et après le dépistage. Le Bélarus et le Kazakhstan ont mis au point des programmes d'éducation et de dépistage du VIH permettant de réduire l'épidémie.

Un certain nombre d'organisations de l'ONU participent également aux efforts de la région. L'Équipe de pays des Nations Unies en Ukraine a mis en ouvre AGIR MAINTENANT, une initiative qui mobilise toutes les organisations locales de l'ONU afin de soutenir le gouvernement ukrainien dans le développement d'un programme de prévention contre le sida. De même, dans la Fédération de Russie, le PNUD a lancé des " stratégies appuyées par des partenariats pour la prévention des VIH/MST parmi les jeunes ". Ces initiatives ont pour objectif commun de réduire l'épidémie du SIDA en Europe centrale.

La partie visible de l'iceberg ?
L'Europe de l'Est et l'Asie centrale sont les plus touchées par la croissance de l'épidémie du VIH-sida la plus rapide dans le monde. En 2002, 1,2 million de personnes étaient infectées par le virus. Mais, une situation encore plus sombre est apparue en 2001 dans la ville de Togliatti, en Russie. La première étude menée dans la Fédération de Russie auprès des utilisateurs de drogues injectables a révélé que le nombre de personnes séropositives étaient largement en deçà du nombre de cas répertoriés. Au total, 56 % des utilisateurs de drogues participant à l'étude se sont révélés séropositifs — un grand nombre d'entre eux n'ayant contracté le virus qu'au cours des deux dernières années. Trois quarts des utilisateurs de drogues injectables infectés par le virus n'avaient pas conscience de leur état.

Les rapports hétérosexuels sont devenus une importante voie de transmission en Ukraine et au Bélarus. Quelque 40 % des prostituées, utilisant également des drogues injectables, n'utilisent pas de préservatif de manière systématique avec leur partenaire régulier et environ un quart d'entre elle n'en utilisent pas avec leurs clients.
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