UN Chronicle Online

Quatrième Commission : politiques spéciales et décolonisation
Sur les situations de conflits et après les conflits

Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Article
" Tirez vos propres conclusions ", a déclaré le représentant de la Zambie, le général John N. Musonda, lors de la Quatrième Commission (des politiques spéciales et de la décolonisation).

" Pendant la guerre froide, il y avait une mission de maintien de la paix de l'ONU en Afrique ", a-t-il expliqué. " Après la guerre froide, il y en avait quinze. Pendant la guerre froide, les puissances occidentales et orientales assuraient la stabilité dans certains pays pour servir leurs intérêts. Mais après, n'ayant plus aucune autre raison de rester dans la région, elles sont parties. Les dictateurs qui s'appuyaient sur ces puissances ont été livrés à eux-mêmes; " le centre n'a pas tenu et la situation s'est dégradée ", a-t-il dit, paraphrasant le grand roman de Chinua Achebe, qui tire son titre du poème de W.B. Yeats intitulé " The Second Coming ".

Au cours d'une conversation avec la Chronique ONU, le général Musonda a dit que pour pouvoir participer davantage aux missions de maintien de la paix de l'ONU, les États africains devaient surmonter les problèmes de formation et d'équipement, un fait reconnu par les diplomates européens et africains.

Graham Maitland, conseiller (Afrique du Sud) Président de la Quatrième Commission. Photo Chronique
Peu avant, le Président de la Commission, Graham Maitland (Afrique du Sud), avait rappelé que le renforcement des capacités des nations africaines " ravagées par la guerre " en matière de maintien de la paix n'était pas une question nouvelle. " Cela fait des années qu'elle fait partie de l'ordre du jour mais sans résultat. Cette année, nous avons enfin constaté des progrès importants ", a-t-il dit.

Selon le Département des opérations du maintien de la paix de l'ONU, 21 pays africains fournissent 10 191 casques bleus, soit 23 % des 43 007 soldats de la paix déployés dans les missions de maintien de la paix dans le monde. Les contributions en personnel militaire varient entre quatre soldats fournis par la Côte d'Ivoire et 3 340 par le Nigeria. Cependant, la question demeure de savoir pourquoi il est nécessaire de renforcer les capacités des États africains dans les opérations du maintien de la paix.

" La plupart des conflits dans le monde ayant lieu en Afrique, cela me semble tout à fait logique ", a commenté Kurt Mosgaard (Danemark), qui s'exprimait au nom de l'Union européenne. " Tous les pays peuvent bénéficier d'une plus grande participation des pays africains aux missions de maintien de la paix ", a-t-il dit à la Chronique. " Ce n'est pas si facile que ça [...] il faudrait parler avec les commandants des missions actuelles sur le terrain. La formation est un élément très important. On pourrait également fournir une assistance bilatérale dans certains domaines tels que le transport, l'équipement, la logistique. "

Malick Thierno Sow (Sénégal), qui s'exprimait au nom des nations africaines, a déclaré à la Chronique que la formation des soldats était essentielle. " Il faudrait créer des centres de formation dans les régions du nord, de l'est, du sud et du centre de l'Afrique ", a-t-il estimé. " Il y en a déjà quelques-uns. Il faudrait aussi allouer des ressources aux pays qui, parfois, ne peuvent pas participer par manque de fonds. "

Même si le débat portant sur les capacités des nations africaines en matière de maintien de la paix était considéré comme important, certains pays en développement se sont montrés préoccupés par le rôle de l'ONU dans l'établissement de la primauté du droit dans les États en transition, a déclaré M. Maitland. " C'est une question complexe. Lorsque les parties impliquées dans un conflit signent un accord de paix [...] il faut les aider. L'ONU cherche à trouver les moyens de renforcer ses capacités d'action. " Le Timor oriental et le Kosovo sont des " cas exceptionnels ", mais conférer des pouvoirs au-delà de l'administration transitoire a été perçu comme un problème. Le rapport Brahimi sur les opérations de maintien de la paix a d'ailleurs mentionné ce point.

Le débat sur une étude complète des opérations de maintien de la paix a conduit à une recommandation visant à proclamer le 29 mai Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies. La date marque la mise en place de la première mission de maintien de la paix de l'ONU en 1948, l'Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve au Moyen-Orient (ONUST).

À part les opérations de maintien de la paix de l'ONU, trois des quatorze sujets que le Président de l'Assemblée générale, Jan Kavan, a soumis à la Commission, traitaient des intérêts des peuples dans les territoires non autonomes ou non souverains. Les diplomates se sont félicités de l'indépendance du Timor-Leste et des développements positifs aux îles Tokelaou (voir encadré à la page suivante). Le Timor-Leste a accédé à l'indépendance l'année où a été établie la Deuxième décennie internationale pour l'élimination du colonialisme.

Cependant, avec 16 territoires non autonomes en plus, la Commission a du pain sur la planche. Selon le représentant permanent auprès de l'ONU, Jose Luis Guterres, la leçon que peuvent tirer ces territoires est qu'un pays peut accéder à l'autodétermination en respectant le droit international.

Photo ONU
Pendant notre lutte pour l'autodétermination, nous avons toujours respecté le droit international ", a déclaré M. Guterres à la Chronique. " Même en temps de guerre, nous ne nous en sommes jamais pris aux civils. Quelque 200 000 Indonésiens vivent au Timor oriental, mais ils n'ont jamais été pris pour cibles ou tués par les forces de la résistance.

Les membres de la résistance n'ont jamais commis d'actes terroristes et n'ont jamais lancé ni diffusé de propagande raciste. "

Dans son intervention lors du débat sur la décolonisation, Orlando Requeijo Gual, ambassadeur de Cuba, a fait remarquer qu'à part le " formidable exemple de l'indépendance du Timor-Leste, les autres réussites avaient été rares ", ajoutant qu'il était préoccupé de la manipulation constante de critères, tels que l'extension des territoires, la population réduite, l'éloignement ou la durabilité, dénaturant le caractère universel du droit inaliénable des peuples à l'auto-détermination.

Un autre sujet de désaccord concernait la question du Sahara occidental. Un référendum organisé en 1991 pour choisir entre l'indépendance ou l'intégration au Maroc — la puissance administrante — n'a pas été mené à bien en raison des appels et des désaccords concernant le processus d'identification et d'inscription des électeurs. Dans son rapport 2001 sur le Sahara occidental, le Secrétaire général, Kofi Annan, a conclu : " Bien que l'application du plan de règlement ait abouti à une impasse, des progrès importants ont été réalisés en vue de déterminer si le gouvernement du Maroc [...] était préparé à offrir ou à soutenir la décentralisation de l'autorité pour le territoire. " Sur recommandation de la Commission, l'Assemblée a approuvé sans vote le projet de résolution sur le Sahara occidental.

Les soldats africains font d'importantes contributions au maintien de la paix de l'ONU. Ces casques bleus maliens font partie d'un contingent des Missions des Nations Unies en République centrafricaine. Photo ONU/Evan Schneider
Les politiques menées au Moyen-Orient ont été au centre des débats de la Quatrième Commission. Les discussions portant sur les activités de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA) et sur le rapport du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés ont fait l'objet de commentaires.

Le Président du Comité spécial, Chithambaranthan Mahendran (Sri Lanka), a noté que la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés s'était détériorée depuis les incursions militaires israéliennes. Le rapport montrait une détérioration préoccupante de la situation humanitaire et économique accompagnée de violations graves des droits des civils palestiniens.

Répondant aux accusations contenues dans le rapport, le représentant israélien, Arye Mekel, a dit que le Comité spécial avait en fait alimenté une propagande hostile à Israël. Le plus choquant étant d'ailleurs son refus de prendre en compte l'impact du terrorisme palestinien, non seulement sur le peuple israélien mais aussi sur le peuple palestinien.

Sur le rapport du Comité spécial, l'Assemblée a voté par 86 voix pour, 6 voix contre et 66 abstentions et par 155 voix pour, 5 voix contre et 4 abstentions sur les opérations de l'UNRWA. Au total, elle a adopté 12 recommandations relatives au Moyen-orient.

Un changement mineur dans les habitudes de vote concernant les recommandations de la Quatrième Commission sur le Moyen-Orient fut le vote négatif d'Israël concernant les " Offres par les États membres de subventions et de bourses d'études pour l'éducation supérieure, y compris la formation professionnelle destinée aux réfugiés palestiniens ", qui avaient été adoptées sans vote lors de la cinquante-sixième session.

L'Assemblée a également adopté sans vote deux textes sur les " effets des rayonnements ionisants et sur la coopération internationale en matière d'utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique ", deux textes cherchant à assurer aux journalistes la liberté et l'efficacité dans l'exercice de leurs fonctions et une décision concernant l'augmentation des membres du Comité sur l'information. Dans la même veine, la Quatrième Commission " s'est réjouie " des transformations apportées au Département de l'information de l'ONU et de ses progrès vers une nouvelle " culture de l'évaluation ".

Sur recommandation de la Commission, l'Assemblée a adopté un total de 27 résolutions et 3 décisions. M. Maitland a jugé que la Commission avait fait tout ce qu'elle avait pu. " Certes, il nous faut résoudre des questions essentielles, telles que la question du Sahara occidental, la question palestinienne, la décolonisation des peuples qui souhaitent être décolonisés. Mais cela ne dépend pas des résolutions ou du nombre de résolutions. Cela dépend de la volonté politique ".

Les leçons du Timor-Leste et des Tokélaou
La décolonisation du Timor-Leste puis son indépendance, ainsi que le processus de décolonisation en cours aux îles Tokélaou sont des exemples de réussites de l'ONU.

Avec une population de 952 618 habitants, le Timor-Leste est devenu un État souverain en mai 2002, accédant à l'indépendance à l'issue d'un référendum sur l'autodétermination organisé en 1999. Son Représentant permanent auprès des Nations Unies, Jose Luis Guterres, a déclaré à la Chronique que le Timor-leste faisant l'objet de débats depuis les années 1970, soulignant que dans leur lutte pour l'indépendance, les membres de la résistance avaient toujours respecté le droit international et n'avaient jamais commis d'actes terroristes ni fait de propagande raciste dans le pays. Le Timor-Leste n'a jamais abandonné l'idée de trouver une solution pacifique.

M. Guterres a conseillé aux États occupés, de considérer les forces d'occupation comme des " groupes qui ont commis des erreurs ", faisant remarquer que " même dans les moments de sacrifice, il fallait avoir foi en l'humanité de son propre peuple et de son ennemi ". Les seuls moyens légitimes d'exercer l'autodétermination, a-t-il dit, sont ceux reconnus par la communauté internationale. Les actes terroristes ne permettront pas de parvenir à la décolonisation, ils " menaceront l'aspiration des peuples à être libres " a-t-il dit, ajoutant que " même lorsque nos enfants ont été la cible, nous avons toujours cherché à instaurer la paix par le dialogue ".

Les Tokélaou est un groupe de trois atolls, situés dans l'océan Pacifique, à mi-chemin entre Hawaï et la Nouvelle-Zélande, dont la superficie totale est de 10 km2. Chaque atoll comprend des bandes de terre de 200 m de large à 5 m au-dessus du niveau de la mer, abritant une population totale de 1 518 habitants.

Au cours des dernières années, les Tokélaou ont été portées à l'attention de la communauté internationale quand elles sont passées du statut de territoire non autonome régi par le gouvernement néo-zélandais à celui d'État autonome constitutionnel. Sa relation avec la puissance administrante est cruciale, étant donné que les possibilités de générer des revenus sont très limitées et que le territoire dépend en grande partie de l'aide. La Nouvelle-Zélande a fourni une assistance monétaire et une expertise importantes, destinées à la création d'une institution démocratique appelée la " Maison moderne des Tokélaou ", un cadre constitutionnel basé sur la structure sociale traditionnelle des atolls. Selon la puissance administrante, les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande continuent de voir l'autodétermination comme un processus en évolution où la puissance administrante et les pays tiers reconnaissent le système mis en place par les Tokélaouans.

Dans un entretien accordé à la Chronique, le représentant de la Nouvelle-Zélande auprès de la Quatrième Commission, Tim McIvor, a déclaré que les Tokélaou ont " plusieurs options, allant de l'intégration à l'indépendance ", ajoutant que les deux pays continueront de collaborer sur les questions telles que le développement durable et la construction de capacités, jusqu'à ce qu'ils [les Tokélaouans] décident de la marche à suivre ", a-t-il dit.
Page d'accueil | Dans ce numéro | Archives | Anglais | Contactez-nous | Abonnez-vous | Liens
Copyright © Nations Unies
Retour  Haut