UN Chronicle Online

Dans ce numéro
Archives
Anglais

Contactez-nous
Abonnez-vous
Liens
Une planète. Ses habitants

L’environnement mondial
L’humanité se trouve à une étape cruciale



Photo ONU

Selon le Troisième rapport du PNUD sur l’environnement mondial (GEO-3), plus de 70 % des surfaces de la Terre pourraient être affectées par les effets de la construction de routes, de villes et autres grands équipements au cours des 30 prochaines années à moins que des mesures ne soient prises d’urgence. Le rapport, établi par plus de 1 000 experts, énonce que l’humanité se trouve à une étape cruciale de son existence, car les choix relatifs à la planète faits aujourd’hui, sont d’une importance cruciale pour les forêts, les océans, les fleuves, les montagnes, la flore et la faune sauvages et les autres systèmes dont dépendent les générations présentes et futures.

« C’est l’évaluation qui fait le plus autorité à ce jour sur ce que nous avons été, ce à quoi nous sommes parvenus, et l’itinéraire que nous allons probablement emprunter. Les faits qui sont consignés dans ce rapport montrent la quantité énorme de connaissances désormais accumulées sur l’état réel de la Terre. Il souligne aussi les succès obtenus notamment par les gouvernements, l’industrie, le public, dans la tentative de rétablir et de préserver l’eau douce, le sol, la faune et la flore sauvages, l’océan, l’atmosphère, des atteintes et des coups qui leur sont portés, en particulier dans les continents et les pays qui ont les moyens de cette restauration », a dit le Directeur exécutif du PNUE, Klaus Toepfer. Le rapport fait état des politiques suivies au cours des 30 dernières années et des impacts qu’elles ont eus sur l’environnement. Il présente quatre scénarios pour les trois prochaines décennies et compare et contraste les effets probables sur les hommes et sur la nature.

Plus de la moitié des habitants de la planète pourraient vivre dans des zones souffrant de stress hydrique grave en 2032 si les forces du marché continuent à avoir la haute main sur l’évolution de la situation politique, économique et sociale mondiale. L’Asie occidentale, qui englobe la péninsule Arabique, serait sans doute la région la plus touchée, puisque 90 % de sa population vivraient dans des zones souffrant de « stress hydrique grave » en 2032. Les perturbations des habitats et autres atteintes à l’environnement, causées par la croissance des infrastructures trop rapide et mal conçue, pourraient toucher l’Amérique latine et les Caraïbes, affectant plus de 80 % de leur superficie, suivies de l’Asie et du Pacifique, affectant plus de 75 % des terres.

Une action concertée incluant les gouvernements et l’industrie pourrait également permettre de réaliser une importante réduction des émissions de gaz liées au réchauffement de la planète. Une détermination suffisante des secteurs publics et privés pourrait permettre de stabiliser les niveaux de dioxyde de carbone d’ici en 2032. Des améliorations ont été apportées dans des domaines tels que la qualité de l’eau des rivières et de l’air en Amérique du Nord et en Europe par exemple. L’action internationale de reconstitution de la couche d’ozone, qui est le bouclier protecteur de la Terre, par une réduction de la production et de la consommation de chlorofluorocarbones (CFC) est un autre succès notable.

Mais, de façon générale, il y a eu une dégradation progressive de l’environnement, en particulier dans de vastes parties du monde en développement. Selon le rapport, cette dégradation de la qualité de l’environnement aggrave la vulnérabilité des populations aux risques naturels que sont les cyclones, les inondations et les sécheresses, et aux risques d’insécurité alimentaire, de maladies et de modes d’existence non viables à terme.

Il ressort que presque toutes les évaluations et projections consignées dans le rapport trouvent leur origine dans le phénomène du réchauffement mondial, dont les effets pourraient perturber gravement les conditions météorologiques au cours des prochaines décennies. L’une des principales forces motrices n’est autre que l’écart grandissant entre les régions riches et les régions pauvres de la planète. Actuellement, un cinquième de la population mondiale jouit d’une prospérité élevée, qui représente près de 90 % de la consommation personnelle totale mondiale, alors que quatre milliards de personnes vivent avec moins de 1 ou 2 dollars par jour. Les pauvres, les malades, les désavantagés, sont particulièrement vulnérables. Tout indique que le fossé entre ceux qui peuvent se protéger contre l’aggravation de l’état de l’environnement et les autres ne cesse de s’élargir.



La dégradation de l’environnement est fort coûteuse pour les pays. L’Inde par exemple perd plus de 10 milliards de dollars chaque année, soit 4,5 % de son produit intérieur brut, la dégradation des sols causée par l’homme, à elle seule, causant une perte de productivité de 2,4 milliards de dollars environ. Le nombre de personnes touchées par les catastrophes a augmenté, passant d’une moyenne de 147 millions par an durant les année 80, à 211 millions par an durant les années 90. Les pertes financières dans le monde, résultant des catastrophes naturelles, ont été estimées en 1999 à plus de 100 milliards de dollars. La gravité des catastrophes causées par le climat augmente, et certains experts relient cette évolution du changement climatique aux émissions anthropiques. Durant les années 90, 90 % des victimes de ces catastrophes ont péri par suite des inondations, des tempêtes et des sécheresses. La dégradation de l’environnement entraîne également une augmentation du risque sanitaire. La pollution par les eaux usées rejetées dans les mers a engendré une crise sanitaire qui a atteint des proportions massives. La consommation de coquillages pollués est responsable de 2,5 millions de cas d’hépatite infectieuse chaque année, qui font 25 000 morts.

La terre. La principale force motrice, qui exerce une pression sur les ressources foncières, n’est autre que l’accroissement de la population mondiale. En 2002, il y a 2 220 millions de bouches de plus à nourrir qu’en 1972. En Asie et dans le Pacifique, les surfaces irriguées sont passées de moins de 125 millions d’hectares en 1972 à plus de 175 millions en 2002. Une irrigation excessive, mal conçue, peut dégrader les sols par l’impact de la salinisation - une accumulation de sel. Plus de 10 %, soit entre 25 et 30 millions d’hectares, des terres irriguées, dans le monde, sont considérées gravement dégradées par le sel.

L’érosion des sols est un facteur essentiel de leur dégradation. Ce sont environ 2 000 millions d’hectares de terres, soit 15 % de la surface émergée de la terre, ou une superficie plus grande que les États-Unis et le Mexique réunis qui sont désormais dégradés du fait des activités de l’homme. Un sixième environ de cette superficie, soit 305 millions d’hectares de sols, sont « fortement ou extrêmement dégradés ». Les sols extrêmement dégradés sont si endommagés qu’aucune remise en état n’est possible. La montée de l’agriculture urbaine est une des caractéristiques des 30 dernières années. La plupart des ménages en Asie du Sud-Est et dans les îles du Pacifique pratiquent cette activité. Environ 30 % de l’alimentation des habitants de la Fédération de Russie provient des 3 % produits par les jardins et vergers de banlieue. On estime à 65 % la population de Moscou qui pratique cette activité, cette proportion était de 20 % au début des années 70.

L’eau. La moitié environ des fleuves mondiaux sont gravement atteints ou pollués. Environ 60 % des 227 fleuves les plus importants de la planète sont fortement ou modérément fragmentés par des retenues et autres grands ouvrages. Les avantages résultant de ces travaux sont une augmentation de la production vivrière et de l’hydroélectricité. Mais ils causent des dommages irréversibles aux terres humides et autres écosystèmes. Depuis les années 50, entre 40 et 80 millions d’hommes ont été déplacés à cause de la construction de barrages. Deux milliards d’hommes, soit un tiers de la population mondiale, sont dépendants des eaux souterraines. Dans certaines parties de l’Inde, de la Chine, de l’Asie occidentale, et notamment de la péninsule Arabique, de l’ex-Union soviétique et de l’Ouest des États-Unis, le niveau de la nappe phréatique baisse par suite de prélèvements excessifs d’eau.

Un pompage excessif d’eau peut entraîner l’intrusion d’eau de mer dans les zones côtières. Par exemple, la contamination par l’eau salée, à Madras (Inde), pénètre maintenant jusqu’à 10 kilomètres à l’intérieur des terres. Quatre-vingt pays, représentant 40 % de la population mondiale, souffraient d’un grave manque d’eau au milieu des années 90. Ainsi, 1,1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2,4 milliards n’ont pas de moyens d’assainissement améliorés, surtout en Afrique et en Asie. Cependant, le pourcentage de personnes desservies par des adductions d’eau améliorées a augmenté, passant de 79 % en 1990 (4,1 milliards) à 82 % en 2000 (4,9 milliards).

Les maladies d’origine hydrique prélèvent un lourd tribut en vies humaines : deux milliards sont menacés par le paludisme, et 100 millions de personnes sont malades à un moment quelconque; chaque année, on compte deux millions de décès dus au paludisme. Quatre milliards souffrent également de diarrhée, faisant 2,2 millions de morts par an. Les infestations vermineuses intestinales touchent 10 % des habitants des pays en développement. Six millions de personnes environ sont devenues aveugles par suite du trachome, maladie oculaire contagieuse. Environ 200 millions souffrent de la schistosomiase, une grave maladie parasitaire.

Les forêts et la diversité biologique. Les forêts, qui couvrent 3 866 millions d’hectares, soit un tiers des surfaces émergées, ont diminué de 2,4 % depuis 1990. C’est surtout l’Afrique qui est touchée, puisque 52,6 millions d’hectares de forêts ont disparu, soit 0,7% du couvert forestier, au cours des 10 dernières années. La production mondiale de bois ronds a atteint 3 335 millions de m3, dont la moitié sont utilisés comme combustible, surtout dans les pays développés. Les méthodes commerciales d’abattage du bois sont souvent destructrices. En Afrique occidentale, il faut abattre 2 m3 d’arbres pour produire 1 m3 de grumes.

À la fin de 2000, des dispositifs de vérification de la bonne gestion des forêts tels que ceux animés par le Conseil de bonne gestion des forêts, avaient certifié comme conforme aux normes de durabilité, l’exploitation de 2 % environ des forêts mondiales.

Il s’agit surtout de forêts situées en Allemagne, au Canada, aux États-Unis, en Finlande, en Norvège, en Pologne et en Suède. D’autres dispositifs sont en préparation. Les forêts de palétuviers, qui constituent un rempart naturel contre la mer et sont des lieux de prédilection pour l’éclosion des alevins, la confection de nids pour les oiseaux migrateurs, qui y font halte, sont menacées par les impacts d’activités telles que l’abattage excessif de bois d’œuvre et de bois de feu, le développement touristique et les infrastructures côtières. Jusqu’à 50 % des zones de palétuviers récemment détruites l’ont été pour la mise en place d’exploitations d’élevage de crevettes.

La perte et la fragmentation des habitats que sont les forêts, les zones humides et les marais de palétuviers (mangroves) ont encore accru les pressions qui s’exercent sur la faune et la flore sauvages mondiales.

L’introduction d’espèces allogènes d’une région du monde dans une autre est devenue une menace notable, ces dernières années, parallèlement au changement climatique. En effet, les espèces allogènes ont rarement, dans leur nouvel habitat, de prédateurs naturels, et peuvent donc l’emporter dans la compétition avec les espèces locales, pour l’obtention de sites où elles peuvent se reproduire et s’alimenter. On estime qu’en 1939, 497 espèces allogènes habitant les eaux douces ou les mers avaient été introduites dans des environnements aquatiques de par le monde. Durant la période 1980-1998, ce chiffre, selon les estimations, avait grimpé à 2 214.

La superficie totale de zones protégées, telles que les parcs nationaux, est passée de 2,78 millions d’hectares en 1970 à 12,8 millions d’hectares en 2000. Leur nombre est passé de 3 392 à 11 496 durant la même période. Une enquête portant sur 93 zones protégées a permis de constater que la plupart réussissaient effectivement à enrayer le défrichage des zones sauvages et dans une moindre mesure à résoudre des problèmes tels que l’abattage de bois, la chasse, les feux de brousse et le surpâturage. Le moratoire sur la chasse commerciale à la baleine imposée depuis le milieu des années 80 semble avoir été un succès notable.

Les zones côtières et marines. En 1994, on estimait à 37 % la proportion de la population mondiale qui vivait à moins de 60 kilomètres d’une côte, ce qui est plus que l’ensemble de la population mondiale en 1950. À l’échelle mondiale, les eaux usées sont la principale source de contamination, en volume, et les déversements d’eaux usées provenant des pays en développement sont en augmentation du fait de l’urbanisation rapide, de l’accroissement de la population et du manque de mesures d’aménagement et de financement de systèmes d’évacuation des eaux usées et d’usines de traitement de l’eau.

Le Programme d’action mondial du PNUE pour la protection du milieu marin contre la pollution due aux activités terrestres a été lancé en 1995 puis redynamisé en 2001. L’un de ses principaux objectifs est de réduire les rejets d’eaux usées. L’impact économique de la contamination des mers, mesuré par le coût entraîné par les maladies et par la mauvaise santé, serait de l’ordre de près de 13 milliards de dollars. Les rejets d’eaux usées, à quoi il faut ajouter les eaux de ruissellement chargées d’engrais provenant des terres agricoles et les émissions des voitures, camions et autres véhicules, apportent des éléments nutritifs aux océans et aux mers, surtout des composés azotés.

En 1991-1992, les exploitations d’élevages de poissons en République de Corée ont subi une perte de 133 millions de dollars par suite d’efflorescences d’algues toxiques, les marées rouges, qui ont été déclenchées par ces apports d’éléments nutritifs. L’application d’engrais augmente dans les pays en développement mais s’est stabilisée dans les pays développés.

D’autres menaces pèsent sur l’océan : le changement climatique, les déversements d’hydrocarbures, les rejets de métaux lourds, de polluants organiques persistants (POP) et de détritus divers. La sédimentation, qui est le résultat d’activités de construction le long des côtes, mais aussi de l’agriculture et du déboisement, menace gravement les récifs coralliens dans le monde, en particulier dans les Caraïbes, l’océan Indien et l’Asie du Sud et du Sud-Est.

La lutte contre la pollution marine est l’un des principaux objectifs du Programme du PNUE pour les mers régionales qui, avec la signature d’un accord sur la protection des mers régionales du Pacifique du Nord-Est, en mars 2002, couvre désormais pratiquement l’ensemble du milieu marin mondial. Les pays ont adopté au début de 2001 la Convention de Stockholm sur les POP, qui sont 12 composés polluants organiques persistants particulièrement sales. On considère qu’un peu moins d’un tiers des stocks de poissons, dans le monde, sont en voie d’épuisement, surexploités ou en cours de récupération, par suite d’une surpêche qui se trouve alimentée par des subventions estimées à 20 milliards de dollars par an.

L’atmosphère. L’épuisement de la couche d’ozone, qui protège la vie sur la Terre contre des rayons ultraviolets dangereux, a atteint des niveaux exceptionnels. En septembre 2000, le trou de l’ozone au-dessus de l’Antarctique couvrait plus de 28 millions de kilomètres carrés.

Le Protocole de Montréal a été adopté en 1987. La production des principaux chlorofluocarbures (CFC), des substances dont on a constaté qu’elles détruisaient la couche d’ozone, est passée par un maximum en 1988 mais est désormais ramenée à des niveaux très bas. Plus de 1,1 milliard de dollars ont ainsi été fournis à 114 pays en développement pour les aider à éliminer les substances qui appauvrissent la couche d’ozone. À la fin de 2000, la consommation totale de ces produits chimiques avait été réduite de 85 %. Il faudra attendre le milieu du XXIe siècle pour que le couche d’ozone ait retrouvé ses niveaux antérieurs à 1980.

Les concentrations de dioxyde de carbone, principal gaz lié au phénomène du réchauffement mondial, sont actuellement de 370 ppm (parties par million) soit 30 % de plus qu’en 1750. Les concentrations des autres gaz à effet de serre comme le méthane et les halocarbures, ont également augmenté. Dans la région de l’Asie et du Pacifique, les émissions ont atteint 2 167 millions de tonnes de dioxyde de carbone en 1998; cette région était suivie par l’Europe avec 1 677 millions de tonnes, par l’Amérique du Nord avec 1 614 millions de tonnes, par l’Afrique, 223 millions de tonnes, l’Amérique latine et les Caraïbes, 365 millions de tonnes, et l’Asie occidentale avec 187 millions de tonnes.
En 1997, en adoptant le Protocole de Kyoto, les pays industrialisés se sont engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 5 % environ entre 2008 et 2012, en dessous des niveaux atteints en 1990. Le Protocole comporte également des mécanismes souples qui permettent aux pays de compenser une partie de leurs émissions par des actions positives à l’étranger. Le Mécanisme de développement propre, par exemple, permet de compenser les émissions par la plantation d’arbres ou par un soutien à des dispositifs d’exploitation de l’énergie écologiquement rationnels dans les pays en développement. Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat estime que l’application du Protocole coûtera aux pays industrialisés entre 0,1 et 2 % de leur produit intérieur brut.


Dans ce numéro || Archives || Anglais || Contactez-nous || Abonnez-vous || Liens

Chronique Page d’accueil
 
Copyright © Nations Unies