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La Bibliothèque Dag Hammarskjold est à la hauteur du défi

Par John A. Aarons

Il y a quinze ans, la Bibliothèque Dag Hammarskjold dépendait des services de consultation traditionnels, essentiellement localisés, y compris des documents de référence et des fichiers. Depuis, la situation a beaucoup évoluée, comme le remarque M. Aarons dans cet article. (Photo ONU)

On peut supposer que Dag Hammarskjöld aurait approuvé la résolution du millénaire, adoptée par l’Assemblée générale le 8 septembre 2000 [Déclaration du Sommet du millénaire A/RES/55/2], qui engageait les Nations Unies à « faire en sorte que les avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de l’information et de la communication, soient accordés à tous ». Cette résolution est importante car tout le monde reconnaît désormais que les technologies de l’information et de la communications (TIC) ont un rôle important à jouer dans le niveau et la qualité de vie des gens, spécialement de ceux qui vivent dans les pays en développement où l’utilisation efficace de ces nouvelles technologies représente le plus grand défi.

Cette tâche est devenue urgente alors que la création des superautoroutes de l’information et l’augmentation rapide de la disponibilité de l’information ont encore davantage accentué l’écart entre les pays riches et les pays pauvres. Comme il est indiqué dans le Programme de réseau du développement durable pour la Jamaïque du Programme des Nations Unies pour le développement « l’évolution rapide d’Internet a donné un signal d’alarme retentissant aux pays en développement : dans le domaine de l’information, l’écart continuera de se creuser à moins que tous les secteurs clés de la société puissent avoir accès à Internet, et à des prix abordables. La réduction du « fossé numérique » est donc devenu un point crucial de l’ordre du jour des gouvernements et des organisations internationales.

À cet égard, les bibliothèques devraient être considérées comme essentielles à la recherche de solutions.

Car, comme l’a dit l’American Library Association, le « fossé numérique n’est pas seulement l’accès à un ordinateur. Pendant plus d’une centaine d’années, elles ont permis de réduire le fossé entre ceux qui avaient accès à l’information et ceux qui en étaient privés ». Elles sont donc le mieux placées pour exploiter la nouvelle technologie afin de fournir un accès à l’information plus rapide et plus efficace. « Le moment est venu d’agir », a affirmé Ross Shimmon, Secrétaire général de la Fédération internationale des bibliothèques et des institutions, « mais seulement si nous relevons le défi. »

De toute évidence, la Bibliothèque Dag Hammarskjold a été à la hauteur du défi. Bibliothèque principale dans le système des Nations Unies, elle a recours aux outils modernes des technologies de l’information et de la communication pour fournir au public l’accès aux sources d’information dans l’ensemble du système de l’ONU. En mai 2000, Anwarul Chowdhury (Bangladesh), soutenant la déclaration du Nigeria au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a noté avec satisfaction, au cours d’une réunion du Comité de l’information, que la « Bibliothèque Dag Hammarskjold devenait une bibliothèque virtuelle de diffusion mondiale, permettant à de plus en plus d’utilisateurs d’accéder à l’information et à d’autres documents électroniques de l’ONU ». Elle a donc un impact direct sur la vie d’un grand nombre de personnes dans le monde.

Dag Hammarskjöld avait pour vision une bibliothèque « de la plus grande qualité, conçue, meublée et équipée conformément aux normes des bibliothèques les plus modernes », qui jouerait un rôle prédominant dans les activités de l’ONU. Il aurait donc approuvé le rôle de la Bibliothèque dans la recherche et la diffusion de l’information dans le contexte électronique. L’ONU étant un éditeur important de documents et de publications, la Bibliothèque s’est employée à diffuser l’information qui y était contenue. Le contrôle bibliographique des documents et des publications produites par l’Organisation, par ses bureaux établis dans le monde entier, a toujours été une fonction de la Bibliothèque. Le Système d’information bibliographique des Nations Unies (UNBIS), la principale base de données bibliographiques de l’ONU, établi en 1979, offre l’accès à la production documentaire des Nations Unies et aux publications extérieures aux Nations Unies acquises par la Bibliothèque Dag Hammarskjold. Auparavant, seuls le personnel du Secrétariat, les missions de l’ONU, les gouvernements étrangers et les bibliothèques dépositaires avaient accès en ligne. Cette documentation est désormais disponible à tous les utilisateurs d’Internet. Comprenant des documents en texte intégral, des discours, des résolutions, etc., ce système a en révolutionné la disponibilité.

Même si la principale fonction de la Bibliothèque était - et est toujours - de répondre aux besoins du personnel du Secrétariat et de celui des missions permanentes, elle dispose, depuis le début, d’un programme de diffusion établi dans le programme des bibliothèques dépositaires. Ce programme s’est considérablement développé. On compte actuellement 407 bibliothèques dépositaires dans 145 pays, la plupart dans les pays en développement et installées généralement dans une bibliothèque nationale ou universitaire. Cependant, la composition et l’efficacité des bibliothèques dépositaires ont changé au cours du temps. Tandis que les bibliothèques peuvent recevoir les documents dans le format imprimé traditionnel - et continuent peut-être de le faire - , la Bibliothèque a produit des CD-ROM en texte intégral qui sont disponibles dans les bibliothèques dépositaires et de terrain du monde entier.

Le processus de diffusion de la documentation de l’ONU a été facilité par la création du site web de la Bibliothèque, qui contient des fichiers bibliographiques ainsi que des bases de données de documents de l’ONU en texte intégral, etc. La Bibliothèque a également produit un thésaurus UNBIS, qui couvre de multiples domaines. La version électronique (4e édition) est la première édition disponible dans les six langues officielles de l’ONU. Sa publication est importante car elle contient les termes utilisés dans l’analyse documentaire des documents et des publications concernant les activités de l’ONU. Le site a également permis à la Bibliothèque d’étendre son rôle et de fournir des informations d’ordre général, telles que la liste des conférences et des interventions de l’ONU, ainsi que des informations sur une variété de sujets tels que les drapeaux et les cartes. Il a l’avantage d’être présenté dans les six langues officielles. Cette approche multilingue adoptée par la Bibliothèque a permis d’augmenter sa capacité à diffuser l’information de manière plus efficace que lorsqu’elle était limitée à l’anglais ou au français. En 1999, le site de la Bibliothèque a reçu 1,5 million de visiteurs [Rapport du Comité de l’information, A/55/21].

En 1998, la Bibliothèque a créé un Consortium des Nations Unies afin de partager le coût des licences de site pour les services d’information en ligne externes.

En 2000, ce consortium comptait 37 membres et offrait des produits provenant de 13 sources. Alors que la Bibliothèque est sur le point de devenir une « bibliothèque virtuelle », l’information n’est plus confinée dans ses murs mais peut être facilement obtenue lorsqu’elle est nécessaire. Et avec Internet, toutes les bibliothèques du système de l’ONU peuvent être connectées et toutes les ressources sont accessibles à n’importe quel moment. Tel est l’objectif du Système d’accès public et de catalogage partagé du système de l’ONU (UNCAPS). Ce site, coordonné par la Bibliothèque, fournit un seul point d’accès aux catalogues de la Bibliothèque, aux index et aux données de base des documents, aux ressources documentaires ainsi qu’aux liens aux documents en texte intégral et aux archives.

Cependant, la Bibliothèque doit tenir compte du fait qu’Internet est seulement disponible pour un faible pourcentage de la population. Augmenter l’accès à Internet devrait être l’un de ses objectifs, alors qu’elle cherche à diffuser l’information au plus grand nombre de personnes possible. L’un des moyens pour y parvenir est d’augmenter la capacité d’accès à des bibliothèques dépositaires et de terrain afin d’aider leurs utilisateurs. À cet égard, la formation est importante. En 2000, avec la coopération des centres d’information et des services de l’ONU, quatre ateliers de formation régionaux ont été organisés à l’intention des bibliothécaires des bibliothèques dépositaires des pays en développement, l’accent ayant été mis sur la formation pratique en ce qui concerne l’utilisation des ressources de l’ONU sur Internet. L’une des priorités de la Bibliothèque devrait être de veiller à ce que ces bibliothèques bénéficient d’une connexion efficace à Internet à des prix raisonnables. En utilisant le Catalogue collectif de l’ONU (UNCAT), elles pourraient avoir accès au fonds de la Bibliothèque et télécharger des documents lorsqu’elles en ont besoin, ce qui les dispenserait d’avoir à entreposer des exemplaires imprimés sur place.

En 1999, la Bibliothèque a lancé un programme d’aide technique interactif afin de soutenir les petites bibliothèques dépositaires et de terrain et de les aider à mettre à jour leurs services. Elle a créé une base de données, intitulée SMLCAT, à l’intention des petites bibliothèques de terrain, les instructions d’emploi étant fournies sur son site. Conçu pour promouvoir le partage des ressources entre les bibliothèques de l’ONU et éviter le chevauchement des tâches, ce programme pourrait être utile aux bibliothèques disposant d’un personnel limité dans les pays en développement. La Bibliothèque recommande donc d’utiliser les outils bibliographiques conçus par ses propres soins pour rechercher et extraire les documents de l’ONU.

Elle a non seulement suivi le développement des technologies modernes mais a aussi lancé ses propres initiatives afin de faire connaître son fonds au plus grand nombre de personnes possible, ainsi que ceux des autres bibliothèques faisant partie du réseau de l’ONU. Elle n’en a pas pour autant perdu de vue sa responsabilité fondamentale, à savoir fournir l’information à ses adhérents, comme en 2000/2001 où elle a répondu à 60 000 demandes de référence. Grâce à la numérisation des documents et à la création de base de données de ses ressources, un grand volume d’information est actuellement accessible par les utilisateurs du monde entier [Rapport annuel du Secrétaire général, A/56/1]. En offrant l’information en plusieurs langues, la Bibliothèque remplit son rôle en aidant à réduire le fossé qui existe en matière d’information entre les pays développés et ceux en développement.



John A. Aarons, Directeur exécutif de la Bibliothèque nationale de Jamaïque, a fait une présentation, dont nous publions des extraits, lors du symposium organisé à l’occasion du quarantième anniversaire de la Bibliothèque Dag Hammarskjold, le 1er mars 2002.

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