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Honorer les promesses faites il y a dix ans
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Photo ONU/John Isaac
« Nous avons tous été enfant un jour - et nous sommes à présents les parents, grands-parents, oncles et tantes d’autres enfants. » C’est ce que déclare le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, dans son rapport historique, Nous les enfants : Honorer les promesses du Sommet mondial pour les enfants.
Les besoins des enfants ne sont ni des problèmes « complexes », ni des problèmes « ardus ou épineux » qu’il faut politiser ou combattre. Les enfants ont droit à un départ décent dans la vie. Et nous autres adultes, qui avons été aussi des enfants et peut-être des parents, devrions faire notre possible pour nous assurer que les enfants et les générations futures hériteront d’un monde plus juste, plus sûr et plus sain - un monde avec un avenir meilleur. N’est-ce pas ce à quoi les familles de tous les temps ont aspiré et se sont employées, dans la sueur et dans les larmes ?

Le rapport Nous les enfants évalue les progrès accomplis en vue d’atteindre les engagements du Sommet mondial pour les enfants de 1990, et comprend les meilleures pratiques et leçons à tirer, les obstacles au progrès et un plan d’action pour bâtir un monde digne des enfants. C’est une version révisée et abrégée du rapport du Secrétaire général, Nous les enfants : examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants, publié en mai 2001, quelques mois avant la Session extraordinaire initialement prévue. Cette session d’automne a été annulée à cause d’un acte de terrorisme inoubliable commis le 11 septembre. L’une des conséquences fut de reporter encore davantage l’examen des besoins des enfants au niveau politique le plus haut et au niveau de la famille.

Neuf mois plus tard, les dirigeants ont prévu de se réunir à New York du 8 au 10 mai 2002, afin de chercher les moyens d’assurer un avenir meilleur pour les enfants.

La Session extraordinaire de l’Assemblée générale réunira à l’ONU les chefs de gouvernement et d’État, les organisations non gouvernementales, les défenseurs des droits des enfants ainsi que des jeunes. Elle sera une occasion unique de changer la manière dont le monde considère et traite les enfants.

Premièrement, elle évaluera les progrès accomplis depuis l’adoption de la Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement des enfants et son Plan d’action adopté en 1990, peu de temps après l’entrée en vigueur de la Convention sur les droits des enfants. Depuis, cet instrument international a été ratifié par tous les pays sauf deux, et place les enfants au centre de la recherche de l’application universelle des droits de l’homme. Deux Protocoles facultatifs, sur le recrutement des enfants dans les conflits armés, la vente et la prostitution des enfants et l’exploitation des enfants à des fins pornographiques, ont été adoptés pour renforcer les dispositions de la Convention dans ces domaines et sont entrés en vigueur respectivement le 12 février et le 18 janvier 2002.

Deuxièmement, la session sera une occasion de construire un consensus entre les dirigeants afin de placer l’ordre du jour au-delà des questions de survie pour traiter l’épanouissement de l’enfant. La négligence des problèmes des enfants coûte cher à la société. La recherche sociale a révélé que les toutes premières expériences des enfants, dans la famille et avec d’autres pourvoyeurs de soins, ont un effet déterminant sur leur développement futur.

Les points forts et les points faibles
La dernière décennie du XXe siècle a présenté d’importantes promesses pour l’avenir des enfants : la prospérité économique mondiale, une plus grande liberté sur le plan politique et l’apparition de nouvelles technologiques. Mais les maux, mortels pour le bien-être des enfants, ont persisté et se sont même intensifiés : pauvreté écrasante, maladies, violence et accès de plus en plus inégal aux services et à la richesse. Ces succès vont donc de pair avec des problèmes nouveaux ou anciens :
+ Une prospérité mondiale et un accès à l’information sans precedent
- mais une persistance de la pauvreté et des disparités croissantes entre les pays riches et les pays pauvres ainsi qu’à l’intérieur de chaque pays.
+ Suite au Sommet mondial pour les enfants, une victoire de plus en plus importante dans la lutte contre les grandes maladies infantiles, à laquelle s’associent des partenariats plus rigoureux
- mais des ravages inimaginables imputables à la pandémie du VIH/sida, spécialement en Afrique subsaharienne.
+ Une certaine amélioration de la condition de la femme, notamment une meilleure reconnaissance de ses droits dans de nombreux pays
- mais une persistance de l’inégalité et de la discrimination entre les sexes.
+ Une plus grande prise de conscience des droits des enfants et des violations de ces droits
- mais une prolifération des conflits armés faisant un nombre disproportionné de victimes chez les enfants; la persistance d’autres formes de violence à l’égard de ces derniers et la poursuite de l’exploitation de leur corps et de leur travail.
+ Des progrès dans la réduction de la dette qui handicape les pays pauvres, qui font que davantage de ressources peuvent être mises au service des enfants
- mais une diminution inquiétante de l’aide internationale au développement et un intérêt insuffisant des services de base aussi bien de la part des pays donateurs que des pouvoirs publics nationaux.
+ De nouvelles possibilités de participation populaire résultant de l’extension de la gouvernance démocratique et des progrès de la décentralisation, ainsi que du rôle de plus en plus actif de la société civile, des ONG et du secteur privé dans le processus de développement
- mais une gestion de l’environnement toujours aussi médiocre qui rend de plus en plus d’enfants vulnérables aux maladies et aux catastrophes naturelles.
La manière dont un enfant se développe détermine s’il apportera une contribution à la société ou s’il représentera un coût pour celle-ci. La Charte de l’ONU, créée il y a plus de cinquante ans en ce sens, s’engage à « sauver les générations futures » de la guerre et de promouvoir le « progrès social ainsi que de meilleurs niveaux de vie dans une plus grande liberté. » Et avec chaque génération successive, cette promesse a été aussi bien tenue que violée. D’un côté, chaque nouvelle génération a eu de plus grandes chances de survie et de développement que les générations précédentes. De l’autre, l’échec à réduire la pauvreté dans une période de croissance économique sans précédent a fait des enfants le groupe de population le plus gravement vulnérable. Selon le rapport, « malgré les préoccupations internationales croissantes concernant la pauvreté, le nombre de personnes dans les pays en développement qui survivent avec moins d’un dollar par jour - la mesure internationale de la pauvreté extrême - a augmenté pendant les années 1990 d’environ 100 millions par an. Aujourd’hui, malgré une économie mondiale de 30 milliards de milliards de dollars, 40 % des enfants des pays en développement - environ 600 millions - doivent tenter de survivre avec moins d’un dollar par jour. Même dans les pays les plus riches du monde, un enfant sur six vit au-dessous du seuil de pauvreté national ». Nul ne peut donc dire que nous avons assumé nos responsabilités vis-à-vis des enfants.

Pour concrétiser la vision de la Charte de l’ONU, les dirigeants mondiaux se sont réunis à l’occasion d’un rassemblement sans précédent depuis septembre 1990 et ont proclamé : « Il ne peut y avoir de plus noble tâche que de donner un avenir meilleur à chaque enfant. » Soixante et onze chefs d’État et de gouvernements et 88 autres délégués se sont engagés à soutenir le principe que les enfants avaient « la priorité » sur toutes les ressources, et à toujours mettre en avant les intérêts de l’enfant - dans les périodes prospères comme dans les périodes difficiles, en temps de paix comme en temps de guerre, dans la richesse comme dans la détresse économique.

Les dirigeants se sont également engagés, dans la Déclaration et le Plan d’action, à atteindre plus de 12 buts spécifiques relatifs à la survie, la santé, la nutrition, l’éducation et la protection des enfants. Ces objectifs exprimaient de la façon la plus claire et la plus réaliste l’essentiel de ce que représente la Convention. Cet ordre du jour audacieux mais viable devait être réalisé en 2000 par le biais d’actions menées à la fois aux niveaux national et international.

Le Sommet pour les enfants, dont le point central était d’atteindre un ensemble d’objectifs réalisables, a été également important par l’établissement de procédures de suivi et une surveillance rigoureuse des progrès accomplis pour les réaliser. En 2000, un examen étendu de fin de décennie a abouti à la préparation de rapports des progrès au niveau national par près de 150 pays, l’initiative la plus importante en matière de recueil de données visant à surveiller les droits et le bien-être des enfants. L’ampleur et la qualité de l’examen de suivi ont permis d’évaluer de manière objective les progrès accomplis ainsi que les reculs pendant la décennie et de tirer les leçons pour élaborer un ordre du jour futur en faveur des enfants.

Les résultats sont mitigés. Dans un certain nombre de domaines, les améliorations sont réelles et non négligeables, et peut-être même davantage que ce qui est communément admis. Il faut noter qu’au cours des 50 dernières années, le monde a fait plus de progrès pour vaincre la pauvreté qu’au cours des 500 années précédentes. Mais l’on a rencontré des obstacles, subi des échecs et, dans certains cas, même nettement reculé. Tout bien considéré, de nets progrès ont été enregistrés et des bases solides ont été posées qui permettront de mener à bien le programme inachevé du Sommet et de s’attaquer à de nouveaux défis.

Liens:
Nous, les enfants : Examen de fin de décennie de la suite donnée au Sommet mondial pour les enfants (PDF)
Honorer les promesses du Sommet mondial pour les enfants


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