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La voix des jeunes
Cinq jeunes auteurs font part de leurs préoccupations et de leurs espoirs à l’occasion de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée aux enfants


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Nazli Kfoury, 15 ans, (New York, États-Unis), est une jeune journaliste qui travaille pour Children’s Express, à New York. Elle a couvert le troisième Comité préparatoire dans le bulletin d’information du Comité de l’Organisation non gouvernementale de l’UNICEF, On the Record:

La Session extraordinaire vise à assurer un avenir meilleur aux enfants et aux adolescents du monde. Pourquoi un si grand nombre de jeunes qui ont participé aux réunions du troisième Comité préparatoire en sont venus à se poser cette question : « Si nous sommes si importants dans ce processus, pourquoi en avons-nous été exclus ? »

La Session porte principalement sur la question des jeunes dans le monde. L’objectif du Document de conclusion est d’instaurer de meilleures conditions de vie pour tous les enfants dans le monde. La Session extraordinaire s’attache à offrir un meilleur départ dans notre vie et à assurer une éducation de base de qualité à tous les enfants.

Lors du troisième Comité, les enfants ont dirigé des réunions, pris la parole dans de nombreuses conférences, et ont même présenté des changements pour les sessions plénières. Mais bien que ces jeunes aient été reconnaissants d’avoir pu faire entendre leur voix et participer au Comité préparatoire, nous n’étions pas sûr d’avoir été pris au sérieux. L’idée de nous faire participer, n’était-ce qu’une mascarade destinée à améliorer, dans l’esprit des adultes, les droits des enfants ? Certes, la participation des jeunes a été de plus en plus importante à chaque Comité mais elle est encore trop insuffisante. Peut-être que les adultes ont une connaissance approfondie des questions abordées dans le Document de conclusion mais ils n’ont aucune idée des problèmes quotidiens auxquels nous sommes confrontés. Nous espérons que les gouvernements qui assisteront à la Session extraordinaire tiendront compte de ce qu’ils étaient censés apprendre lors des réunions préparatoires, qu’il faut inclure les jeunes dans chaque étape du processus.

Sans notre soutien, le Document de conclusion et la Session extraordinaire restructureront la vie des jeunes dans le monde en se fondant sur le point de vue des adultes, et non pas sur le point de vue de ceux qu’ils touchent directement, les jeunes.

John Meyers, 13 ans, (New Jersey, États-Unis), est également journaliste à Children’s Express et a participé au bulletin d’information On the Record, lors du troisième Comité préparatoire :
En passant en revue la réunion du troisième Comité préparatoire de la Session extraordinaire consacrée aux enfants, je constate que peu de choses ont été accomplies. Personnellement, j’ai l’impression que les gouvernements ont oublié les questions qui étaient en jeu et ont préféré jouer sur les mots. Pendant toute la semaine, ce comportement m’a irrité. À chaque réunion, j’espérais qu’il en serait autrement et, qu’enfin, le discours changerait. Mais il s’est avéré que rien n’a changé tout au long de la semaine.

Les gouvernements devraient fixer les principales questions qu’ils souhaitent aborder, les exposer de manière claire et s’y tenir. Bien sûr, on peut dire que « ce n’est pas si simple » ou qu’« il faut prendre du temps pour bien traiter ces questions ». Et c’est vrai. Mais étant donné le peu de temps imparti, ils devraient cesser de s’engager dans des discussions sans fin sur l’emploi de mots qui a été, déjà, maintes fois examiné.

La Session extraordinaire se déroulera pendant trois jours seulement. Les gouvernements ne peuvent pas se permettre de perdre du temps. Ils n’ont pas la semaine devant eux pour faire des changements au Document de conclusion. S’ils n’ont pas pu le faire en une semaine, ce n’est pas en trois jours qu’ils y parviendront. J’espère seulement que les enfants, et spécialement les adultes, sont disposés à fournir des efforts importants et à ne pas perdre de vue les questions qui sont au centre de la Session.

Dafina Kurti, 18 ans (Gjakova, Kosovo), est membre du Conseil des jeunes kosovars et a participé au deuxième Comité préparatoire :
La Session extraordinaire consacrée aux enfants doit traiter les préoccupations des jeunes avec une plus grande détermination. Les gouvernements ne sont pas là pour faire de la figuration mais pour changer notre réalité et traduire nos visions en actions concrètes. Il faut que les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les autres institutions prennent des engagements et élaborent des accords, qui formeront la base d’action pour les dix prochaines années. Les nombreux problèmes auxquels sont confrontés les enfants et les jeunes dans le monde sont très divers, tels que la pauvreté, les conflits armés, la discrimination, le sida et une éducation de qualité insuffisante. Nous espérons qu’en faisant pression, en participant et en élevant nos voix, nous parviendrons à nous faire entendre.

Un « Monde digne des enfants » est un monde où les droits des enfants sont protégés, où les enfants ont droit à la parole, où ils peuvent jouer, apprendre, et grandir en bonne santé, dans la paix et avec dignité. Les enfants et les adolescents devraient pouvoir être élevés dans un environnement sain et sûr, être protégés contre la violence, la guerre et toutes les formes de discrimination. Au Kosovo, nous avons connu la guerre, et cette période a été particulièrement éprouvante. Nous étions totalement désespérés. C’est pourquoi il est important que la prévention des guerres et l’assistance aux enfants touchés par la guerre soient au centre des préoccupations de la Session. Au Kosovo, d’importantes sommes d’argent ont été consacrées à la reconstruction de notre pays mais cela n’a rien changé aux besoins des jeunes. Nous devons veiller à ce que, dans les pays frappés par la guerre, les enfants et les adolescents aient accès à une éducation de qualité. Il faut qu’ils soient en mesure de trouver un emploi. Ce sont eux qui doivent avoir les moyens de bâtir un avenir pacifique. De nombreux défis demeurent, et il reste fort à faire.

Hekuran Soba, 19 ans (Gjakova, Kosovo) est membre du Conseil des jeunes kosovars et étudiant à l’Université de Pristina :
Je voudrais d’abord dire combien je suis heureux que les responsables politiques mondiaux aient enfin décidé de s’adresser aux jeunes et d’écouter leurs problèmes et leurs préoccupations. J’ai participé à la Conférence sur les enfants touchés par la guerre, qui s’est tenue au Canada en 2002, où nous avons pris part aux discussions. Pour ma part, j’espère que les leaders politiques qui seront réunis à la Session extraordinaire comprendront enfin que les jeunes et les adolescents ont des droits et des besoins qui doivent être réalisés. Malheureusement, jusqu’à présent, les gouvernements - et les adultes en général - n’ont pas pris nos préoccupations au sérieux. Ils devraient commencer à coopérer avec les jeunes de façon à résoudre les problèmes ensemble. Leur tâche en tant que décideurs politiques et parents n’en serait que facilitée.

Je voudrais mentionner deux problèmes majeurs des jeunes de mon pays. Le premier, c’est l’éducation, en particulier dans les zones rurales. En effet, la plupart des filles ne vont pas à l’université ni même à l’école secondaire.

Un grand nombre d’étudiants ont été contraints d’abandonner leurs études en raison de leur situation financière. Certains, qui ont des connaissances en anglais, travaillent comme traducteurs ou gardes à l’ONU ou dans d’autres organisations étrangères au Kosovo. Ceci nous amène au deuxième problème, le chômage. Environ 85 % de la population au Kosovo sont sans emploi. La plupart des usines ont été détruites par dix ans de négligence sous le régime de Milosevic et les donateurs hésitent à allouer des fonds tant que l’avenir politique du Kosovo demeure incertain. Si nous parvenons à instaurer la paix, il sera essentiel de créer des emplois pour les jeunes. Il faut que la communauté internationale soutienne les jeunes au Kosovo et dans les autres pays touchés par la guerre.

Milorad (Miki) Grkovic, 17 ans (Orahovac, Kosovo et Metohija), qui vit actuellement à Nis, en Yougoslavie, a participé au troisième Comité préparatoire :
Je plaçais de grands espoirs dans la Session extraordinaire mais il y a une nette différence entre espoir et réalité. J’aimerais que les dirigeants mondiaux manifestent une plus grande compréhension et œuvrent en vue d’améliorer la vie des enfants. Je leur demande de prendre des engagements en vue de trouver une solution aux problèmes des enfants au cours des dix prochaines années, et j’espère que les résultats seront immédiats. Si nous voulons que tous les enfants du monde soient heureux et puissent grandir dans un environnement sûr, nous ne pouvons fermer les yeux sur les problèmes qui nous entourent depuis longtemps et qui ont été négligés.

Mon pays, la Yougoslavie, compte 10 millions d’habitants. Or, 10 % d’entre eux, sont soit réfugiés, soit déplacés à l’intérieur de leur pays, laissant un grand nombre d’enfants face à des conditions de vie difficile. Ils n’ont pas accès aux institutions de santé ni à une éducation de qualité. Il y a un grand nombre d’enfants dont les parents ont été kidnappés par des extrémistes albanais au cours des trois dernières années. Nous devons chercher à savoir ce qu’il est advenu des personnes disparues parce cette situation ruine la vie de nombreux enfants innocents. Parmi ceux qui vivent dans des conditions difficiles, je suis sûr qu’au moins 20 % possèdent les capacités pour devenir des scientifiques, des artistes, des architectes, etc., et si nous ne faisons rien pour les aider, ce potentiel s’envolera en fumée.

Je voudrais transmettre le message suivant aux leaders mondiaux. Si vous voulez que cette Session soit une réussite et qu’elle constitue le point de départ pour assurer un avenir meilleur aux enfants, il faut que vous vous engagiez à résoudre les problèmes, tel que vous l’aviez promis. Pour conclure, j’espère que cette Session extraordinaire mettra du baume au cœur de tous les enfants du monde.


Miki, Dafina et Hekura, ont participé à une étude de recherche au Kosovo en 2000 portant sur La promotion de la protection et des capacités des jeunes au Kosovo, avec la Commission des femmes pour les femmes et les enfants réfugiés. Ils représentent, respectivement, les communautés serbes, égyptiennes et albanaises du Kosovo.


Links:
Commission des femmes pour les femmes et les enfants réfugiés


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