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ASSEMBLÉE DU MILLÉNAIRE
Une exécution parfaite


Par Klomjit Chandrapanya


Harri Holkeri, ancien Premier Ministre de Finlande, compare son travail de Président de l'Assemblée du millénaire à celui d'un chef d'orchestre. Ce sont les États Membres qui jouent le morceau, a-t-il confié à la Chronique. Son rôle ? "Tout simplement choisir les instruments qui convenaient et les réunir".

Il est vrai que le répertoire de cette — cinquante-cinquième — Assemblée était inhabituel. L'ouverture pleine d'allant du Sommet du millénaire a donné le ton, la vision et le rythme des débats caractérisés par des tempos aussi variés que "pensif", "andante", "vif et animé". Et l'apothéose de la nouvelle échelle d'appréciation a donné l'espoir qu'avec la synergie symphonique, la communauté internationale entrera dans le nouveau millénaire en ouvrant la voie, par l'Assemblée, à un thème d'unité unique, enrichi et animé par l'éloquence de ses variations.

En plus de la reconfirmation des résolutions sur les questions telles que le maintien de la paix et de la sécurité, l'éradication de la pauvreté, la promotion de la femme, la protection de l'environnement, la promotion de la démocratie et la bonne gouvernance, ainsi que le renforcement de l'Organisation elle-même, de nouveaux éléments ont émergé et des questions relativement nouvelles ont été introduites.

Avec ses nombreux travaux, qui comprennent 183 points à l'ordre du jour et 281 résolutions adoptées cette année, la Première Commission a franchi un pas en matière de désarmement nucléaire et a examiné avec une plus grande attention le problème des armes légères. La Deuxième Commission s'est penchée, une fois de plus, sur la mondialisation et ses effets sur le développement, et a prévu des réunions de haut niveau pour examiner les questions telles que les établissements humains, le développement durable, les problèmes des pays les moins avancés et le financement du développement. La Troisième Commission a, en plus des problèmes sociaux, humanitaires et culturels dont elle s'occupe traditionnellement, contesté pour la première fois l'utilisation des technologies de l'information et les délits portant atteinte à l'honneur des femmes. La Commission spéciale sur les opérations de maintien de la paix a examiné en détail le rapport sur le Groupe d'étude des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (le rapport Brahimi), approuvé certaines recommandations d'urgence et demandé au Secrétariat de poursuivre l'étude. La Cinquième Commission a approuvé un nouveau barème du budget ordinaire ainsi que les opérations de paix; et la Sixième Commission a élaboré des projets pour une convention complète sur le terrorisme international.


Ce fut véritablement une année record. M. Holkeri, qui considère la Déclaration du millénaire comme le document le plus important des Nations Unies après la Charte, a souligné à la Chronique que la volonté politique dont ont fait preuve les leaders mondiaux a donné un nouvel élan aux programmes existants. En mettant ces idéaux en pratique, la moitié des travaux revient aux États Membres, l'Organisation étant l'un des outils dans cet effort.

La session du millénaire a débuté par le plus grand rassemblement de chefs d'État et de gouvernements. Pendant la 55e session ordinaire de l'assemblée, qui a eu lieu du 11 septembre au 22 décembre, la Déclaration du millénaire a inspiré un grand nombre de débats. La mon-dialisation, avec ses effets positifs et négatifs, a été le thème dominant. Les nouveaux éléments examinés au cours des séances ont porté, entre autres, sur "la situation au Timor oriental pendant sa transition à l'indépendance", "le rôle des Nations Unies dans la promotion d'un nouvel ordre mondial" et "le rôle des diamants qui alimentent les conflits".

Dans la déclaration, les Chefs d'État ont souligné qu'aucun effort ne serait épargné pour libérer les peuples du fléau des guerres. Dans ce contexte, dans une résolution adoptée sans recourir à un vote, l'Assemblée a demandé instamment aux États, en tant que contribution à la prévention et au règlement des conflits, de soutenir les efforts des pays qui produisent, traitent, exportent et importent des diamants ainsi que ceux de l'industrie du diamant afin de trouver un moyen de briser le lien qui existe entre les transactions illégales des diamants bruts et les conflits armés.

La résolution sur le rôle des Nations Unies dans la promotion d'un nouvel ordre mondial, qui a été adoptée sans recourir à un vote, a souligné la nécessité d'obtenir un consensus général pour passer à l'action, dans un cadre complet et holistique, afin d'atteindre les objectifs du développement et d'éradiquer la pauvreté.

Sans recourir à un vote, l'Assemblée a décidé de réunir, du 25 au 27 juin 2001, une session spéciale de l'Assemblée générale sur une question urgente, celle du virus de l'immunodéficience humaine/syndrome d'immunodéficience acquise (VIH/sida). Selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, 34,3 millions d'adultes et d'enfants sont séropositifs et la maladie a déjà tué 18,8 millions de personnes.


De plus, l'Assemblée a accueilli Tuvalu comme 189e État membre des Nations Unies et, sur recommandation du Conseil de sécurité, a aussi adopté par acclamation une résolution acceptant l'adhésion de la République fédérale de Yougoslavie aux Nations Unies à partir du 1er novembre. Également sans recourir à un vote, l'Assemblée a reconnu une résolution présentée par la République démocratique populaire de Corée et la République de Corée, accueillant favorablement et soutenant le Sommet intercoréen et la Déclaration commune adoptée le 15 juin 2000 par les deux leaders de ces deux pays.

Lors d'un entretien avec la Chronique, alors que la session ordinaire touchait à sa fin, M. Holkeri, âgé de 63 ans, a dit qu'il avait été personnellement impressionné par "l'intelligence, la détermination et le professionnalisme" dont avaient fait preuve les délégués, ajoutant qu'ils étaient "les meilleurs éléments de leur pays". L'un d'eux, un diplomate d'un pays en développement, qui s'est principalement occupé des questions bilatérales avant d'être envoyé pour la première fois aux Nations Unies, a dit à la Chronique avoir été frappé par la complexité des questions et la difficulté des réunions. Se mettre d'accord sur une position qui satisfasse tout le monde, une fois que chacun avait exprimé ses préoccupations, ne fut pas une mince affaire.


UN/DPI Photo/Evan Schneider

Selon un autre diplomate d'un pays en développement, qui est à New York depuis quatre ans, cette expérience a été, en quelque sorte, une désillusion. "Nous discutons de l'usage des virgules et des mots alors que dans les questions de sécurité nous abordons la vie des gens. Je sais que c'est important pour de nombreux pays et je comprends qu'on soit pointilleux sur ce sujet mais, pour moi, les questions fondamentales sont la vie des gens... Mais tout n'est pas négatif. De nombreuses questions dont nous avons discuté, de nombreuses résolutions forment l'ensemble de l'opinion mondiale, particulièrement les questions du développement. Cela permet de donner l'élan nécessaire pour aborder certains problèmes."

Plusieurs diplomates ont partagé cet avis. D'autres ont ajouté qu'avec de nouveaux acteurs sur la scène internationale, le rôle des Nations Unies tel qu'il est envisagé dans le Pacte mondial du Secrétaire général est, en définitive, celui d'un facilitateur qui rassemble tous les points de vue.



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