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"Créons un groupe international permanent"
Vers un régime mondial de certificat d'origine des diamants


Suite à la première audition publique du Conseil de sécurité sur le rôle des diamants dans le conflit en Sierra Leone, qui s'est tenue les 31 juillet et le 1er août, la Chronique de l'ONU s'est entretenue avec Son Excellence l'ambassadeur Anwarul Karim Chowdhhury, représentant permanent du Bangladesh auprès des Nations Unies et président du Comité des sanctions sur la Sierra Leone du Conseil de sécurité.


Vous avez présidé l'audition préliminaire du Conseil de sécurité sur le rôle des diamants qui alimentent le conflit en Sierra Leone.

Les experts qui ont été invités à faire leurs présentations représentaient leur gouvernement ou eux-mêmes, en qualité d'expert, à titre individuel. Ont été également invités les représentants de l'industrie du diamant et des diverses organisations régionales et internationales, telles que la Communauté économique des Etats de l'Afrique occidentale et la Banque mondiale. La variété des présentations nous a permis de mieux mesurer la complexité et l'ampleur du problème. Après avoir pris connaissance des faits et des informations recueillis au cours de l'audition, le Comité des sanctions sur la Sierra Leone peut se mettre au travail sans tarder. Je vais lui soumettre un rapport accompagné de mes propres observations sur ce que nous pouvons et devrions faire. Dès que ce rapport sera approuvé par le Comité, il sera communiqué au Conseil de sécurité et, en tant que document du Conseil, il sera disponible au public.

Quelles sont vos priorités à ce stade ?

Je crois que la principale préoccupation du Comité des sanctions est de mettre en place un régime de certificat d'origine pour la Sierra Leone, tel qu'il a été présenté par son gouvernement lors de l'audition. Il tient à le lancer sans plus tarder; et nous tenons à le voir lancé. Il est clair que le régime de certificat d'origine a éliminé de nombreuses failles des régimes précédents tels que ceux de l'Angola et d'autres pays. Il incombe maintenant au Comité des sanctions de l'examiner et de lui donner son feu vert. Celui-ci devrait alors se pencher sur un nombre de propositions concrètes qu'avait formulées l'industrie du diamant, en particulier la résolution en neuf points du Congrès mondial du diamant qui s'est tenu le 19 juillet. Nous devons aussi chercher à renforcer le système des Nations Unis concernant le contrôle du régime de sanctions en Sierra Leone. Le rôle des diamants dans le conflit en Sierra Leone et dans d'autres pays implique tellement d'acteurs que cette situation revêt un caractère très différent de celles auxquelles est habituellement confronté le Conseil de sécurité. Il nous faut mettre en place une meilleure source d'informations — une base de données internationale qui soit disponible à tous les acteurs. Je pense également que la participation de la société civile est cruciale dans le processus : en termes d'enquête, de recueil d'informations et de prise de conscience. Il est très important que tous les acteurs participent activement. Il est apparu très clairement lors de l'audition que la Sierra Leone ou le Comité des sanctions, à eux seuls, ne pouvaient faire face à la situation de manière efficace sans la participation des pays voisins. Il faut faire en sorte que ces pays s'engagent à respecter le régime de certificat, non seulement en Sierra Leone mais aussi dans leurs pays respectifs. Puis, il nous faudra établir un régime de certificat mondial. Je pense que c'est le seul moyen de mettre fin aux diamants de la guerre. Les diamants devraient contribuer au bien-être des pays producteurs et de leur population, et non pas servir à acheter des armes pour les rebelles.

Vous venez de mettre en place un groupe d'experts chargé d'examiner le rôle des diamants dans le conflit en Sierra Leone.

Nous attendons le rapport du groupe d'experts sur la Sierra Leone composé de cinq membres, qui doit revenir à la fin octobre. Le Comité des sanctions examinera alors la situation dans le pays et communiquera les informations recueillies au Conseil de sécurité. Celui-ci agira alors sur les recommandations formulées dans le rapport. Dans le processus, comme il a été précisé lors de l'audition, le groupe de la Sierra Leone devrait être en mesure d'éviter les erreurs et les lacunes auxquelles a été confronté le groupe d'Angola. Il est important que, d'une part, les informations soient recueillies minutieusement et, d'autre part, qu'elles soient vérifiées. Je pense que les ressources dont disposait le groupe précédent n'étaient pas adéquates. La question des ressources est toujours un grand dilemme mais, par la participation de divers acteurs, nous espérons pouvoir résoudre ce problème.

Les diamants constituent de plus en plus une ressource mondiale et un problème mondial; il semble nécessaire de créer un mécanisme de surveillance permanent à l'échelle internationale.

Oui, vous avez raison. Nous devons créer un groupe permanent chargé de surveiller et de vérifier la mise en œuvre des régimes établis dans les différents pays. Tant que nous n'aurons pas adopté un mode d'action de ce type, la façon d'aborder le problème variera selon les pays, et différera s'il s'agit de l'Angola ou de la Sierra Leone. Mais nous ne sommes même pas sûrs que cela marchera car les mécanismes mis en place seront confrontés à un nombre de problèmes, soit d'ordre juridictionnel, lorsque plusieurs pays sont impliqués, ou en termes de délais car le travail du groupe est limité dans le temps. Si nous disposions d'un groupe international permanent, il pourrait donc examiner la question d'une manière intégrée et dans un contexte élargi. C'est ce dont nous avons besoin; et j'appuierai sans réserve un tel groupe.

Nous constatons que, dans de nombreux cas, les diamants servent à alimenter les conflits. Il est très affligeant de voir, surtout dans l'Afrique d'aujourd'hui, que des pays riches possédant des diamants et d'autres minerais continuent d'être confrontés à des conflits qui sont la source de souffrances humaines pour des personnes innocentes. C'est tout simplement inacceptable. Cela ne devrait pas se produire à notre époque. Ces ressources devraient servir à améliorer la qualité de la vie des hommes et des femmes et non pas permettre aux rebelles de continuer leurs campagnes armées.




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LES DIAMANTS DE LA VIOLENCE:
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"Les programmes d'aide militaire étrangère ont tari. Comment les factions se procurent-elles donc les moyens financiers de se battre ? Dans de nombreux cas, grâce aux biens d'exportation : les pierres précieuses et le bois au Cambodge, les diamants en Angola et en Sierra Leone. Il existe plusieurs façons de mettre fin à ce processus. L'une, bien sûr, consiste à imposer des sanctions économiques. Mais selon le type de produits, il peut être difficile de les faire appliquer... Une personne peut détenir à elle seule des diamants qui valent une fortune."

— Secrétaire général Kofi Annan sur les liens entre les factions armées et l'économie mondiale

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